Animateur assidu du Championnat de France de la Montagne depuis de nombreuses années, Philippe Marion souhaitait assouvir un rêve, celui de prendre part à la plus prestigieuse des Courses de Côte, celle de Pikes Peak. C’est chose faite, et le Francilien revient des Etats-Unis avec des souvenirs plein la tête.
On ne présente plus la mythique Course de Côte de Pikes Peak. La classique américaine, qui se déroule dans le Colorado, a vu s’illustrer les plus grands noms du sport automobile. En cette année 2022, l’événement fêtait sa 100ème édition et a vu la victoire de Robin Shute.
Pilotes et constructeurs français ont déjà eu l’occasion de s’illustrer à Pikes Peak. On se souvient qu’en 1985 Michèle Mouton avait établi un nouveau record avec son Audi Quattro, les passionnés ont toujours à l’esprit les magnifiques images de la victoire d’Ari Vatanen avec sa Peugeot 405 T16. Plus récemment, Sébastien Loeb est venu à Pikes Peak établir un nouveau record avec une Peugeot 208 T16 avant que Romain Dumas ne s’impose à quatre reprises – trois fois avec une Norma, une fois avec une Volkswagen – et ne signe un nouveau record du tracé.
Philippe Marion n’avait bien évidemment pas l’intention d’établir un nouveau record du tracé, mais de prendre un réel plaisir au volant de sa Porsche 997 GT3. Pour ce faire, rien de mieux que de faire confiance à celui qui compte quatre succès à Pikes Peak, Romain Dumas. Philippe Marion, intégrait donc pour cette aventure le Team RD Limited, et était accompagné par Nicolas Millet qui n’allait pas manqué d’immortaliser l’événement par ses magnifiques photos.
Une semaine de compétition !
C’est le week-end des 18 et 19 juin que débutait réellement l’aventure à Pikes Peak par deux journée de reconnaissances. L’objectif était d’apprendre secteur par secteur pour bien mémoriser la course. Lundi, la matinée était consacrée au vérifications techniques et administratives passées avec succès avec le Team RD Limited ! L’après-midi les concurrents reprenaient la piste pour une nouvelle reconnaissance du parcours.
L’épreuve de Pikes Peak propose une spécificité, celle d’être scindée en trois secteurs pour les essais. Pour prendre part à ces essais, il faut se lever à 2h30 du matin pour se présenter au départ des séances qui se déroulent de 5h00 à 8h30 ou 9h00. Chaque journée est qualificative pour la course, Philippe étant débutant sur cette épreuve, il fallait qu’il garde à l’esprit que, s’il ne terminait pas un des secteurs, le départ de la course lui serait refusé. De ce fait, durant trois jours, chaque premier run était abordé avec une grande concentration pour ne pas commettre d’erreur et valider le ticket pour la course.
Mardi matin, les premiers essais étaient organisés sur le bas de la course. Un secteur typé circuit, assez rapide au milieu de la forêt. Après 4 runs Philippe réalise un bon temps en améliorant à chaque fois ses chronos de 10 secondes. De quoi être pleinement satisfait de cette première journée.
Vers 10h00, l’équipe retrouvait le gîte où les membres étaient hébergés, et après quelques heures de repos, les reconnaissances reprenaient dans l’après-midi avant que l’équipe ne bénéficie de moments de partage dans la soirée.
Mercredi, c’est sur le mythique secteur de Glen Clove que se déroulaient les essais. Un secteur qui s’apparente à ce que l’on peut trouver à Vuillafans avec beaucoup d’épingles en montée. C’est le morceau le plus facile à mémoriser et le secteur où Philippe a été le plus à l’aise comme en témoigne son 10eme temps sur 18 lors du troisième run. A noter que l’équipe a réalisé un super boulot sur la chauffe des pneus qui est très importante sur l’ensemble du séjour, car la piste reste souvent fraîche le matin.
