S’il court aujourd’hui avant tout pour le plaisir, Alain Perraud ne manque pas pour autant de signer de très bons chronos qui lui permettent de se battre pour les podiums de sa classe. Au volant d’une Seat Léon Supercopa, il a vécu une saison 2021 qu’il qualifie de largement positive.
S’il est incapable de dire d’où lui vient sa passion pour la compétition automobile, Alain Perraud se souvient que tout gamin, lorsqu’il jouait aux billes avec son frère Maurice, ils avaient pour habitude de tracer un parcours s’apparentant à une spéciale de rallye. C’est dire que déjà les notions de vitesse et de trajectoire étaient bien ancrées dans leur esprit.
Dans les années 70, les règles n’étaient pas aussi drastiques qu’aujourd’hui, et lorsque l’on habitait à la campagne, comme c’était le cas d’Alain Perraud, on ne se privait pas de s’essayer derrière un volant avant même d’avoir obtenu son permis de conduire : « Dès l’âge de 14 ans je sillonnais les petites routes autour de chez moi, dans des coins reculés où personne ne serait venu me créer des problèmes. Disons qu’à l’époque c’était plus ou moins toléré », se souvient Alain.
Premiers rallyes en Autobianchi A112 Abarth
Difficile lorsque l’on a 14 ans de ne pas avoir envie de goûter aux joies du maniement d’une automobile, lorsque l’on a un frère de 10 ans son ainé qui se lançait dans la compétition. Au début des années 70 Maurice Perraud prenait part en effet à ses premières courses, et sera imité 10 ans plus tard par son cadet : « En 1982 j’ai voulu à mon tour m’essayer en rallye. » L’année de ses 20 ans, Alain faisait donc l’acquisition d’une Autobianchi A110 Abarth avec laquelle il s’engageait sur ses premiers rallyes : « C’était une auto pas très chère et qui roulait pas mal. Elle me permettait de l’utiliser au quotidien, de partir en vacances et de prendre part à des épreuves », se souvient-il.
Dans l’habitacle de la petite italienne, aux côtés d’Alain, on retrouvait Pierre Joly qui officiait alors en qualité de copilote : « Dès notre première course nous avons gagné notre classe, ce qui ne pouvait que nous inciter à continuer », confie Alain qui allait rapidement venir à la course de côte, discipline moins onéreuse. L’Autobianchi évoluait alors du groupe N au groupe A, avant que Pierre Joly n’achète une Volkswagen Golf GTI : « Nous avons continué en rallye, moi au volant, Pierre en copilote de sa propre voiture. »
En 1987, Alain Perraud rachetait la Golf de son ami pour la reconfigurer en Groupe F : « A partir de ce moment-là, je me suis concentré sur la course de côte, en m’engageant chaque année sur un ou deux rallyes près de chez moi. » Pour ce qui est de la côte on pouvait alors retrouver Alain Perraud sur de nombreuses épreuves régionales, mais également sur des manches du Championnat de France de la Montagne telles que Marchampt-en-Beaujolais, Dunières ou Limonest.
Après 10 ans de bons et loyaux services, la Golf laissait place à une Fiat X 1/9 dédiée exclusivement à la course de côte et engagée en FC : « Ensuite j’ai acheté une Le Gallen propulsée par un moteur de moto. Mais rapidement j’ai vendu la Fiat et cette Le Gallen pour acheter une Dallara F388 propulsée par un 1600 cm3 et avec laquelle j’évoluais en F2. » Après trois saisons passées dans le cockpit de sa F2 en 2008, 2009 et 2010, Alain portait son choix sur une Dallara F393 avec laquelle il animait le peloton de la F3 en 2011 et 2012. Viendra ensuite une F395 pour les saisons 2013 et 2014.
Lors de sa participation à la course de côte de Laussonne, Alain sortait de la route avec sa F3. Rien de très sérieux si ce n’est qu’il était contraint à l’abandon : « C’est alors qu’un ami m’a proposé de rouler en double monte avec lui avec une Funyo. Je n’avais jamais eu l’occasion d’essayer un Proto, et ça m’a bien plu. » A tel point qu’en 2015, Alain Perraud franchissait le pas et délaissait la monoplace pour tenter l’aventure avec une Norma M20B rachetée à Olivier Augusto.
