A l’issue d’une saison riche en émotions

En s’engageant pour la première fois sur le Championnat de France de la Montagne Alexandre Guillemard réalisait un rêve de gosse. Un rêve durant lequel il fut particulièrement éveillé, ce qui lui permet d’accéder au podium du Challenge Open A/3.

Pierre Guillemard, le grand-père d’Alexandre, n’a jamais eu l’occasion de s’installer derrière le volant d’une voiture de course. Une vraie lacune pour ce passionné qui passait ses week-ends sur le bord des spéciales de rallye et des montées de courses de côte pour assister au spectacle offert par les adeptes de ces disciplines. La passion est communicative et sera transmise à son fils Yann, le père d’Alexandre, qui aura lui l’occasion d’affronter les parcours montagneux en engageant sa Peugeot 104 ZS sur diverses courses de régionales. Sylvain, le frère de Yann et donc l’oncle d’Alexandre, se concentrait pour sa part sur les slaloms, mais envisage aujourd’hui de se pencher sérieusement sur une implication en côte.

Les discussions familiales qui tournaient autour de l’automobile ne pouvaient que susciter l’intérêt du petit Alexandre qui, très tôt, se passionnait à son tour pour les sports mécaniques. S’il ne s’en souvient pas, Alexandre Guillemard sait qu’il n’avait pas un mois lorsque son père l’emmenait déjà assister à des courses de côte. Yann Guillemard officiera également en qualité de commissaire de course sur divers meetings en circuit et en courses de côte , là encore l’occasion pour Alexandre de découvrir cet univers si passionnant.

Dans l’esprit d’un sportif tel qu’Alexandre il était clair qu’il ne manquerait pas à son tour de s’installer derrière le volant. Mais en parallèle, il assouvissait son autre passion, pour la course à pied. Résident à proximité de Mouthe, dans le Doubs, Alexandre prend part chaque année au Trail Blanc Mouthe, une épreuve courue de nuit dans la neige : « J’avoue que cette année je n’ai pas pu participer parce que le Trail avait lieu en même temps que la Ronde du Jura, et j’ai préféré privilégier ce rallye en y assistant en tant que spectateur. D’autant que l’une des spéciales se déroule à cinq kilomètres de la maison », commente Alexandre.

Plus qu’une passion un art de vivre
Plus qu’une passion, l’automobile est pour Alexandre Guillemard un art de vivre. L’essentiel de ses loisirs est tourné vers la voiture : « J’avoue que c’est ce qui me permet d’avancer », confie Alexandre pour qui le sport auto peut être un exutoire dans les moments difficiles. Car si Alexandre a suivi des études pour devenir cuisinier et qu’il travaille aujourd’hui comme Opérateur Technique chez Nespresso, il a toujours conservé un œil sur l’automobile : « Lorsque j’ai terminé ma formation de cuisinier, j’ai décidé de faire les saisons, toujours en privilégiant l’accès aux compétitions automobiles. C’est pour cela que j’ai travaillé à Val-Thorens où se situe le circuit sur glace Alain Prost. Cela m’a permis de prendre part à deux stages de pilotages sur glace. J’ai travaillé également dans le sud de la France, à proximité du circuit du Luc, ce qui me permettait durant mes heures de repos d’aller voir rouler de belles voitures. »

Mais à 18 ans, c’est à côté de Dole qu’Alexandre Guillemard trouvait un premier emploi dans la restauration : « Mes premiers salaires m’ont permis d’acheter une Renault Clio RS. Avec des copains également passionnés, nous avons décidé de la préparer pour faire du rallye. Pour cela j’ai travaillé sept jours sur sept afin de me payer arceaux, baquets et tout le nécessaire pour monter une auto. » Pour ses débuts, Alexandre participait à quelques slaloms avant d’engager sa Clio sur l’édition 2008 du Rallye Bourbonne-les-Bains, en Haute-Marne. Durant deux ans, Alexandre alignera sa Clio sur plusieurs épreuves avant d’être victime d’une sortie de route sur le Rallye du Pays Vannier : « J’ai coupé un pylône électrique en deux et j’ai très sérieusement endommagé la voiture. » Faute de moyen, Alexandre se voyait contraint de faire une pause.

