Au volant d’un CG Turbo qui est l’objet de toute les attentions tant il fait partie du patrimoine familial, Christophe Poinsignon est devenu en l’espace d’une dizaine d’années la référence dans le groupe FC. Il le confirme une nouvelle fois à l’issue de cette saison 2022 qui le voit remporter un septième Trophée FFSA de groupe, assorti d’une victoire sur le Challenge Open FC/4.
A la lecture du palmarès de Christophe Poinsignon, on pourrait croire que le Vosgien enchaine les épreuves et les victoires en toute sérénité, avec même une certaine aisance. Il n’en est pourtant rien… Le succès ne s’offre qu’aux gens déterminés, et il faut au sein du clan Poinsignon une énorme dose de détermination pour faire face aux nombreux problèmes qui ne manquent pas d’émailler leurs campagnes de France. 2021 fut une année de galère récompensée toutefois par une troisième place sur le Championnat Production et un Trophée de groupe. 2022 offrira également son lot de déconvenues. Mais comme son père Guy et son frère Yannick, Christophe a hérité du caractère bien trempé des Poinsignon, et une nouvelle fois il n’a rien lâché pour parvenir à ses fins.
La belle récompense d’une troisième place sur le championnat ne pouvait pas faire oublier les énormes efforts consentis pour en arriver là. De ce fait, avant de se relancer pour une nouvelle campagne, les Poinsignon prenaient le temps de remettre en forme la Simca CG Turbo de Christophe : « Nous avions identifié l’origine de nos problèmes, les causes de la surchauffe dont j’étais victime », explique le Vosgien. « En 2021 nous avions modifié le système d’échangeur qui nous avait créé de nombreux soucis l’année précédente. Mais finalement, ça n’a pas du tout fonctionné. Durant la pause hivernale avant la saison 2022, mon père a donc repris les anciens échangeurs et a optimisé leur environnement pour ne plus qu’ils explosent. C’est vraiment la seule chose que nous avons fait sur la voiture, le reste fonctionnant parfaitement. »
En quête d’un nouveau trophée de groupe
Avec l’entrée en lice sur le Championnat de France de la Montagne 2022 de nombreuses nouvelles GTTS/4, Christophe Poinsignon savait que la concurrence allait être rude et qu’il lui serait difficile de viser une nouvelle fois le podium : « Les groupes F ont leurs limites, il n’est pas possible avec nos autos qui ont plus de 30 ans d’âge de rivaliser avec des bolides de nouvelle génération. Au mieux je pouvais espérer une place entre la septième et la cinquième position, mais il me paraissait impossible de prétendre terminer sur le podium », analyse Christophe dont le principal objectif restait le titre en FC.
Une catégorie FC au sein de laquelle Christophe Poinsignon se présentait en favori, en sachant toutefois qu’une vraie opposition lui serait proposée : « Mathieu (Nouet) devait faire un championnat complet et on sait tous que c’est un pilote très rapide, un adversaire de taille. L’objectif était d’être devant lui, mais ça ne s’annonçait pas facile. » Tout se présentait sous les meilleurs auspices après une séance d’essais sur le circuit de Chambley où Christophe disposait d’une auto performante : « J’ai retrouvé une auto violente, qui fonctionnait du ’’feu de dieu’’ à la moindre accélération. Nous sommes repartis de Chambley particulièrement enthousiastes et sereins. »
Mais dès la première épreuve, les craintes de Christophe face à Mathieu Nouet se confirmaient, puisqu’à Bagnols-Sabran c’est le Normand qui s’imposait en FC à l’issue d’une épreuve durant laquelle le pilote du CG Turbo ne sera pas épargné par les problèmes : « Quand tu te présentes à Sabran, où les températures avoisinent les zéros degrés, sur une route à peine plus large que la voiture, c’est très compliqué. On a voulu optimiser le freinage qui paraissait défaillant, et sur la dernière montée, après avoir touché aux freins, dès le premier gauche après le départ je tire droit. De plus, j’ai eu l’impression tout au long du week-end de subir la voiture. Ca marchait super fort, et je n’avais plus l’habitude d’une telle sensation, et donc je suis un peu passé à côté… De son côté Mathieu a signé un excellent chrono, on savait donc que le combat était lancé, c’était la seule satisfaction. »
