Un Montagnard sur un rallye

Quintuple Champion de France de la Montagne Production, Nicolas Werver était ce samedi 24 octobre au départ du Rallye Centre Alsace. L’occasion pour le Montagnard de démontrer qu’il pouvait défier les rallymen de la plus belle des manières, en s’adjugeant l’intégralité des meilleurs temps, pour finalement s’imposer avec une avance de plus de 37 secondes. A l’issue de cette épreuve, le pilote alsacien nous livre un compte-rendu de sa prestation.

Une totale réussite
Bonjour, un petit retour sur le Rallye Centre Alsace qui s'est déroulé samedi 24 octobre dans un cadre merveilleux avec ces couleurs d'automne et un grand nombre de spectateurs passionnés. Une centaine d'équipage était inscrit à ce rallye, ce qui récompense le travail des organisateurs, avec à leurs tête Franck Mader. Bravo à eux, ce fût une grande réussite sur tous les points !

Comme je suis un passionné de sport auto et jamais rassasié, après une saison en course de côte extraordinaire, je me suis imposé un nouveau défi avec mon engagement sur ce rallye. Comme j'aime faire les choses sérieusement (mais dans la bonne humeur !), je me suis alloué les services d'un excellent copilote en la personne de Thierry Salva, pour m'épauler dans ce nouveau challenge. Paul Reutter m'a accordé sa confiance, puisqu'il m'a confié sa voiture, non sans une certaine appréhension évidemment !

Ce rallye était composé de deux épreuves spéciales très différentes, à parcourir trois fois chacune. Pour l'occasion, une "étiquette de montagnard" m'a été collée sur le dos, ce qui est normal au vu de mon palmarès. A moi de m'en défaire, et de prouver sur le terrain (très accidenté par endroit), que j'ai les capacités d’adaptation pour réussir dans ma tâche.

ES1, une spéciale rapide typée circuit
Dès les premiers mètres, je me rends compte que les choses vont être compliquées car la voiture est très sous-vireuse (pas de TR/AV), certainement dû au châssis bien plus souple que la voiture que je pilote habituellement ainsi que des pneumatiques très différents. Mon pilotage est aussi en cause, puisque je ne suis pas à l'aise avec la commande de boîte et je rate d'entrée un changement de vitesse et tombe au point-mort entre deux virages. Bref un début laborieux !

Au bout de trois virages, je fais un "reset" (rire), car je comprends immédiatement que je n'ai pas pris les choses comme il le fallait, mon copilote ne m'a rien dit mais il a ressenti forcément mon mauvais départ !

La suite de la spéciale fut tout en contrôle par contre, pas de grip et beaucoup de pièges avec des feuilles, et surtout beaucoup d'humidité a des endroits masqués et en particulier dans la descente. On ne va pas se plaindre, puisque c'est un peu ce que je suis venu chercher avec ce défis !

Maintenant le verdict du chrono ... j'ai vraiment de l’appréhension à ce moment précis, car j'estime avoir très mal roulé. Nous ne connaissons que le temps de Venturini, parti devant nous avec la 207 Super 2000, puisque nous portons le numéro 2 : Treize secondes d'avance, Thierry Salva et moi pensons à une erreur, nous attendrons donc les chronos des concurrents suivants. Sur le parcours routier, Thierry m'annonce un premier temps scratch pour nous (merci internet !) avec 4 secondes sur le deuxième. Là, évidemment, je suis rassuré mais maintenant place à la spéciale de "Nothalten", empruntée par le Rallye de France en WRC. Elle nous est clairement moins favorable, car très "cassante", étroite, avec du gravier et route très dégradée par endroit, et un changement de direction hyper compliqué à négocier.

ES2, bien mieux parti cette fois avec beaucoup de concentration, je me sens dans le rythme et négocie parfaitement ce tronçon, beaucoup de monde au bord des routes étroites au milieux du vignoble alsacien, cette fois nous sommes bien entrés dans ce rallye.

Le chrono va vite nous le confirmer, puisque nous faisons un bel écart de six secondes dans cette spéciale que personne ne nous auraient accordé (pas même moi d'ailleurs !). Retour à l'assistance à Sélestat avec le sourire évidemment, puisque nous possédons douze secondes d'avance sur le deuxième au classement général.

Paradoxalement, je demande à mon équipe d'assistance de me changer complètement les réglages de la voiture qui ne me conviennent pas, je veux prendre plus de plaisir et pouvoir rouler plus "à ma main". Pour éviter et même abolir ce sous-virage chronique, je décide de rouler différemment en provoquant beaucoup plus la voiture, ce qui a plusieurs avantages.  Les grandes dérives du train arrière sont un régal pour nous dans la voiture, les spectateurs évidemment apprécient, et il faut dire que les pneus Michelin qui équipent notre Porsche GT3 supportent visiblement très bien ces grandes glissades, et nous pouvons donc rouler sereinement sans arrière-pensées en ce qui concerne l'usure de ces pneus !

Bilan de la deuxième boucle, 24 secondes d'avance malgré plusieurs erreurs toujours dues à une commande de boîte qui ne me convient pas parfaitement. Il faut dire que cette Porsche est une GT de Série, et il est normal que cette commande de boite n’en soit pas le point fort !

Maintenant nous prenons beaucoup de plaisir, et avec une belle avance nous allons aborder la nuit avec une marge de sécurité, même si évidemment nous ne sommes pas à l’abri d'une erreur, crevaison ou autre. De plus, il ne faudra pas se relâcher puisque la bataille bat son plein derrière nous : 5 dixièmes de secondes séparent les 4 équipages qui nous suivent pour monter sur le podium final, la bagarre va être belle… Vive le sport !

Boucle de nuit :
Encore un paradoxe, puisque dans cette boucle nous allons faire encore plus d'écart, avec même une amélioration de notre chrono personnel dans l'ES5. Nous avons je pense maintenant le bon rythme, et le travail réalisé à l'assistance pour régler la voiture à ma convenance paie (merci Gillou).

Dans la dernière spéciale, je vais vraiment lever le pied dans la partie cassante et donc lâcher quelques secondes... pour ensuite encore attaquer sur la partie plus roulante et qui est restée propre et donc beaucoup moins piégeuse. Dernier temps scratch pour nous et donc "le grand chelem" avec tous les meilleurs temps de la journée et au total 37.2 secondes d'avance sur David Edel et 37.8 secondes sur Jean-Bernard Stirling qui a fini très fort ce rallye… Bravo à eux !

Un énorme merci à toutes les personnes qui ont contribué à cette réussite, et qui ont su me faire confiance (avec une mention pour Polo Reutter !). Merci à mes partenaires, CroisiEurope, Michelin, Atelier MD Classique, Motul, Graphxlab, Stand 21, Auto Racing Diffusion, Atelier Moritz, sans qui rien ne serait possible !

Nicolas Werver


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