Régulièrement dans le top 5 du Championnat Production durant ces dernières saisons, Antoine Uny a opéré en 2021 un changement radical en intégrant le Championnat Sport. Au volant d’une Formule Renault, le Jurassien n’a pas manqué de progresser au fil des épreuves et sera sans nul doute un des prétendants au titre du Challenge Open DE/7 en 2022.
S’il a moins de 30 ans, Antoine Uny n’en dispose pas moins d’un palmarès éloquent. Dès son entrée sur le Championnat de France de la Montagne en 2017, il remportait le Trophée FFSA du Groupe N et le Challenge Open N4. L’année suivante, il troquait sa BMW M3 contre une Seat Léon Supercopa MK2 avec laquelle il accrochait la sixième place du championnat, et la deuxième du Groupe A. Il poursuivra sa progression en 2019 en terminant la saison dans le top 5 et en enrichissant son palmarès d’un Trophée FFSA du Groupe A. C’est au même cinquième rang que l’on retrouvait Antoine au terme de la courte campagne 2020. Autant dire qu’il n’avait plus grand-chose à démontrer du côté du Groupe A, et qu’il semblait donc logique qu’il vogue vers d’autres horizons.
« J’avais le sentiment d’avoir fait le tour de la Seat, et je perdais mes adversaires habituels puisque Francis (Dosières) décidait de se tourner vers le GT Sport et que Jérôme (Janny) faisait le choix de rouler en rallye. Il m’a semblé qu’il était temps de passer à autre chose », débute le jeune Jurassien. « Cela faisait trois ans que je roulais en Supercopa, j’avais remporté le titre, il semblait judicieux de me lancer de nouveaux challenges. »
A la découverte de la monoplace
La facilité aurait peut-être été de rester en Production avec une auto plus performante lui permettant de viser le titre, il choisira de se tourner vers la Formule Renault : « Il apparaissait que c’était le meilleur compromis performance / budget. De plus la classe DE/7 est une catégorie dans laquelle évoluent des jeunes très rapides, ainsi que des anciens plus expérimentés, et ça me semblait être un sympathique challenge que de me jauger par rapport à eux. L’autre avantage de la Formule Renault, c’est que l’on dispose à peu près tous du même matériel, ce qui permet de faire des comparaisons plus justes et de savoir que c’est vraiment le pilote qui fait la différence. »
Ce n’est pas une acquisition mais plutôt un échange qui permettra à Antoine Uny de disposer d’une Formule Renault. En effet, c’est Marion Airieau, Championne de France Production 2ème Division en 2015, déjà au volant d’une Supercopa, qui disposait d’une monoplace dont elle voulait se séparer. Marion acceptait donc de laisser la Formule Renault dont elle était propriétaire contre la Seat Léon Supercopa avec laquelle Antoine s’était illustré ces dernières saisons.
En optant pour une monoplace Antoine Uny savait qu’il changeait d’univers. Son jeune âge ne l’empêche pas d’avoir suffisamment d’expérience pour intégrer qu’il allait devoir passer par une phase d’apprentissage : « Nous avons fait une révision de la voiture et ensuite, avec l’aide de Thomas Chavot, nous avons revu les réglages avant de faire une unique journée d’essais sur le circuit de Pouilly-en-Auxois », confie Antoine.
Avec à son palmarès des trophées FFSA de groupe A et N, des places dans le top 5 du Championnat Production, le talent d’Antoine Uny ne fait plus aucun doute, et on pouvait s’attendre à ce qu’il affiche des prétentions à l’heure d’aborder cette saison 2021 : « Bien évidemment j’avais l’espoir de signer de bons chronos, mais j’étais également conscient que j’avais tout à apprendre, qu’il allait falloir que je modifie ma façon de piloter. De ce fait, j’abordais la saison avec une certaine humilité et me fixant comme objectif de me rapprocher des meilleurs de la catégorie en fin d’année. »
Pour un pilote qui a toujours évolué en Course de Côte aux volants de Saxo, M3 et Supercopa, sans avoir couru en karting, le maniement d’une monoplace nécessite de se familiariser avec le comportement spécifique d’une auto radicalement différente : « J’ai toujours eu la passion du rallye, des berlines, mais la monoplace c’était à des années lumières de mes préoccupations initiales », avoue Antoine.
Rapidement sur le podium de sa classe
Pour débuter la saison, Antoine Uny engageait sa monoplace à Vuillafans, sur une épreuve proche de chez lui, qu’il apprécie, qu’il connait à la perfection et sur laquelle il s’est imposé en Groupe N et en Groupe A : « Et ce fut la course la plus difficile de ma vie ! En clair, j’avais tellement de repères enregistrés lorsque j’évoluais en Production, qu’il fallait que je me force à retarder les points de freinages, modifier les points de braquages. Cela nécessite une gymnastique du cerveau à laquelle je n’étais pas habitué, et que je vais rencontrer par la suite sur toutes les épreuves », analyse Antoine qui, finalement aurait peut-être été moins pénalisé s’il n’avait pas une énorme expérience en Production.
« En plus, la météo était capricieuse à Vuillafans. J’ai dû monter sur une route grasse en slicks, dont vraiment pas évident comme première approche de la Formule Renault. Ce fut compliqué à gérer », reconnait le Jurassien qui par la suite ne visionnera plus ses caméras embarquées de l’époque Seat, mais cherchera des caméras captées par des pilotes de monoplaces.