Huitième au scratch à Bagnols-Sabran, Christophe Poinsignon pointait à la neuvième place à l’arrivée du Col Saint-Pierre où il terminait en tête du groupe FC. Le week-end du Vosgien ne sera toutefois pas exempt de problèmes : « Sur la deuxième montée, à l’approche de l’intermédiaire, la voiture s’est mise à ne plus fonctionner correctement. Plus j’avançais, moins elle fonctionnait, et j’ai préféré tout stopper pour ne pas occasionner de dégâts. » Finalement, le dysfonctionnement provenait d’une durit sur l’échangeur qui s’était à moitié démanchée. Christophe pouvait alors se relancer pour signer un excellent chrono : « Je descends le record du groupe de plus de deux secondes si mes souvenirs sont bons. Le seul bémol, c’est que j’ai énormément de vitesses sur le bas du parcours, en revanche je peux mieux faire sur le haut. Ca vient de moi, il faut que je bosse là-dessus, sur le rythme à trouver », précise Christophe qui rend hommage à son rival : « Mathieu est sorti sur le Saint-Pierre, et quand je vois les chronos qu’il signe, je me dis que s’il avait été au bout, je ne suis pas sûr que j’aurais pu m’imposer. C’est vraiment très dommage. »
La Course de Côte d’Abreschviller permettait à Christophe Poinsignon de signer une nouvelle victoire de groupe en plaçant son CG Turbo à la cinquième place : « C’est plutôt très bien même si je loupe la deuxième montée… Je suis revenu sur Jean-Marc (Gandolfo) parce qu’il a eu un souci sur sa voiture. Le truc limite c’est que je n’ai pris aucun drapeau et que je termine au ralenti. Quand je vois le chrono, je me dis que sans la gène involontaire occasionnée par Jean-Marc, j’aurais pu faire ’’péter’’ un temps. Je n’ai pas voulu remonter, mais je savais pertinemment que si je ne commettais pas d’erreur sur la dernière ascension ça allait faire un chrono. Je signe un temps en 57’’935, à un dixième du record du groupe détenu par mon frère, un truc que je n’aurais jamais pensé faire à Abresch’. Vraiment super content ! »
L’air de la Normandie réussit habituellement aux Poinsignon. Cette année encore les deux frères se mettront en valeur puisque Yannick impose sa BMW M3 E92 et que Christophe l’accompagne sur le podium en terminant troisième, et premier de son groupe : « Ce fut très chaud dimanche matin parce qu’on est parti sous un énorme orage et je pense que par endroit il devait y avoir cinq centimètres de ’’flotte’’ sur la route », se souvient Christophe. « Dans le premier droite, j’ai vraiment failli taper. Mais au final, je suis super content, et se retrouver une nouvelle fois sur le podium avec Yannick, ça fait extrêmement plaisir. On peut juste regretter que l’on ne soit pas suffisamment assez nombreux parce que c’est une épreuve qui mérite que l’on se déplace. »
Vainqueur de groupe à La Pommeraye, Christophe terminait l’épreuve angevine au sixième rang à l’issue d’un week-end un peu compliqué : « Ce n’est pas un tracé sur lequel je suis toujours à mon aise », confie-t-il. « C’est une belle course, un bon tracé, qui offre de bonnes sensations, mais j’ai dû mal à trouver la limite. C’est difficile à expliquer. »
La lutte entre Christophe Poinsignon et Mathieu Nouet se poursuivait à Saint Gouëno où finalement, pour deux dixièmes, le Vosgien prendra l’ascendant sur le Normand : « Le résultat est là, mais je me suis posé des questions parce que pour parvenir à signer un bon chrono, j’ai dû me battre comme jamais. J’ai d’ailleurs dit à mon père que je ne me souvenais pas avoir jamais autant forcé au volant pour faire ce type de chrono. J’avoue que je ne comprenais pas. » Christophe aura la réponse une fois revenu chez lui, lorsque Guy, son père, jetait un regard plus approfondi sur la mécanique : « En fait le turbo avait coupé le collecteur côté échappement sur toute la circonférence et ne tenait que sur un centimètre. Cela expliquait les problèmes que j’avais ressentis, mais ce qui était rassurant c’est que l’on savait qu’en réparant ça allait repartir fort. »
Incident réglé, mais un autre souci viendra perturber la prestation de Christophe Poinsignon sur la Course de Côte de Vuillafans : « J’ai les colliers de turbo qui cassent. C’est de ma faute, c’est moi qui les serre trop fort. J’ai compris par la suite, et je ne commettrais plus l’erreur. Mais à Vuillafans, lorsque je redescendais, j’offrais à Mathieu les colliers cassés pour qu’il les mette sur le sapin à Noël. Il en a une belle collection », lâche Christophe dans un large sourire. Même s’il plaisante, Christophe reconnait avoir connu une frustration sur l’épreuve Franc-Comtoise : « C’est rageant, tu as le sentiment que tu es en passe de réaliser un excellent chronos et à l’approche de l’arrivée ça casse », explique le Vosgien qui termine deuxième du FC à seulement sept dixièmes de Mathieu Nouet.
