Vétéran du Championnat, pilote depuis près de 40 ans, Louis Granjon était engagé cette saison sur le Championnat de France de la Montagne au volant de sa BMW M3. Toujours combatif, le Rhodanien a fait preuve d’une belle régularité, qui lui a permis de terminer la saison sur le podium du Challenge Open N/4.
Sa passion invétérée pour l’automobile poussait Louis Granjon à s’essayer très tôt à la conduite. ’’Loulou’’ n’avait que 13 ans lorsque, au début des années 50, il apprenait déjà le maniement d’une voiture : « Mon père possédait une Renault Vivaquatre de 14 cv, avec un capot long comme un jour sans pain, et sur laquelle il fallait faire un double débrayage pour espérer passer une vitesse », se souvient Louis. « C’est au volant de cette voiture à trois vitesses, dont le maniement était assez complexe, que j’ai appris à conduire. »
Mais s’il a toujours été attiré par la compétition automobile, Louis Granjon attendra d’avoir 30 ans pour se tester derrière le volant d’une voiture de course. Chauffeur routier, il avait l’occasion lors de ses périples qui l’amenaient à sillonner la France, de passer aux abords du circuit de Magny-Cours. Jusqu’au jour où, en ce début des années 70, il décidait de franchir le pas et de s’inscrire au Volant Shell, disputait alors sur le circuit nivernais. A l’issue de cette première expérience, ’’Loulou’’ allait rouler, en loisir, à bord de diverses monoplaces.
Lyon-Charbo et Courses de Côte pour les débuts en Sierra
C’est en 1995, que Louis Granjon faisait l’acquisition d’une Sierra Cosworth 2 roues motrices, avec laquelle il allait courir en courses de côte et en rallye : « J’ai eu l’opportunité de disputer le Lyon-Charbonnières à deux reprises, en 1996 et 97, avec cette voiture », se souvient-il. « En côte, j’ai disputé ma toute première épreuve à Bettant, où j’ai accroché la deuxième place du groupe. »
Le rallye est une discipline bien plus onéreuse que la montagne, ’’Loulou’’ décidait donc de concentrer ses efforts sur la course de côte : « J’ai pour cela acheté une Sierra 4 roues motrices, mais je n’ai pas particulièrement apprécié cette auto, ce qui m’a incité à me tourner vers les BMW M3. J’ai donc acheté ma première ’’Béhème’’ en 99. » Une auto dont il allait rapidement prendre la mesure, puisqu’il remportait le groupe sur la Course de Côte de Chamrousse : « C’était ma deuxième victoire sur cette épreuve que j’avais déjà gagnée en 1996 avec la Sierra. »
Chamrousse reste un rendez-vous à part pour Louis Granjon qui a accumulé de nombreux souvenirs sur l’épreuve alpine, et notamment une participation en F2 lors de l’édition 2001 : « C’est parti d’une discussion avec Frédéric Prudent, avec qui nous avions décidé en début de saison d’échanger nos voitures sur une course. Malheureusement, il a été victime d’une sortie de route à La Pommeraye et a pulvérisé sa F3000. Pour ma part j’ai cassé ma BMW 320 Super Tourisme au Mont-Dore. Donc, pour moi l’affaire était entendue. Mais il a tenu à ce que je sois au départ de Chamrousse avec la F2 de Géraldine, et ça reste pour moi un fabuleux souvenir. D’une part car ce n’est pas fréquent qu’un pilote accepte de prêter sa voiture sans contrepartie, et d’autre part parce qu’aborder Chamrousse avec une monoplace de plus de 300 chevaux reste quelque chose de marquant. »
Au fil des ans, ’’Loulou’’ allait faire de Chamrousse son terrain de chasse préféré, puisqu’il compte à ce jour quatre victoires en groupe N sur la manche iséroise du Championnat. A la première acquise en 1996, succéderont celles de 1999, 2006 et 2010.
Fidèle à BMW, Louis Granjon possédera plusieurs M3 durant sa carrière. Une carrière qui, en 2006, connaissait un coup d’arrêt après que le Rhodanien ait été victime d’une fracture du col du fémur consécutive à une chute de vélo : « A cette époque je me partageais entre la côte et la Coupe de France des Circuits. Malheureusement, j’ai dû mettre un terme prématuré à ma saison alors que j’occupais la troisième place de la coupe en circuit. L’année suivante, je me déplaçais avec une canne, mais j’ai tenu à courir en circuit, et finalement je termine Vice-champion de France en groupe N. » Une année difficile, mais prolifique puisque ’’Loulou’’ accrochait son nom au palmarès de Chamrousse et de Turckheim.
A l’issue de la saison 2007, Louis Granjon se tournait définitivement vers la côte pour animer de fort belle manière le groupe N. Compétiteur dans l’âme, ’’Loulou’’ espère toujours, du haut de ses 76 ans, se battre pour la gagne : « Si je me suis engagé au Championnat en 2017, c’est avant tout parce que nous étions toute une bande de copains, et que j’avais envie de partager mes week-ends avec eux. Ensuite, il est clair que si j’avais eu l’opportunité de gagner je ne m’en serais pas privé. Car si je cours encore aujourd’hui, c’est que je me bats toujours pour la gagne », confie-t-il dans un immense sourire.
