Animateur du Championnat de France en 2012 et 2013, Thomas Clausi faisait cette année son retour au volant d’une Dallara F307. Un retour réussi, qui permet au Varois d’engranger avec ses amis d’inoubliables souvenirs, et signer de très bons résultats sur les sept épreuves auxquelles il a pris part.
Même s’il n’a jamais eu l’occasion de s’installer derrière le volant d’une voiture de course, Pascal Clausi, le père de Thomas, a transmis à son fils le goût des belles automobiles. Et si le jeune varois n’a pas eu l’occasion durant sa prime jeunesse d’évoluer dans un environnement où la compétition automobile avait une place de choix, ses fréquentations l’attiraient inexorablement vers le sport auto. ’’Qui se ressemble s’assemble’’ dit l’adage, ce fut le cas pour Thomas, qui comptait parmi ses amis Pascal Jegu et René Paulin, animateurs des Courses de Côte de la Région PACA.
Pour Thomas, hors de question de louper une édition de la Course de Côte organisée chez lui, dans le village du Muy, et qui lui permettait de côtoyer au plus près les bolides qui faisaient son admiration. En attendant d’avoir le permis, et de pouvoir à son tour affronter les pentes des courses de côte régionales, Thomas pratiquait en loisir le motocross, histoire d’avoir une première approche de la mécanique.
L’attrait pour le pilotage le poussait par la suite à pratiquer, toujours en loisir, du karting. Mais en 2007, à 19 ans, n’y tenant plus, Thomas faisait l’acquisition d’une Martini propulsée par un moteur 1300 cm3 : « Pascal et René courraient en monoplace, et ils m’ont donc motivé pour que je les suive dans cette voie. J’ai alors fait un petit crédit pour acheter cette monoplace et je me suis engagé sur la Course de Côte de Gassin. Après cette première participation au mois de juin, j’ai enchaîné et j’ai pris part à treize épreuve cette année-là. » Le virus était fortement implanté, les week-ends de Thomas Clausi étaient essentiellement consacrés à la compétition automobile : « En 2008 j’ai participé à vingt-et-une courses de côte, en régional, mais pas seulement dans la Région PACA, mais aux quatre coins de France », se souvient-il.
Fin 2008, Thomas se séparait de sa Martini pour faire l’acquisition d’une F3 : « Mais je n’ai jamais couru avec, je l’ai rapidement échangé contre une Clio Williams parce que j’avais envie de faire du rallye. » Malheureusement l’expérience tournait court, puisque Thomas était victime d’un accident en essais, avant même de prendre part à son premier rallye. Il mettra un an à remonter sa Renault, et durant ce laps de temps, il ne prenait part qu’à deux slaloms aux volants de voitures gentiment prêtées par des amis.
La course, une histoire d’amitié
Amis qui incitent à courir, amis qui prêtent des voitures, chez Thomas Clausi la course automobile est avant tout une histoire d’amitié. Aujourd’hui encore, son crédo reste avant tout le partage. C’est d’ailleurs pour cela que Thomas ne peut courir autrement qu’en équipe, entouré de ses amis et de celle qui partage sa vie, Mélody. « Si j’ai pu prendre part à cette saison 2018, c’est grâce à Jean-Pierre Ruga, puisque la F3 au volant de laquelle j’évolue lui appartient. Là encore, c’est une belle histoire d’amitié, puisque sa seule motivation vient du fait qu’il croit en moi », veut rappeler Thomas.
En 2010, la Clio étant en mesure de rouler, Thomas Clausi prenait part à trois rallyes, « trois participations qui se sont soldées par trois abandons mécaniques », se désole-t-il. La page de la Clio se tournait sans lui avoir laissé de souvenir impérissable, et c’est au volant d’un Proto que l’on retrouvait Thomas : « En fait, mon grand-père m’a aidé pour que je puisse m’acheter une Norma. Et bien évidemment je me suis redirigé vers la Course de Côte. »
En 2011, le Varois allait aligner en régional de nombreuses victoires de groupes et de classes, et faire ses premières apparitions sur le Championnat de France de la Montagne. Cette même année 2011, on pouvait voir sa Norma au départ de quatre manches inscrites au calendrier. Il étoffait un peu plus ses participations l’année suivante en s’alignant sur six épreuves. En 2013, Thomas retrouvait le volant d’une F3 sur sept épreuves du Championnat, ce qui lui permettaient, malgré un calendrier réduit, de remporter le Trophée Lionel Régal qui récompense le Meilleur Jeune.
