Même s’il avait marqué de son empreinte le Challenge Open Formule Renault lors de la saison 2017, à l’heure de faire les comptes, Kevin Petit pointait à la deuxième place. C’est donc avec la ferme intention de remporter ce Challenge qu’il s’élançait cette saison sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne. Objectif atteint, et de la plus belle des manières, puisque le jeune frère du Champion de France est resté invaincu cette année.
L’esprit de compétition est inscrit dans les gènes de la famille Petit. A l’instar de son grand frère, lorsque Kevin s’installe au volant de sa monoplace, c’est avec la ferme intention de s’imposer. Rien d’étonnant donc à ce que le jeune sociétaire du Team Petit CroisiEurope affiche clairement ses prétentions en début de saison : « L’an dernier, compte tenu de mes résultats, il apparaissait que je pouvais prétendre à la première place. Le règlement a fait qu’il en a été autrement, mais pour cette saison 2018, je visais bien évidemment la victoire. »
Au volant d’une nouvelle Formule Renault
Kevin, qui a fêté ses 22 ans au mois de septembre, est conscient qu’il a encore beaucoup à apprendre. Mais dans son esprit, cette phase d’apprentissage ne s’oppose en rien au souhait de vouloir signer des résultats probants. En début de saison, Kevin Petit faisait donc l’acquisition d’une nouvelle Formule Renault, qui se devait d’être plus performante que la précédente : « Mon objectif était de pouvoir rivaliser avec Didier Chaumont et Jérôme Debarre qui, en plus de leur expérience, disposent de matériels compétitifs, contrairement aux quatre autres pilotes de la classe qui disposaient de Formule Renault ancienne génération. »
Sa nouvelle monture provenant du circuit, Kevin et son équipe mettait à profit l’intersaison pour lui offrir une configuration course de côte : « Avec Gillou, mon frère, Angelo, mon frère et mon père, nous avons bossé de nombreuses heures à l’atelier pour mettre la voiture au point. Je n’ai malheureusement pas pu effectuer beaucoup d’essais, car nous avions programmé une séance sur circuit, mais la pluie m’a empêché de travailler correctement. J’ai tout de même pu participer aux essais organisés à Malville par l’association Crey Passion Sport Mécanique, ce qui m’a permis de m’adapter à l’auto et notamment aux paddle-shifts. Pour le reste, j’ai pas mal révisé les vidéos pour me familiariser plus encore avec les tracés. »
Sept pilotes étaient engagés cette saison sur le Challenge Open Formule Renault, de quoi offrir aux observateurs de la discipline de belles confrontations : « J’étais content en début d’année de voir que le plateau s’était étoffé. Je savais que je devrais composer avec l’opposition de Didier Chaumont et de Jérôme Debarre, car sans dénigrer les filles et Alex (Bole) qui ont signé de belles performances, elles ne disposaient pas à mon sens d’autos aussi compétitives que celles de mes deux principaux rivaux. Finalement mon analyse semblait correcte, puisque Didier, Jérôme et moi-même avons amélioré les chronos signés par les Formule Renault jusqu’alors. »
Succession de victoires !
Kevin Petit allait connaitre sur le tracé de Bagnols-Sabran, première épreuve inscrite à son calendrier, des débuts difficiles. Lors des essais, il commettait une petite erreur avec son embrayage, ce qui fort heureusement n’allait pas engendrer de soucis supplémentaires : « Mais en fait, j’ai pris cette course à l’envers… J’ai signé de très bons chronos lors des essais, mais sur les deux premières montées de course je ne suis pas parvenu à améliorer. Heureusement, j’ai eu le déclic pour la dernière, ce qui m’a permis de me ressaisir et d’établir un nouveau record en Formule Renault. » Kevin signait donc à Sabran un premier succès en devançant Didier Chaumont de plus de trois secondes.
