C’est au volant d’une Martini MK 62 que le jeune Pierre Mayeur partait cette année à la découverte du Championnat de France de la Montagne. Une saison d’apprentissage qui lui permettra de se mettre en valeur, en signant des victoires de classes assorties de belles positions au classement général.
Avec un père pilote, une mère pilote, un oncle pilote, un frère pilote, et un cousin pilote… Il paraissait improbable que Pierre Mayeur ne s’installe pas un jour derrière le volant d’une voiture de course. La mécanique est une passion familiale, un virus que Pierre a contracté très tôt. De son père, disparu aux débuts des années 2010, Pierre a hérité non seulement du prénom, mais apparemment du talent.
Né en 1994, le jeune Lorrain n’a pas partagé les heures de gloire de son père qui, dans les années 80/90, était à l’apogée de sa carrière sportive, en affichant un palmarès sur lequel était inscrit quelques 273 victoires. Mais Pierre Junior a eu tout le loisir d’écouter les récits de course, de visualiser les photos et les vidéos et de se replonger dans les nombreux articles que la presse locale consacrait à son illustre géniteur. Il n’en fallait pas plus pour qu’à son tour, il souhaite goûter aux sensations si particulières que procure le pilotage.
Chez les Mayeur, on se partage depuis toujours entre course de côte et slaloms, et si Pierre était trop jeune pour avoir connu l’ambiance des paddocks dans les années 90, il rattrapait le temps perdu lorsque David, son ainé, disputait ses premières épreuves, en l’accompagnant lors des week-ends de course.
Premiers pas en karting et en slalom
Puis vint le temps des premières épreuves. A 17 ans, Pierre prenait part à ses premières compétitions en karting : « J’ai disputé en 2012 le Championnat Lorraine-Alsace, mais je dois avouer que cette saison ne m’a pas apporté les satisfactions attendues. Je me suis donc redirigé vers le slalom, au volant d’une Formule Renault Tatuus. » En 2013, Pierre s’alignait au départ de plusieurs slaloms tout en s’investissant sur le Championnat de France F4, en tant que mécanicien, dans le cadre des études qu’il menait au sein de l’Auto Sport Academy.
Si pour parfaire sa forme physique, Pierre pratique entre deux épreuves du Parkour, ses objectifs restent focalisés sur la compétition automobile. Et les résultats étaient rapidement au rendez-vous, puisque les premières victoires de classe tombaient rapidement dans son escarcelle. En 2014, c’est dans le but de parfaire son apprentissage que Pierre Mayeur poursuit sa progression en slalom. A l’issue de cette saison, il participait à la Finale où il se classait 14ème au scratch, accrochant par la même occasion une nouvelle victoire de classe et en terminait premier de sa Ligue.
Pour Pierre Mayeur, le slalom était le tremplin logique pour accéder à sa discipline de prédilection, la Course de Côte. Et c’est à Montgueux, en 2014, que le jeune Meusien allait affronter son premier tracé. Pour Pierre ce fut une révélation, qui le poussait à se consacrer pleinement à la discipline lors de la saison 2015. Au volant de sa Tatuus, il partait alors à la découverte des épreuves régionales et enchaînait les résultats probants : « J’ai signé 13 victoires de classe et deux succès au scratch à Ottange et sur le slalom du Xaintois. » En fin de saison, Pierre prenait part à sa première manche inscrite au calendrier du Championnat de France de la Montagne, la Course de Côte de Turckheim. Une participation qui se soldait par une victoire de classe : « J’ai également obtenu ma qualification pour la Finale disputée à Limonest, et sur laquelle je termine premier des Formule Renault. »
Pour 2016, Pierre décidait de franchir une nouvelle étape en faisait l’acquisition d’une Martini MK 62 pour remplacer sa Formule Renault. Au volant de sa nouvelle monture, il sera au départ de nombreuses épreuves régionales et de deux manches du Championnat, Abreschviller et Turckheim : « C’était une saison d’apprentissage avec la voiture, et j’avoue en avoir un peu bavé », reconnait Pierre qui sur la fin de saison signait quelques bons résultats en terminant notamment Meilleur Jeune à Turckheim, et quatrième au scratch sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne.
A la découverte du Championnat
Ses belles prestations de fin de saison incitaient Pierre Mayeur à étoffer son programme sur le Championnat de France et, même s’il poursuivait sa quête de succès sur les épreuves de sa région, il décidait de s’engager sur le Championnat par le biais d’un Challenge Open : « Le but était de découvrir de beaux tracés, des parcours plus longs, dessinés sur des routes qui sont souvent de véritables billards. Et puis le Championnat offre l’opportunité de se confronter à d’autres pilotes, venus de différents horizons. »
Pour aborder cette saison, Pierre conservait sa Martini MK 62 : « J’ai toujours voulu rouler au volant d’une F2. C’est une auto qui me correspond bien, qui me fait rêver et qui me procure de belles sensations. Il n’y avait donc pas de raison que je change de voiture. » En termes d’objectifs, le Lorrain n’avait d’autres prétentions que de découvrir le Championnat, l’ambiance qui y règne, et de parfaire son pilotage.
