Didier Chaumont 2ème de l’Open Formule Renault

Jusqu’où ira Didier Chaumont ? Le viticulteur bourguignon qui compte plus de 350 participations en course de côte continue à signer des victoires de classe. Et s’il ne court plus que pour le plaisir, il joue toujours les premiers rôles sur un Challenge Open Formule Renault qui le voit à l’issue de la saison 2023 accrocher la deuxième place.

Depuis 1988, année de sa première participation en course de côte au volant d’une Rallye II, Didier Chaumont a eu l’occasion à maintes reprises de connaitre le goût si particulier de la victoire. L’expérience en Rallye II sera suivie par des participations aux volants d’une ARC MF5 Proto, d’une Ralt RT 32 F3, d’une Dallara 393 F3 avant qu’il ne s’installe dans le cockpit de diverses Formule Renault.

Depuis une dizaine d’années Didier Chaumont anime donc le Championnat de France de la Montagne au volant de Formule Renault et joue les premiers rôles dans sa catégorie. A l’issue des saisons 2014 et 2015, il terminait deuxième du Challenge Open DE/7. Vainqueur de ce même challenge en 2016, on le retrouvait à nouveau sur le podium au terme des campagnes 2018 et 2019. Et même si les saisons suivantes seront perturbées par la Covid 19, Didier sera toujours au rendez-vous. Partagé entre les courses et sa passion pour la vigne qui l’oblige à renoncer à certaines épreuves – vendanges obligent – Didier Chaumont parvient malgré tout à se maintenir au sommet de la discipline. Il le confirme durant cette saison 2023 qui sera pour le Bourguignon un excellent cru.

Du haut de sa longue expérience, Didier Chaumont a un regard très juste sur son implication dans le sport automobile. Il sait pertinemment que sa priorité reste son métier de viticulteur, qui lui permet notamment de financer sa passion pour la course, et de ce fait il s’interdit de prendre des risques qui pourraient remettre en cause ses activités professionnelles : « L’important pour moi est de ramener la voiture et le bonhomme en entier le dimanche soir à l’issue des courses, le résultat est secondaire », explique Didier qui avant de s’élancer sur le championnat confie chaque année sa monoplace aux mains expertes de David Guillaumard : « C’est lui qui se charge de la révision, de régler la voiture. Avant le départ de cette campagne 2023 il a peaufiné le set-up des trains, changé le réservoir et intégré les kilos supplémentaires que nous obligeait à adopter la nouvelle réglementation. »

Avant de s’élancer sur le championnat, Didier Chaumont profitait de la journée d’essais organisée par Nicolas Schatz sur le circuit du Bourbonnais pour tester sa monoplace : « Mais nous n’avons pu rouler que durant la matinée parce qu’une casse de démarreur m’a obligé à m’arrêter. Pour ce qui est des sensations avec le lest, ça ne change pas grand-chose lorsque tu roules en circuit, mais ça sera plus complexe sur les courses de côte », reconnait-il.

« Me faire plaisir », lâche Didier lorsqu’on évoque ses objectifs pour la saison 2023. « A mon âge je ne vise rien d’autre », confirme cet épicurien dans l’âme. « Si j’ai le moindre pépin de santé cela remet en cause mon activité, et je ne peux évidemment pas me le permettre. Et puis on arrive à des âges où l’important c’est de se faire avant tout plaisir. »

108 victoires de classe à l’issue de la saison 2023
Même s’il court uniquement pour le plaisir, Didier Chaumont reste toujours en lice pour accrocher des succès dans une classe DE/7 souvent très disputée. Ça sera le cas à Bagnols-Sabran où il termine deuxième des Formule Renault, à seulement 195 millièmes d’Anthony Neveu : « J’avoue que quand j’ai vu qu’il était inscrit je pensais prendre quatre ou cinq secondes dans le nez, et finalement je suis ravi de terminer aussi près d’un pilote aussi rapide. Je suis vraiment content de cette première participation de la saison. »

Didier Chaumont n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, car s’il trouvait qu’avec le poids supplémentaire le comportement de sa monoplace était perturbant à l’heure d’aborder le long tracé du Col Saint-Pierre, cela n’allait pas l’empêcher de s’imposer devant un autre pilote d’expérience, Thierry Bertin : « Je suis un peu moins vite que l’année précédente. Après, ma victoire vient aussi du fait que beaucoup de pilote qui animent habituellement la classe n’étaient pas là. Mais les absents ont toujours tort », plaisante Didier près à relever un nouveau défi. « Thierry m’a dit qu’en 2024 c’est lui qui allait gagner sur le Saint-Pierre, on verra bien. »

Adversaires, Didier Chaumont et Thierry Bertin sont avant tout amis, et les deux hommes ont l’un pour l’autre un respect réciproque. Leur sympathique duel allait se poursuivre à Abreschviller où là encore le Bourguignon aura le dernier mot : « C’est une course qui ne supporte pas la moindre improvisation. C’est court, les écarts sont infimes et finalement je termine devant mais de très peu. C’est pour moi une nouvelle victoire et c’est toujours plaisant. »

Par la suite, Didier Chaumont allait faire un tour sur la Course de Côte de Coligny, une épreuve qu’il n’avait pas eu l’occasion d’aborder depuis de nombreuses années : « Cela faisait au moins 20 ans que je n’étais pas venu à Coligny et j’avoue que là j’étais totalement arrêté. Je ne suis jamais parvenu à trouver le rythme. Mais je reviendrai en 2024 parce que je sais que je peux faire mieux. Et puis j’ai un attachement particulier pour cette épreuve, c’est à Coligny que j’ai participé à ma première course de côte en 1988. »

