Double Championne de France de la Montagne Production, Elodie Lafosse abordait la saison 2023 avec la ferme intention de défendre ses chances pour un nouveau titre. Mais une violente sortie de route sur le Col Saint-Pierre annihilait les espoirs de la Creusoise qui devait mettre un terme prématuré à sa saison. Elle se relance en 2024 avec une motivation qui n’est en rien entamée.
Lorsqu’en 2017 Elodie Lafosse prenait part à sa toute première course de côte, à la Tardes, au volant d’une Peugeot 206 initialement destinée au circuit, elle s’engageait dans le chemin tracé par son père Laurent qui, dès le début des années 90 sera un animateur assidu de la discipline. Durant de nombreuses années, Laurent Lafosse s’illustrera en groupe F avant d’aligner les bons résultats en CM. En 2019, il faisait son retour sur le CFM au volant d’une Clio 2 Cup avec laquelle il accrochait la quatrième place du Challenge Open A/3, alors que ses participations restaient sporadiques, Laurent donnant la priorité à la campagne de sa fille. Un choix qui s’avérait judicieux car la détermination d’Elodie, qui disputait là sa première saison sur le championnat, lui permettait de remporter un premier titre de Championne de France de la Montagne Production. Une couronne acquise au volant d’une Peugeot 106. Une couronne qu’elle conservera à l’issue de la saison 2020, toujours abordée avec la petite ''Lionne''.
A l’heure d’aborder la saison 2021, Elodie Lafosse décidait de s’installer derrière le volant d’une Lotus Exige évoluant en GT Sport. Mais du retard pris dans la préparation de sa nouvelle monture contraignait la double Championne de France à ressortir sa 106 du garage… Ses rivales pour le titre disposant d’autos bien plus compétitives, Elodie savait alors qu’il lui serait impossible de coiffer la couronne. Malgré tout, un nouveau titre viendra enrichir son palmarès, celui de Championne de France de la Montagne 2ème Division Sport et Production confondus.
En 2022, la jeune Creusoise disposait enfin de sa Lotus Exige et relevait donc le défi de passer pour la première fois de la traction à la propulsion. L’objectif d’Elodie était alors de défendre une nouvelle fois ses chances pour le titre féminin, en gardant à l’esprit que, face à Sarah Bernard-Louvet, à Morane Cat-Mackowiak ou à la tenante du titre Aurore Dodille le défi s’annonçait difficile. Finalement, la saison d’Elodie se concluait par une victoire sur le Challenge Open GT/1.
Une Supercopa pour viser un nouveau titre de championne.
Face à une concurrence de plus en plus affutée, Elodie Lafosse n’avait pas d’autre choix que d’opter pour une voiture plus performante si elle voulait prétendre coiffer une nouvelle couronne de Championne de France. Elle portait alors son dévolu sur une Seat Léon Supercopa MK2 avec laquelle elle se lançait en 2023 sur une nouvelle campagne de France : « La Supercopa MK2 me permettait deux choses. D’une part de jouer mes chances face à des féminines mieux armées, mais également de pouvoir me jauger dans une classe où évolue bon nombre d’excellents pilotes », analyse Elodie qui sait que la classe A/5 est une des plus relevée du Championnat Production. « Avec la Peugeot 106, comme avec la Lotus, les occasions de me voir proposer une vraie concurrence étaient rares. Là je savais qu’il y aurait du monde. »
C’est à la fin de l’année 2022 qu’Elodie récupérait sa Seat Léon Supercopa en Italie : « C’est une voiture qui évoluait déjà en course de côte, ça avait donc comme avantage de ne pas devoir la reconfigurer. Nous n’avons rien touché dessus et je l’ai d’ailleurs essayé pour la première fois assez tardivement », se souvient la creusoise. « En mars 2023 j’ai fait une première séance d’essais sur le circuit de La Châtre avant de participer à la journée organisée par Nicolas Schatz sur le circuit du Bourbonnais. »
Les premiers essais s’avéraient enthousiasmants, Elodie se sentait rapidement en confiance avec sa nouvelle monture : « Je découvrais un nouvel univers, avec pour la première fois les palettes de changement de vitesses. Après l’expérience Lotus je retrouvais une traction, et en l’occurrence une vraie auto de course. Je me suis de suite rendu compte que ça allait très vite, mais pour autant j’étais plutôt à mon aise, la Seat offrant une excellente fluidité. »
Double Championne de France de la Montagne, Elodie Lafosse avait comme principale ambition de défier les féminines, et pourquoi pas coiffer en fin de saison une nouvelle couronne, ce qui aurait été un superbe cadeau d’anniversaire pour la creusoise qui début septembre fêtait ses 30 ans : « Après, pour ce qui est de la classe A/5, je n’avais aucune prétention particulière. D’une part parce que le niveau est très relevé, que les animateurs de la classe sont plus expérimentés que moi et qu’avec une Supercopa MK2 il parait très difficile de devancer des MK3 plus performantes », confie Elodie.
