Marquée par les problèmes, tant mécaniques que personnels, la saison de Pierre Béal aura été bien en deçà de ses attentes. Mais l’Isérois a su faire preuve d’une volonté de fer pour tenter de tirer son épingle du jeu. Toujours aussi motivé, au volant d’une BMW M3 GTR allégée, il devrait débuter la saison 2017 avec de bien meilleurs atouts entre les mains.
De son expérience sur les terrains de rugby, Pierre Béal a avant tout retenu l’esprit d’équipe. Et c’est avec la même philosophie qu’il abordera par la suite le sport automobile. Demi d’ouverture de l’équipe de Bourgoin-Jallieu, Pierre a appris durant sa carrière dans le monde de l’ovalie, la cohésion, le partage, le respect et bien évidemment le goût de la compétition.
Mais lorsque l’on devient chef d’entreprise, et que l’on ne peut pas se permettre une blessure qui mettrait à mal le bon fonctionnement de sa société, le rugby n’est pas le sport le mieux adapté. L’Isérois décidait donc de mettre un terme à sa carrière rugbystique, et de se tourner vers une autre passion qui l’animait de longue date… la compétition automobile
.Mais là encore, ses obligations professionnelles ne lui laissant que peu de loisirs, c’est donc vers la discipline la moins chronophage que Pierre de dirigeait tout naturellement. La Course de Côte était pour lui le choix idéal, restait à trouver la voiture au volant de laquelle il allait exprimer ses talents de pilote.
Fidélité sans faille à BMW
Propriétaire d’une BMW 325i, Pierre optait pour la solution la plus facile, à savoir intégrer un arceau sur la voiture familiale, et la configurer pour la compétition. Mais lorsque l’on a l’habitude de partager émotions, victoires et défaites avec une bande de copains, toujours prêts à s’engager pour une troisième mi-temps, la solitude du pilote peut être vite pesante. Pierre Béal faisait alors appel à ses ’’potes’’, avec qui il créait une structure, le BP Autosport, entièrement dédiée à son implication dans le sport automobile. Au fil des ans, chacun traçait son chemin, mais le BP Autosport perdurait et si Pierre en était le fer de lancer, Alphonse Pereira en devenait le Président.
En vingt ans de carrière en course de côte, Pierre est toujours resté fidèle à BMW. Ce n’est pas faute de s’être testé en circuit au volant d’une monoplace, mais sa préférence allait ostensiblement vers les voitures fermées. A la suite de la 325I succèderont donc plusieurs modèles de la marque bavaroise, et après avoir exprimé ses talents en Groupe A, Pierre faisait son entrée en GTTS, au volant de la M3 GTR dont il dispose aujourd’hui.
Rapidement, Pierre Béal allait acquérir un statut de prétendant au titre. En 2013 il terminait la saison sur le podium du Championnat, en accrochant la troisième place. L’année suivante, à mi-saison, on le retrouvait leader de ce même Championnat Production, pour finalement pointer la quatrième place à seulement cinq points du podium.
La saison 2015 de Pierre Béal sera en grande partie consacrée au développement de sa BMW M3 GTR. Le pilote isérois ne prendra part qu’à trois manches du Championnat de France, sans autre prétentions que de juger en conditions de courses, les évolutions apportées à sa voiture.
Successions de déconvenues
2016 marquait donc le grand retour de Pierre sur le Championnat de France : « Début 2015, j’ai cassé le moteur, ce qui m’a contraint à une charge de travail supplémentaire », explique Pierre. « Nous en avons profité pour apporter des évolutions à la voiture, afin de nous présenter au départ de la saison 2016 avec une auto que nous espérions compétitive. »
Malheureusement pour Pierre, le début de saison n’allait pas se révéler aussi satisfaisant qu’espéré. S’il ne tient pas évoquer Bagnols-Sabran, et le drame qui a mis un terme prématuré à la première manche du Championnat, il se souvient que le Col Saint-Pierre sera pour lui synonyme d’abandon : « J’ai cassé le pignon qui solidarise la boîte au moteur. Ce n’était bien évidemment pas immédiatement réparable, et ça compromettait toute ma première partie de saison. »
Pierre devait alors commander les pièces de rechanges, avant de s’attaquer à la réparation de la mécanique de sa BMW : « Un laps de temps qui nous a coûté trois courses », regrette-t-il. Mais avant de retrouver le championnat, Pierre prenait part à la Course de Côte de Coligny, pour s’assurer que tout fonctionnait parfaitement : « C’était une participation qui n’avait comme unique but de tester la voiture et de rôder la mécanique, sans aucun objectif en termes de résultat. »
Forfait à Abreschviller et à Hébécrevon, Pierre retrouvait les animateurs du Championnat à La Pommeraye, et un invité surprise, la pluie : « Lorsque je suis sorti du paddock, pour disputer la montée qui devait être la plus rapide, j’avais chaussé les slicks, persuadé que le soleil allait se maintenir. Mais alors que nous étions en pré-grille, de nombreuses interruptions de courses sont venues perturber la montée. De nombreux pilotes avaient anticipé l’arrivée de la pluie, et en ce qui me concerne je me suis retrouvé avec mes slicks sur une route détrempée. Je savais que sur cette montée j’allais être largué. »
La Course de Côte de Saint-Gouëno allait permettre à Pierre Béal de se ’’refaire la cerise’’. Au terme d’une lutte acharnée, il place sa BMW à la quatrième place, à seulement 114 millièmes de la Porsche de Nicolas Werver, troisième sur l’épreuve bretonne : « J’y ai cru jusqu’au bout », confie-t-il. Et il est vrai qu’il avait de bonnes raisons de croire en ses possibilités d’accrocher une victoire à son palmarès. Deuxième à l’issue de la première montée de course, Pierre signait le meilleur temps sur la seconde et conservait la deuxième place en réduisant l’écart qui le séparait alors de Philippe Schmitter, de deux dixièmes. Mais sur la dernière montée du week-end, Pierre Courroye s’emparait des commandes, et Nicolas Werver coiffait la BMW au poteau. « Je suis malgré tout très satisfait de mon week-end. J’étais particulièrement à mon aise avec la voiture et tout s’est bien passé. Je ne peux m’en vouloir que d’une chose, c’est d’avoir commis une erreur au ’’Fer à Cheval’’ sur la dernière montée, où j’ai freiné trop tard. Sans ça, je pouvais jouer le podium », estime le charpentier de profession.
