Serge Thomas fait douter les jeunes talents

Durant cette saison 2018, les jeunes espoirs de la Course de Côte avaient la ferme intention de monopoliser les premières places de la classe CN/2. Toutefois, ils ne cachaient pas tant leurs inquiétudes que leur respect envers Serge Thomas, qui se présentait comme un adversaire de poids. Et effectivement la ’’jeune garde’’ a eu raison de douter, puisqu’à l’heure de faire les comptes, on retrouve Serge Thomas sur le podium du Challenge Open CN/2.

Pourtant, l’objectif initial de Serge Thomas n’était pas de défier ses jeunes adversaires mais de réaliser un rêve, celui de prendre part à l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne. Nouveau retraité, le pilote du Loiret a le privilège de pouvoir gérer comme il l’entend son temps libre, ce qui lui laisse la possibilité de s’investir dans sa passion pour la compétition automobile.

A la découverte du Championnat
« L’important est de participer » estimait Pierre de Coubertin. Pour 2018, Serge Thomas a fait de cette citation son adage : « Je voulais avant tout découvrir toutes les épreuves que je n’avais pas eu l’occasion de disputer », débute Serge. « C’était vraiment ma priorité, et avec René Leguyader, mon fidèle acolyte, nous ne nous sommes donc pas vraiment focalisés sur l’évolution de la voiture. » La Norma M20 FC conservait donc la configuration qui avait permis à Serge de s’illustrer l’an dernier, et notamment de se hisser sur la deuxième marche du podium à Vuillafans, derrière Sébastien Petit.

Serge est tout à fait conscient que pour optimiser ses chances de jouer les premiers rôles, il faut logiquement adapter sa monture à chacun des tracés du Championnat : « René gère seul la maintenance de la voiture, et il ne peut se permettre de modifier les rapports de boite, les réglages de suspension sur chaque course. On ne voulait pas se prendre la tête avec des modifications permanentes de réglages. Je disposais donc du meilleur compromis possible pour l’ensemble du Championnat, et j’ai fait avec, sans problème. »

Pour Serge, défier les jeunes espoirs de la discipline est toujours plaisant, même s’il lui semble logique d’être devancé par des talents en devenir : « L’âge avançant, je suis conscient qu’il m’est de plus en plus compliqué de rivaliser avec les plus jeunes. Je suis là avant tout pour me faire plaisir, et je ne voulais pas transformer ma saison en cauchemar en prenant des risques inconsidérés. Après, c’est toujours revalorisant lorsque l’on me dit que les plus jeunes me perçoivent comme un adversaire à prendre en considération. J’avoue que c’est plaisant quand un jeune pilote m’avoue qu’il a comme objectif de terminer devant moi… Et si je trouve normal d’être devancé, je pense qu’il n’en est pas de même lorsque c’est le contraire. C’est logique, il y a quelques années, je n’aurais certainement pas apprécié de me faire battre. »

A Bagnols-Sabran, lors de la manche d’ouverture de la saison, Serge Thomas ne prendra part le dimanche qu’à la première et la dernière montées de course : « J’avais commandé des pneus pluie que je n’avais pas reçus, et de ce fait, j’ai préféré m’abstenir de prendre le départ de la deuxième montée. Je découvrais cette épreuve, dont le tracé est assez impressionnant, notamment sur la partie du haut, et il n’était pas question de prendre des risques. Mais je garde un très bon souvenir de mon week-end. »

En ce début de saison, les deuxièmes montées de course ne réussissaient pas à Serge Thomas, qui sur le Col Saint-Pierre sera victime d’un tête-à-queue : « Rien de bien grave, mais cette épreuve est vraiment difficile à assimiler, et j’avoue que sur le haut du parcours, j’ai eu du mal à prendre mes marques. »

Kevin Durot, Julien Français, Maxime Cotleur, Corentin Starck, tel était le quatuor de tête à l’arrivée de la Course de Côte d’Abreschviller où, on le voit, la jeune génération phagocytait les débats. Mais Serge, qui découvrait le tracé lorrain, plaçait sa Norma au cinquième rang, dans le sillage des jeunes talents : « Après avoir visionné plusieurs vidéos, j’abordais cette épreuve avec un apriori, persuadé que ce tracé n’avait aucun intérêt. Mais la vidéo n’est pas le reflet exact de la réalité, et je peux dire que si c’est très court, ça reste très technique et particulièrement intense. J’ai donc pris beaucoup de plaisir sur cette épreuve. »

Premier podium de la saison en Normandie
A Thèreval, Serge Thomas allait connaitre son premier podium de classe en terminant troisième du CN/2 derrière Christopher Cappello et Anthony Le Beller : « C’est une épreuve que je connaissais et sur laquelle j’étais donc plus à mon aise. Tout s’est bien passé et je suis content du résultat. Je n’ai qu’un seul petit regret, c’est que nous ne nous soyons pas plus attachés à adapter les réglages de la voiture au tracé, ce qui m’aurait sans doute permis d’améliorer plus encore mon chrono. »

Le podium, Serge Thomas allait le toucher du doigt à La Pommeraye et à Saint Gouëno où, par deux fois, il termine au quatrième rang : « Face aux ’’gamins’’ qui sont intouchables, je ne peux qu’être pleinement satisfait de ma position. A Saint Gouëno, pour ma première participation, je suis dans les temps signés par Julien Français qui s’était imposé l’an dernier. Donc je ne peux qu’être satisfait. »

La Course de Côte de Marchampt n’allait pas apporter à Serge les mêmes satisfaction, et au final, c’est à la septième place du CN/2 que l’on retrouvait le pilote du Loiret : « On s’est totalement ’’vautrés’’ dans les rapports de boîte de vitesses. Nous n’avons rien voulu changer, et je manquais cruellement de vitesse de pointe. Je me suis trainé ce handicap durant tout le week-end », regrette Serge.

