Saison positive avec sa Ferrari F430 GTO

En optant pour la construction d’une Ferrari F430 GTO Vincent Lagache savait qu’il allait devoir passer par une importante phase de développement. Mais les prestations réalisées durant la saison 2024 par le Haut-Saônois démontrent que si le pari était osé, il est amplement réussi.

D’Alain, son père, Vincent a hérité du goût prononcé pour les belles mécaniques et la compétition automobile. Et c’est finalement tout naturellement qu’il y a 30 ans, Vincent Lagache faisait ses premières apparitions en course au volant d’une Renault 5 Turbo. Pendant plusieurs saisons, avec sa Renault puis au volant d’une Rallye II, il animera les épreuves régionales de l’Est de la France. Et si en 2004 des problèmes de dos obligeaient Vincent à mettre la compétition entre parenthèses, le besoin de ressentir les sensations éprouvées derrière le volant l’incitera à écourter cette pause pour, en 2010, faire un retour au volant d’une Fiat X1/9. Une expérience qui ne fut pas réellement concluante tant la petite Fiat s’avérait rétive.

Vincent Lagache jetait alors son dévolu sur une Marcadier avec laquelle il s’engageait sur la Coupe de France de la Montagne VHC. Les résultats seront rapidement au rendez-vous avant qu’en 2012 une chute l’oblige à nouveau à stopper sa progression. Victime de fractures sur trois vertèbres, il devra attendre 2015 pour retrouver le volant de sa Marcadier.

Mais se faisait alors plus prégnant un projet que ce tifosi dans l’âme souhaiter réaliser : Courir au volant d’une Ferrari. Restaurateur de voitures de prestige, Vincent a pour habitude de prendre soin de magnifiques bolides au sein de sa structure LV Prestige Motorsport. Il se portait donc acquéreur d’un Ferrari 458 Challenge. Elle sera la première en France à être homologuée en GTTS, et malgré quelques déconvenues engendrées par la jeunesse de sa voiture, il reconnaissait alors avoir vécu à son volant une superbe saison, et par la même occasion avoir enchanté les spectateurs très friands de la marque italienne.

La charge de travail que nécessitait le développement et la maintenance de sa Ferrari 458 Challenge ne laissait que peu de temps disponible à Vincent qui devait répondre aux attentes de ses nombreux clients. Le Haut-Saônois repartait alors en VHC… Mais après avoir goûté aux sensations que procure une Ferrari, évoluer en Historiques peut parfois paraitre un peu fade… Vincent décidait alors de se lancer dans la construction d’une Ferrari 430 GTO. Car s’il n’était pas dans les meilleures dispositions lorsqu’il avait entamé la préparation de sa 458 Challenge, la période semblait nettement plus propice à la réalisation de son projet avec une 430 GTO… C’est en 2023 que la belle italienne fera ses premières apparitions sur le Championnat de France de la Montagne. Une saison durant laquelle Vincent Lagache se plaçait régulièrement dans le top 5 du classement Production. De quoi se motiver pour reconduire l’aventure en 2024.

Poursuivre le développement et améliorer les chronos
Même si sa Ferrari était loin d’être optimisée, Vincent Lagache était impatient de se relancer pour une nouvelle saison afin d’en poursuivre le développement : « Ce que j’avais avant tout mis en avant en 2023 c’est le manque cruel de freins », explique Vincent : « Nous avons donc énormément travaillé sur le freinage, pris le soin de faire usiner des pièces auprès de mes fournisseurs, et j’avoue que les premiers essais me semblaient plutôt concluants. »

Vincent qui est à l’origine de la construction de sa Ferrari profitait également de la pause hivernale pour apporter des évolutions, « notamment en renforçant certains éléments, en solidifiant la structure de la voiture. Avec la société Fabrice Simon Développement nous avons travaillé notamment sur l’élargissement des voies, une évolution châssis et une adaptation de deux turbos. » Tout allait dans le bon sens, il ne restait plus au pilote qu’à prendre totalement confiance dans sa voiture… Sur le Circuit de Pouilly-en-Auxois, Vincent menait à bien des séances d’essais qui laissaient augurer que sa Ferrari affichait de belles performances : « Même si nous étions conscients qu’il y avait encore une charge de travail importante avant de trouver réellement les solutions les mieux adaptées à la voiture. Mais j’avoue que cette phase de développement est passionnante. »

Construire sa GTTS en partant d’une feuille blanche nécessite un long travail, qui avant d’obtenir le résultat recherché oblige à passer par une longue phase de réflexion et d’adaptation. De ce fait il était difficile pour Vincent d’afficher de réelles prétentions : « J’avais l’espoir avant tout de me rapprocher des ténors du GTTS. J’avais signé des chronos parmi les cinq premiers lors de la saison précédente, l’ambition était de faire mieux. Mais je savais que le plateau s’étoffait et que j’allais devoir rivaliser avec d’excellents concurrents. »