A Marchampt en Beaujolais, Pierre accrochait la cinquième place finale, malgré un problème qui l’obligeait à faire preuve d’une certaine retenue : « J’ai apporté un changement pour disposer d’un pont plus long. Je ne sais pas si nous avons fait une erreur lors du remontage, mais ça n’a pas bien fonctionné. Je percevais un bruit très inquiétant qui m’a incité à ne pas forcer l’allure, pour ne pas prendre le risque de tout casser. »
Pour Pierre, le début de l’été sera être marqué par des problèmes indépendants de la course automobile, mais qui l’obligeaient à poursuivre sa saison en n’étant pas dans les meilleures dispositions : « Je n’avais absolument pas la tête à la course », confie Pierre qui estime être passé à côté à Vuillafans, où il terminait tout de même au sixième rang.
Si l’esprit n’était plus à la course de côte, Pierre Béal faisait alors preuve d’abnégation, en assurant ses engagements et en étant présent sur les épreuves de deuxième partie de saison. Ce sera le cas à Dunières, où on le retrouvait une nouvelle fois aux portes du podium : « Par respect pour les amis qui m’entouraient, je me suis senti dans l’obligation de ne pas lâcher prise et de me remotiver. J’estime que je fais ma course, mais sans vraiment être totalement concentré sur le résultat. »
Absent au Mont-Dore, c’est sur la Course de Côte de Chamrousse que Pierre Béal concluait sa saison dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. A domicile, l’Isérois reconnait s’être fait plaisir : « C’est une course que je connais assez bien et que j’apprécie. Mais là, je suis réellement pénalisé par mon poids, et donc je peux me satisfaire de ma quatrième place. »
N’ayant plus rien à gagner sur le Championnat, Pierre faisait l’impasse sur Turckheim et se rendait à Saint-Savin : « Ça me permettait notamment de limiter mes frais de déplacements. J’ai pris énormément de plaisir sur cette épreuve, où je m’impose en Production en battant une nouvelle fois mon record, alors que mon principal objectif était de m’amuser et de profiter de ma famille qui était sur place. »
C’est également pour le plaisir, et pour peaufiner les réglages de sa BMW M3 GTR, que Pierre prenait part à la Course de Côte du Circuit de Bresse : « C’est un week-end sympa, on a pu travailler sur la voiture, tirer des enseignements qui pourraient nous être utiles pour la suite », estime Pierre, qui repartait de cette épreuve avec en poche un nouveau succès en Production.
Un bilan finalement plutôt bon
Compétiteur dans l’âme, Pierre espérait bien évidemment mettre à profit cette saison pour s’illustrer. Le résultat n’est évidemment pas à la hauteur de ses attentes : « La saison me parait décevante, mais comme me le font remarquer plusieurs de mes amis, si on prend en considération les conditions dans lesquelles j’ai abordé la deuxième partie de saison, on peut estimer que le résultat est plutôt bon. Bien évidemment, quand tu es pilotes, tu espères toujours mieux. Mais aujourd’hui, avec le recul, j’estime que ce n’est finalement pas si mal. Si on tient compte, de surcroit, que je suis pénalisé par le poids de ma voiture par rapport aux autres GTTS, je peux m’estimer satisfait. Mais il est clair que ça ne sera pas l’année qui, pour moi, restera dans les annales. »
Une M3 allégée pour 2017
Et en ce qui concerne le poids de sa BMW, Pierre a de bonnes raisons de se réjouir à l’heure d’aborder la saison 2017 : « La règlementation a changé, et de ce fait je vais pouvoir abaisser le poids de ma voiture, ce qui n’est pas un luxe car jusqu’alors le poids était pour moi assez pénalisant. Dans la logique des choses, je devrais pouvoir perdre jusqu’à 70 kg, ce qui est loin d’être négligeable. »
Pierre attend beaucoup d’un rendez-vous incontournable pour bon nombre de Montagnards, les essais que son écurie, le BP Autosport, organise à Creys-Mepieu le samedi 18 mars prochain : « On devrait en toute logique être au départ du Championnat cette saison. Il nous reste à mettre la voiture au point, ce que nous ne manquerons pas de faire à Creys-Mépieu. Et si tout est concluant, je devrais aborder les choses avec plus de sérénité. »
Si sa saison 2016 ne lui a pas apporté les résultats qu’il espérait, Pierre à la satisfaction d’avoir pu compter sur le soutien de proches et de partenaires : « Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier AutoVision à Villefontaine qui m’apporte un réel soutien, le Garage Curt à Chezeneuve, Pierre Béal Charpentes mon entreprise située à Saint Quentin Fallavier. Un grand merci à tous ceux qui me suivent, et à tous les membres de BP Autosport qui m’accompagnent sur les épreuves. »