Après un retour sur le CFM en groupe N

Moniteur de pilotage, Jérémy Avellaneda a également l’habitude d’exprimer son talent dans diverses compétitions automobiles. Mais la course de côte reste sa discipline de prédilection, et c’est pour cela qu’en 2022 il faisait son retour avec un programme light qui lui permettait de préparer l’avenir… Un avenir qui doit se dessiner avec une voiture aussi originale que performante.

De son père Guy, Jérémy a hérité de la passion pour le sport automobile. Avant que Jérémy ne s’installe derrière le volant, son père avait engagé sur de nombreuses courses de côte ses Dauphine, Alpine et autres Protos. Tout gamin, Jérémy avait fait ses premières armes en karting avant de participer à un stage de pilotage au volant d’une Mitjet, et de tomber sous le charme de cette petite auto atypique. C’est donc en Mitjet qu’il disputait ses premières courses.

Rapidement, Jérémy Avellaneda se présentait comme un des hommes forts de la classe GTTS/1. En 2016, il remportait le Challenge Open en s’imposant à six reprises sur les sept participations que comptait son calendrier. Il débutait la saison suivante de fort belle manière, en hissant sa Mitjet sur le podium du groupe GTTS à l’issue de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, son épreuve à domicile. En 2018, le natif de Bagnols-sur-Cèze se lançait un nouveau défi en intégrant le Team Schatz Compétition qui mettait à sa disposition une Norma 2 litres. Et là encore, les bons chronos étaient une nouvelle fois au rendez-vous.

Jérémy Avellaneda délaissera ensuite le Championnat de France de la Montagne pour se consacrer à d’autres activités. Après l’obtention de son BPJEPS Perfectionnement au pilotage et Circuit, Jérémy décidait de développer une activité de moniteur de pilotage et coaching en s’installant sur le Pôle Mécanique d’Alès.

Durant la période d’instabilité due à la crise sanitaire liée au Covid, Jérémy Avellaneda ne restait pas inactif puisqu’il prenait part à plusieurs épreuves en circuit dans le cadre du Mitjet International avec une Mitjet 2 litres. En 2021, en compagnie de Jean-Pierre Vasile, Jérémy créait l’école de pilotage Styl&Grip dont les locaux étaient implantés sur le Pôle Mécanique d’Alès. « Cela nous permet de proposer des stages de pilotages et des baptêmes passagers pour le grand public avec des Mitjet 2 litres. Nous mettons également en place du coaching personnalisé avec nos véhicules et les voitures des participants, on peut aussi nous contacter pour des séminaires, de la formation pour les entreprises et de l’événementiel. Nous avons un catalogue très diversifié », explique Jérémy.

Un catalogue qui n’exclut évidemment pas la compétition puisque Styl&Grip propose à la location des Mitjet 2 litres qui peuvent être alignées en circuit et en course de côte : « La M3 de Jean-Pierre, avec laquelle j’évoluais en 2022 sur le Championnat de France de la Montagne, sera elle dédiée aux stages spécifiques que nous proposons en circuit », précise Jérémy.

Retour sur le CFM avec une M3 groupe N
Pour cette saison 2022, Jérémy Avellaneda décidait donc de revenir à ses premières amours en retrouvant le Championnat de France de la Montagne. Pour cela il engageait une BMW M3 inscrite en groupe N : « Nous disposions de cette voiture, et en début de saison les Mitjet 2 litres n’étaient pas encore homologuées en Montagne. Il nous est apparu judicieux de communiquer sur nos activités en engageant la M3 aux couleurs de Styl&Grip. Et puis je reste un amoureux de la course de côte, et c’était avec un immense plaisir que je retrouvais cette discipline. »