Mercredi soir, Philippe et sa Porsche étaient conviés au rassemblement de Porsche Colorado Springs, un beau moment pour l’exposition des différentes Porsche qui roulent à Pikes Peak sous les couleurs de Porsche Colorado Springs. A cette occasion Philippe Marion était interviewé en tant que pilote français, rookie (première participation) et pilote du Team Dumas.
Jeudi, les essais sur le secteur 3 permettaient d’aborder le haut du parcours. Une matinée incroyable durant laquelle on a l’impression d’être sur mars, entre les rochers, le ciel à perte de vue, le haut de la course et le sommet qui culmine à une altitude de 4300 mètres. Une altitude qui se fait ressentir sur les performances de la voiture, mais Philippe signe un beau chrono dès le premier run et valide donc son ticket pour la course. La satisfaction pouvait alors se lire sur le visage du Francilien, comme sur ceux des membres de l’ensemble de l’équipe.
La journée du vendredi 24 juin était consacrée au dernier essais. Philippe retrouvait donc le premier secteur sur lequel il pouvait valider l’ensemble des paramètres utiles à la course. Effectuer ces essais sur le premier secteur est un avantage pour un « rookie » car avec ses 8 km, c’est la portion la plus longue du parcours. Philippe en profitait pour améliorer à nouveau ses chronos sur ce secteur rapide… Les essais s’achèvent, la voiture fonctionne super bien, le plaisir est au rendez-vous et les sensations sont bonnes. Le soir nous offre l’occasion de profiter de la fan fête et de voir l’exposition des voitures de Pikes Peak.
Samedi est une journée off qui permet de s’installer dans les paddocks, mais également de découvrir l’atmosphère avant le grand jour… Le Grand Jour, c’est dimanche ! Et s’il a fait beau temps tout au long de la semaine, les températures à ces altitudes restent fraîches. En ce dimanche matin, la météo est incertaine, et la question se pose de savoir s’il sera possible pour les pilotes d’atteindre le sommet.
Le réveil a lieu à 1h30 du matin, et le départ du gîte est programmé à 2h30 car la foule est au rendez-vous. On emprunte une unique route pour accéder à l’épreuve, et pour les spectateurs, c’est 5 kilomètres de bouchons. Nous passons le péage avec succès, mais avec 1h00 d’attente pour accéder à notre paddock… Le briefing pilote se passe à merveille, il annonce qu’il n’y aura pas de retard, et que les pilotes iront au sommet de la course après avoir d’enneigé et salé la route toute la nuit !
Les conditions restent compliquées avec de la pluie sur le début du secteur 1 et du brouillard sur les secteurs 1 et 3. La météo évolue rapidement et Philippe s’élance en 60eme position. Mais l’attente est longue, suite à deux ou trois arrêts de course. Le départ est lui donné toutes les cinq minutes. Il est donc 13h00 quand Philippe se prépare à s’élancer en optant, par sécurité pour un choix de pneus pluie. Malheureusement les slicks aurait été une bonne option.
La montée est sèche mais le brouillard sur les secteurs 1 et 3 complexifie les choses. Philippe rejoint enfin l’arrivée et signe un chrono en 12’53’’468… Objectif rempli, puisqu’il se classe 45ème au général sur 75, 14ème de groupe et 2ème Rookie et surtout qu’au volant de sa Porsche il a pris énormément de plaisir sur ce tracé mythique. Pour Philippe Marion, cette participation à Pikes Peak restera une incroyable expérience sur tous les points, avec une semaine de course non-stop, chose qu’il n’avait jamais vécu jusqu’alors.
Belle satisfaction, et belle aventure humaine au sein d’une équipe qui a été fabuleuse de bout en bout. A l’heure de tourner la page, Philippe Marion n’oublie pas de remercier Romain Dumas, Denis Giraudet, Philippe Cornu, Remi Quinsac, Florian Formati, Nicolas Liron, Henri Chaperont ainsi que le second pilote du team, Steve Zimmer et son accompagnant Claude.
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