Une nouvelle JAD pour Lionel Jacob

Pour sa première saison sur le CFM au volant d’un Proto JAD LW01 conçu par son cousin, Lionel Jacob n’a pris part qu’à six épreuves. Une courte campagne marquée par une succession de victoires et qui se solde par une deuxième place sur le Challenge Open CM.

Durant de nombreuses années, Denis Jacob, le père de Lionel, a arpenté les pistes de karting sur lesquelles il assouvissait sa passion pour le pilotage. Son frère Dominique aura quant à lui l’opportunité de s’essayer derrière le volant sur les multiples disciplines que propose le sport automobile. De cette passion commune, partagée par les frères Jacob, naissait l’idée de créer un team de course qui officiera essentiellement en circuit mais que l’on aura l’occasion de retrouver sur certains rallyes. Durant trente ans, Denis et Dominique Jacob auront à cœur de préparer avec un soin tout particulier des voitures de compétition, avant de prendre en 1989 une retraite amplement méritée.

De son enfance Lionel conserve le souvenir de week-end passés sur les circuits, en compagnie de son père et de son oncle, à découvrir avec un bonheur non dissimulé cet univers si attrayant de la course automobile : « Je considère que c’est mon milieu naturel », confie Lionel. « J’ai toujours baigné là-dedans et il apparaissait assez évident qu’à mon tour je ferai de la compétition. »

Une fois le permis en main, Lionel Jacob s’inscrivait en 2007 à l’opération de détection Rallye Jeunes dont il sera l’un des finalistes. Après avoir exprimé ses talents de pilotes en VTT sur des épreuves de descentes et avoir participé aux Championnats de France de la discipline, le jeune Béarnais s’adonnait au motocross avant de se tourner naturellement vers le rallye. Dans le même temps, il passait avec succès l’examen du BPJEPS pour devenir moniteur de pilotage : « J’ai fait de l’automobile mon métier puisque je suis mécanicien de formation et qu’en plus j’ai la possibilité de donner des cours de pilotage. Mon activité principale reste la mécanique, mais dispenser des conseils en matière de pilotage est pour moi une vraie passion. »

Premiers pas sur la Swift Cup
En 2008, le concessionnaire Suzuki de Pau, conscient des aptitudes de Lionel Jacob, décidait de lui prêter une Suzuki Swift avec laquelle il allait s’engager dans la Swift Cup. Pour ses débuts, il s’attaquait à un gros morceau puisqu’on le retrouvait au départ du Rallye Lyon-Charbonnières. Des débuts prometteurs mais qui malheureusement seront stoppés par une sortie de route et la casse de la petite nipponne : « Cette sortie de route sur mon premier rallye m’a contraint à délaisser un temps la Suzuki Swift. Je n’ai donc pas participé à beaucoup de manches. » En fin de saison, Lionel parvenait à s’engager sur le Rallye National du Pays Basque : « C’était une épreuve disputée sur des routes compliquées, par évidentes à aborder, mais tout s’est bien passé et ça m’a permis de retrouver la confiance. »

La saison en Swift se limitera finalement à quatre rallyes avant qu’en 2009 Lionel et son père ne construisent une Peugeot 206 qui sera alignée en F2000 : « L’auto était optimisée, de quoi se faire réellement plaisir. » Plaisir et performances, Lionel ne tardait pas en effet à aligner les résultats tant sur des épreuves régionales que sur des manches du Championnat de France : « En 2010 je me suis engagé sur le Critérium des Cévennes, l’année suivante j’ai pris part au Rallye du Limousin. » Si les premières apparitions étaient sporadiques, Lionel devenait plus assidu à partir de 2017 : « Cette année-là nous avons intégré le Team FJ afin de marquer des points au Championnat Team et au Trophée Michelin, et par la même occasion de découvrir de belles épreuves. » Lionel Jacob évoluera au sein de la structure créée par Françoise et Jean Galpin entre 2017 et 2019, toujours au volant de sa Peugeot 206 F2000. « J’ai passé d’excellentes saisons, même si je n’ai jamais eu l’opportunité de prendre part à des rallyes comme le Touquet, très éloigné de mes Pyrénées-Atlantiques natales, mais j’ai pu m’aligner au Rallye Vosgien qui était une épreuve qui me tenait à cœur. » Le seul regret affichait par Lionel c’est de n’avoir jamais pu disposer d’une auto réellement plus performante avec laquelle il aurait pu affirmer ses compétences de pilote émérite : « J’aurais adoré rouler avec une quatre roues motrices de dernière génération. Je sais que ça correspondait parfaitement à mon pilotage, mais je garde à l’esprit que je me suis réellement amusé avec la 206. »