La Course de Côte d’Azé – Donzy le Pertuis allait permettre à Didier Chaumont de retrouver Thierry Bertin sur une épreuve régionale. Mais cette fois c’est le Franc-Comtois qui imposera sa Formule Renault Caparo : « Ça se passe très bien sauf que je termine troisième derrière Thierry et Benjamin Brenot. J’ai fait ma course sans chercher à aller plus vite. »

La campagne de France de Didier Chaumont se poursuivait à Marchampt où il allait se positionner à la quatrième place de la classe DE/7 et terminer juste devant sa compagne, Sandrine Labrosse : « J’adore ce parcours rapide de Marchampt, mais je n’ai une nouvelle fois pas tenté le diable et je me satisfais pleinement de cette quatrième place. »

A Vuillafans, sur les terres de Thierry Bertin, Didier Chaumont accrochait une nouvelle fois une troisième place derrière le Franc-Comtois et Benjamin Brenot : « J’aime bien Vuillafans mais je pèche sur les épingles où je pense que je freine toujours trop tôt. Sur le reste du parcours je suis comme les autres, mais j’ai du mal avec les épingles de cette course. »

A Dunières, Didier Chaumont retrouve un de ses terrains favoris, et il le prouve en remportant un succès de classe, 843 millièmes devant Sébastien Pomaret : « Thierry était absent et Anthony Neveu se sort sur la première. Je lui ai prêté des pièces pour qu’il répare, mais il n’était plus dans la course alors qu’il aurait dû gagner », confie Didier qui veut humblement relativiser ce succès. « Mais bon, malgré tout la victoire fait toujours plaisir. »

Comme pour beaucoup de pilotes, Didier Chaumont reconnait que cette édition 2023 du Mont-Dore fut un peu frustrante, puisque limitée à seulement deux montées de course : « C’est le Mont-Dore, on le sait, c’est comme ça », lâche Didier fataliste. « Il va falloir à un moment que certains prennent leur responsabilité. Mais quoi qu’il arrive on aime le Mont-Dore. »

Même s’il apprécie le tracé de Chamrousse, Didier Chaumont reconnait que ce n’est pas sa course préférée de la saison. L’épreuve alpine se conclura pour lui par une sixième place de classe : « J’ai ramassé… Mais à partir du moment où on doit composer avec un parcours qui n’est plus naturel mais scindé par des chicanes, ce n’est pas mon truc et je n’aime pas. Mais je sais que cette chicane est nécessaire. Ensuite, on est là à deux semaines des vendanges et je sais que je dois impérativement terminer en entier. »

Deuxième du Challenge Open DE/7
Au mois de septembre la Formule Renault rentre au garage, et Didier investit ses vignes pour ramasser le raisin qui sera à l’origine d’excellents crus bourguignons unanimement appréciés dans les paddocks. Absent à Turckheim et à Limonest, il ne pouvait donc pas défendre ses chances face à un Thierry Bertin qui, au final, le devance sur le Challenge Open DE/7 de deux points : « Thierry a souvent terminé devant moi, donc c’est bien qu’il ait gagné. Je suis très content pour lui et en ce qui me concerne ce fut une bonne saison durant laquelle je me suis fait plaisir. Si je peux faire encore 20 ans comme ça, je signe », confie Didier qui compte à l’issue de cette saison 108 victoires de classe. « A une époque je gagnais plus qu’aujourd’hui. Mais je compte également 356 participations à des courses de côtes, si je peux en faire 500, pourquoi pas. Je me donne une dizaine d’années pour y parvenir. Le milieu de la course de côte reste ma famille et je m’épanouis pleinement sur les épreuves. »

Le seul bémol de cette saison vient d’un point que Didier tient à relever. Car si dans son esprit il ne court pas pour la victoire, il estime que l’implication des pilotes doit être récompensée, et qu’il ne serait que justice qu’ils soient pris en considération : « Je trouve inadmissible que sur certaines épreuves, les vainqueurs de classe n’aient même pas un trophée lors de la remise des prix. Ils se battent pour décrocher des victoires et n’ont pas de reconnaissance de leur investissement, et je trouve cela particulièrement injuste et regrettable. Heureusement ce n’est pas fréquent, mais c’est arrivé cette année sur des épreuves… Il faut garder à l’esprit que lorsque l’on ne récompensera plus que les trois premiers des scratches Sport et Production, et les quelques pilotes qui gagnent leur groupe, on se retrouvera avec un déficit énorme de concurrents, et ça affectera l’ensemble des épreuves qui pour certaines ont déjà du mal à se maintenir. »

En tête de liste des remerciements de Didier Chaumont figure David Guillaumard à qui Didier confie chaque année la mise au point de sa Formule Renault : « Merci également à Christophe (Renoud-Grappin) dit Cassegrain, à sa copine Marie ainsi qu’aux chauffeurs du Krafft Racing, Michel et Corentin, qui conduisent mon camion, et je n’oublie pas Sandrine, ma compagne », avec qui Didier partage la passion des courses de côte.

La Formule Renault de Didier Chaumont a pris la direction des ateliers de David Guillaumard pour sa révision hivernale : « Et je serai ensuite au départ de cette saison 2024 avec un programme similaire à celui de 2023. J’aimerais bien aller dans l’Ouest mais je n’ai malheureusement pas le temps. Je vais donc certainement revenir sur les épreuves que j’ai disputées la saison dernière. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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