Dixième du championnat et vainqueur du Challenge Open CN/3 à l’issue de la saison 2022, Olivier Berreur décidait de gravir un nouvel échelon en 2023 en s’installant derrière le volant d’une Norma engagée en E2-SC/3. Malheureusement, une succession de problèmes contraindra le Franc-Comtois à n’aligner sa nouvelle monture qu’à deux reprises, mais Olivier a travaillé sans relâche et se dit prêt à affronter la saison 2024.
Cela fait plus de 30 ans qu’Olivier Berreur anime rallyes et courses de côte. Il fera ses débuts au volant d’une Open Kadett avant de s’essayer à la monoplace avec une Merlin puis une Dallara F396. Après deux saisons disputées avec une Ligier S49, Olivier portait son choix vers une Norma 2 litres avec laquelle il remportait la catégorie CN/2 sur le championnat en 2011, avant de terminer deuxième la saison suivante devant un jeune prometteur, un certain Geoffrey Schatz.
Mais à l’issue de la saison 2012, Olivier créait son entreprise et mettait la compétition automobile entre parenthèses. Il fera un timide retour en 2018 au volant d’une Ford Escort Cosworth qu’il alignait sur plusieurs rallyes, avant de retrouver les tracés des courses de côte en 2021 avec une Norma M20F propulsée par un moteur 3 litres. En 2022, le Franc-Comtois sera au départ des treize manches du championnat, pour signer treize victoires dans la classe CN/3… De quoi être motivé pour gravir un échelon supplémentaire et aborder la saison 2023 avec une Norma disposant d’un V8 Mugen. Il faisait dans le même temps l’acquisition de la Norma 2 litres de Jean-Jacques Louvet afin de disposer d’une voiture pour faire du roulage.
Le choix d’Olivier Berreur de se tourner vers le groupe E2-SC sera dicté par une envie de franchir un cap, mais également par une opportunité : « Xavier Vermeille avait préparé cette Norma E2-SC qui n’était pas encore aboutie et qui n’avait jamais tournée. Il était intéressé par ma 3 litres et m’a fait une proposition sympa, et nous avons trouvé un accord pour échanger nos voitures. Comme j’estimais arriver à un âge où ce genre d’opportunité ne se refuse pas, je me suis lancé. » Le Franc-Comtois ne cache pas que la possibilité de rouler avec un V8 Mugen a également fait pencher son choix dans la balance : « Je ne tenais pas à évoluer avec un moteur turbo et je trouvais que le V8 offrait un excellent compromis. »
Lorsque l’on termine dans le top 10 du championnat, on ne peut que prétendre à poursuivre sa progression : « Clairement j’espérais faire aussi bien en 2023, voire mieux. Avec une telle voiture je pouvais légitimement viser une place dans le top 5. Il est clair dans mon esprit que je ne vais pas aller chercher des garçons comme Geoffrey (Schatz) où des jeunes talents comme Fabien Bourgeon, Marc Pernot ou Kevin Petit. Mais j’espérais être en mesure de terminer dans leurs sillages. »
Mais avant de concentrer ses efforts sur sa campagne sur le Championnat de France de la Montagne, c’est sur le Rallye Ronde Régionale du Jura que l’on retrouvait Olivier Berreur, une épreuve abordée pour le plaisir : « En 2022 nous avions fait quelques rallyes avec Emilie (Tramont, sa compagne, Ndr), avec une Escort Cosworth et une Porsche 997, et nous avions trouvé ça plutôt sympa. Fin 2022 nous avons vendu ces deux voitures et c’est donc avec une Clio de location que nous nous sommes alignés cette année sur cette Ronde du Jura. Une nouvelle fois nous avons pu mettre à profit notre belle complicité », confie Olivier qui avec Emilie étaient à nouveau au départ de cette Ronde du Jura disputée en ce début du mois de janvier 2024. Cette fois c’est avec une Sierra Cosworth qu’il espérait initialement aligner sur le Tour de Corse Historique, mais dont la préparation sera achevée dans la semaine précédant la Ronde du Jura, que le couple disputait sa première course de l’année : « Malheureusement, dans la première spéciale, à trois kilomètres de l’arrivée nous avons eu une casse d’embrayage. »
Pour retrouver ses automatismes derrière le volant d’un Proto, Olivier Berreur engageait en début de saison sa Norma 2 litres sur la Course de Côte de Lugny : « C’était avant tout une remise en jambe. J’étais au départ en 2022 avec la Porsche, cette fois avec une Norma et sur un terrain humide il n’est pas évident de trouver ses marques. Mais pour moi ça s’est bien passé », confie le Franc-Comtois qui terminait troisième au scratch.