Christophe Poinsignon reprendra la main à Dunières où il remportait le groupe en accrochant la sixième place : « C’est atypique, j’aime bien et nous avons passé un très bon week-end. » A Marchampt, Christophe aura du mal à trouver le rythme, piégé par un apriori : « Le revêtement était neuf est dans mon esprit ça allait glisser. Sur la première montée d’essais je m’élance avec ça en tête et je ne prends pas la bonne cadence. Et je n’arriverais plus ensuite à trouver le rythme. L’absence de Mathieu sur cette épreuve fait que je m’impose, mais je ne suis pas content de moi. Je pense que c’est ma pire épreuve de la saison. »
Mais les déboires n’allaient pas s’arrêter là puisqu’une casse mécanique allait contraindre Christophe Poinsignon à mettre un terme prématuré à sa participation au Mont-Dore. Le Vosgien ne prendra part qu’à deux des quatre montées de courses inscrites au programme : « Samedi j’étais trop sur la réserve. Dimanche matin je me bats et je signe le record, et en visionnant la caméra embarquée je me rends compte qu’il y a encore de la place pour améliorer. Mais depuis le samedi, je perçois un bruit bizarre sur la voiture, mais je n’alerte pas mon père. Et sur la troisième montée, le bruit s’est accentué et j’ai préféré stopper net. Finalement cela provenait de la rampe de culbuteurs qui s’était arrachée. Ca nous était déjà arrivé et nous étions persuadés d’en avoir une dans le camion, mais on a fait le tour, et il n’y en avait pas », explique Christophe qui termine alors troisième du FC. « J’ai alors motivé Mathieu en lui expliquant que celle-là elle était pour lui, et il a finalement battu son record personnel et il remporte une victoire de groupe. Je suis vraiment content pour lui et pour la perf qu’il a signée. »
A Chamrousse, Christophe Poinsignon allait retrouver le podium en accrochant la troisième place et en signant une nouvelle victoire de groupe : « C’est toujours plaisant de faire un podium, et je suis content de mes chronos, même s’ils ne sont pas dans le record que j’avais fait précédemment. Après, on ne va pas revenir sur le scénario. On regrette juste ce qui est arrivé à Damien, c’est d’autant plus rageant que c’est un mec, comme son père, qui est d’une incroyable gentillesse. Après, pour ce qui est de la manière dont a été annulée la dernière montée, c’est pour moi incompréhensible. Dès fois on n’arrive pas à comprendre les décisions de la direction de course, elles sont prises sans concertation et c’est vraiment regrettable. »
Huitième du Production et vainqueur du groupe FC, Christophe Poinsignon peut être pleinement satisfait de sa prestation à Turckheim : « J’ai trouvé un bon rythme dès le samedi, amélioré le record du groupe le dimanche matin de plus d’une seconde… Mais sur la deuxième montée, je n’ai pas mis ’’un pied devant l’autre’’, complètement à côté. Donc je me suis battu sur la dernière pour finalement faire un bon chrono. »
Une dernière victoire de groupe viendra enrichir le palmarès de Christophe Poinsignon qui terminait septième de le Course de Côte de Limonest : « C’est une course plaisante mais sur laquelle je n’arrive pas à trouver les réglages de châssis. Cela fait 3 ans que je n’ai pas de train avant sur cette épreuve. Le voiture ne tourne pas dans les virages. C’est évident une vulgarisation des choses mais ça explique bien mon ressenti », commente Christophe. « Mathieu est sorti, et s’il a pu repartir c’est après avoir remplacé une sonde, mais cette dernière ne fonctionnait pas correctement. Sans ça je pense que la victoire était pour lui. »
Trophées FFSA de groupe et Open FC/4
A l’heure de faire un bilan de cette saison 2022, c’est au cinquième rang du Championnat de France de la Montagne Production que l’on retrouve Christophe Poinsignon. Le Vosgien remporte son septième Trophée FFSA du groupe FC et un nouveau Challenge Open FC/4 : « Pour ce qui est de la place au championnat, je ne pouvais pas prétendre à mieux, elle me satisfait pleinement. J’ai occupé la troisième place pendant la première partie du championnat, mais je savais que Philippe (Schmitter) qui avait été absent sur des épreuves allait obligatoirement revenir, Anthony (Dubois) également, dont je suis satisfait. Je ne peux pas prétendre devancer des autos d’usines dernières générations avec ma groupe F de conception artisanale. Pour le reste, je remporte le Trophée FFSA et l’Open, je suis donc totalement satisfait. »
Dans le clan Poinsignon on peut s’enorgueillir de terminer la saison 2022 avec de nouveaux trophées en poche. Des résultats dus à l’investissement de toute la famille et des partenaires de Yannick et Christophe : « Un immense merci à mon père, ma famille, ma femme, mes enfants, mes amis et mes partenaires : Epinal Express, Transports FRA, L'Grave, Automobiles Epin, Eurogranulats, Domaine Saint-Wendelin, Bar Au Bon Accueil, Seven Lubricants, Domaine du Pélican, HTR Development, Bar à Vin L'Hermitage, Restaurant l'Abreuvoir, Garage Auto Services, Recrut'Expert Intérim, ASC Racing parts et Michelin. »
On devrait bien évidemment retrouver Christophe Poinsignon en 2023 derrière le volant de sa Simca CG Turbo, mais rien n’est encore défini pour ce qui est du programme de l’équipe vosgienne : « On n’en a pas encore parlé. Il va falloir travailler sur les voitures et il est clair que nous serons sur des manches du championnat. Après pour ce qui est du calendrier il est forcément dépendant du budget que nous pourrons trouver. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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