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Rouler au volant d’une Porsche, tel était le rêve d’enfance qu’espérait un jour assouvir Alexandre Garnier. Un rêve qu’il concrétise cette année, et de fort belle manière puisqu’il signe ses premiers succès en régional et remporte sur le Championnat de France de la Montagne le Challenge Open GT Sport.
Pour les Garnier, Porsche est une passion familiale. Jean-Pierre, le père d’Alexandre, a toujours aimé les bolides sorties des usines de Stuttgart, à tel point qu’il a participé à de nombreux ''Track Day'' au volant d’une Porsche GT3. Mais à l’heure où Alexandre a voulu assouvir sa passion pour le pilotage, tenter de rouler en Porsche semblait totalement déraisonnable. Fort de ce constat, en 2021, le jeune Haut-Saônois se portait acquéreur d’une BMW M3 avec laquelle il allait s’engager sur plusieurs courses de côte pour finalement décrocher son ticket pour la Finale de la Coupe de France. Une première finale sur laquelle Alexandre remportait le groupe N.
L’année 2021 lui avait permis de faire quelques apparitions sur le Championnat de France de la Montagne, où il avait signé quelques très bons résultats avec notamment une troisième place à Vuillafans, une deuxième à Turckheim, deux épreuves sur lesquelles il avait terminé Meilleur Jeune en Production. Engagé sur le championnat en 2022, il terminait deuxième du Challenge Open N/4 derrière Sébastien Lemaire. En 2023 il animera ce même challenge mais connaitra des fortunes diverses qui l’empêcheront finalement de défendre pleinement ses chances.
Mais à l’issue de la saison 2024, si les résultats n’étaient pas à la hauteur de ses espérances, Alexandre Garnier avait tout de même confirmé qu’il comptait par les pilotes les plus rapides du championnat. Un fait qui demandait à être confirmé au volant d’une voiture plus performante. Il paraissait alors logique pour le jeune Franc-Comtois qui fêtera ses 27 ans à la fin du mois de novembre, d’assouvir son rêve de jeunesse en s’installant derrière le volant d’une Porsche.
En quête de trophées avec une Porsche
Le choix d’Alexandre se portait alors sur une 997 GT3 RS : « C’est bien évidemment le choix du cœur », reconnait Alexandre. « Je savais qu’avant de rêver piloter une Porsche il me fallait acquérir de l’expérience, et là j’ai senti que le moment était venu. » Pour trouver son bonheur, Alexandre se tournait vers un ami de son père, Dominique Vuillaume, qui fut longtemps la référence du GT de Série : « Cette voiture avait déjà roulé en côte et elle avait fait ses dernières apparitions en rallye, il fallait donc la reconfigurer. Elle nécessitait de bénéficier de quelques améliorations. Durant l’hiver nous avons trouvé des amortisseurs dédiés à la course de côte et nous avons pris le temps de la fiabiliser avant de débuter la saison. »
En optant pour une Porsche 997 GT3 RS, Alexandre Garnier délaissait donc le groupe N pour intégrer le GT Sport sur lequel il allait se trouver confronter à nouveau à une vraie concurrence : « Il est clair que j’avais comme objectif de m’imposer. D’autant que lorsque j’ai fait l’acquisition de cette Porsche, tout laissait à penser que les Alpine A110 allaient rouler en GTTS. Lorsque j’ai appris qu’elles restaient en GT Sport, ça changeait évidemment la donne. Sur le papier, les performances de l’Alpine sont supérieures à celle de la Porsche, et viser le titre devenait compliqué. » Challenge complexe pour Alexandre Garnier, mais challenge pour le moins attractif, le Challenge Open GT/2 n’ayant pas connu une tel engouement depuis de nombreuses années. Six concurrents étaient en lice aux volants d’Alpine, Porsche et Ferrari : « Bien évidemment ça rendait le combat difficile mais très intéressant. »
Première course, première victoire
Pour tester sa Porsche avant de débuter sa campagne de France sur le championnat, Alexandre Garnier s’engageait sur la Course de Côte du Lugny. Une première participation qui ne pouvait que le rassurer puisqu’il s’imposait en tête du Production devant la Porsche 991 Cup GTTS/4 de Thomas Chavot : « J’abordais cette épreuve comme une séance d’essais grandeur nature, sans autre prétention que de tester ma Porsche. Le résultat est aussi enthousiasmant qu’inattendu, d’autant que je n’avais pas de pneus pluie et que les essais ont débuté sur une route mouillée. L’après-midi, sur le sec, j’ai rapidement compris comment fonctionnait la voiture, et sur la dernière montée je signe le meilleur chrono. Jamais je n’aurais pensé être devant la 991 Cup de Thomas Chavot, c’était extraordinaire », confie Alexandre qui signait là son tout premier scratch sur une course de côte.