Résident sur le Pôle Mécanique d’Alès, c’est sur le tracé gardois que Jérémy menait les essais préparatoires à sa saison 2022 : « La M3 était typée circuit et cela nous a permis de la configurer en version côte. J’ai pu faire du développement tant sous la pluie que sur le sec et il était important que nous puissions peaufiner au mieux les réglages parce que nous savions que nous serions pénalisés. La M3 dispose en effet d’un moteur 3 litres et non pas d’un 3.2 litres comme c’est le cas des autres concurrents évoluant sur le championnat. »

Outre le fait qu’il ne dispose pas de la motorisation la plus performante, Jérémy Avellaneda savait qu’il allait devoir se confronter à des adversaires de taille, avec un groupe N qui connaissait une renaissance en 2022 : « J’étais conscient que la concurrence serait robuste, mais j’avais comme objectif d’accrocher le podium du groupe sur les épreuves inscrites à mon calendrier. J’avoue que je partais dans l’inconnu, parce que si je connaissais les ’’clients’’ du groupe N, en revanche je découvrais le pilotage de ce type de voiture en course de côte. »

C’est chez lui, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, sur un terrain qu’il connait bien, que Jérémy Avellaneda allait découvrir le maniement de sa BMW M3 en conditions de course : « C’était pour moi le terrain idéal pour faire mes premiers pas avec l’auto, d’autant que nous nous sommes rendus compte que c’était assez catastrophique. Les réglages développés en circuit ne correspondent pas toujours aux sollicitations de la course de côte, et là nous avons compris qu’il allait falloir bosser sur les freins, l’ABS, que nous avons un temps supprimé. C’était une course test qui nous a permis d’enregistrer des informations pour la suite. » Ce premier rendez-vous permettra également à Jérémy d’enregistrer un excellent résultat puisqu’il terminait deuxième du groupe N derrière Sébastien Lemaire.

La semaine séparant la Course de Côte de Bagnols-Sabran de celle du Col Saint-Pierre permettait à Jérémy de revoir les réglages de sa M3 et d’aborder la manche européenne du Championnat de France dans de meilleures conditions : « Ça s’est mieux passé et nous avons pu continuer à travailler sur le set-up, et notamment sur les hauteurs de caisse. Grâce à cela, j’ai retrouvé des similitudes avec la Mitjet 1300 avec laquelle je roulais auparavant. Les sensations étaient là et j’ai pu placer l’auto comme je le désirais. Nous avons fait un vrai pas en avant et c’était enthousiasmant », confie Jérémy qui termine au troisième rang de son groupe derrière deux autres M3, celle de Sébastien Lemaire et celle d’Alexandre Garnier.

Il faudra attendre Marchampt pour retrouver Jérémy Avellaneda au départ d’une manche du Championnat de France de la Montagne, et ce n’est pas sans une certaine appréhension que le Gardois se rendait dans le Beaujolais. Cette épreuve fut en effet pour lui le théâtre d’une violente sortie de route en 2018 : « Il est clair que je ne pouvais pas totalement occulter l’accident, mais lors des reconnaissances ça s’est bien passé et finalement il n’y a que sur la première montée de course que j’ai eu une petite hésitation à l’endroit où je suis sorti. Mais après l’appréhension a disparu et la seule chose qui m’a perturbé c’est le nouveau revêtement », avoue-t-il. « Je reconnais que j’avais du mal à me mettre en confiance, et puis sur une épreuve où le moteur joue un rôle majeur, il m’était difficile de contrer les copains. Je termine quatrième, c’est un peu décevant, mais je ne pouvais pas espérer beaucoup mieux. »

La Course de Côte du Mont-Dore offrait l’occasion à Jérémy Avellaneda de retrouver le podium du groupe N en terminant derrière Sébastien Lemaire et Alexandre Garnier : « Quel plaisir ! Je me suis vraiment régalé. C’est certainement la course sur laquelle je me suis le plus ’’arraché’’. Le Mont-Dore n’est jamais simple, même si j’adore ce tracé, mais j’ai vraiment apprécié la bagarre alors que les sensations étaient à nouveau au rendez-vous. Il m’était impossible de lutter face à Seb et Alex, mais je suis parvenu à maintenir ma troisième place face à une grosse concurrence et notamment à Morane (Cat-Mackowiak) qui attaquait fort derrière moi. »