Conception et découverte de la JAD LW01
Ingénieur de formation, Arnaud Jacob, le cousin de Lionel, se voyait confier la responsabilité du bureau d’étude de la Société Bos Suspension. Un poste qui lui permettra de mettre au point de nombreux éléments indispensables à la compétition :  Fourches pour les VTT où pour des motos évoluant en Grand Prix ainsi que des amortisseurs pour le constructeur Toyota qui viendra décrocher des titres de Champions du Monde des Rallyes. En 2018 Arnaud décidait de fonder sa propre société JAD-Engineering, qui aura pour vocation de proposer des prestations d’étude pour des clients dans des milieux comme la compétition automobile, le VTT ou même les sports de glisse.

Rapidement germera dans l’esprit d’Arnaud l’idée d’assouvir un rêve en créant une société qui s’attèlera à concevoir une voiture de course. Naissait alors JAD-Automotive, et pour bénéficier de conseils avisés, Arnaud extirpait de leurs retraites son père Dominique et son oncle Denis. Restait à trouver un pilote pour assurer le développement de la voiture, c’est tout naturellement qu’Arnaud se tournait vers son cousin Lionel lorsque la JAD LW01 voyait le jour : « Le choix du CM apparaissait comme une évidence. Cela permet de construire des Protos légers, avec des moteurs qui ''miaulent'', tout pour plaire », estime Lionel.

Initialement conçue pour le circuit et la course de côte, la JAD LW01 est équipée d'un châssis en acier avec une carrosserie en poly divisée en trois parties et des portes papillon. Les suspensions comprennent des triangles superposés, des amortisseurs BOS et l'aérodynamique est améliorée par un aileron arrière réglable, un fond plat intégral, et des diffuseurs avant et arrière. La voiture bénéficie d’une motorisation BMW S1000RR montée longitudinalement. Un moteur qui produit 210 chevaux alors que le Proto affiche un poids initial de 455 kilos.

Après quatre ans d’étude, en 2022 Lionel Jacob offrait ses premiers tours de roues à la JAD LW01 : « Arnaud avait assuré le déverminage et j’avais pour mission d’assurer son développement », explique Lionel. « La voiture roulera rapidement sur le Championnat de France des Circuits en Sport Prototype et en Legends Car, ce qui m’a permis de tourner sur le circuit de Pau-Arnos où à Nogaro. » En cette année 2022, la JAD LW01 fera également sa première apparition en course de côte sur une des épreuves les plus mythiques du championnat, le Mont-Dore : « Je découvrais la discipline et j’avoue que ça se passe très bien. Je roulais avec une voiture conçue pour le circuit, mais dans un environnement qui m’était familier puisqu’il s’apparente au rallye. J’ai vraiment adoré cette première expérience avec une auto en phase de développement et avec cette obligation d’attaquer d’entrée de jeu avec des pneus encore froids. »

En 2023, Lionel allait étendre ses participations en course de côte en étant au départ de Bagnols-Sabran, de Quillan, de Marchampt et à nouveau du Mont-Dore : « Nous avons été contraints à l’abandon sur les deux premières courses à cause d’un problème moteur », se souvient Lionel qui allait signer sa première victoire de classe à Marchampt : « C’était hyper satisfaisant tant par les chronos réalisés que par le comportement de la voiture. Nous avions le sentiment d’avoir franchi un step. » Au Mont-Dore Lionel plaçait son Proto au deuxième rang de la classe CM derrière le BRC de l’expérimenté Espagnol Javier Villa.

