C’est avec la ferme intention de remporter un Challenge Open, qui lui avait échappé de peu l’an dernier, que Jérôme Janny abordait cette saison 2018. Et il lui a fallu une bonne dose de détermination, pour parvenir à imposer sa Seat Léon Supercopa au sein de l’un des Challenges les plus disputés.
C’est au nombre de victoires, qu’en 2017, Francis Dosières remportait le Challenge Open A/4. Lui et Jérôme Janny étaient en effet crédités du même nombre de points, mais le plus titré des Montagnards en activité, comptait une victoire de plus que son adversaire. S’incliner de si peu ne peut que renforcer la motivation d’aller chercher la plus haute marche du podium. Et pour cette saison 2018, Jérôme Janny n’avait nullement l’intention de laisser passer sa chance.
Si l’an dernier Jérôme Janny découvrait sa nouvelle monture, l’année d’apprentissage lui avait permis de bien cerner le maniement de sa Léon, et il pouvait de ce fait afficher de légitimes ambitions à l’heure d’entamer la campagne 2018 : « En 2017, j’ai dû passer par une phase de mise au point de la voiture, mais également par la redécouverte de plusieurs manches du Championnat que je n’avais pas eu l’occasion d’aborder depuis de nombreuses saisons. Pour 2018, j’avais accumulé de l’expérience et suffisamment d’enseignements pour viser la victoire dans le Challenge. »
Le défi s’annonçait toutefois d’autant plus difficile à relever, que son rival de l’an dernier optait pour une toute nouvelle Seat Supercopa MK3, qui pouvait bien s’avérer plus performante que la MK2 avec laquelle Jérôme se relançait pour une nouvelle saison : « Mais finalement ce n’est pas tant la MK3 de Francis que je redoutais le plus, que l’arrivée d’Antoine Uny qui, en 2017 avait largement dominé le Groupe N au volant de sa BMW M3. Finalement je ne me suis pas trompé lorsque l’on voit la saison qu’il réalise. » Jérôme connait d’autant mieux son nouveau rival, qu’il est avant tout un ami, et que sur les épreuves, les deux pilotes sont inséparables dans les paddocks.
Des combats aux dixièmes de secondes…
Excepté le changement des disques et des plaquettes de freins, et d’une barre stabilisatrice qui avait donné des signes de faiblesse l’an dernier, la Supercopa conservait la même configuration pour débuter cette nouvelle campagne. C’est donc dans ces conditions que le Meusien se présentait au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison. Et sur cette première confrontation, Jérôme se voyait devancé par Antoine Uny d’une demi-seconde : « C’est la seule course que je n’avais pas disputée l’an dernier, et sur laquelle je n’étais pas venu depuis 2010. Il a donc fallu que je reprenne mes marques. Et puis le drame qui a frappé Steve reste toujours en mémoire, et si je suis venu cette année à Sabran, c’est plus pour réaliser une séance d’essais en condition de course que pour signer un résultat. Ma position finale m’importait peu, et de ce fait, je ne peux être que satisfait de mon week-end. »
Sur le Col Saint-Pierre, une fois n’est pas coutume, les Supercopa n’étaient pas les seules à viser la victoire. Au volant de sa Mitsubishi, le Gardois Guillaume Plan pouvait contrarier les prétentions des pilotes des Léon, et il ne s’en privera pas. Deuxième derrière la Mitsubishi de l’Alésien, Jérôme termine en tête des Supercopa : « C’était un week-end un peu spécial avec l’addition des deux meilleures manches. Nous avons disputé la première montée de course samedi, sous la pluie, et dimanche matin c’était encore un peu humide et j’ai signé le meilleur temps du groupe. Sur la dernière, compte tenu du cumul, je n’ai pas voulu trop en faire afin de ne pas ruiner mes chances. Finalement, je suis devancé par Guillaume Plan, mais je réalise une excellente opération au Championnat en marquant le maximum de points. Je suis juste un peu déçu pour Antoine, car c’est lui qui a signé le meilleur chrono du week-end, mais au cumul je suis devant lui. »
Le tracé d’Abreschviller ne permet pas de gros écarts, et comme chaque année c’est pour quelques dixièmes que se jouent les victoires de groupes. Pour cette édition 2018, Jérôme termine au troisième rang derrière Francis Dosières et Antoine Uny : « J’aurais pu faire mieux, mais sur la dernière montée où tout s’est joué, je loupe mon départ. Le moindre raté sur cette épreuve se paie cash, c’est comme ça. J’ai donné le meilleur de moi-même, et ce qui finalement me déçoit le plus c’est d’être un dixième moins rapide que l’an dernier alors que je disposais de meilleurs pneus et d’une meilleure connaissance de la voiture. Je suis finalement plus frustré par mon chrono que par ma position. »
Et en ce qui concerne la position, c’est à la pire des places que l’on retrouvait Jérôme Janny à l’arrivé de la Course de Côte de Thèreval, où sa Supercopa pointe à la quatrième place scratch, deuxième du groupe A, à 152 millièmes de Francis Dosières : « Le résultat est bon, même si bien évidemment j’aurais préféré terminer devant Francis. Mais nous nous sommes livré une énorme bagarre, je marque de gros points et finalement, en fin de saison, c’est certainement ce qui me permet de remporter le Challenge », analyse Jérôme en toute honnêteté.