C’est en Lorraine, sur la Course de Côte d’Abreschviller, que l’on retrouvait ensuite Kevin Petit qui, là encore, aura du mal à rentrer dans la course : « Je ne parvenais pas à améliorer les chronos que je réalisais avec l’ancienne Formule Renault. Cela s’explique à mon sens par le fait que la nouvelle auto est plus rapide en courbe, mais pas en ligne droite, et sur un tracé comme celui d’Abreschviller, c’est pénalisant. Il m’a fallu du temps pour me mettre en tête que j’avais une grosse marge de progression en courbe. Finalement, je signe un chrono sympa sur la dernière montée, en battant le record face à Didier et à Jérôme qui allaient très vite. »
Vainqueur à Abreschviller, Kevin allait tenter de s’imposer à La Pommeraye, où il se retrouvait confronté à Estel Bouche et Jérôme Debarre : « Cela faisait très longtemps que je voulais faire cette course. J’apprécie tant le tracé, que Stéphane Besnier qui nous a toujours super bien accueilli. Et finalement cette épreuve va me laisser un fabuleux souvenir… Le combat fut d’une rare intensité avec Estel, qui a été très rapide durant tout le week-end. Au départ de la dernière manche, je pointais au troisième rang derrière Estel et Jérôme, et j’ai vraiment dû tout donner pour aller les chercher. Je n’ai appris ma victoire que lors de mon retour aux paddocks, quand j’ai vu l’ovation que m’offraient les membres du team. Ça me laisse un magnifique souvenir, un moment que je n’oublierai pas, j’adore ces victoires remportées après un beau combat », confie Kevin qui devance Estel Bouche d’un dixième et Jérôme Debarre de trois dixièmes.
Kevin se voyait proposer un autre beau combat en Bretagne, à l’occasion de la Course de Côte de Saint Gouëno, où il retrouvait Jérôme Debarre : « C’est une épreuve compliquée, et j’ai eu un peu de mal à me mettre dans le rythme, mais moins qu’à La Pommeraye », avoue Kevin. « Jérôme et moi avons tous les deux signés le record des Formule Renault, et je m’attendais à un combat épique sur la dernière montée. Finalement, la pluie est arrivée, interdisant toute amélioration. Je le regrette, car même si je gagne, j’aurais préféré mener le combat jusqu’à son terme. »
A Marchampt, c’est une grosse opposition qui attendait Kevin Petit, de quoi mettre la pression sur les épaules du jeune pilote. Une pression renforcée par la présence de Micaela et Roberto de LK Distribution (DEA), qui comptent parmi ses partenaires : « J’adore ce tracé, c’est une de mes courses préférées et je suis bien évidemment ravi d’être parvenu à l’emporter. L’an dernier je m’étais déjà imposé en me rapprochant du record, cette année je gagne à nouveau en signant un nouveau record, de quoi être pleinement satisfait » confie Kévin. « De plus, nous faisions la passe de trois avec la victoire de mon frère, le succès de Julien (Français) en CN/2, et moi qui m’imposais en Formule Renault. »
Si le tracé de Dunières ne fait pas l’unanimité, l’épreuve auvergnate est appréciée par Kevin Petit de par le fait qu’elle demande un pilotage précis : « Je m’étais déjà imposé l’an dernier et j’étais très content de rééditer cette année. J’ai battu mon propre record signé en 2017, de quoi être très satisfait », avoue Kevin qui évoluait ce week-end là sous le regard attentif d’Olivier Garcia de Tec'Chim, un de ses partenaires.
Chamrousse, c’est un peu la course à domicile pour Kevin Petit. Et le jeune isérois allait devoir batailler face à Arthur Fiard, pour décrocher un nouveau succès : « Je ne connaissais pas Arthur et et j’ai été très surpris par ses supers chronos », reconnait Kevin. « Même si je m’impose, je ne suis pas satisfait de ma course car j’ai commis beaucoup d’erreurs et je n’ai pas signé de très bons chronos. Chamrousse et l’une des premières épreuves que j’ai disputées en 2015, et je pense que je me suis trop mis la pression. »
La pression, Kevin allait avoir l’occasion de la ressentir à Turckheim, avec notamment la présence de Hervé Fabre de Air Froid, un autre de ses partenaires, mais également car c’est également un peu la course à domicile du team, par le biais de la famille Schmitter et de son ASA. Mais le jeune talent du Team Petit CroisiEurope sortait malgré tout vainqueur d’une confrontation qui l’opposait à Jérôme Debarre et Christophe Rosé : « Quel souvenir fabuleux ! C’est sur cette épreuve que mon frère remporte son second titre de Champion de France, ce qui me rend très fier, car vu le travail qu’il accomplit il le mérite vraiment. Pour ma part, je me suis battu sur l’ensemble des montées sur un tracé que je découvrais. J’étais en retrait tout le week-end et finalement, je suis parvenu à aller chercher le record et à devancer Jérôme et Christophe, et j’étais comme un dingue car sérieusement je n’y croyais pas. »
La saison de Kevin se terminait par un dernier succès obtenu sur le tracé de Limonest. Mais autant la victoire à Turckheim restera gravée dans son esprit, autant celle de Limonest ne lui laissera pas un souvenir impérissable : « C’est une victoire que j’ai un peu envie d’oublier. D’une part mes chronos ne sont pas excellents, mais surtout mon pote Arthur (Fiard) s’est sorti, et il n’a pas pu se battre le dimanche alors qu’il était plus rapide que moi aux essais. Ça fait toujours mal quand un pote casse son auto, et même si je ne suis pas sûr qu’au final je l’aurais devancé, je regrette sincèrement que nous n’ayons pas pu nous battre jusqu’à la fin. »
Au mois de juillet, entre deux manches du Championnat, Kevin Petit prenait part à une manche du 2ème Division, la Course de Côte de La Broque. L’occasion pour lui d’accompagner son frère Sébastien qui s’imposait sur cette épreuve, mais également de s’installer derrière le volant d’un Proto : « J'ai eu l'énorme privilège de piloter la Norma 2 litre que mon frère m'a prêté, un geste tellement généreux qu'il avait déjà fait lors de la course sur le Circuit de Bresse l'année dernière. Mais je dois dire que cette année, sur la Course de Côte de La Broque, que j'avais gagné en Formule Renault l'an dernier, c’était vraiment énorme. Je me suis tout simplement éclaté en terminant troisième de ma classe, une position dont je suis grandement satisfait. Je remercie énormément Sébastien pour ça, et pour avoir laissé, lui et Benjamin, leur place sur le podium scratch, un moment plein d’émotion qui m’a réellement touché. » Cinquième au scratch sur cette épreuve, Kevin terminait dans le sillage de deux pointures en Proto 2 litres, Etienne Pernot et Jérémy Debels.