C’est ensuite en circuit qu’Olivier Berreur programmera des essais. La structure Berreur Auto Sport possède en effet plusieurs voitures et il est de bon aloi en début d’année de proposer à divers pilotes de se tester aux volants de ces divers modèles : « Chaque année la saison de course est entrecoupée de séances d’essais qui nous permettent lors de Track Days de faire rouler nos voitures », rappelle Olivier.
Norma 2 litres faute de Proto E2-SC
Selon les dires du préparateur de la voiture, la Norma E2-SC/3 avec laquelle devait rouler Olivier Berreur était quasiment prête. Lorsque Xavier Vermeille s’en est séparée, son préparateur lui avait confié qu’il fallait juste revoir le faisceau et peaufiner quelques réglages : « Je connais Xavier depuis de nombreuses année et je sais qu’il a toujours fait preuve d’une extrême droiture, je ne remets bien évidemment pas en cause ce qui lui a été dit… Début octobre 2022, nous décidons d’envoyer la Norma en Italie, chez Pietro Comandini qui gère l’électronique de la voiture de Simone Faggioli, afin de terminer la voiture. Dans mon esprit il ne restait pas grand-chose à faire et nous ne lui avons donc pas mis la pression pour finalement récupérer la voiture fin février 2023. Il nous restait alors à revoir les réglages et à la passer au banc. »
C’est en présence de Pietro Comandini venu en France pour assister à ce passage au banc qu’Olivier Berreur va découvrir que sa voiture laisse entrevoir des éléments défectueux : « L’auto avait des problèmes de pression d’huile, de pression d’essence, de charge de batterie, un cumul de choses que nous devions résoudre les unes après les autres. Et de ce fait nous n’étions pas prêts pour être présents à Bagnols-Sabran. »
Finalement, la Norma parviendra à rouler, mais un autre souci majeur fera son apparition : « Dès que l’on commençait à accélérer un peu fort, on perdait deux cylindres sur huit, et ce n’était jamais les mêmes. » Olivier, aidé à nouveau par Pietro Comandini, explorait toutes les pistes pour finalement se retrouver, une semaine avant le Mont-Dore, sur un circuit pour tenter de solutionner enfin le problème : « Un peu avant midi, malgré la pluie je reprends la piste pour une nouvelle tentative, et là on se rend compte que la voiture fonctionne. J’aurais bien voulu refaire des essais dans l’après-midi, mais Pietro et son équipe devaient partir pour rentrer chez eux près de Bologne. » A ce moment-là Olivier Berreur décidera d’aligner sa Norma sur le Mont-Dore, mais on le verra par la suite, rien ne se passera comme prévu.
La Norma CN/2 pour faire du roulage
La Norma M20F E2-SC/3 n’étant pas prête, c’est au volant de sa Norma 2 litres qu’Olivier Berreur débutait le championnat sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Je m’aligne avec cette voiture par dépit, avec cette Norma qui est dédiée à la location. Ça m’a permis de faire du roulage, ce qui est toujours bon, mais sans chercher de résultats », commente Olivier qui terminait l’épreuve gardoise sur le podium de sa classe.
Au Col Saint-Pierre, c’est à nouveau avec la Norma 2 litres qu’Olivier Berreur se présentait au départ, pour venir chercher une deuxième place de classe derrière Dimitri Pereira : « Là encore je n’allais pas chercher un résultat, mais bien évidemment il me satisfait tout de même. C’est une course sur laquelle tu progresses constamment, et je suis content de mon week-end durant lequel je n’ai pas pris de risque avec une auto qui devait être louée pour les épreuves suivantes. »
Conscient qu’il lui serait difficile d’aligner son Proto V8, Olivier Berreur devait se résoudre de prendre part à la Course de Côte de Marchampt avec sa Norma 2 litres. Une participation qui allait lui offrir l’occasion de livrer un beau combat à Enzo Chiocci. Au final, le jeune Mâconnais le devance d’une seconde une : « Je suis super content pour le gamin », avoue Olivier. « J’adore ce ''petiot'' et ça m’a fait réellement plaisir de me battre avec lui. La fougue de la jeunesse l’a emporté sur la sagesse, c’est comme ça. Je profite de l’occasion pour le remercier parce qu’il nous a accueilli chez lui pour que nous puissions passer la voiture sur son banc. » Pour Olivier Berreur Marchampt reste une course chargée en souvenirs : « Lorsque je passe ''Le Tarrès'', ça me renvoie toujours dix ans en arrière, à l’époque où je me battais au millième avec Geoffrey (Schatz). Mais j’étais plus jeune », lâche Olivier dans un large sourire.