La saison 2014 sera elle consacrée à des épreuves régionales : « Mélody était enceinte, et l’attente de Thiméo était la priorité de la saison. Mais j’ai pu me qualifier pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne, sur laquelle je termine septième. » En 2015, Thomas repartait pour une campagne en régional, en ajoutant à son calendrier les épreuves de Bagnols-Sabran, Vuillafans et Chamrousse : « J’ai signé quelques victoires en régional cette année-là, et j’ai vendu ma voiture à la fin du mois d’août pour acheter une F3 plus récente. Mais au dernier moment, le vendeur n’a finalement pas voulu se séparer de sa voiture. Je me retrouvais à pied, et j’ai donc décidé de revenir vers le rallye. »
C’est au volant d’une Peugeot 206 que, fin 2015 et début 2016, Thomas Clausi exprimait ses talents de pilotes : « Cela m’a permis de signer quelques bons résultats sur des épreuves de ma région et de participer à deux reprises au Rallye du Var. » Une épreuve de fin de saison qui est devenue pour l’Azuréen un rendez-vous incontournable : « Je pense qu’à ce jour, j’ai dû participer au Rallye du Var à cinq ou six reprises. »
Mais s’il évoluait en rallye, Thomas Clausi n’en délaissait pas pour autant la côte. « En 2016, j’ai dû prendre part à deux ou trois côtes au volant de la Norma que m’a prêtée mon ami Jean-Pierre Ruga. » A la fin de cette saison, l’achat d’une maison incitait Thomas à vendre sa Peugeot 206. Mais le virus de la compétition lui interdisant d’arrêter, c’est en double monte avec Jean-Pierre Ruga qu’il décidait de rouler en 2017 : « Ça m’a permis de me qualifier pour le Finale disputée à Quillan, et sur laquelle je termine onzième. Ensuite, comme je venais d’acheter une maison et que je n’avais pas les moyens de monter un programme sur le championnat pour 2018, Jean-Pierre m’a proposé de m’acheter une F3 pour que nous n’ayons plus à rouler en double monte. De mon côté, j’ai fait l’acquisition d’un camion pour pouvoir transporter ses voitures. »
De gros efforts pour un vrai plaisir
Au volant de sa Dallara F307, Thomas Clausi avait la ferme intention de bien figurer au classement du Challenge Open F3, « mais pour cela il aurait fallu que je sois présent sur les épreuves de l’Ouest, mais l’éloignement géographique est particulièrement pénalisant pour nous, et c’était impossible. » L’inscription de Thomas et Mélody Clausi s’est faite cette saison en toute dernière minute, le couple étant conscient qu’il faudrait consentir de gros efforts pour assumer des déplacements très éloignés de chez eux : « On a voulu relever le défi, en acceptant les sacrifices parce qu’on savait que cela nous apporterait de belles satisfactions. Nous courrons en équipe et j’ai donc motivé Magaly (Giorgian) pour qu’à son tour elle s’engage avec nous. »
Pour Thomas il n’était pas question de faire les choses à moitié, son investissement sur le Championnat ne pouvait se faire au rabais : « Il n’était pas question que j’arrive le vendredi soir pour prendre part aux essais le lendemain. Je tiens à faire les choses dans les règles de l’art, et donc arriver en avance pour pouvoir reconnaitre, être réellement opérationnel pour la course. »
Successions de belles prestations
Même s’il a été victime d’une petite touchette lors de la deuxième montée de course, Thomas Clausi garde un bon souvenir de la première manche de la saison disputée à Bagnols-Sabran : « C’était un peu compliqué avec les conditions. Et pour une première sans trop de roulage et sous la pluie, c’est une bonne entrée en matière. »
A l’arrivée du Col Saint-Pierre, c’est à la cinquième place des F3 que l’on retrouvait Thomas Clausi, un résultat qui ne peut que satisfaire le Varois : « J’ai devant moi Billy Ritchen, David Guillaumard, Alban Thomas et Nicolas Verdier, des gars qui ont dû faire cette épreuve un minimum d’une dizaine de fois et qui, pour certains, disposent d’autos de dernière génération. Donc il n’était pas envisageable de les devancer. J’améliore mon chrono de plus de cinq secondes, je suis donc ravi... J’ai vraiment eu un déclic cette année, c’était une épreuve que je n’aimais pas, et qu’à présent j’adore, et sur laquelle on me reverra, c’est sûr ! »
Victime d’une casse mécanique sur une épreuve régionale avant de se rendre à Marchampt, ce n’est donc pas dans les meilleures conditions que Thomas Clausi abordait cette épreuve dans le Beaujolais : « J’ai eu un gros problème d’autobloquant tout au long du week-end, j’ai également galéré dans les rapports de boîte. Je ne pouvais pas espérer grand-chose, mais je suis tout de même satisfait d’avoir pris part à cette course. »
Thomas serra nettement plus en verve à Vuillafans, où il plaçait sa Dallara à la sixième place des F3 : « J’ai vraiment adoré… On a passé un excellent week-end, en améliorant mes chronos sur chaque montée, tout s’est vraiment très bien passé. »
Le prochain rendez-vous de Thomas Clausi sur une manche du Championnat ne lui apportera pas les mêmes satisfactions. Sur le Mont-Dore, le Varois prenait part aux essais avant d’être contraint par la suite à l’abandon : « C’était un des rendez-vous attendus de la saison, et je prends un gros coup au moral, » confie Thomas qui cassait sa boîte de vitesses. « Un déplacement de 700 kilomètres pour faire deux montées d’essais, c’est difficile à encaisser. »
Heureusement, Thomas allait pouvoir retrouver de sa superbe sur le tracé alpin de Chamrousse, où il se classe cinquième parmi la meute des F3 : « Je revenais de Crest – Divajeu où je m’étais imposé au scratch, ce qui est toujours bon pour le moral. Je signe un bon résultat qui me va très bien, d’autant que nous étions près de Grenoble, chez Jean-Pierre, et que tout était réuni pour que l’on fasse la fête. »
A Limonest, Thomas Clausi allait connaitre le même genre de week-end : « C’est toujours un peu frustrant d’être devancé, mais je suis très près des vainqueurs, qui disposent d’autos plus performantes, donc je n’ai rien à redire. Là encore j’ai passé un bon week-end. »
En parallèle de sa saison sur le Championnat, Thomas Clausi a pris part à plusieurs courses régionales sur lesquelles il accrochait systématiquement la deuxième place. Ce sera le cas au Luc, à Bouc Bel-Air, à Vernègues, au Muy, et à Barcelonnette. Thomas prendra part à Saint-Savournin au volant de la Norma MF20 de Jean-Pierre Ruga, et se classait cinquième. Il terminera la saison par une victoire au scratch, avec sa F3, sur les 48 heures de Crest – Divajeu.