Sixième des Formule Renault à Vuillafans, Antoine Uny allait accrocher un premier podium de classe à Dunières en terminant derrière Etienne Pernot et Stanislas Coquet : « Cette édition était particulière car nous avons commencé les essais très tardivement à cause du brouillard. Sur la première montée d’essais, sur une route grasse, je me classe deuxième derrière Stanislas, de quoi être en confiance. » Par la suite, Antoine sera régulier puisque sur les montées de course, il signe trois chronos en 1’10’’8 : « C’est à la fois une bonne chose, mais également une frustration car je n’arrivais pas à améliorer tout en attaquant de plus en plus. Il fallait que j’admette que je devais rouler de façon plus ’’coulé’’. Malgré tout je suis satisfait du résultat final. »
C’est à Chamrousse que se poursuivait la saison d’Antoine Uny qui, comme à Dunières, terminait à la troisième place des Formule Renault, derrière Marc Pernot et à seulement sept dixièmes de Baptiste Tognet-Bruchet : « J’étais un peu dans ma même configuration qu’à Dunières, donc un peu frustré de ne pas parvenir à faire descendre mes chronos. De plus, à partir de Chamrousse, j’ai eu de grosses difficultés pour trouver des pneus, à cause d’une rupture de stock des gommes A315 de chez Avon. J’ai dû opter pour d’autres pneumatiques, mais sur la première montée de course dimanche matin je me suis fait une belle frayeur avec une auto qui a décroché dans le rapide. De ce fait j’ai remis les pneus d’essais qui n’étaient pas aussi performants, et donc je ne peux être que satisfait du résultat final. Et si cette saison il n’était pas envisageable d’aller chercher Etienne ou Marc (Pernot) le combat avec Baptiste était des plus intéressant. »
Un duel qui se poursuivait à Turckheim où Marc Pernot s’imposait en Formule Renault et où Antoine Uny se classait au second rang en devançant cette fois Baptiste Tognet-Bruchet d’une seconde sept : « C’est ma course référence de la saison. D’autant qu’en Production c’est une épreuve qui m’a rarement réussie, même si je m’y suis imposé en Groupe N et que j’ai terminé une fois deuxième derrière Francis (Dosières) en Groupe A. Mais cette année je me suis réellement libéré, j’ai compris beaucoup de choses sur le maniement de la Formule Renault, et sur six kilomètres signer des chronos à moins d’une seconde de Marc (Pernot) c’était très enthousiasmant. »
En conclusion de la saison, Antoine se hissait à nouveau sur le podium de sa classe à Limonest en terminant derrière Etienne Pernot et Baptiste Tognet-Bruchet : « Là j’étais vraiment au bout des pneus. Sur la première montée de course, j’ai bien failli tirer tout droit sur la première épingle droite, et dans le haut l’auto a décroché à plusieurs reprises. Evidemment, ça ne m’a pas incité par la suite à sortir la grosse attaque. La confiance n’était pas au rendez-vous, mais je sais que cela provient des pneus. »
Sélectionné pour prendre part à la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Antoine Uny allait découvrir la Montée des Sarmentelles sur laquelle il ne manquait pas de se mettre en valeur : « Cela faisait quelques temps que je n’avais pas eu l’occasion de rouler sur un tracé que je découvrais, j’étais donc content de saisir cette opportunité », confie Antoine. « Sur un parcours rapide mais qui manque cruellement de grip, je suis parvenu à tirer mon épingle du jeu malgré mes pneus passablement usés », ajouter le Jurassien qui termine deuxième de sa classe derrière Etienne Pernot mais devant Anthony Gueudry et Stanislas Coquet.
Progrès et bilan largement positif
On l’a vu, au fil des courses Antoine Uny a de mieux en mieux cerné le comportement de sa Formule Renault, ce qui s’est ressenti sur des chronos de plus en plus rapides. De quoi tirer un bilan largement positif de cette saison 2021 : « J’espérais me rapprocher des meilleurs de ma classe en fin de saison. C’est ce que je suis parvenu à faire à Turckheim et lors de la Finale de la Coupe de France de la Montagne. L’objectif est donc atteint, même si je suis conscience qu’il me reste encore quelques échelons à gravir. Et puis je n’avais jamais pris autant de plaisir en ce qui concerne le pilotage. Les sensations que procure l’auto sont exceptionnelles, c’est vraiment une vraie auto de course et je suis vraiment content d’avoir fait le choix de la Formule Renault. »
Durant sa première saison en Formule Renault, Antoine Uny a pu compter sur des soutiens qu’il tient à présent à remercier : « Un immense merci à mes parents qui sont toujours d'un grand soutien, à Marine ma copine, à Jean François Ganevat pour tous ses conseils et son aide, toute ma famille et mes amis qui me soutiennent à chaque course, et je n’oublie pas de remercier mon ami Alexandre Bole pour ses précieux conseils. Merci également à mes partenaires, Gauthier Charpente, JLC Distribution, Ardec Métal, Groupe Bouiller, Ferrier Tôlerie Fine, le Garage UNY, le Garage Canque, Facilacom. »
Antoine Uny est à présent impatient de débuter la saison 2022. Une saison sur laquelle il espère bien être au départ d’une dizaine de manches du Championnat de France de la Montagne : « Ce sera bien évidemment au volant de la Formule Renault, et j’espère que nous serons nombreux dans la catégorie. L’ambiance en Groupe A était top, notamment avec Jérôme (Janny) et Francis (Dosières), mais elle était également excellente en Formule Renault et j’espère qu’il en sera de même cette année. Je dois reconnaitre que j’ai été super bien accueilli par les animateurs du Championnat Sport », conclut Antoine.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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