Tous les pilotes le savent, les essais réalisés en circuit permettent de se faire une idée du potentiel d’une voiture, mais rien ne vaut les premiers tours de roues en compétition. Pour Vincent Lagache, le lancement de sa saison se fera sur la Course de Côte d’Abreschviller où il prenait conscience que les freins n’étaient pas aussi incisifs qu’il l’espérait : « Je parvenais à freiner, mais je n’étais plus aussi enthousiaste que lors des séances en circuit. Sur un tracé aussi rapide, avec une météo capricieuse, pour moi qui n’avais jamais fait évoluer ma Ferrari sous la pluie ce n’était pas évident. J’avais beaucoup de choses à découvrir et il m’était impossible de me lâcher réellement. »

C’est connu, lorsque l’on rencontre un souci sur une course de côte, rien ne vaut que de prendre conseil auprès de celui qui est capable de solutionner la plupart des problèmes. Vincent se tournait donc vers Guy Poinsignon : « Je lui explique ce que j’ai fait sur ma voiture, et directement il me conseille de ''virer'' le répartiteur de freins… Et bien évidemment il avait raison, j’avais l’impression de redécouvrir ma voiture. Mais si au niveau du freinage ça allait nettement mieux, j’avais encore le sentiment que ma voiture n'était pas aussi ''plaquée'' à la route que lors de la saison précédente. Et j’avoue être resté sur ma faim lors de cette première épreuve. »

Avant de poursuivre sa campagne de France, Vincent Lagache engageait sa Ferrari sur la Course de Côte d’Eschdorf, au Luxembourg : « Le ressenti n’était toujours pas bon. Avec Fabien Ponchant nous avons essayé de régler la voiture, d’apporter des modifications mais rien n’était vraiment concluant. »

Par la suite Vincent retrouvait le championnat à l’occasion de la Course de Côte des Teurses de Thèreval : « Là encore je n’arrivais pas à trouver le feeling avec la voiture, j’avais le sentiment que parfois elle décrochait de manière bizarre, et j’avais tendance à me faire peur. » Dans la difficulté Vincent décidait d’enlever tous les renforts ajoutés durant l’intersaison pour rigidifier sa voiture et de revenir aux réglages de suspension adoptés l’année précédente : « Mais rien ! La voiture restait inconduisible. Fabien (Ponchant) m’a alors conseillé d’arrêter et de confier ma Ferrari à un préparateur de confiance. Je me suis rendu chez eux à Douai, mais ils ont dû conserver la voiture près de deux mois et je n’ai pu la récupérer que pour Vuillafans. »

La Course de Côte de Vuillafans se présentait donc pour Vincent comme un week-end de redécouverte de sa Ferrari 430 GTO : « Une reprise en mains avec des montées sur le sec, d’autres sous la pluie et le sentiment de ne pas reconnaitre ma voiture puisqu’à ce moment-là ''l’arrière suivait le devant'' », plaisante Vincent. « Le plaisir était vraiment au rendez-vous-même si j’avais encore l’appréhension d’être surpris par le comportement de ma voiture. Dans ces conditions je n’ai pas voulu forcer l’allure mais j’avais le sentiment de disposer d’une auto sur laquelle on avait bien travaillé. »

L’amélioration des sensations au volant se fera ressentir à La Broque où Vincent Lagache viendra chercher une quatrième place derrière la Porsche de Nicolas Werver, la Renault R.S. 01 de Philippe Schmitter et la Porsche de Jean-François Ganevat, autant dire de ''sacrés clients'' : « Là c’est une belle satisfaction, sur une épreuve perturbée par la pluie. Le résultat était là, même si j’avais le sentiment d’être encore très loin d’utiliser tout le potentiel de la voiture. » Malgré tout Vincent allait se faire une petite chaleur qui calmera ses ardeurs : « Sur une montée je me suis appuyé sur un rail et je me suis dit qu’il serait dommage de stopper ce bel élan, j’ai donc fait preuve par la suite d’un peu plus de prudence. Et puis je me suis rendu compte, notamment sur le mouillé, qu’au moment de réaccélérer la voiture avait un temps de latence et que ce temps pouvait la faire décrocher. Il fallait donc que je me penche sur ce problème. »

Après La Broque c’est sur une épreuve régionale que l’on retrouvait Vincent Lagache. Le Haut-Saônois alignait sa Ferrari sur la Course de Côte du Mont de Fourche où il viendra chercher une deuxième place en Production à seulement six dixièmes d’Alexandre Garnier qui pour l’occasion évoluait au volant d’une Porsche 991 engagée en GTTS : « Je me retrouve face à un jeune pilote très rapide, qui certes découvrait sa voiture, mais qui est particulièrement compétitif. Je ne pouvais être que content du résultat, j’avais la certitude que ma voiture fonctionnait bien, il ne me restait plus qu’à me faire violence pour aller chercher les dixièmes qui me manquaient. »

L’accélération au 300 premiers mètres lors de la Course de Côte du Mont-Dore confirmait à Vincent Lagache que sa Ferrari 430 GTO était compétitive : « Tout au long du week-end je signe le deuxième temps derrière Anthony Dubois. J’ai donc déjà la certitude que la voiture est performante et qu’elle dispose d’un bon grip. Pour le reste, si je suis bien sur les premiers kilomètres, sur la longueur du tracé j’ai du mal à tenir la distance par rapport à mes adversaires. Mais je suis tout de même pleinement content de mon week-end. Je voudrais d’ailleurs faire une mention spéciale pour l’accueil qui nous a été réservé cette année sur le Mont-Dore. »