C’est donc en confiance qu’Alexandre Garnier se rendait dans le Gard pour disputer la course de côte de Bagnols-Sabran. Mais suite à un souci technique, la confiance sera rapidement émoussée : « J’étais largement devant lors des essais. Mais sur la première montée de course je rencontre un souci de tringlerie de boîte. Je suis parvenu à l’arrivée pour constater que j’avais une fuite de liquide de refroidissement. J’ai voulu prendre malgré tout le départ de la deuxième montée mais j’ai rapidement compris que je risquais d’occasionner de gros dommages et j’ai dû abandonner. » Un abandon qui ne sera pas sans conséquence sur le résultat final de la saison lorsque l’on sait que le Trophée FFSA du groupe GT Sport se jouera avec un écart de moins de vingt points.
Sur le Col Saint-Pierre Alexandre Garnier retrouvait une Porsche compétitive qu’il amenait à la dixième place du Production en s’offrant une victoire en GT Sport : « La météo était idéale, avec les copains l’ambiance était géniale, nous avons donc passé un superbe week-end. Même si j’étais toujours en apprentissage de la voiture, la performance et le plaisir étaient au rendez-vous », se souvient le Haut-Saônois.
S’il n’affectionne pas particulièrement le tracé de la Course de Côte d’Abreschviller, Alexandre Garnier n’allait pas manquer pour autant de se mettre en valeur sur l’épreuve mosellane en accrochant la cinquième place et une nouvelle victoire en GT Sport : « Le résultat est top, c’est mon meilleur résultat de la saison et je ne pouvais pas espérer mieux sur une épreuve courue dans des conditions météos compliquées. » Dans la foulée d’Abreschviller, Alexandre se rendait sur la Course de Côte de L’Ormont où il imposera sa Porsche en Production devant la Lamborghini Gallardo de Théo Koeniguer : « J’avais décidé de faire quelques épreuves régionales avant tout pour faire du roulage et passer de bons week-ends avec les copains. J’espérais me battre avec Théo qui a malheureusement eu des problèmes mécaniques. C’est dommage parce qu’on partait pour se livrer un combat plutôt sympa. »
De la campagne de l’Ouest, Alexandre Garnier ne sera présent qu’à La Pommeraye. Une participation qui se soldera par une neuvième place en Production et un nouveau succès dans le groupe GT Sport : « C’était pour moi une découverte. L’an dernier j’étais présent à Saint Gouëno mais cette année j’étais témoin au mariage d’un ami et donc je ne pouvais être au départ de l’épreuve bretonne. Je me suis rabattu sur La Pommeraye qui fut une belle découverte avec une super ambiance et un accueil des plus sympathique. Pour moi cela représentait un gros déplacement et il fallait que je marque des points, ce que je suis parvenu à faire. »
Depuis le début de saison, Alexandre Garnier connaissait quelques petits soucis de boîte de vitesses sur sa Porsche, et avant de poursuivre sa campagne de France il décidait de la confier au garage Timehunter : « Mais il s’est avéré que les dégâts étaient plus importants que prévus. De ce fait je n’ai pas pu disposer de ma Porsche tout de suite. » Problème, Alexandre avait inscrit à son calendrier la Course de Côte régionale de Souhières, et faute de disposer de sa Porsche il se rabattait sur son ancienne BMW M3, que son nouveau propriétaire, Louis Deliot, acceptait de lui prêter : « J’ai rapidement retrouvé mes réflexes et j’ai pris un vrai plaisir de retrouver le volant de cette M3 E36. Je repars avec la victoire en groupe N, je suis super content », commente Alexandre qui terminait quatrième du Production.
C’est sur la Course de Côte de Vuillafans qu’Alexandre Garnier a eu l’occasion de signer son tout premier succès de groupe sur une manche du Championnat de France de la Montagne. Et s’il reconnait que le tracé Franc-Comtois est exigeant, il apprécie particulièrement le défi qu’il propose : « En 2022 je remporte le groupe N, en 2023 je connais ma première sortie de route, mais ça reste un tracé que j’affectionne », avoue le Haut-Saônois. « On m’avait prêté une boîte de vitesses pour participer à cette épreuve, mais l’autobloquant était totalement hors service. A chaque épingle j’avais une roue qui patinait ce qui était assez pénalisant. Je repars malgré tout avec la victoire de groupe, donc le contrat est rempli. Et puis cette édition de Vuillafans était la première participation de mon copain Franck Grosjean et ça nous a fait plaisir de partager ce week-end. » Un week-end de réussite puisque Alexandre remporte le GT Sport en terminant dixième du Production alors que Franck impose sa Honda Civic en tête de la classe F2000/1.