Au Mont-Dore, pour la première fois, Olivier Berreur alignait sa Norma engagée en E2-SC/3. Mais sa participation à l’épreuve auvergnate se soldera par un abandon à l’issue des essais, à cause d’un problème mécanique. Une discussion avec Arnaud Mounier offrira alors la seule piste envisageable pour faire fonctionner sa voiture : « Il m’a dit clairement qu’il fallait repartir de zéro en optant pour un nouveau faisceau, un nouveau boitier. Dès le lendemain du Mont-Dore, je lui ai apporté ma voiture, et ils ont pu, malgré la période estivale, me régler la Norma entre le Mont-Dore et Chamrousse. Ils ont vraiment fait un boulot extraordinaire. »
Avant de s’attaquer à Chamrousse, Olivier Berreur alignait sa Norma 2 litres à Laussonne où il ira chercher une troisième place au scratch et une victoire dans le groupe CN : « Nous allons là-bas parce ce que nous sommes toujours bien accueillis. Marc Habouzit, l’organisateur, est un copain et ça fait toujours plaisir de participer à son épreuve et de le soutenir. »
Après un week-end de détente à Laussonne, Olivier lançait sa Norma V8 sur le tracé de Chamrousse. Et si les problèmes de coupures moteur étaient enfin résolus, le Franc-Comtois devra encore composer avec quelques soucis de pression d’huile : « C’est pour cela que je ne serai pas au départ de la quatrième montée, pour ne pas prendre le risque d’endommager le moteur. Mais il faut avouer que pour moi à ce moment-là le résultat n’avait aucune espèce d’importance, l’essentiel était de parvenir à rouler. »
De retour à Besançon, la Norma bénéficiait d’une vidange qui donnera lieu à une mauvaise surprise : « On se rend compte alors qu’il y avait des paillettes dans l’huile. A ce moment-là on se dit qu’il faut arrêter de rouler avec cette voiture, démonter le moteur pour une vérification qui démontrera que finalement ce n’étaient que des paillettes de rodage, rien de grave », confie Olivier. « Entre temps nous avons remplacé la bâche à huile par une plus importante et profité de l’occasion pour refaire les échappements. Quand nous avons remis la voiture sur ses roues elle fonctionnait enfin. Cela se confirmera lors du Cévennes Race Track sur le Pôle Mécanique d’Alès au mois de décembre. »
Olivier Berreur sera au départ de Turckheim avec son Proto 2 litres et il connaitra en Alsace un bon week-end : « J’ai fait du roulage, et nous avons fait rouler Jacques Chevallier avec la Formule Renault. Je me suis fait plaisir sans chercher de résultat. »
Difficile lorsque votre compagne est présidente de l’ASA organisatrice de la Course de Côte de Limonest de ne pas se présenter au départ de cette ultime confrontation du championnat. Olivier Berreur se devait d’être de la fête. Pour conclure cette campagne de France, Olivier souhaitait faire une course en Production : « Je me suis tourné vers Stéphane Krafft qui avait une Porsche GT3 Cup à disposition. Tout s’est décidé au dernier moment et finalement je me suis engagé avec cette voiture. » Après trois tours de piste sur le circuit de Bresse histoire de comprendre le maniement de cette Porsche, Olivier filait vers Limonest.
Au volant d’une voiture configurée pour le circuit, Olivier prenait part aux essais de l’épreuve rhodanienne, et créait la surprise en terminant ces essais au troisième rang du Production : « J’avoue avoir été surpris, mais comme j’étais vraiment bien dans la voiture, c’était très plaisant. Et puis quand tu sors d’un Proto, l’adaptation n’est pas hyper difficile. » Sur le sec, Olivier aura du mal à tenir le retour des leaders du championnat, mais parviendra à accrocher une place dans le top 10, une belle prouesse pour un pilote qui découvrait sa monture.