En progression depuis le début de la saison, Vincent Lagache allait le confirmer à Turckheim où il plaçait sa Ferrari au cinquième rang à l’issu d’un beau combat mené contre la Porsche de Frédéric Neff : « C’est une épreuve qui m’a toujours porté chance et sur laquelle je me suis toujours senti à mon aise. Je me souviens, même lorsque j’évoluais en VHC, que j’étais toujours immédiatement dans le tempo », analyse Vincent. « C’est pour moi une belle satisfaction de terminer la saison sur le championnat sur une bonne note. L’auto fonction, elle tient la route, j’avais vraiment le sentiment que les moments de galère étaient derrière moi. »

Qualifié pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Vincent Lagache se rendait à Steige où il allait vivre un week-end mitigé en termes de sentiments. Quatrième à l’arrivée de cette finale, il se voit privé du podium par Julien Dupont pour seulement 162 millièmes : « Il est évident que c’est en demi-teinte, ne serait-ce que parce qu’à aucun moment je ne suis parvenu à me mettre dans la course. Je n’étais pas bien, pas concentré, et j’ai retrouvé mes vieux travers qui font que je ne parvenais pas à trouver les trajectoires. J’ai montré ma caméra embarquée à Fabien Ponchant qui avouait ne pas comprendre comment je pouvais à ce point être à côté. J’ai essayé de faire abstraction du ressenti, ça allait un peu mieux, mais je suis passé à côté », avoue Vincent. « Alors certes je suis déçu, mais également content que Julien termine sur le podium parce que l’année précédente c’était l’inverse et qu’il méritait amplement ce podium. Donc même si c’est frustrant de terminer quatrième, je suis content du résultat. »

Que du positif pour cette saison 2024
En progression tout au long de la saison, Vincent Lagache veut tirer un bilan positif de sa saison, ne serait-ce que par le regard qu’ont sur lui les observateurs de la course de côte : « Lorsque pour la première fois j’ai aligné ma Ferrari 430 GTO beaucoup de gens avaient envers moi un apriori. Ne me connaissant pas, il pensait que j’étais un gentleman driver richissime et donc inabordable. C’était compliqué à gérer parce que c’est à l’opposé de ce que je suis réellement et c’était frustrant de ne pas pouvoir discuter avec des gens qui me tenaient à distance… Mais à présent je perçois des attitudes bienveillantes, les gens viennent me voir, les attitudes changent et ça me fait réellement plaisir. Les gens ont compris que loin d’être inaccessible, j’adorais partager ma passion, que si je disposais d’une Ferrari c’était grâce à un dur labeur, parce que cela avait un rapport avec mon métier, et non pas parce que j’étais un nanti », confie Vincent soulagé et visiblement touché par ce changement d’attitude.

Vincent Lagache à d’autres sources de satisfactions : « Le fait de ne pas avoir dû intervenir sur le moteur, d’être sûr que la préparation était aboutie. Je suis conscient qu’il y a encore du travail à faire, mais la voiture fonctionne à présent, peut-être mieux que le pilote », rit de bon cœur Vincent. Mais il apparait clairement que le manque de performance que ressent Vincent est certainement plus dû au manque de roulage qu’à un déficit de performance du pilote.

A l’issue de cette belle saison, Vincent Lagache tient à remercier ceux qui le soutiennent : « Avant tout je veux remercier Eric (Brachin) qui m’accompagne sur les épreuves, et sa société E.B Agencements 25, Tony d’ASC Racing Parts, Stéphane de CS Polyester qui fabrique de nombreuses pièces de carrosserie de la voiture, l’Agence Automobilière, la Carrosserie Olivier Jeanroy, Yacco qui me soutient et bien évidemment mon entreprise LV Prestige Motorsport. Merci également à Fabrice Simon Développement, à mon ami Fabien Ponchant et la famille Ponchant, à la famille Poinsignon et à Emilie Tramont et Olivier Berreur. »

Participer à la Finale de la Coupe de France de la Montagne, qui aura lieu en Lozère en septembre prochain sera la priorité de Vincent Lagache. De ce fait il devrait concentrer ses efforts sur des participations à des épreuves régionales afin d’obtenir son ticket pour cette finale à La Canourgue : « Mais je vais tout de même prendre part au championnat en m’engageant sur six ou sept épreuves du CFM. » Une présence qui ne peut que ravir les passionnés de courses de côte, qui apprécient de voir évoluer la Ferrari. « Je vais également participer à plusieurs événements organisés par des œuvres caritatives qui s’impliquent pour aider des enfants malades ou défavorisés. Ce sont des manifestations qui me permettrons d’offrir des baptêmes de piste sur circuit et de récolter des fonds pour ces associations. C’est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur » conclut Vincent pour qui l’humain compte certainement plus que la course elle-même.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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