Présente à Bagnols-Sabran pour le coup d’envoi de la saison, Elodie avait comme seule préoccupation de bien cerner le comportement de sa Supercopa : « J’avoue que j’étais assez hésitante. La voiture est nettement plus imposante que celles avec lesquelles j’évoluais précédemment, et sur l’étroit tracé de Bagnols-Sabran ce n’était pas évident », reconnait Elodie. « Sachant que c’était pour moi une découverte, j’ai donc fait preuve de prudence. En clair c’était pour moi une séance d’essais grandeur nature, durant laquelle j’ai eu de très bonnes sensations. »
On retrouvait par la suite Elodie Lafosse au départ du Col Saint-Pierre. Malheureusement ce deuxième rendez-vous allait marquer sa fin de saison. Victime d’une violente sortie de route, la Creusoise devait être transportée à l’hôpital d’Alès où lui était diagnostiqué un pneumothorax complet du poumon droit, ce qui nécessitait un passage en réanimation, et une fracture du pied gauche. Pour ce qui est de son accident, Elodie avoue son incompréhension : « J’avais déjà eu l’occasion d’aborder le Col Saint-Pierre avec la Lotus. Je connaissais, j’étais en confiance, nous avions bien reconnu… Et je n’ai absolument pas compris sur le moment pourquoi j’étais sortie », explique Elodie. « Sur la première montée d’essais chronos, je suis partie dans l’optique de caler mes rapports de boîte, sans chercher à signer une performance. La montée se déroulait très bien avant que l’arrière de la voiture décroche au début du rapide après le Belvédère. Je suis parvenue à la rattraper mais elle a ''raquettait'' dans l’autre sens et je n’ai rien pu faire si ce n’est attendre que ça tape. » Plus tard, les analyses démontreront qu’une succession de soucis techniques seront la cause du comportement erratique de sa voiture, ce qui entrainera sa sortie de route.
La rééducation d’Elodie Lafosse s’étendra jusqu’au mois de juillet. Impossible donc pour la Creusoise de remonter dans une voiture de course. Et certainement pas dans sa Seat passablement détruite dans l’accident : « La caisse était à changer, et le moteur a subi des dommages, le bloc moteur à notamment souffert et au final nous n’avons récupéré que peu de choses. »
2023 à oublier, place à 2024 !
On ne peut évidemment pas faire de bilan d’une saison 2023 qui s’est résumée à une seule course. Elodie veut d’ailleurs tourner la page et concentrer ses pensées sur la saison à venir : « C’est l’année à oublier, d’autant plus frustrante que je me sentais vraiment bien au volant de sa Supercopa et que la responsabilité de la sortie dont j’ai été victime ne peut m’être imputée. Je voulais savoir où je me situais face aux autres animateurs de la classe A/5, et je n’ai pas pu le faire. Et puis financièrement, le budget en prend un sacré coup. »
Rien n’est encore arrêté en ce qui concerne la saison 2024. Mais une chose parait sûre, Elodie va retrouver le volant d’une auto de course : « Ma Supercopa est toujours en réparation et les travaux sont en phase d’achèvement. De son côté, mon père a fait l’acquisition d’une autre Supercopa MK2, et normalement c’est à son volant que je devrais débuter la saison. Pour l’heure, je n’ai pas encore eu l’occasion de m’installer dans un baquet, j’ignore donc quel sera le ressenti. Je dois rouler prochainement et en fonction des premiers essais je risque de m’aligner à Lodève avant d’être au départ de Bagnols-Sabran. » La suite du programme d’Elodie n’est pas définie et dépend de différents paramètres : « Avant tout je suis dépendante du budget, la priorité étant de terminer les réparations sur ma Seat. Ensuite, sachant que je n’ai pas roulé depuis le Col Saint-Pierre 2023, je veux voir quel sera le feeling derrière le volant avant d’envisager un vrai programme. Il est fort probable que je sois présente sur plusieurs manches du CFM, mais je ne sais pas encore si je m’engagerai sur le championnat », confie Elodie.
Même si elle n’a pas eu l’occasion d’exprimer ses talents durant la saison 2023, Elodie Lafosse a peut-être eu plus de soutien que lorsqu’elle a remporté ses titres. A la suite de son accident, les témoignages de soutien furent très nombreux et ont particulièrement touché la jeune pilote : « Avant tout je veux remercier mon père sans qui il me serait impossible de courir. Un grand merci à mon frère Florian qui m’aide énormément et gère la partie carrosserie, Ronald (Garcès) qui me donne d’excellents conseils et me fait bénéficier de son expérience. Je n’oublie pas Laurent et Dimitri Meillet qui répondent toujours présents quand le besoin de fait sentir, Sylvain Dodille pour son aide suite à ma sortie. Je remercie également mes partenaires, Damien du Bar ambiance le 16 th, Le Département de La Creuse, et tous mes copains de la course de côte. Un immense merci à l’équipe médicale présente au Col Saint-Pierre et au personnel de l’hôpital d’Alès. Pour conclure je veux avoir une pensée émue pour tous ceux qui m’ont envoyé des messages de soutien alors que j’étais sur mon lit d’hôpital. Ça fait très chaud au cœur et ça démontre une nouvelle fois que la solidarité qui règne au sein de cette immense famille de la course de côte est bel et bien réelle », conclut Elodie.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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