Grave accident et arrêt de la compétition
Malheureusement, en 2016, sur la Course de Côte de Bettant, il était victime d’une violente sortie de route : « Je me suis retrouvé avec les jambes fracturées et j’ai bien failli être amputé d’un pied. Bien évidemment cela mettait un terme, que je pensais alors définitif, à mon implication en sport automobile… Comme m’a dit alors le chirurgien, ’’on a fait du puzzle pour sauver votre jambe, et il va falloir être patient’’. Mais déjà, sur mon lit d’hôpital, je suivais par internet les courses des copains. J’ai même fait du coaching à distance lorsque mon gendre était engagé sur une course de côte sur laquelle je m’étais imposé l’année précédente, pour lui expliquer comment aborder le tracé. »
Le virus de la course est plus fort que tout et quelques mois après, c’est avec son fauteuil roulant qu’Alain se rendait en spectateur sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du championnat : « A ce moment-là, je n’avais pas vraiment l’intention de recourir, et certainement pas d’imposer ça à ma femme et à mes filles. Mais en 2018, sur une épreuve, j’entends dire que les Seat Supercopa n’avaient pas de d’embrayage. Pour moi qui avais du mal à utiliser ma jambe gauche, ça pouvait être une opportunité non pas pour courir mais pour me faire plaisir en loisir. Lors d’une conversation, Thomas Chavot m’a alors expliqué le fonctionnement de sa Supercopa et m’en a dit le plus grand bien. Je me suis laissé tenter… »
Dix jours plus tard, dans le garage d’Alain Perraud on retrouvait donc une Seat Léon Supercopa MK2. Pour se faire la main, c’est en qualité d’ouvreur qu’il participait à la Course de Côte de Bettant, celle-là même sur laquelle il avait eu son grave accident : « C’était émotionnellement fort, et j’ai apprécié de voir la satisfaction de nombreuses personnes sincèrement contentes de me revoir derrière le volant. C’était, comme le disait alors Gilles Gaillard, un ’’beau clin d’œil à la vie’’, pour quelqu’un comme moi que l’on n’aurait jamais imaginé revoir sur une course de côte. »
Alain Perraud relançait sa carrière sportive en 2019, avec la ferme intention de prendre énormément de plaisir au volant. En 2020, il s’engageait sur le Championnat de France de la Montagne 2ème Division, pour une saison à l’issue de laquelle il se classait 7ème du Production. En 2021, il franchissait une étape supplémentaire en intégrant le peloton des Supercopa sur le championnat : « J’avais envie de prendre part à l’intégralité du championnat, pour voir, me faire plaisir, découvrir de belles épreuves et en essayant de ne pas me faire larguer face aux nombreuses Groupes A qui évoluaient cette saison sur le CFM. » Malheureusement, un petit souci de santé nécessitant la pause d’un stent, l’obligeait à renoncer à s’engager sur La Pommeraye et Vuillafans.
Plusieurs podiums de classe
La saison d’Alain Perraud débutait donc à Dunières où il parvenait à accrocher le podium de sa classe en terminant troisième du A/5 derrière Geoffroy Bouhin et Nicolas Granier : « J’étais plutôt très content du résultat puisque je devançais des garçons comme Thierry Tierce ou Pascal Derré. C’est un très bon début de saison. »
Alain Perraud allait récidiver à Marchampt en terminant à nouveau au troisième rang du A/5, mais cette fois en n’étant pas épargné par les problèmes : « Sur la première montée de course je tombe en panne, l’auto s’est mise en sécurité et le moteur a coupé. Sur la deuxième montée je parviens à signer un chrono dans les temps de Geoffroy et Nicolas, ce qui me contentait pleinement. Mais sur la troisième montée, je casse l’autobloquant dans l’épingle, j’ai continué, mais je perds du temps. Malgré tout je ne m’en sors pas trop mal sur une course que je connais très bien et que j’apprécie. »
Sur le Mont-Dore, Alain ne parvenait pas à réaliser le même de genre de performance, mais tire une légitime motif de satisfaction du fait qu’il a pu améliorer ses chronos : « Je suis plus rapide que lors de la dernière édition, mais j’ai encore du boulot pour être réellement bien sur cette course », analyse le Rhodanien qui ne compte que deux participations à l’épreuve auvergnate. « J’ai donc encore beaucoup à apprendre, mais je ne désespère pas. »