Qualifié pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne à Urcy, Thomas Clausi, terminait sixième, deuxième de son groupe à seulement 71 millièmes de Steve Zerafa : « Ça n’a rien de frustrant, parce que 71 millièmes c’est l’écart du facteur chance. Je me suis battu tout au long du week-end en étant dans le coup, très près des premiers, donc je n’ai rien à regretter. »
Une belle saison entre amis
Pas de regret non plus à s’être engagé sur le Championnat cette saison, et à l’heure de faire le bilan, Thomas reconnait avoir vécu de très bons moments : « Mon rêve depuis que je suis tout petit c’est d’avoir une équipe avec qui je peux partager ma passion. Cette année, ce rêve est devenu réalité, en ce sens l’objectif est totalement rempli », avoue Thomas. « L’équipe, c’est avant tous les amis, puisque courent sous ma structure, Magaly, Jean-Pierre, Mélody et moi, et bien évidemment nous avons engrangé des souvenirs inoubliables dans une ambiance toujours festive. C’est pour moi la priorité, je ne fais pas autant de kilomètres pour me prendre la tête, la compétition reprend ses droits quand on met le casque, mais la priorité c’est avant tout la convivialité. » Satisfaction donc pour Thomas qui ne voit qu’un seul bémol à sa saison : « Je n’ai qu’un regret, c’est que l’on ne récompense que les deux premiers de chaque classe, même lorsque l’on est vingt au départ. Sans parler obligatoirement de prix, mais au moins de permettre au trois premiers d’accéder au podium. Il en est de même pour les féminines, c’est un peu dommage que seule la première soit récompensée, un bouquet de fleurs pour les deux suivantes ferait plaisir. »
A l’heure de faire le bilan, Thomas ne veut bien évidemment pas oublier tous ceux qui furent de près ou de loin impliqués dans sa saison : « Avant tout j’ai une pensée toute particulière pour ma femme, Mélody. Je suis super fier de sa saison, de ce qu’elle est parvenue à faire, et j’ai bon espoir qu’elle poursuive dans cette voie. Pour le reste, je tiens à remercier deux personnes en particulier, sans qui il me serait impossible de courir, mon papa et Jean Pierre Ruga. Je tiens à remercier également mon préparateur Roger Peracchia, mes amis pilotes Pascal Jegu, Jean Claude Morel et Alain Godi qui sont toujours présents quand je suis dans la galère. Un énorme merci à mes fidèles potes mécano et chargés de l’intendance, sans qui on ne pourrait rien faire tous les week-ends (Titi, Benji, Jérémy, Raphy, Jimmy et Jessica). Merci à ma famille et amis de nous suivre et de nous supporter durant chaque week-end. J’aurais une mention spéciale pour mon pépé, parti trop tôt, et qui est pour beaucoup dans cette aventure, car grâce à lui j'ai pu acquérir une bonne partie de ce que j'ai aujourd'hui. Je conclurai par mes partenaires qui ont financé ma saison : Calabuig Peinture, Jean-Pierre Ruga et ses sponsors, l’Écurie Sainte Maxime et l’ASA du Luc. »
Pascal Clausi, le papa de Thomas, a décidé de prendre sa retraite et de confier les rênes de son entreprise à son fils : « De ce fait j’ai à présent moins de temps disponible, et je ne pourrai donc pas repartir pour une saison sur le Championnat. Je ferai malgré tout quelques apparitions, sur les courses les moins éloignées de la maison, et au mois d’août au Mont-Dore et à Chamrousse parce que nous sommes en congés. Après, je réfléchi à la possibilité de m’engager sur le Championnat 2ème division. Pour le reste, le rallye me manque, et j’aimerais bien m’aligner au départ de deux ou trois épreuves en 2019 », conclut Thomas.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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