
Après s’être illustré en GT Sport, c’est toujours au volant d’une Porsche, mais cette année en GTTS, qu’Alexandre Garnier abordait le championnat. A l’issue d’une saison marquée par de nombreux problèmes, il accroche la septième place du Production et signe son premier podium en CFM.
C’est en accompagnant Jean-Pierre, son père, spectateur assidu des rallyes et courses de côte disputés en Bourgogne et Franche-Comté, qu’Alexandre découvrait le sport automobile. Passionné, son père prendra part à de nombreux Tracks Days au volant d’une Porsche GT3. A ses côtés, dans le baquet de droite, on retrouvait le jeune Alexandre qui, faute de pouvoir prendre le volant, éprouvait les sensations que l’on peut connaitre dans un tel bolide. A l’adolescente, il peaufinait déjà ses notions de trajectoires en disputant des compétitions de descente en VTT.
Une fois le permis de conduire en poche, c’est à bord d’une Renault Clio RS qu’Alexandre Garnier participait à des Tracks Days. Toujours intéressant d’enchaîner les tours de circuits, mais frustrant pour le jeune Franc-Comtois de se contenter d’une petite traction alors que, comme son père, son attirance allait vers les Porsche. Faute de pouvoir disposer d’une voiture sortie des ateliers de la firme de Stuttgart, Alexandre se rabattait par la suite sur une BMW M3, propulsion moins onéreuse mais déjà plus puissante que la Clio.
En 2021, Alexandre Garnier signait ses premiers faits d’armes à Turckheim où il se classait deuxième du groupe N avant de remporter en fin de saison ce même groupe sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne disputée sur les Sarmentelles Beaujolaises. En 2022, le Haut-Saônois animera le groupe N sur le Championnat de France de la Montagne. L’occasion pour lui de signer quatre victoires de groupe et de terminer deuxième du Challenge Open N/4. En 2023, Alexandre Garnier signera de nouveaux succès de groupe sur le championnat avant qu’un problème de frein ne soit à l’origine de sa sortie de route à Vuillafans. Un accident qui l’obligeait à rester éloigné un temps de la compétition. Mais malgré sa ténacité et sa volonté d’en découdre, il devra se contenter de la troisième place du Challenge Open N/4.
La saison 2024 permettra à Alexandre Garnier de concrétiser un rêve. Le Franc-Comtois s’installait en effet derrière le volant d’une Porsche. C’est avec une 997 GT3 RS qu’il allait défendre ses chances dans le Groupe GT Sport. Cette première saison avec sa vaillante Porsche se soldait par une victoire sur le Challenge Open GT/2 et une huitième place au Championnat de France de la Montagne Production.
Pour une année de pur plaisir dans la cour des grands
En novembre 2024 Alexandre Garnier fêtait ses 27 ans et estimait qu’il était l’heure de franchir le dernier échelon pour rejoindre le sommet de la catégorie Production. Il faisait donc le choix d’intégrer la classe GTTS/4, en restant fidèle à sa marque de prédilection, Porsche… C’est au volant d’une 991 GT3 Cup qu’il se relançait pour une nouvelle campagne : « J’avoue que même si la Porsche avec laquelle je roulais en GT Sport était une excellente voiture, j’étais un peu déçu par le fait que j’ai connu avec elle quelques soucis, notamment de boîte de vitesses », débute Alexandre. « J’ai finalement eu l’opportunité de l’échanger contre la 991 GT3 Cup avec laquelle j’évoluais cette saison. J’ai saisi l’occasion. » Vladimir Barras, l’ancien propriétaire de la voiture, sera présent cette saison sur le Finale de la Coupe de France de la Montagne avec l’ancienne Porsche d’Alexandre qu’il mènera à la deuxième place du GT Sport. Le nouveau propriétaire avouait alors sa satisfaction d’évoluer avec cette véloce allemande.