C’est à Abreschviller, épreuve qu’il avait déjà eu l’occasion de disputer l’année dernière, que Pierre Mayeur débutait sa saison. Une première apparition qui lui donnera l’occasion d’affronter dans sa classe l’expérimenté Roland Perrin. Et à l’issue de cette confrontation, Pierre terminait deuxième de sa classe, à seulement 242 millièmes de son adversaire : « Ça ne peut être que satisfaisant pour moi. J’estime encore avoir beaucoup à apprendre, et parvenir à me rapprocher des pilotes réputés comme rapides dans ma classe, ne peut être qu’une source de contentement. Je retiendrai que j’étais dans les chronos, ce qui est plutôt revalorisant. »
Marchampt en Beaujolais, de par sa technicité, n’est pas l’épreuve la plus facile à appréhender. Pierre, qui découvrait le tracé et qui remporte sa classe, en garde un bon souvenir : « J’ai trouvé ça très sympa. J’étais un peu loin des meilleures monoplaces, parce que sur un tracé aussi rapide, la F2 n’est pas vraiment à la fête. Mais pour le reste c’est une très belle course et j’en garde d’excellents souvenirs. Il ne me restera plus qu’à améliorer l’année prochaine », dit-il en souriant.
Comme Marchampt, la Course de Côte de Vuillafans était également une première pour Pierre Mayeur, qui accroche un nouveau succès de classe : « Compte tenu des conditions météorologiques que nous avons rencontrées, il est difficile de faire un bilan », analyse Pierre. « J’ai pu faire une montée sur le sec, et par la suite, nous avons dû composer avec un tracé humide. Il n’y avait plus rien à gagner, ça a juste permis de faire du roulage sous la pluie. Après, je ne regrette pas d’être venu, car cela m’a permis là encore de découvrir un magnifique tracé, quelque chose d’assez extraordinaire. »
Le Mont-Dore est un monument dans l’esprit des Montagnards, qui rêvent tous de réaliser des prouesses sur l’ascension qui mène au Col de la Croix Saint-Robert. Pour Pierre, ce rêve est devenu en grande partie réalité, puisqu’à l’occasion de sa première participation, il accroche une quinzième place au scratch, assortie d’une victoire de classe : « Ça s’est plutôt bien passé », confie-t-il en affichant une nouvelle fois un large sourire : « Cela faisait des années que j’entendais dire qu’il fallait disputer le Mont-Dore, que c’était une super course. J’ai donc pris des vacances afin de passer la semaine en Auvergne, et de pouvoir reconnaitre correctement le parcours. J’ai pu bénéficier des conseils de Yannick Latreille, ce qui m’a beaucoup aidé dans l’approche de ce tracé. De ce fait, j’étais bien dès l’ouverture des débats. Le parcours du Mont-Dore, sur lequel les lignes droites sont quasiment inexistantes, est idéal pour la F2, toutes les conditions étaient donc réunies pour que cela fonctionne. Je suis vraiment satisfait de cette première au Mont-Dore, car en toute honnêteté je ne pensais pas réaliser un tel chrono. »
Problème moteur et fin de saison prématurée
Malheureusement, la saison sur le Championnat devait s’arrêter prématurément pour Pierre Mayeur, qui ne sera pas en mesure de disputer les épreuves de Turckheim et de Limonest, initialement prévues à son calendrier : « Au mois d’août, j’ai pris part à la Course de Côte de Tonnerre, et si je termine deuxième au scratch derrière mon frère David, j’ai rencontré des premiers soucis avec le moteur. Par la suite, la situation se dégradera encore à Montgueux, où là le moteur m’a carrément fait défaut. J’ai pris part aux essais, mais j’ai renoncé par la suite. »
Si en fin de saison Pierre Mayeur n’a pas connu la réussite sur les épreuves régionales, il avait pris le temps auparavant de venir signer quelques bons résultats. Ce sera le cas à Wangenbourg-Engenthal où il termine cinquième sous la pluie : « Au volant d’une F2, ce genre de conditions climatiques ne peut que t’inciter à la prudence. Je n’ai donc pas tenté le diable. » Au mois de juin, on retrouvait Pierre sur la plus haute marche du podium de la Course de Côte Gaschney : « C’est une victoire au scratch qui m’a fait d’autant plus plaisir que je livrais bataille à des adversaires de taille tels que Ludo Cholley et Samy Guth, et que je suis parvenu à les devancer. »
Par la suite, Pierre alignait sa Martini MK 62 au départ de La Broque, manche comptant pour le Championnat de France de la Montagne 2ème division, et sur laquelle il terminait au septième rang. Au mois d’août, c’est sur la Course de Côte du Mont de Fourche que Pierre Mayeur remportait un nouveau succès au scratch : « C’est un tracé idéal pour ma voiture, j’avais donc de sérieux atouts en main », confie-t-il en toute modestie.
Marquée par des problèmes mécaniques en fin d’année, le bilan de la saison de Pierre Mayeur reste largement positif : « J’améliore largement mes chronos de l’an passé, je commence à prendre du plaisir au volant et à dompter ma monture. Tout ça ne peut que me satisfaire. J’ai également beaucoup apprécié la découverte du Championnat et j’espère sincèrement pouvoir prendre part à plus d’épreuves inscrites au calendrier l’an prochain. »
On devait donc retrouver Pierre Mayeur sur le Championnat de France de la Montagne 2018 : « Je voudrais bien participer à huit courses dans le cadre d’une Challenge Open, et pour ce qui est de la voiture, je ne sais pas encore si je conserverai la Martini MK62 ou si j’opterai pour une nouvelle monture. »
Jeune espoir de la discipline, Pierre Mayeur devrait pouvoir compter sur le soutien de partenaires qui lui sont fidèles, et bien évidemment sur ses proches qui l’accompagnent sur les épreuves : « Tout d'abord un grand merci à ma mère, à Jean-Pierre, à Juliette, à Marie-Jo, à Jean-Lou, à Gérald. Merci à mes partenaire Optique Meuse Grand Sud, O’Club Gourmand, Au Charolais, La Boucherie, ID COM LM, Axa Assurance Matthieu, Maître Benoît Avocat, Rapide Pare-Brise à Bar-le-Duc et Siligom à Bar-le-Duc. »
Propos recueillis par Bruno Valette