En dehors de ses premières participations en rallye, Alexandre avait l’opportunité de rouler également en karting. Au volant d’un KZ125 il terminait une année troisième du Championnat de Bourgogne – Franche-Comté… La période de pause permettra également à Alexandre de participer aux sélections organisées par Yvan Muller en collaboration avec Ellip6. Une sélection sur simulateurs qui permettait à trente finalistes au nombre desquels on retrouvait Alexandre Guillemard : « J’ai un copain qui avait des simulateurs sur Besançon. J’ai essayé et j’ai vraiment accroché. Je me suis entrainé et, lorsque je me suis inscrit aux sélections d’Yvan Muller, j’ai finalement obtenu ma qualification pour les finales. » Malheureusement Alexandre n’allait pas aborder la finale dans les meilleures conditions : « Je travaillais de nuit et je n'ai pas pu me libérer. J’ai terminé à cinq heures du matin et mon père m’a emmené directement à Pierrelatte pour faire cette finale, sans que j’aie eu le temps de dormir. J’étais fatigué mais malgré tout je me suis retrouvé parmi les six derniers qualifiés. Mais lors des manches finales, je m’endormais presque mais j’ai pu me classer parmi les cinq meilleurs pilotes européens. Ça restera une super expérience. »

En 2016 Alexandre Guillemard se portait acquéreur d’une Renault Clio Ragnotti groupe N. Avec Wilfrid Rauscher, son ami d’enfance aujourd’hui parrain de sa fille Rose, ils décidaient de s’aligner sur le Rallye de Vaison-la-Romaine où ils remportaient la classe en terminant deuxième de groupe : « Je n’ai gardé cette Clio que six mois avant d’acheter une Formule Renault pour courir en courses de côte », se souvient Alexandre. « J’ai fait quelques essais sur circuit, puis un slalom, et je me suis engagé à Turckheim lors de l’édition 2017. » Troisième de la classe DE/7 à l’issue des essais, Alexandre sortait malheureusement de la route par la suite et devait abandonner. Il cédait alors sa monoplace à Eddy Perez et décidait de se tourner vers le deux-roues. Entre 2019 et 2021 Alexandre arpentait de nombreux circuits au guidon d’une moto avec comme unique objectif de se faire plaisir.

S’il avait eu l’occasion de participer à Turckheim, le rêve ultime d’Alexandre Guillemard était de s’aligner sur plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne : « Pour être honnête, mon souhait le plus cher serait de faire une saison complète, mais je n’ai pas les moyens d’assumer un tel challenge », reconnait-il. Malgré tout Alexandre réalisait une partie de son rêve en se portant acquéreur d’une Renault Clio 2 Cup : « Depuis que tout gamin je voyais tourner les Clio sur le circuit de Prenois et je rêvais d’en avoir une et en 2023 j’ai franchi le pas. »

Durant cette saison 2023, Alexandre prenait sa Clio en main lors de deux séances de roulage sur le circuit de Prenois avant de décider pour 2024 de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne afin de découvrir de belles épreuves : « C’était juste la concrétisation d’un rêve. Je ne m’étais fixé aucun objectif, juste profiter pleinement de cette fabuleuse aventure. Je savais qu’en étant tout seul, avec des moyens limités, je ne pouvais pas prétendre à jouer les premiers rôles, mais finalement ça n’avait pas d’importance. J’ai roulé avec les quatre mêmes pneus durant toute la saison, mais j’étais là, c’était vraiment le principal. »

Avant de s’attaquer au championnat, Alexandre Guillemard alignait sa Renault Clio 2 Cup sur la Course de Côte Régionale de Lugny : « Je n’avais encore jamais roulé avec cette voiture en côte et à l’issue des essais disputés sous la pluie, je me retrouve quatrième au scratch Production », se souvient Alexandre. « Sur la première montée de course je signe le meilleur chrono de la classe, et à l’issue du week-end, je me retrouve troisième de classe derrière Florent Séchepine et Baptiste Thomasset qui sont des garçons très rapides. Pour une première c’est vraiment une belle satisfaction. »

Ce n’est pas sans émotion qu’Alexandre Guillemard découvrait le tracé de Bagnols-Sabran, son premier rendez-vous de la saison sur le CFM : « Lors de la descente qui mène au départ, j’avais les larmes aux yeux tellement j’avais du mal à croire que j’étais là, que je faisais partie de cette course, de voir les commissaires, les spectateurs, quel bonheur », se souvient Alexandre. « Pour moi qui aime le rallye, j’ai adoré ce tracé de Sabran que j’avais eu l’occasion de découvrir l’année précédente lorsque mon frère William participait avec une Clio Cup », rappelle Alexandre qui accrochait la troisième place de la classe derrière ses rivaux du Challenge Open A/3, François Fayet et Baptiste Thomasset : « C’était top, d’autant que sur la dernière montée je signe le meilleur chrono de la classe et que François et Baptiste m’ont applaudi à l’arrivée. C’était hyper sympa. »