Une saison inoubliable pour Kevin
Vainqueur de chacune des épreuves sur lesquelles il était engagé, Kevin Petit remporte le Challenge Open Formule Renault, de quoi tirer un bilan plus que largement positif de sa saison : « Je vois mal comment il pourrait être meilleur. J’ai remporté toutes mes courses en France, je me suis également imposé à Eschdorf, au Luxembourg, j’ai énormément appris, progressé, et j’ai pris un plaisir monstre. Le bilan de l’équipe est également fabuleux avec le second titre de mon frère et la victoire sur le Challenge Open CN/2 de Julien (Français) mais également une ambiance et une entente entre tous au top. Ce fut vraiment une saison de rêve, et je savoure pleinement mon plaisir car je suis totalement conscient que c’est quelque chose d’exceptionnel qui laisse de fabuleux souvenirs. »
Des souvenirs que Kevin veut partager avec tous ceux qui l’entourent et qui ont une part non négligeable dans sa réussite : « Un énorme merci à tous les membres du team qui ont travaillé comme des malades, tous les week-ends, pour que tout fonctionne. J’ai une pensée toute particulière pour Gillou qui m’a accompagné sur toutes les épreuves, qui m’a aidé dans la préparation de la voiture et qui me donne toujours d’excellents conseils. Il aura également fait une super saison car nous n’avons eu aucun problème sur les voitures ! Une pensée également pour mon neveu, Axel, qui était à mes côtés sur les épreuves pour m’épauler, m’encourager, me motiver et trouver les mots quand c’était compliqué. Un grand merci à mon frère qui me donne de très bons conseils, qui est présent pour moi à chaque moment tout en assurant ses courses, et j’en profite pour dire que je suis très fier de lui et le féliciter pour son second titre de Champion de France, et sa belle saison en Europe entre la victoire du Col Saint Pierre et sa médaille de bronze aux Masters. Merci également à mon père qui pourrait pleinement profiter de sa retraite, et qui au lieu de ça s’investit totalement pour être là, et on sait ce qu’on lui doit et ça fait énormément de bien de voir à quel point il croit en nous. »
« Merci à l’ensemble de l’équipe, Jessy, Simon, Flav, Fabrice, Julien (et bravo pour son challenge et sa super année), Sylvie et Philippe Bouchereau, Angelo, Francis. Mes remerciement vont bien évidemment vers mes partenaires, DEA (LK Distribution), Tec'Chim, Air Froid, l'Auto-Ecole de Servenoble, Garage Callon Agent Renault, Studio Graphix, DD Concept, Motul, GT2I, Avon et CroisiEurope. Merci pour finir aux commissaires, organisateurs, officiels et promoteurs, ainsi qu'à toutes les personnes qui m'ont rendu service cette année, et à tous ceux qui m'ont encouragé, car sans toutes ces personnes rien ne serait possible. »
La Formule Renault de Kevin Petit est vendue. Pour l’heure, le vainqueur du Challenge Open ne sait pas de quoi sera faite sa saison 2019, et surtout au volant de quelle voiture il l’abordera : « La seule certitude, c’est que j’ai envie de prendre part à une nouvelle campagne sur le Championnat de France de la Montagne. Tout dépendra maintenant du programme sportif établie par l’équipe et des budgets », conclut Kevin.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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