Si son affection particulière pour les Porsche le portait à opter pour cette voiture, Alexandre savait qu’elle ne lui offrirait pas la possibilité de viser la victoire : « Dans le groupe GTTS évoluent des voitures plus onéreuses et plus performantes, mais je n’avais pas le budget pour prétendre à mieux. Par rapport à la Renault R.S. 01 ou à l’Alpine d’Anthony (Dubois), j’accuse un gros déficit de puissance et mon châssis ne dispose pas des aides électroniques que l’on retrouve notamment sur la Renault », analyse Alexandre qui dispose avec cette auto de 500 chevaux pour un poids de 1.240 kilos. « Mais je reconnais que c’est tout de même la voiture de mes rêves et que je prends un ''pied d’enfer'' à son volant. »
A l’heure de récupérer sa nouvelle monture, Alexandre Garnier savait devoir s’atteler à modifier les réglages puisque la Porsche 991 GT3 Cup était initialement destinée aux circuits : « Nous avons revu la géométrie, travaillé sur le châssis et relevé la hauteur de caisse. » Quelques après-midi passées sur circuit permettaient à Alexandre de se familiariser avec sa nouvelle monture : « Je connaissais la 991 GT3 Cup pour en avoir aligné une l’année dernière sur la Course de Côte du Mont de Fourche. » Une participation qui se soldait par une victoire en Production, « ce qui fut un élément supplémentaire pour porter mon choix sur cette voiture. »
Conscient qu’il ne disposait pas de la voiture la plus compétitive du plateau, Alexandre Garnier ne pouvait afficher que des ambitions limitées : « Je savais que j’allais vraiment prendre énormément de plaisir au volant, et c’était là l’essentiel. Le résultat finalement m’importait peu, même si bien sûr je voulais rester au contact des meilleurs et si possible accéder au podium d’une épreuve avant la fin de la saison. »
Alexandre Garnier avait la ferme intention cette saison d’aligner sa Porsche 991 GT3 Cup sur l’ensemble des manches du championnat. Mais à quelques jours du coup d’envoi de la saison, un accident domestique sera à l’origine d’une fracture de la main droite du pilote Franc-Comtois : « De ce fait je suis contraint de déclarer forfait pour les deux premières épreuves sur laquelle je suis tout de même venu en spectateurs », rappelle-t-il. « Quand je vois les résultats de Bagnols-Sabran et du Col Saint-Pierre, je suis d’autant plus frustré parce que je me dis que sur ces épreuves là il y avait la place pour aller chercher un podium. »
C’est donc à Abreschviller qu’il lançait sa campagne de France : « J’étais encore convalescent. La main était douloureuse mais j’avais trouvé une solution en scotchant deux doigts ensemble pour éviter que la douleur ne soit trop vive. » A l’arrivée de l’épreuve mosellane on retrouvait un Alexandre Garnier satisfait : « Ça s’est plutôt bien passé. J’ai pu durant ce week-end prendre la mesure de la voiture et peaufiner deux ou trois réglages au niveau du châssis. J’étais content de pouvoir rouler et de signer un résultat convenable », confie Alexandre qui plaçait sa Porsche au quatrième rang.
La Course de Côte d’Hébécrevon n’étant pas inscrite au calendrier du Haut-Saônois, c’est à La Pommeraye que l’on retrouvait ensuite Alexandre qui une nouvelle fois se classait quatrième : « J’ai passé un super week-end. Les améliorations que nous avions apportées à la voiture ont porté leurs fruits, je me sentais vraiment à mon aise et je me suis fait réellement plaisir. Et puis s’il y a toujours une super ambiance à La Pommeraye, j’étais ravi de voir qu’il y avait également une excellente ambiance au sein du groupe GTTS. »
La participation d’Alexandre Garnier à la Course de Côte de Saint Gouëno allait se dérouler sans problème et lui permettre d’accrocher la cinquième place dans le sillage de Jean-François Ganevat, Yannick Poinsignon, Anthony Dubois et Philippe Schmitter : « Là aussi du pur plaisir, même si j’ai pris conscience qu’il fallait que je travaille un peu plus sur mon pilotage parce que la puissance supplémentaire par rapport à une GT Sport nécessite de faire preuve d’un peu plus de finesse. J’avoue que si tout s’est bien passé il m’a fallu du temps pour trouver le bon rythme. » Alexandre était également enthousiaste à l’idée de se confronter à la Porsche 992 GT+ d’Anthony Cosson : « J’espérais pouvoir rivaliser avec lui et je suis enchanté de le devancer à l’arrivée de deux secondes. C’était enthousiasmant de me battre avec lui et Philippe Schmitter. Philippe a été plus vite que moi, mais je parviens à devancer Anthony qui, il est vrai, roulait en pneus de rallye », rappelle Alexandre. « S’il avait été en slicks je ne suis pas sûr que l’histoire aurait été la même. »
A Marchampt, c’est une autre Porsche, la 991.2 Cup de Thomas Chavot, qui se présentait en rivale de celle d’Alexandre : « Je connaissais la valeur de Thomas, son style de pilotage très propre et très rapide et je suis content de m’être battu avec lui », confie Alexandre qui lui cède la quatrième place pour sept dixièmes : « Je me console en me disant que mon meilleur chrono du week-end est plus rapide que le sien. Mais je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même puisque sur la dernière montée je n'étais pas dedans et que je me loupe… Mais j’ai hâte de prendre ma revanche », sourit Alexandre.