A l’heure d’aborder la Course de Côte de Dunières, Alexandre Garnier savait que le tracé auvergnat ne serait pas à son avantage face à l’Alpine de Yann Durieux. Il ne se trompait pas puisqu’il devait se contenter de la deuxième place derrière l’Alpine de son adversaire : « Ce n’est vraiment pas le terrain de prédilection de la Porsche, c’est trop sinueux et trop lent. Il a fallu que j’adapte mon pilotage pour parvenir à signer de bons chronos. Moi qui ai l’habitude d’attaquer, là je devais impérativement rouler tout en fluidité ce qui chez moi est contre nature. Malgré tout je suis content d’être parvenu à sortir de ma zone de confort et je me satisfais pleinement de cette deuxième place. »
La Porsche 997 GT3 RS avait fait un séjour chez Timehunter pour une réparation de la boîte de vitesses. L’occasion pour Alexandre de discuter avec Joffrey Vuillermot, le patron de la structure haut-saônoise. Et d’une discussion germait l’idée de prendre part en double monte à la Course de Côte du Mont de Fourche : « Finalement, Joffrey n’avait pas la possibilité de se libérer mais a accepté de me confier sa voiture pour disputer cette épreuve », explique Alexandre. C’est donc au volant d’une Porsche 991 GT3 Cup qu’il allait pouvoir s’aligner sur la course organisée par l’ASA Luronne : « C’est ''LA'' voiture qui me fait rêver et j’avoue que les sensations étaient fabuleuses. Dès les premiers tours de roues je me suis senti à mon aise et j’ai compris que j’allais me faire un immense kiff. La performance était là et je termine à seulement deux dixièmes du record du tracé que détient Pierre Courroye, de quoi être pleinement satisfait… Quel plaisir de dingue ! » lâche Alex qui termine l’épreuve en tête du Production.
Le Franc-Comtois retrouvait sa Porsche 997 GT3 RS à l’occasion du Mont-Dore et allait pouvoir pleinement savourer une nouvelle victoire de groupe : « Le week-end se passe super bien. Nous étions une bonne bande de potes et vraiment ce fut un week-end idéal qui se termine par une victoire. » Si la météo était idéale sur le Mont-Dore, en revanche le week-end sur la Course de Côte de Chamrousse fut nettement plus perturbé avec l’intervention de la pluie et du brouillard qui par moment réduisait la visibilité. Sur l’épreuve iséroise, Alexandre Garnier sera un peu en retrait : « J’avoue que pour moi cette épreuve est un mystère. C’est la deuxième fois que j’aborde cette course et comme lors de ma première participation je suis en retrait par rapport à ce que j’ai l’habitude de faire », se désole Alexandre. « Je ne suis pas parvenu à signer un chrono correct à Chamrousse alors que Yann (Durieux) a réalisé une très belle performance. Clairement, j’étais largué sur cette épreuve », reconnait le Haut-Saônois qui engrange tout de même les points de la deuxième place du GT Sport.