La Course de Côte de La Pommeraye allait donner l’occasion à Jérôme Janny de signer son premier succès de la saison en devançant Antoine Uny de 459 millièmes : « Pourtant c’était très mal parti ! J’ai eu des problèmes de pompe à essence le samedi et une alerte qui s’allumait sur le tableau de bord. Sébastien Dupont m’a aidé à trouver l’origine de la panne. Pascal Derré disposait d’une pompe qu’il avait rachetée dans un lot de pièces, et qu’il m’a prêtée sans savoir si elle fonctionnait correctement. De ce fait je n’ai pas osé la monter pour la première montée du dimanche matin, et je termine deuxième du Groupe A. Nous avons monté la pompe de Pascal pour la deuxième manche, et j’ai pu constater que cela fonctionnait bien, même si j’ai été très prudent, comme je le suis chaque fois que l’on apporte une modification à ma voiture. Mais j’ai pu me lâcher sur la dernière montée pour aller chercher la victoire. » Un succès assorti d’un nouveau record, Jérôme améliorant celui qu’il avait signé ici-même l’an dernier.
A Saint Gouëno, où Jérôme Janny signait son deuxième succès de la saison, c’est avec plus d’une seconde d’avance qu’il devançait Francis Dosières et Antoine Uny : « Tout s’est joué sur la première montée du dimanche matin sur laquelle Antoine a fait une petite touchette. Sans cette erreur, je ne sais pas ce qu’il serait advenu. Mais je retiens avant tout que j’ai été vraiment dedans dès la première de la matinée, et que pour une fois que ça m’arrive ça vaut d’être noté », plaisante Jérôme. « Ce qui est avant tout sympa pour moi, c’est d’avoir assez nettement amélioré le record du groupe A. »
A Marchampt, tout allait également se jouer sur la première montée, mais cette fois c’est Francis Dosières qui devançait les pilotes de la jeune garde, Antoine Uny et Jérôme Janny : « J’ai commis une erreur de stratégie », estime Jérôme. « Lors de la campagne de l’Ouest, j’ai eu l’opportunité de vendre mes pneus d’occasions, qui me servaient normalement aux essais. A Marchampt, j’ai été contraint de prendre part aux essais avec des pneus particulièrement entamés, et je n’étais pas du tout à mon aise. Dimanche matin, en montant deux gommes neuves à l’avant, je n’étais pas bien avec le comportement de l’auto et à plusieurs endroits j’ai hésité, et ça fait un écart… » Un écart de huit dixième face à Francis, trois dixièmes face à Antoine, mais qui obligeait Jérôme à se contenter de la troisième place.
Arrivé à Vuillafans, Jérôme Janny, qui avait reçu une pompe à essence neuve durant la semaine, allait connaitre un souci avec cet élément, et ne pouvait pas de ce fait s’élancer sur les essais libres : « En fait j’ignorais qu’il fallait apporter une petite modification sur la pompe avant de la monter. Et je me suis retrouvé sur la grille de départ des essais libres avec un message d’erreur sur le tableau de bord. On a pu résoudre le problème, mais d’entrée de jeu, en faisant moins de manches que les autres, je me pénalisais », confie Jérôme. « Sur la première montée d’essais chronos, je me suis fait surprendre sur le freinage de la dernière épingle, et j’ai fait une touchette contre un rail. Rien de grave, mais sur la montée suivante l’auto a décroché à deux reprises, ce qui a altéré ma confiance. Dimanche matin, j’ai lâché trop de dixièmes à plusieurs endroits, et quand j’ai entendu le temps de folie réalisé par Antoine, je savais que c’était mort pour le reste du week-end », reconnait Jérôme qui termine à nouveau troisième du Groupe A.