C’est chez lui, en Haute-Saône, qu’Alexandre Garnier poursuivait sa saison en engageant sa Porsche sur la Course de Côte des Myrtilles. Un rendez-vous qui allait s’avérer compliqué : « C’est une épreuve sur laquelle je n’avais aucune pression, mais il faisait super chaud et le bitume était en mauvais état », se souvient Alexandre. « Lors des essais j’améliore le record du tracé et je suis largement devant. Mais par la suite je ne suis jamais parvenu à rééditer ce chrono sur un revêtement qui manquait de grip, sur lequel on trouvait du graviers à de nombreux endroits. De ce fait je n’ai pas poussé la voiture pour ne pas prendre de risque », reconnait Alexandre qui terminait deuxième derrière la Peugeot 308 Cup de Nicolas Miclo.
Vuillafans est un rendez-vous attendu pour le Franc-Comtois qui espérait réaliser une belle prestation dans la Vallée de la Loue. Mais la mécanique allait en décider autrement : « J’ai connu ce que je pensais être des problèmes de boîte de vitesses puisque j’avais énormément de mal à rétrograder. Je soupçonne d’ailleurs d’avoir déjà eu les prémices de ce soucis à Marchampt, mais dans le Beaujolais j’avais mis ça sur le compte de l’ABS », analyse Alexandre qui à Vuillafans ne prenait part qu’aux deux premières montées de course, pour finalement parvenir à se classer quatrième.
Il faudra finalement attendre la fin de saison avant d’identifier clairement le problème : « Il paraissait évident que cela provenait de la boîte, plus précisément de l’actionneur pneumatique de la boîte. Nous avons tout essayé, cherché différentes solutions, et finalement la réponse viendra d’Anthony Cosson que je remercie chaleureusement. En fait cela provenait de l’alternateur, ce qui paraissait improbable. Porsche avait déjà eu le souci, et Anthony (Cosson) avait pu avoir la solution. » Malheureusement pour Alexandre, ce n’est qu’à l’issue de la saison qu’il parviendra à identifier le problème.
Mais tout semblait fonctionner pour le mieux à l’heure de se présenter à la Course de Côte de La Broque, manche du Championnat de France 2ème Division sur laquelle le samedi Alexandre Garnier se classait deuxième du Production, quatre dixièmes derrière l’Alpine A110 de Ronald Garcès : « Les problèmes que je rencontrais étaient aléatoires. Samedi tout a fonctionné et je parviens à signer un bon résultat. Mais dimanche, je n’ai pu faire que deux montées et finalement je termine loin derrière », se désole le Franc-Comtois.
Sur la Course de Côte de Dunières, Alexandre fera une nouvelle fois mieux que de limiter la casse, puisque s’il n’était pas en mesure d’aligner sa Porsche au départ de la dernière ascension du week-end, il s’assurait tout de même une quatrième place : « Ce fut une nouvelle fois très frustrant. Je roulais en essayant de faire un minimum de deux chronos pour assurer un classement final, mais je savais qu’il était inutile de se forcer à rouler dans ces conditions, avec des problèmes de boîte récurrents. »
Vainqueur de la Course de Côte du Mont de Fourche en 2024 – épreuve régionale qu’il abordait déjà avec une Porsche 991 GT3 Cup – Alexandre Garnier s’alignait une nouvelle fois sur l’épreuve Haut-Saônoise où il viendra chercher une large victoire, trois secondes devant la Porsche 997 Cup de Luc François et la Ferrari 430 GTO de Vincent Lagache : « Ce fut compliqué parce que chaque fois que je voulais rétrograder il fallait que je clique à plusieurs reprises sur la palette. Mais comme il n’y a sur cette épreuve qu’une seule vitesse à descendre, ça restait jouable. Je m’impose comme l’an dernier, en ayant eu du mal à améliorer mon chrono, mais j’y suis parvenu. »
Les problèmes rencontrés par Alexandre Garnier se poursuivaient sur le Mont-Dore, où le Franc-Comtois avoue avoir commis quelques erreurs : « Les problèmes se sont amplifiés puisqu’auparavant j’avais des soucis de rétrogradage, et là j’avais également du mal à monter les rapports. Rien n’allait et j’avoue que mes chronos n’étaient vraiment pas terribles. J’ai craint de faire un surrégime et je n’ai pas voulu forcer l’allure pour ne pas casser le moteur », explique Alexandre qui termine la week-end auvergnat au septième rang. « C’est là encore frustrant parce qu’il y avait un beau plateau. » Aux animateurs habituel du championnat s’ajoutaient des garçons comme Nicolas Ciamin, Ronald Garcès, Stéphane Auriacombe, Steve Compain, Vincent Lagache : « J’aurais bien aimé me battre avec eux, ça n’a pas pu se faire et c’est vraiment dommage. »