Onzième à Chamrousse, Alexandre Garnier retrouvait une place dans le top 10 à Turckheim où il se classait au septième rang. Une position qui lui permettait d’accrocher la victoire en GT Sport : « J’estime que c’est ma plus belle victoire de la saison », avoue Alex. « J’ai eu quelques petits soucis sur la deuxième montée de course alors que j’étais en vue de l’arrivée et que je venais de faire une super ascension. Je savais que Yann allait sortir un gros chrono et sur la dernière il était clair que je devais m’arracher. Finalement je signe un super temps et je l’emporte. Vraiment c’est ma plus belle victoire de la saison. »
La victoire a Turckheim permettait à Alexandre Garnier de s’assurer un succès sur le Challenge Open GT/2. Restait le Trophée FFSA du groupe GT Sport que lui contestait Yann Durieux. Mais à Limonest, c’est Yann Durieux qui aura le dernier mot en imposant son Alpine en tête du GT Sport : « Je suis allé à Limonest avant tout pour dire au revoir aux copains, pour fêter la fin de saison. Je savais très bien que sur ce tracé Yann serait devant moi, mais malgré tout je suis content de ma performance. Ce fut un week-end réussi. »
En duel tout au long de la saison sur le Championnat de France de la Montagne, Alexandre Garnier et Yann Durieux allaient se retrouver pour une ultime confrontation, à Steige, à l’occasion de la Finale de la Coupe de France. Sur le tracé alsacien, Alex ne parviendra pas à contrer l’Alpine de son rival qui le devance de six dixièmes : « Comme à Limonest, j’estimais qu’il serait difficile de contrer Yann sur ce tracé. Lors de la précédente édition il avait placé son Alpine à la quatrième place, je me doutais qu’il serait à nouveau performant », analyse Alexandre. « J’ai fait deux dernières montées à la limite de ce que je peux faire et de ce que peut donner la voiture. Je n’ai pas à avoir de regret parce que j’ai vraiment tout donné. Bien évidemment la deuxième place n’est pas celle qui me convient mais j’ai la satisfaction d’avoir pleinement fait le job. »
Vainqueur du Challenge Open GT Sport
Huitième du Championnat de France de la Montagne, Alexandre Garnier remporte le Challenge Open GT Sport. Il doit en revanche s’incliner face à Yann Durieux pour la quête du Trophée FFSA du groupe GT Sport : « Ce qui est frustrant c’est que je perds le trophée à cause d’un loupé sur une épreuve », analyse Alexandre qui garde à l’esprit son abandon à Bagnols-Sabran. Car si Yann Durieux était cette année au départ des treize manches du championnat, Alexandre ne compte que dix participations et ce joker sur la manche d’ouverture lui fait défaut. « Il faut avouer que la frustration vient aussi du fait que j’ai dû beaucoup investir sur la voiture à cause de soucis mécaniques en début de saison qui m’ont notamment privé d’une participation à Marchampt. »
Malgré tout, Alexandre veut dégager un côté positif de première campagne avec une Porsche : « Je suis tout de même content parce que sur chaque course je me suis donné à fond, que j’ai pris un plaisir fou avec cette voiture qui demande beaucoup d’engagement mais qui permet également de bien progresser. Cette saison me permet d’accroitre ma confiance et d’avoir le sentiment d’avoir fait de réels progrès. Je garde à l’esprit que c’est la première année où je signe des victoires scratch en régional. Donc ça reste malgré tout très positif. »
Si cette saison 2024 fut celle du plaisir elle fut également celle du partage : « Lorsque j’évoluais en groupe N, j’ai eu la chance de me faire des amis au sein d’un groupe où régnait une super ambiance… Il en est de même en GT Sport où tout le monde s’entend bien. C’était géniale de rencontrer des personnes extraordinaires, adversaires sur la piste, mais hyper sympas dans les paddocks. Avec Yann (Durieux), Francis (O’Mahony), Eric (Michon), Dominique (Lansard) et Philippe (Marion) on a passé d’excellents week-ends. »
Le vainqueur du Challenge Open GT Sport n’oublie pas de remercier ceux qui l’ont épaulé durant cette saison : « Un immense merci à ma famille, mes amis et tous ceux qui me soutiennent ainsi qu’à mes partenaires : Timehunters.fr, Unlimited Works, Motorsports Events, Entreprise Mourey Maxime, Aux Mille Saveurs, Mille-Pièces, Garage Pierrat GMP CAR, Config-racing.com, La Source Dorée, Signature Création, Auto Securiplus à Roye. »
La Porsche 997 GT3 RS a démontré qu’elle était performante. Elle est à présent fiable et peut permettre à son pilote de prendre énormément de plaisir… Le problème c’est qu’Alexandre a eu l’opportunité d’essayer une 991 GT3 Cup, et qu’évidemment l’envie d’en découdre à nouveau avec cette voiture se fait ressentir : « C’est pour cela que j’ai mis la 997 à la vente, avec l’envie de passer à un échelon supérieur. Si je la vends, il est clair que je ferai tout pour disposer d’une 991 Cup, mais si je ne la vends pas, je vais tenter d’apporter à ma Porsche quelques améliorations, même si en termes de réglementation nous sommes très limités. »
Rien n’est encore totalement défini pour ce qui est de la saison 2025 d’Alexandre Granier, dépendante en grande partie de la vente de sa Porsche : « Si je garde la 997 la saison prochaine, je ne ferai pas autant d’épreuves du championnat, même s’il y a de fortes chances que je reparte sur un Open. Mais j’essaierai également de louer la 991 Cup pour quelques épreuves régionales dans l’optique de me qualifier pour la Finale de la Coupe de France avec la 991 », explique le Franc-Comtois qui pourrait bien compter parmi les favoris pour la Finale qui se jouera en Lozère au mois de septembre.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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