Le week-end à Chamrousse se passait sans encombre pour Alain Perraud qui terminait l’épreuve iséroise à la cinquième place de la classe A/5 : « Depuis le Mont-Dore, Sarah (Bernard-Louvet) était revenue à la compétition, et nous nous entendons vraiment bien avec elle et Rémi, son conjoint. De ce fait nous avons passé un week-end très sympa. »
Le tracé de Turckheim allait avoir raison d’Alain Perraud qui, sur la deuxième montée de course partait à la faute. Cela ne l’empêchait pas de se classer une nouvelle fois au cinquième rang de sa classe : « J’ai pu terminer la montée, mais j’ai pris conscience que les dégâts étaient plus importants que ce que je pensais, ce qui m’a empêché de m’aligner au départ de la dernière montée. » C’est un tête-à-queue qui sera à l’origine de la déconvenue d’Alain qui se retrouvait avec l’arrière de sa Seat passablement endommagé. « Il y avait pas mal de boulot et je pensais ne pas être au départ de Limonest. Mais le soir, en discutant avec Abel (Sahoui) j’ai appris que la Supercopa MK3 avec laquelle il roule était à la vente. Je lui ai donc proposé de me reprendre la mienne et de lui acheter la sienne. Du coup j’ai réparé pour Limonest ce qui me permettait de comprendre pourquoi j’avais du mal sur cette épreuve. »
La peinture de sa Supercopa à peine sèche, Alain Perraud retrouvait Limonest avec la ferme intention d’améliorer ses chronos : « En fait, le truc c’est d’oser enclencher une vitesse supplémentaire sur la majorité des virages, pour passer plus ’’coulé’’. J’ai compris qu’en essayant d’attaquer de manière incisive sur ce tracé, tu lâches du temps. Finalement ça a bien marché et j’améliore nettement mes chronos », commente Alain qui termine au pied du podium de sa classe.
Pour conclure la saison, Alain Perraud prenait part à la Finale de la Coupe de France de la Montagne. Mais pour l’occasion, ce n’est pas avec sa Seat Léon Supercopa MK2 qu’il affrontait la Montée des Sarmentelles, mais avec la MK3 au volant de laquelle on le retrouvera en 2022 : « Bien évidemment, j’avais l’obligation de la ramener en entier. Ce qui explique la prudence dont j’ai pu faire preuve, notamment sur les essais et la première montée de course. J’ai essayé avant tout de comprendre le fonctionnement de l’auto, de bien cerner son maniement. Sur la deuxième montée, je signe un chrono proche de celui de Jérôme Janny, qui est une référence. Et au final je termine sixième du groupe, sachant qu’excepté Julien Dupont qui en tête avait creusé l’écart, nous sommes tous à quelques dixièmes. Pour une découverte de la voiture, il y a de quoi être content. »
Quatrième du Challenge Open A/5 Alain Perraud est totalement satisfait de cette saison 2021 : « Quand on sait par où je suis passé, me retrouver derrière le volant pour prendre part au championnat ça ne peut être que du bonheur. Pour moi c’est une totale satisfaction, et tant que je ne prendrai pas des ’’valises’’, je serai toujours là. »
Alain Perraud court avant tout pour le plaisir, un plaisir qu’il veut partager avec ses soutiens : « Un immense merci à mes partenaires, D2B Consulting à Lyon, au Garage Peugeot Chapolard à Grézieu-la-Varenne, à Quality Propreté la société de nettoyage de ma fille Laura, à la Plomberie Le Gone Sahuc, et Maxade Service la société de Pierre Joly. Merci également à ma femme Sandrine qui officie à présent en qualité de mécano et à Sarah et Rémi (Bernard) qui nous ont donné de précieux coups de mains, et bien évidemment tous les copains de la course de côte. »
En 2022 c’est donc au volant d’une Seat Léon Supercopa MK3 qu’Alain Perraud sera au départ du Championnat de France de la Montagne : « Avec l’arrivée de nouvelles voitures, on devrait avoir à nouveau un beau plateau en Groupe A. Je vais essayer de prendre part à un maximum de course, la totalité du championnat si je peux, en fonction des budgets dont je disposerai. Et puis j’irai peut-être faire un tour du côté du circuit, en engageant ma Seat sur des épreuves du TTE… Mais en gardant à l’esprit que ma discipline de prédilection reste la côte où je m’épanouis pleinement », conclut Alain.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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