Fidèle du Championnat de France de la Montagne, Jean Turnel continue de dominer le Groupe F2000. A 72 ans, le pilote de la Peugeot 306 n’a rien perdu de sa vélocité et de sa pugnacité, et remporte en cette fin de saison 2018, son second Challenge Open F2000 consécutif.
Jean Turnel est un pilote assidu, qui s’est fixé comme objectif de participer à toutes les manches inscrites au calendrier du Championnat. Seule deux choses peuvent venir perturber son programme sportif : Un problème technique sur sa 306, où la poursuite du périple qu’il a entamé depuis quelques années avec son épouse Colette et des amis, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
L’an dernier, c’est une sortie de route à Chamrousse qui avait mis un terme prématuré à sa saison, mais qui ne l’avait pas empêché de remporter le Challenge Open F2000. En fin d’année, Jean émettait le souhait de changer de monture, et de ce fait il décidait de ne pas réparer sa 306 et de tenter de la vendre en l’état.
Le pilote ligérien n’a pas trouvé preneur, et il entamait tardivement la réparation de sa Peugeot, afin de prendre part à une nouvelle campagne sur notre championnat : « Il m’a fallu trouver des pièces et réparer certains éléments de carrosserie, ce qui a pris un peu de temps. Nous avons remis à neuf les triangles et les transmissions, révisé la boîte et le moteur, mais pour le reste, excepté de nouveaux amortisseurs, je repartais dans la même configuration que lors de la saison précédente. »
Invaincu sur le Championnat
Vainqueur du Challenge Open F2000 2017, c’est avec la ferme intention de conserver son titre que Jean Turnel s’engageait cette année : « J’avais deux objectifs initiaux, celui de remporter à nouveau le Challenge, et celui de participer à douze des treize épreuves inscrites au calendrier. Finalement la voiture n’était pas prête pour les deux premières, comme prévu je ne suis pas venu à Saint Gouëno, et un nouveau problème mécanique m’a interdit de me rendre à Chamrousse », explique Jean.
Jean Turnel n’a pas pour habitude de mener des essais préparatoires en début de saison. Une fois sa 306 réparée, il se présentait au départ de la Course de Côte d’Abreschviller sans avoir mené le moindre test. Cela ne l’empêchait pas de signer un premier succès en terminant en tête des F2000 : « Le week-end s’est très bien passé, sans le moindre problème. Je regrette juste l’absence d’adversaires de poids en F2000. Il est clair que lorsque Samuel (Durassier) est absent, la concurrence est moindre. Dans ces cas-là, j’essaie de me lancer des défis en tentant de me battre avec les groupes N ou les groupes A. »
A Thèreval, Jean allait retrouver celui qu’il considère comme son principal rival, Samuel Durassier. Et à l’issue d’un combat acharné, la Peugeot 306 devance la Honda Civic de 639 millièmes : « C’était très sympa, nettement plus intéressant, et je me suis fait vraiment plaisir », reconnait Jean.
Les deux hommes devaient se retrouver à La Pommeraye, mais en proie à de fortes douleurs dans le dos, Samuel Durassier se verra dans l’obligation de renoncer, laissant Jean mener sa course et s’imposer avec plus de deux secondes d’avance sur la Renault Clio de Brice Pierrat : « Le manque de pression m’a incité à essayer des trucs, et je n’aurais peut-être pas dû, car j’ai tapé un rail sur la première montée de course. En fait j’ai voulu essayer de passer en cinquième un virage qu’habituellement je passe en quatre. L’auto a décroché de l’avant, et j’ai tapé. » Chanceux, Jean s’en tire avec quelques stigmates sur la carrosserie, et des trains légèrement déréglés. Tout rentrera rapidement dans l’ordre, ce qui lui permettra par la suite de signer de très bons chronos.