A Abreschviller Alexandre Guillemard allait mener un dur combat face à Baptiste Thomasset pour finalement s’incliner pour seulement deux dixièmes et accrocher la deuxième place de la classe : « J’ai découvert ce tracé qui est génial, même sur route humide. Je sais où je lâche les deux dixièmes qui me privent de la victoire, mais j’ai passé un fabuleux week-end. »

A Marchampt Alexandre Guillemard sera une nouvelle fois en confrontation face à François Fayet et Baptiste Thomasset et terminera dans le sillage de ses adversaires : « Là encore c’est une belle découverte. C’est nettement plus long qu’Abreschviller mais quel plaisir tout au long du parcours. Ça roule super vite et j’ai pris énormément de plaisir. »

Jurassien de naissance, Doubien d’adoption, Alexandre Guillemard évoluait à la maison sur une Course de Côte de Vuillafans chargée de mémorables souvenirs : « J’ai découvert cette épreuve tout gamin, avec mon papy. C’était un magnifique rêve de pouvoir être au départ. La sensation est indescriptible, rien qu’en l’évoquant j’ai encore des frissons », confie Alexandre visiblement très ému. Deuxième de la classe derrière Romain Billot, Alexandre accrochait la première place du Challenge Open A/3 : « Romain c’est l’enfant du pays, et je suis super fier d’être parvenu à le devancer sur une montée. Au final je signe le meilleur temps de la classe durant le week-end et c’est un bel hommage que je rends à mon papy. » S’il rend hommage à son grand-père Pierre, Alexandre ne veut pas oublier sa grand-mère Josette et son cousin Danerick tragiquement disparu en 2020 à l’âge de 20 ans. « Ma prestation à Vuillafans leur est dédiée. »

Le Mont-Dore fait rêver plus d’un pilote, et quand comme Alexandre on a la passion chevillée au corps, affronter l’ascension qui mène au sommet du Col de la Croix Saint-Robert est déjà une consécration : « Quel fabuleux tracé, c’est splendide. Noémie, ma femme, est tombée malade au mois de mars, mais durant ce week-end elle a pu être là avec nos deux filles Rose et Margot et on a passé quatre jours fabuleux. » D’un point de vue sportif, Alexandre accrochait une nouvelle fois le podium de classe dans le sillage de François Fayet et de Baptiste Thomasset : « Il y avait près d’une vingtaine d’engagés dans la classe et terminer troisième alors que je découvrais l’épreuve, toujours avec les mêmes pneus, c’est pour moi juste fabuleux. »

Du bonheur à l’état pur !
Finalement, avec un budget réduit, Alexandre Guillemard n’a pu prendre part qu’à cinq manches du championnat. Cinq épreuves qui lui ont permis non seulement de s’illustrer mais également de vivre une expérience inoubliable : « Quel rêve, quel bonheur ! » lâche Alexandre : « J’assouvis un rêve de gosse, j’ai fait de fabuleuses rencontres, partagé des moments inoubliables qui resteront à jamais gravés dans mon esprit, et c’est ce que je veux avant tout retenir. Du bonheur à l’état pur ! »

Ce bonheur, Alexandre veut le partager avec ceux qui l’ont accompagné : « Un immense merci à mon épouse Noémie et à mes deux filles Rose et Margot qui m’ont laissé assouvir ma passion. Un immense merci aux amis qui m’ont accompagné, à D’jess qui m’a prêté sa remorque pour transporter ma voiture, aux organisateurs, aux commissaires, à Nico Millet qui m’a fait des photos de rêve, aux gars de Pilotes TV qui nous permettent de conserver de fabuleux souvenirs de notre saison et bien évidemment à tous ceux qui nous permettent de rouler. Je n’oublie évidemment pas mes adversaires qui sont devenus des amis avec qui nous avons vécu de supers moments. Cette ambiance du Championnat de France est magique ! »

La santé de Noémie, son épouse, reste bien évidemment une priorité, et à l’heure d’évoquer la saison 2025 Alexandre Guillemard ne veut pas s’aventurer à tirer des plans : « Noémie arrive en fin de son traitement et je veux qu’elle retrouve la pleine forme avant d’envisager une suite. 2025 sera donc une année sabbatique, durant laquelle je vais pleinement profiter de ma petite famille. Mais j’ai la ferme intention d’être de retour le plus rapidement possible. J’ai vendu la Clio 2 Cup, mais c’est un ami qui l’a acheté et je sais pouvoir en disposer quand je veux. Nous verrons bien ce que je ferai », confie Alexandre qui s’il a connu une saison idyllique conserve encore quelques rêves à assouvir : « J’aimerai tellement remporter une course sur le circuit de Prenois, participer aux 24 Heures du Nürburgring et m’engager sur l’intégralité d’une saison sur le Championnat de France de la Montagne. »


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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