La journée d’essais sur la Course de Côte de Chamrousse permettra à Jérémy Avellaneda de pointer aux commandes du groupe N samedi soir. Malheureusement, le Gardois ne sera pas en mesure de concrétiser par la suite : « Je ne m’attendais pas à terminer les essais en tête sur une épreuve en altitude où le moteur souffre et où je pensais prendre ’’une valise’’, c’était donc prometteur », estime Jérémy. « Mais dimanche, sur la première montée, je fais une petite touchette contre un rail et je lâche de précieuses secondes. Ça allait mieux sur la seconde montée, mais la troisième ayant été annulée, je n’ai pas pu revenir au combat. Et puis, je pense que j’aurais eu du mal à améliorer ma position, parce que mes adversaires ont vraiment fait de supers chronos », reconnait Jérémy en toute honnêteté.

Mitjet 2 litres à Turckheim, Mitjet V6 en 2023
A Turckheim, Jérémy Avellaneda allait remporter sa classe… Mais pas la N/4 puisqu’il engageait en Alsace une Mitjet 2 litres qui évoluait en GTTS/2 : « A Chamrousse, les commissaires techniques m’ont appris que la Mitjet 2 litres avait obtenu son homologation. Sachant qu’avec la M3 sur un tracé rapide comme celui de Turckheim j’aurais eu du mal à me mettre en avant, nous avons pensé que pour l’image de Styl&Grip il était sympa de présenter une nouvelle auto sur le championnat en étant les premiers à aligner une Mitjet 2 litres. » Jérémy ne se faisait pas pour autant d’illusions sur les performances : « La voiture était en configuration ’’full circuit’’, donc absolument pas faite pour une course de côte, et finalement on parvient tout de même à se faire plaisir et à être plutôt pas mal. Nous allons la configurer pour le championnat 2023, et je peux assurer ceux qui souhaiteraient la louer que le plaisir sera au rendez-vous avec cette auto. »

Jérémy Avellaneda disposait cette saison d’un calendrier minimal de six courses, dont cinq abordées avec la M3 et une avec la Mitjet 2 litres. Impossible dans ces conditions espérer bien figurer au classement final du Challenge Open N/4, mais ce n’était pas l’objectif premier du Gardois : « C’était un vrai bonheur de retrouver le Championnat de France de la Montagne. J’ai passé de supers moments sur ma discipline de prédilection, c’est pour moi un retour aux sources que j’attendais depuis 2018. Ce fut vraiment une saison de pur plaisir. » Plaisir et émotions que Jérémy veut partager avec ses soutiens, avec en tête de liste le cofondateur de sa société : « Un grand merci à Jean-Pierre Vasile et l’équipe Styl&Grip, à mon père, mes fidèles partenaires, mes amis, et ma famille. »

En 2023, Jérémy Avellaneda devrait à nouveau être présent sur le Championnat de France de la Montagne. Mais le Gardois n’alignera pas sa BMW M3 mais disposera d’une auto bien plus redoutable acquise auprès du Basque Beñat Población : « C’est une Mitjet Super Tourisme, le plus gros modèle conçu par Mitjet, qui dispose d’un V6 Nissan qui peut développer entre 350 et 400 chevaux pour 850 kilos. On alignera cette voiture en GTTS/3 », explique Jérémy dont le programme n’est pas encore défini : « L’idée est de partir sur un Open avec un minimum de six épreuves, que nous pourrions éventuellement étendre en fonction des résultats. Sur le papier, c’est une auto qui peut jouer le haut du tableau en Production… Nous ferons tout pour être au combat en espérant que nous trouverons des partenaires pour nous soutenir dans ce beau projet. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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