Face à Samuel Durassier, Jean Turnel décidait de mettre la pression à son adversaire d’entrée de jeu sur la Course de Côte de Marchampt : « J’ai un peu assommé la concurrence dès le matin en réalisant un excellent chrono », confie Jean qui reléguait alors Julien Bayle à près de deux secondes et Samuel Durassier à plus de trois secondes. « Par la suite, il se sont rapprochés, mais ne sont pas parvenus à revenir sur moi, et j’ai pu assurer la victoire. J’ai battu mon chrono des précédentes éditions de plus d’une seconde, et je me doutais qu’ils ne parviendraient pas à combler l’écart. Je suis donc pleinement satisfait de ma course. »
Même s’il signe un nouveau succès à Vuillafans, ce ne sera pas sans quelques inquiétudes, sa 306 lui donnant du fil à retordre : « J’ai connu le même scénario que l’année précédente, avec des coupures moteur intempestives. J’avais déjà eu une alerte au Beaujolais, ça s’est reproduit durant les essais à Vuillafans. Mais je suis parvenu à rouler, et vu le manque de concurrence j’ai pu m’imposer sans trop de problème. »
Le manque de concurrence sera encore plus flagrant à Dunières où s’est avec plus de quatre secondes d’avance que Jean Turnel s’impose : « Ce sont des victoires sans grand intérêt, je préfère nettement lorsque j’ai face à moi des adversaires qui m’obligent à me battre. »
Son principal rival, Jean le retrouvait à l’occasion du Mont-Dore, où Samuel Durassier engageait sa Honda Civic. Le duel tournait à l’avantage de la 306, mais pour seulement deux dixièmes : « Ce fut un week-end difficile. Ce n’est pas dans mes habitudes, mais sur la première montée de course, dimanche matin, j’étais fatigué. En milieu de parcours j’avais les bras tétanisés », se souvient-il. « Fort heureusement ça allait bien mieux sur la deuxième montée, car sur la troisième, le moteur a coupé à 500 mètres de l’arrivée et je ne suis pas parvenu au bout. Je pensais alors que Samuel allait me devancer, mais ça n’a pas été le cas. »
Après le Mont-Dore, Jean Turnel s’alignait au départ de la Course de Côte de Laussonne, mais un problème de boîte de vitesses allait le contraindre à l’abandon. Dans l’impossibilité de réparer dans les temps, Jean sera dans l’obligation de renoncer à prendre part à la Course de Côte de Chamrousse.
C’est donc à Turckheim que l’on retrouvait la Peugeot à la livrée rouge. Et là encore, Jean allait s’imposer assez largement : « J’ai connu un week-end sans le moindre problème, donc de quoi être pleinement satisfait, même si une nouvelle fois ça manquait de concurrence en F2000. »
Il était dit que Jean Turnel resterait invaincu cette saison sur le Championnat de France de la Montagne, puisqu’à Limonest, il imposait une nouvelle fois sa Peugeot : « Samuel était absent, mais face à des pilotes comme Julien Bayle ou Michael Gley, j’ai tout de même dû forcer un peu l’allure. Je termine la saison par un week-end sans souci, donc tout va bien. »
Ses excellents résultats permettaient à Jean Turnel de se qualifier pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne où, à Urcy, il retrouvait Samuel Durassier : « Et là c’est lui qui m’a battu… Samedi, j’étais loin devant tout le monde. Dimanche, sur la première montée, il faisait froid et je n’étais pas bien, et sur la deuxième j’ai été victime d’une casse d’un ressort de rappel de l’accélérateur. Sur un freinage, l’auto est restée en partie accélérée, et je suis parti sur une botte de paille. J’ai bien cru taper, mais finalement je suis parti en tête-à-queue sans rien toucher. Et sur la dernière montée, dans un virage, j’avais l’impression de ne pas avancer, et je me suis rendu compte que j’étais en trois au lieu d’être en deux… C’est la première fois que je ne parviens pas en course à réaliser mes chronos des essais, j’étais un peu perdu », plaisante Jean.
Le Challenge Open F200 à nouveau dans son escarcelle
Vainqueur du Trophée FFSA Groupe F2000, Jean Turnel était éligible pour les FIA Hill Climb Masters. Il sera donc à Gubbio, et repartira d’Italie avec de fabuleux souvenirs plein la tête : « C’était tout simplement génial ! Une ambiance de folie… Je cours depuis le début des années 70, et que ce soit en rallye ou en course de côte, je n’avais jamais connu ça. Ça m’a profondément touché et je ne regrette bien évidemment pas d’avoir fait le voyage. »
Pour la seconde année consécutive, Jean Turnel remporte le Challenge Open F2000 : « C’est une très belle saison pour moi car je me suis imposé, si mes souvenirs sont bons, sur toutes les épreuves que j’ai disputées cette année, en Championnat et en régional. Ça ne m’était jusqu’alors jamais arrivé, le bilan est donc particulièrement positif, je ne peux pas faire beaucoup mieux. »
Jean Turnel n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. L’an prochain il devrait remettre son titre en jeu en prenant part une nouvelle fois au Championnat de France de la Montagne : « Je pense repartir avec la 306, dans la même configuration. Je pourrais tenter de préparer un moteur plus performant, mais ça demande des investissements, et je ne suis pas sûr de disposer du budget. Et puis comme nous sommes parvenus au terme du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’an prochain je devrais pouvoir prendre part à la totalité du championnat. »
On devrait donc retrouver Jean Turnel sur l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier 2019, et toujours accompagné de son épouse, Colette : « Je tiens vraiment à la remercier, elle gère la logistique, m’apporte une aide précieuse pour l’assistance. Et un grand merci à tous mes adversaires pour leur aide, et la solidarité qui règne au sein de la discipline », conclut-il.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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