En 2017, à Vuillafans, Serge Thomas avait réalisé l’exploit de terminer sur la deuxième marche du podium. Cette année, sous un soleil de plomb, il ne pouvait contrer la jeune garde, et il termine finalement cinquième : « Je garde de cette édition 2018 un excellent souvenir, car c’est une course toujours impressionnante, que tu appréhendes avant d’y aller, et à l’issue de laquelle tu es hyper content d’avoir terminer ton week-end en maitrisant ce parcours. Pour ce qui est du classement, j’aurais peut-être pu faire mieux, car j’ai été arrêté au drapeau rouge sur la dernière montée, et je n’ai pas voulu reprendre le départ alors que la piste était peut-être la plus rapide à ce moment-là. Mais bon, c’est comme ça ! »

Dunières allait nous offrir un podium identique à celui du Challenge Open CN/2 2018, puisque Julien Français s’imposait devant Maxime Cotleur et Serge Thomas : « Là encore je découvrais le tracé et je signe un temps relativement correct pour une première. En toute franchise, je ne m’attendais pas à être aussi bien sur cette épreuve. Pour ce qui est du supposé manque d’adhérence, elle est la même pour tout le monde, et comme ailleurs, il faut juste s’adapter à la particularité du tracé. »

Une panne du boitier électronique qui commande la boîte de vitesse privait Serge Thomas de la troisième montée de course sur le Mont-Dore : « Ce fut la seule panne que j’ai rencontrée avec la Norma. Malgré tout, je suis satisfait de mon week-end, même si sur un parcours aussi long, je commence à forcer. »

Des obligations familiales obligeaient Serge Thomas à faire l’impasse sur Chamrousse, et c’est donc à Turckheim, où il montait une nouvelle fois sur le podium du CN/2, qu’il poursuivait sa saison : « J’ai amélioré mes chronos de deux secondes par rapport à l’année dernière, et j’avoue que je ne m’attendais pas à ça. Nous avions juste adapté la boîte de vitesse, et n’avons rien changé d’autres, et dans ces conditions c’est plutôt un très bon résultat. »

Signer un bon résultat, il n’en était pas question à Limonest, où Serge Thomas abordait cette ultime confrontation du Championnat en toute décontraction : « La voiture était vendue et je n’avais bien évidemment pas le droit de lui causer des dommages. Après, ce n’est pas ma course préférée, et je n’arrive pas à trouver le rythme. C’est un tracé sur lequel il faut laisser aller la voiture, je le sais, mais n’y pense pas toujours quand je suis derrière le volant. »

Troisième du Challenge, dixième du Championnat
Troisième du Challenge Open CN/2, dixième du Championnat de France de la Montagne, Serge Thomas ne peut être que satisfait de sa saison : « Le bilan est évidemment hyper positif, je suis ravi de cette saison. Mon principal regret c’est de ne pas avoir pu prendre part à la Course de Côte de Chamrousse. J’ai un autre petit regret, c’est de ne pas avoir pu modifier les réglages sur certaines épreuves du début de saison, car lorsque l’on adaptait la Norma à la configuration du tracé, comme ce fut le cas notamment à Turckheim, les chronos s’en ressentaient et je me rapprochais des premières places. »

Serge a donc pu relever un challenge qui lui tenait à cœur en prenant part à la quasi-intégralité des manches du Championnat cette année : « Ce qui m’a énormément plus, c’est d’avoir eu de très bons contacts avec tous mes adversaires, ça fait plaisir, et c’est même un des attraits importants de la discipline. Je m’imaginais que chacun courrait de son côté, que certains étaient inabordables, et j’ai rapidement vu que mêmes les ténors de la discipline, du côté du Team Petit comme du Team Schatz, tout le monde est accessible, il n’y a pas de gens méprisant ou hautain. J’ai vraiment apprécié la mentalité et l’ambiance qui est certainement meilleure sur le Championnat que sur beaucoup d’épreuves régionales. »

S’il est enchanté de sa saison, Serge n’a pas manqué de partager toutes ses émotions avec son fidèle comparse René Leguyader : « Je tiens sincèrement à le remercier, tout comme je veux remercier Eric Jenny, mon ami Patoune, mon ami Patrick et mon Claude. Un grand merci aux organisateurs, aux officiels, aux commissaires, à tous ceux qui s’investissent pour que vive le Championnat. »

Avant Limonest, Serge Thomas a vendu sa Norma, et 2019 aurait dû être pour lui une année sabbatique, avec la possibilité de revenir en 2020 : « Je voulais prendre le temps de voir comment allaient évoluer les choses avant de me décider sur le choix d’une voiture. Mais mon fils Emilien, a qui j’ai fait faire il y a quelques années quelques courses en circuit, m’a dit qu’il arrivait en âge où il avait envie à son tour de s’investir dans la compétition automobile. J’ai donc racheté le TracKing de Fabien Bourgeon, avec lequel il va courir, et je vais essayer de faire quelques courses à son volant. Pour le moment rien n’est arrêté, je peux aussi bien disputer quelques épreuves du championnat que considérer 2019 comme une année de transition. Une seule chose est sûre, je serai de retour en 2020. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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