Alexandre Garnier poursuivait ses investigations afin de résoudre le problème qui le pénalisait avant de se rendre à Turckheim. Mais l’épreuve alsacienne ne voudra pas lui sourire puisque le Franc-Comtois sera contraint à l’abandon : « Les soucis de changements de rapports se faisaient de plus en plus présents et j’ai préféré renoncer après les essais pour ne pas prendre le risque de casser le moteur. »
De nouveaux changement intervenaient sur la voiture avant qu’Alexandre ne se rende à Limonest, théâtre de la dernière confrontation de la saison : « Là, vraiment je pensais que tout allait fonctionner. Les essais sur circuit que nous avons menés avant d’aller à Limonest laissaient supposer que tout était entré dans l’ordre. Mais à nouveau les problèmes reviennent lors de la course. Sur un tracé comme celui de Limonest c’était moins pénalisant, mais toujours gênant », avoue Alexandre qui parvenait à accrocher son tout premier podium sur le Championnat de France de la Montagne en terminant derrière Jean-François Ganevat et Yannick Poinsignon : « C’était une belle façon de terminer la saison, même si tenir la Porsche sous la pluie n’est pas évident. Il va falloir que je travaille dans ce domaine parce que sur le mouillé le déficit de puissance est moins handicapant que sur le sec. C’est sous la pluie que potentiellement j’ai plus de chance de tirer mon épingle du jeu, il va donc falloir que je bosse. »
Troisième de l’Open GTTS/4 et septième du championnat
A l’heure de faire les comptes, Alexandre Garnier se hisse sur le podium du Challenge Open GTTS/4 en accrochant la troisième place, et se classe septième du Championnat Production : « J’avais la chance de rouler avec la voiture de mes rêves, mais je loupe le début de saison à cause d’une fracture d’une main et par la suite j’ai connu des problèmes de changements de vitesses sur toute la seconde partie de saison. De quoi gâcher en partie le plaisir. Financièrement, les nombreux changements que nous avons apportés avant de trouver l’origine de mon problème ont entamé mon budget, en nous contraignant à des dépenses qui n’étaient pas prévues », analyse Alexandre. « Je n’avais pas d’objectif en termes de classement, et finalement je suis satisfait d’avoir démontré que la Porsche est performante malgré les problèmes que j’ai pu rencontrer. Par rapport au GT Sport, où j’atteignais facilement les limites de la voiture, là je sens qu’il y encore une marge de progression, notamment sur mon pilotage. »

A l’heure de tourner la page de sa première saison en GTTS, c’est avant tout vers sa famille que vont les remerciements d’Alexandre Garnier : « Un immense merci à tous mes proches, mes amis et tous ceux qui me soutiennent. Merci également à 911 Impact qui a pris le temps d’identifier avec moi le problème, à Anthony Cosson et à Ludo Godard qui m’ont également bien aidé, tous les trois m’ont apporté leur aide bénévolement et je leur en suis reconnaissant. Merci à mes partenaires : Timehunters.fr, Unlimited Works, Motorsports Events, Entreprise Mourey Maxime, Aux Mille Saveurs, Mille-Pièces, Garage Pierrat GMP CAR, Config-racing.com, La Source Dorée, Auto Securiplus à Roye, la Rose du Pont à Chamonix et BS Auto en Alsace. »
De son propre aveu, Alexandre Garnier prend énormément de plaisir au volant d’une Porsche qui lui correspond bien. C’est donc à son volant que le Haut-Saônois se relancera la saison prochaine : « Je repars sur le championnat, logiquement avec la même voiture, même si pour le moment elle est en vente, mais je ne me focalise pas non plus sur cette vente. J’espère avoir plus de concurrence en 2026 avec la présence de voitures similaires à la mienne. Mon objectif sera de connaitre une année sans problème, d’améliorer mes performances sur l’ensemble des épreuves et de prendre énormément de plaisir tant derrière le volant qu’en engageant des bagarres avec d’autres pilotes », conclut Alexandre.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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