Rien de mieux pour faire progresser un nouveau proto et lui offrir de la visibilité que de l’engager sur le championnat. C’est dans cette optique que Lionel Jacob abordait la saison 2024 : « Lorsque l’on décide de construire sa propre voiture, l’idée c’est tout de même d’en vendre, mais pour cela il faut démontrer sa compétitivité. Nous avons donc décidé de m’engager sur le championnat. » Avec un budget limité, le pilote Béarnais savait qu’il ne pourrait pas être présent sur les treize manches du championnat, « mais un Challenge Open de six à huit épreuves et un excellent compromis », estime Lionel qui espérait bien jouer ses chances pour le titre : « Il est clair qu’avec le départ de la classe CM de pilotes tels que Yves Tholy, Jérôme Jacquot et Maxime Dojat, ça ouvre les débats. Malgré tout je savais que nous allions trouver de la concurrence avec des pilotes qui prenaient de l’expérience au fil des saisons et face à qui nous avions encore énormément de choses à découvrir. Mais il est clair que même en sachant que ça serait compliqué, nous sommes des compétiteurs et nous ne pouvions viser autre chose que le titre. »

Succession de victoires en CM
La saison de Lionel Jacob débutait de la plus belle des manières puisque le Béarnais imposait sa JAD LW01 d’entrée de jeu en remportant sa classe sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « On découvrait les pneus Hoosier avec qui nous avons mis en place un partenariat et nous étions relativement contents du comportement de la voiture », confie Lionel. « Je sais que nous sommes encore loin du record de la classe, même si la réglementation à évoluer et qu’il est toujours difficile de faire des comparaisons. Mais nous sommes très contents de débuter la saison par un succès. »

Le profil typé rallye de la Course de Côte de Bagnols-Sabran avait tout pour convenir à Lionel Jacob. Le Col Saint-Pierre, que le Béarnais découvrait, ne présentait pas la même configuration : « C’est une magnifique découverte sur laquelle il y avait énormément de choses à intégrer entre l’assimilation du parcours, les trajectoires à trouver, les réglages à adopter, ce n’était pas évident. Le parcours s’assimile plus à un circuit que Bagnols-Sabran mais je me suis rapidement senti à mon aise, et finalement nous nous en sortons bien », analyse Lionel Jacob qui signait dans les Cévennes sa seconde victoire consécutive. « Là encore j’ai le sentiment que l’on peut mieux faire, mais en discutant avec les autres pilotes, j’ai compris que signer un succès sur le Col Saint-Pierre lors d’une première participation c’est déjà une très belle performance. »

Il faudra attendre Marchampt pour revoir la JAD LW01 de Lionel Jacob. Dans le Beaujolais il se retrouvait confronté notamment à Mylénia Machado, et au final la future Championne de France le devancera de 324 millièmes : « Ce fut là encore une excellente expérience. Je m’étais imposé l’an dernier sur le fil face à Julien Adoir, je retrouvais avec plaisir ce parcours qui nous permettra d’acquérir de nouveaux enseignements. Nous avions apporté des évolutions à la voiture et nous devions les valider. Je disposais une nouvelle fois de pneus différents, plusieurs paramètres qui font que l’on ne peut pas être à 100 %. J’avoue que face à une concurrence particulièrement étoffée, je n’ai peut-être pas parfaitement géré la pression et j’ai commis quelques erreurs. Elles me coûtent peut-être la victoire face à Mylénia qui elle n’a pas commis d’erreur. Ça reste tout de même un excellent souvenir. »

N'ayant jamais eu l’occasion d’affronter la Course de Côte de Vuillafans, Lionel Jacob étudiait avec application le tracé Franc-Comtois : « J’avoue que j’avais une certaine appréhension avant de me rendre sur cette épreuve. Durant les recos ce parcours m’a réellement impressionné et je ne savais pas trop comment l’appréhender. Mais finalement ça a rapidement coulé de source et tout s’est très bien déroulé. Les longs tracés nous avantagent, et donc j’avais le secret espoir de bien figurer et sur une course où on atteint de hautes vitesses et où le droit à l’erreur n’existe carrément pas… Je me suis senti très bien. Sur la fin du week-end nous avons eu la pluie et je me suis toujours senti à mon aise sur le mouillé », reconnait Lionel qui signait dans le Doubs une nouvelle victoire en CM.