Abonné au podium du groupe N
Pour sa première épreuve de la saison, à Bagnols-Sabran, Louis Granjon se hissait sur le podium en terminant à la troisième place du Groupe N : « C’était une course disputée sous la pluie, dans des conditions difficiles. J’espérais faire mieux, mais il faut accepter ce résultat qui n’est pas si mauvais. »
C’est à nouveau à la troisième place, derrière Antoine Uny et Pascal Cat, que l’on retrouvait ’’Loulou’’ à l’arrivée du Col Saint-Pierre : « Là j’étais vraiment content. Si mes souvenirs sont bons, j’améliore nettement mon chrono sur la dernière montée pour venir chercher la troisième place. De quoi être satisfait de mon week-end. »
Sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, Louis Granjon connaissait un week-end plus difficile, qu’il terminait toutefois à la quatrième place du groupe N : « Pour moi, j’étais ’’à la rue’’. Je n’arrive pas à expliquer pourquoi, mais j’ai eu l’occasion de faire bien mieux sur le Beaujolais et je suis donc un peu déçu. »
C’est par un nouveau podium de groupe que Louis concluait la Course de Côte de Vuillafans, disputée en cette année 2017 dans des conditions difficiles : « Je ne suis pas mécontent car je n’avais pas vraiment les bons pneus, et je parviens malgré tout à tirer mon épingle du jeu. »
Dunières sera pour ’’Loulou’’ la pire épreuve de la saison : « C’est une course que j’aime bien, où je me sens bien, et cette année je n’ai rien pu faire. C’est vraiment décevant car je n’explique absolument pas pourquoi je ne suis pas parvenu à signer de meilleurs chronos. »
Le Mont-Dore semblait pour Louis Granjon se présenter sous de meilleurs augures. Troisième à l’issue des essais, il pointait dans le sillage des hommes de tête. Mais la suite du week-end n’aura pas la même saveur : « J’étais ravi de mes essais car entre la première et la deuxième montée, j’améliore de huit secondes. Mais sur la première montée de course j’ai cassé l’embrayage et j’ai dû abandonner. »
Louis Granjon retrouvait par la suite son épreuve fétiche, la Course de Côte de Chamrousse, où une nouvelle fois les essais allaient lui donner l’occasion de se mettre en valeur : « A l’issue des essais, en nettoyant mes pneus, j’ai senti qu’il y avait un problème sur la voiture. Fabrice Marchal, qui était à côté de moi, m’a dit que cela provenait d’un roulement. Poursuivre dans ces conditions aurait été trop dangereux, et là encore j’ai dû abandonner. Je dois avouer que c’est la mort dans l’âme que je suis reparti de cette épreuve. »
Mais ’’Loulou’’ allait conclure la saison de fort belle manière en grimpant sur le podium de son groupe à Limonest, course disputée pour lui à domicile : « J’étais vraiment super content, car c’est un tracé sur lequel je ne suis jamais vraiment bien, et là j’ai eu le sentiment que tout se passait correctement. »
Un vétéran toujours au top
S’il n’a pas eu l’occasion de remporter une victoire sur le Championnat de France de la Montagne durant la saison 2017, en revanche, Louis Granjon a connu le succès au mois de mai, à Issoire, où il plaçait sa BMW M3 en tête du groupe N. Et même si la victoire n’a pas été au rendez-vous sur le Championnat, le pilote de Soucieu-en-Jarrest tire un bilan positif de sa saison : « J’ai tendance à être exigeant envers moi-même, mais il faut que je prenne conscience que je n’ai plus 20 ans. J’aurai 77 ans cette année, et il faut savoir relativiser et reconnaitre que mes performances ne sont loin d’être mauvaises. Finalement j’ai de quoi être satisfait de ma saison. » Lorsque l’on évoque au sein du paddock, les prestations de Louis Granjon, nombreux sont les pilotes qui reconnaissent que ’’Loulou’’ signe toujours des performances de tout premier ordre et reste un adversaire de taille.
Vétéran du Championnat, ’’Loulou’’ ne pense pas repartir sur un programme aussi étoffé en 2018 que celui dont il disposait en 2017 : « Je serai certainement au départ de Bagnols-Sabran et du Col Saint-Pierre. Je serai peut-être à Abreschviller, mais pour la suite rien n’est défini. Je n’ai pas encore bouclé mon budget, mais il y a des chances que je me partage entre épreuves régionales et quelques apparitions sur le Championnat. »
S’il n’a pas encore bouclé son budget, Louis Granjon sait pouvoir compter sur des soutiens fidèles : « Un grand merci à eux. A Philippe Ville de BML (Béton des Monts du Lyonnais), à l’Entreprise Soredal spécialisée dans le dallage industriel et à Jean-Louis Rivollier de la société Soroc. Merci également à mon ami Olivier Augusto et à Jean-Louis Janioud qui sont deux pilotes dont je suis très proche », conclut ’’Loulou’’.
Propos recueillis par Bruno Valette