Qualifié sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Olivier Berreur connaitra un montée en puissance tout au long du week-end. Un parcours crescendo qui lui permet de se positionner au quatrième rang de la classe CN/2 : « J’ai dû rouler avec des pneus qui avaient fait l’ensemble de la saison. Ce tracé de Steige n’est pas évident à aborder et j’étais constamment sur un fil avec des gommes usagées. Sur la dernière ascension j’ai vraiment tout donné et je me suis fait plaisir. Pour être honnête je n’avais pas grand-chose à gagner sur cette finale, mais c’était sympa de participer et de découvrir ce tracé alsacien. »
Trois voitures du Berreur Auto Sport seront présentes sur le Cévennes Race Track, une épreuve disputée début décembre sur le Pôle Mécanique d’Alès. Olivier Berreur alignait sa Norma E2-SC/3 alors qu’il avait confié le volant de sa Norma 2 litres à Emilie, sa compagne, et que Michel Rousselot, mécanicien au sein du team, disposait de la Formule Renault : « Pour ma part j’ai abordé cette course en double monte avec Simon Taponard. Ça nous a permis de nous rendre compte que la voiture fonctionnait et que nous parvenions à améliorer nos chronos dans des conditions difficiles. Le fait de rouler en double monte avec Simon nous a permis d’enregistrer de nombreux acquis qui nous seront utiles pour la saison à venir. »
Prêt pour les 13 manches de 2024
La saison 2023 d’Olivier Berreur ne s’est pas déroulée comme il pouvait l’espérer. Initialement prévu avec la Norma E2-SC, son programme avec ce proto se réduira à deux participations. Mais au volant de sa Norma 2 litres et d’une Porsche en fin de saison le Doubien a pu faire du roulage et signer quelques belles performances : « Le bilan est bien évidemment mitigé. Nous n’avons pas pu faire la campagne de l’Ouest et Vuillafans puisque ma Norma était retenue par Simon (Taponard). Donc au final je suis content que cette saison soit terminée, mais elle m’aura permis d’apprendre de nombreuses choses et notamment dans la préparation d’une voiture. Ça n’a pas été simple, mais j’ai la chance d’avoir Emilie et ma fille Julia qui m’ont motivé à ne jamais rien lâcher et au final ça me permet de positiver pour la suite. »
Durant cette année qui fut finalement une saison de transition, Olivier Berreur a pu une nouvelle fois bénéficier de soutiens qu’il veut remercier : « Un grand merci aux partenaires fidèles : « Pascal Colas l’Affineur Comtois – René Serrières RS pneus Automeca – Dorian Pautot Carrosserie – David Rouyer’s Transconcept - CTS Espace sans permis, ainsi que tous ceux qui nous aident ponctuellement. Remerciements également à Arnaud et Séverine d’EMAP Motors pour avoir pris du temps pendant leurs vacances pour le V8, et Yann Welding 7.0 pour l’échappement. Un immense merci à mes mécanos, Jojo et Michel, et surtout ma à chérie et à ma fille qui m’ont accompagné dans cette année compliquée. »
La Norma propulsée par le V8 Mugen fonctionne, et Olivier Berreur a la ferme intention de prendre part aux treize manches du Championnat de France de la Montagne en 2024 : « Nous mettons également une structure en place pour Geoffrey Schatz qui va rouler en championnat d’Europe, et il est possible que je l’accompagne sur quelques épreuves pour rouler sur des manches européennes. » Le Team Berreur Auto Sport fera également rouler Simon Taponard qui sera donc présent sur le Championnat de France : « Nous disposons d’une nouvelle Formule Renault avec les palettes au volant et du CN/2 litres qui sont proposés à la location. Nous avons également une F3 historique qui sera prochainement proposée à la vente. »
Mais Olivier, qui fêtera ses 54 ans au mois de mai, sait que viendra dans un avenir proche le temps de filer vers d’autres horizons : « L’expérience avec la Porsche à Limonest me laisse à penser qu’il serait judicieux par la suite de me tourner vers le Championnat Production. Je pense rouler dans le futur avec une auto en GTTS. Pour ce qui est du modèle, rien n’est encore arrêté mais j’ai quelques pistes », confie Olivier en guise de conclusion.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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