Le combat sera à nouveau intense sur le tracé de Dunières où Antoine Uny viendra mettre tout le monde d’accord sur la dernière montée du week-end : « Il a fait ce que j’avais fait l’an dernier… J’avais pointé à la troisième place durant tout le week-end avant de coiffer tout le monde au poteau sur la dernière. Il a fait pareil et c’est moi qui me retrouve troisième », explique Jérôme sans se départir de son sourire. « Je suis tout de même satisfait car j’apprécie très modérément le tracé de Dunières sur lequel j’ai du mal à me lâcher. Je suis parvenu cette année à améliorer mes chronos, et à me faire plaisir. »
C’est pour six dixièmes de secondes qu’Antoine Uny devançait Jérôme Janny à l’arrivée du Mont-Dore. Sur une épreuve qu’il considère comme mythique, le Meusien ne cache pas sa déception : « Ce n’est pas tant ma deuxième place qui me déçoit, mais plutôt le fait d’être loin de mon chrono de l’an dernier. Je savais qu’il me serait difficile de battre mon temps de la précédente édition (2’46’’921, ndr), mais je ne pensais pas que j’en serais si loin », avoue Jérôme qui signe lors de cette édition 2018 un meilleur temps en 2’48’’339. « Là encore, le meilleur chrono s’est fait sur la première, et sur celle-là j’ai commis une petite erreur. Mais ce que je retiens, c’est qu’à ce stade de la saison, il était important que je devance Francis au Championnat, et j’y suis parvenu. »
A Chamrousse, même s’il est une nouvelle fois devancé par Antoine Uny, Jérôme Janny se dit satisfait de son week-end : « Nous avons bien roulé tous les deux, améliorés les records, mené un beau combat, j’ai de bonnes raisons d’être satisfait, d’autant que là encore je suis devant Francis, même si je commençais à me méfier du retour d’Antoine. »
C’est plus motivé que jamais que Jérôme Janny se présentait au départ de la 62ème édition de la Course de Côte de Turckheim. Le Meusien voulait impérativement s’imposer sur l’épreuve alsacienne, et il allait d’entrée de jeu frapper très fort : « Je suis parvenu à être sur un bon rythme aux essais, ce que j’ai du mal à faire d’habitude – il va d’ailleurs falloir que je me concentre là-dessus – et de ce fait j’ai pu être très bien sur la première montée de course. Pourtant j’étais très stressé au départ, mais une fois que je me suis élancé sur la longue ligne droite, je n’ai plus pensé à rien et je me suis lâché jusqu’au bout, totalement dedans ! » Résultat : c’est avec plus de deux secondes d’avance que Jérôme s’impose sur ses adversaires.
Thomas Chavot viendra s’immiscer dans les débats à Limonest, où il imposait sa Supercopa devant celles d’Antoine Uny et de Jérôme Janny : « Mon seul objectif était de m’intercaler entre Antoine et Francis, ce qui me suffisait pour terminer en tête du Championnat, je ne visais donc pas la victoire et je n’ai pas tenté le diable. Quand j’ai vu que Francis était un peu en retrait, j’ai géré du mieux que je pouvais. »
Vainqueur du Challenge Open A/5
Cinquième du Championnat de France de la Montagne, Jérôme Janny remporte à l’issue de cette saison 2018 le Challenge Open A/5. Mais ce n’est pas pour autant qu’il s’avoue pleinement satisfait de sa saison : « Je suis ravi d’avoir remporté le Challenge, mais moins content de cette saison que de la précédente. L’an dernier, j’ai signé plus de victoires de groupe, et surtout je ne m’attendais pas à un tel résultat pour ma première saison avec la Supercopa. Cette année, je visais le titre, et finalement si je parviens à le gagner, je retiens qu’il y a certaines courses sur lesquelles je ne suis pas parvenu à m’imposer », analyse Jérôme. « Après, j’ai passé une superbe saison, en livrant de superbes combats à Antoine, toujours dans une excellente ambiance et un très bon esprit, en partageant nos week-ends. »
Antoine Uny n’est pas la seule personne avec qui Jérôme souhaite partager son titre : « Je voudrais remercier en premier mes parents qui ont fait le déplacement sur toutes les courses et souvent transporté la voiture. Remercier également ma compagne Coralie et ses parents, ma famille, en particulier Aude et Cédric, mon neveu Numa. Merci à mes amis, en particulier à Clément, Ulrich, Bertrand et Jérôme. Et enfin mes sponsors sans qui rien ne serait possible. Igol, S&C Peinture, Abi Electricité, P. Tabacchi, Urban TV, Le Restaurant Hôtel de Paris au Mont Dore, Garage du Centre au Mont Dore, Autovision Revigny sur Ornain, Gan Assurance à Bar-Le-Duc. »
Vainqueur du Challenge Open A/5, Jérôme Janny s’est posé la question en fin de saison sur l’opportunité de repartir l’an prochain ou bien d’arrêter sur un succès : « Je ne savais pas vraiment, mais Antoine souhaite poursuivre la saison prochaine, et il ne veut pas être seul, il m’a donc motivé pour que je sois à nouveau au départ. Donc, logiquement, je repartirai avec la Supercopa en 2019. »
Propos recueillis par Bruno Valette
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