On l’a déjà évoqué, la JAD LW01 est toujours en phase de développement, et elle a comme handicap d’afficher un poids plus conséquent que ses rivales. Et sur le parcours de Dunières, que Lionel découvrait, cette surcharge sera déterminante lorsque la victoire se jouera au dixième de seconde : « J’adore ce tracé sélectif, mais sur les courses plus courtes nous ne sommes pas à notre avantage, il faut notamment que nous progression dans la chasse au kilos superflus. De mon côté j’ai commis quelques petites erreurs et ne suis jamais parvenu à faire la montée parfaite », estime Lionel qui termine troisième du CM à quatre dixièmes de Frédéric Assenault et à un dixième de Julien Adoir : « Je marque de précieux points, nous engrangeons énormément d’expérience, dont cette participation est largement positive. »

Au Mont-Dore, Lionel Jacob retrouvait un terrain qu’il connaissait pour avoir affronté à deux reprises le tracé auvergnat : « Là encore nous avons réalisé un excellent week-end, même si psychologiquement c’était compliqué parce que mon cousin, qui devait faire face à un grave problème familial, n’a pas pu m’accompagner. Ce n’était pas évident d’aborder cette épreuve en étant seul. Donc la victoire sur cette épreuve me fait énormément plaisir », confie Lionel qui malheureusement ne tirera pas profit de ce succès. En cette année de développement, la méconnaissance du règlement laissait apparaitre un défaut sur son JAD LW01, ce qui entrainait sa mise hors course.

Lionel devait par la suite se rendre à Chamrousse, mais un drame familial sera à l’origine de son forfait. Le Béarnais qui aurait pu défendre ses chances pour le titre sur le Challenge Open CM savait dès lors que ses prétentions étaient réduites à néant : « Je n’avais pas la possibilité de me rendre à Turckheim et à Limonest, j’attendais la naissance de mon deuxième fils et je ne voulais pas m’éloigner de chez moi. » Le 20 septembre, la famille Jacob accueillait un petit Lenny qui venait rejoindre son grand frère Ayden qui a aujourd’hui quatre ans : « Je savais dès le début de saison qu’il me serait impossible d’être au départ des dernières épreuves que je n’avais donc pas inscrites à mon calendrier. »

Deuxième du Challenge Open CM
En ayant pris part qu’à six épreuves, Lionel Jacob parvient tout de même à accrocher la deuxième place du Challenge Open CM. « Le bilan est très positif. Nous avons fait de belles rencontres et nous avons vécu une belle saison. D’un point de vue sportif il est clair qu’il y a un sentiment d’inachevé, mais nous effacerons tout ça la saison prochaine en nous relançant sur le championnat. »

Lionel Jacob a pris goût aux épreuves du Championnat de France de la Montagne, et à l’heure de tourner la page de sa première participation au Challenge Open, le Béarnais veut remercier tous ceux qui ont rendu ce projet possible : « Un immense merci à mon cousin Arnaud Jacob de m'avoir entraîné dans ce projet un peu audacieux. Merci également à mon oncle Dominique et mon père Denis, sans eux cette aventure aurait été beaucoup plus compliquée à concrétiser. Je n’oublie pas tous nos partenaires qui ont cru au projet depuis le début. Un immense merci donc au manufacturier Hoosier Racing Tire qui nous aide beaucoup, ainsi que les boitiers de gestion Link Ecu, les préparateurs Jacob Sport, les huiles Millers Oils et enfin les suspensions Bos Engineering. »

Cette première saison sur le championnat aura permis à l’équipe JAD Automotive de prendre la juste mesure des domaines dans lesquels il allait falloir redoubler d’efforts : « C’est pour cela que nous allons partir sur une nouvelle conception, en partant du même châssis, mais avec une conception radicalement différente Cela va donner énormément de travail à mon cousin mais également à mon père et à mon oncle qui sont totalement investis. Il va falloir qu’ils oublient leur retraite », sourit Lionel. « Nous avons l’intention de revenir plus forts encore après une saison qui nous aura permis de mettre en avant la JAD LW01. Je serai donc présent sur le championnat en 2025, toujours dans le cadre du Challenge Open que nous avons bien évidemment l’intention de remporter », conclut le Béarnais.

©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

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