C’est sous le signe de la découverte que Marie Cammares abordait cette saison 2017. Au volant d’une nouvelle Formule Renault, elle découvrait les épreuves d’un Championnat de France auquel elle participait pour la première fois. Sa combativité et sa détermination lui ont permis de rapidement progresser, et nul doute qu’elle poursuivra cette progression dans les années à venir.
Passionné de sport automobile, Thierry Cammares a participé à plusieurs courses de côte à la fin des années 70 et au début des années 80. Marie, sa fille, n’a jamais eu l’occasion de voir son père évoluer derrière le volant, mais c’est en visionnant les photos de sa Rallye II, qu’à son tour elle développait un profond intérêt pour le sport auto. A tel point qu’elle demandait régulièrement à son père de l’amener voir les meetings qui se déroulaient près de chez eux, notamment sur le circuit d’Albi.
Très tôt, à l’âge où les enfants rêvent de devenir policiers, pompiers ou vétérinaires, Marie souhaitait elle épouser la carrière de préparatrice de voitures de course. Mais avant de songer à plonger les mains dans un moteur, c’est sur les terrains de rugby que Marie dépensait son trop plein d’énergie. Durant 15 ans, elle sera l’une des meneuses de différentes équipes, en officiant au poste de demi de mêlée. A l’âge de 15 ans, elle participait à la création de l’équipe féminine de Saint Gaudens, et sera sélectionnée pour intégrer le pôle espoir toulousain, dédié au sportif de haut niveau. Mais Marie déclinait finalement son intégration en sport étude, pour se consacrer à sa passion première, la mécanique, et poursuivre ses études dans ce domaine.
Des études qui la mèneront à intégrer l’ESTIA (Ecole Supérieure des Technologies Industrielles Avancées), et c’est aujourd’hui en tant qu'apprentie Ingénieur ESTIA-Renault qu’elle assouvit sa passion pour la mécanique. Compétitrice dans l’âme, Marie ne pouvait évidemment pas se contenter d’étudier les moteurs, il fallait qu’elle les fasse vivre, qu’elle en tire la quintessence, et pour cela, rien de mieux que la compétition.
Apprentissage en Renault Mégane
C’est en 2014, l’année de ses 20 ans, qu’elle prenait par à sa première Course de Côte, au volant d’une Renault Mégane en configuration F2000 : « C’est une auto que nous avons intégralement montée avec mon papa. Nous l’avons acheté en 2013 et mis un an pour la préparer », précise Marie. Disposant de budgets limités, il lui semblait opportun de se tourner vers la Course de Côte : « C’est à mon sens la discipline la plus accessible pour une amatrice qui débute. » Durant cette première saison, la jeune Haut-Garonnaise prenait le départ des épreuves de la Ligue Midi-Pyrénées, ce qui lui permettait de terminer à plusieurs reprises sur les podiums féminins.
A l’issue de cette première saison, Marie et son père mettaient à profit la pause hivernale pour parfaire le développement de la Mégane qui se voyait offrir un nouveau moteur : « Nous avons peaufiné les réglages, et surtout nous avons équipé la voiture de pneus Michelin, ce qui était pour moi un changement radical après une première saison durant laquelle je ne disposais pas de pneus dédiés à la côte. » Marie en profitait alors pour monter en puissance et remporter ses premières Coupes des Dames sur des épreuves régionales : « Nous en avons également profité pour élargir notre champ d’action, et prendre part à des épreuves situées dans les régions limitrophes. Je suis allée courir dans la Creuse, également à Quillan, Lodève, car nous avions compris avec mon père que pour progresser il fallait que j’affronte des tracés plus longs, que j’aborde des parcours différents. Durant cette saison 2015, j’ai dû prendre part à une quinzaine d’épreuves et j’ai participé à ma première Finale de la Coupe de France de la Montagne. Une sélection dont je dois l’avouer, j’étais assez fière. »
Pour la saison 2016, Marie Cammares décidait de changer d’environnement. Finie la Mégane, sa carrière sportive allait se poursuivre dans le cockpit d’une Formule Renault : « C’était un pari un peu osé parce que nous avons acheté cette voiture alors que je n’avais jamais au préalable mis les pieds dans une monoplace. Mais lors d’une journée de test, ce fut pour moi une révélation, j’avais le sentiment que j’avais toujours fait ça, que c’était tout à fait naturel. » Pour Marie, cette Formule Renault sera un véritable déclic, le feeling ressenti lors de ces tests se confirmera par la suite en course : « Le seul inconvénient de cette Formule Renault Monza, c’est que j’étais un peu seule en DE/2, et les rares fois où je trouvais des concurrents dans ma classe, c’était des pilotes qui évoluaient en F2, et qui disposaient de 100 chevaux de plus que moi. »
A la découverte du Championnat
La saison 2017 permettra à Marie Cammares de franchir un nouvel échelon, puisqu’après avoir évolué en régional et sur le Championnat 2ème division, elle s’attaquait au Championnat de France de la Montagne : « Avant tout pour suivre Dimitri (Pereira, son compagnon, ndlr) qui pour sa dixième année de compétition voulait marquer le coup en disputant des épreuves un peu hors du commun. Après, nous nous sommes dit avec mon père que cela pouvait être une expérience enrichissante et une belle opportunité pour progresser. »
Pour son arrivée sur le Championnat de France de la Montagne, Marie saisissait l’occasion qui lui était proposée de changer de monture. La Monza sera remplacée par une Tatuus avec laquelle elle allait pouvoir se confronter aux autres Formule Renault : « J’avoue avoir eu un peu de mal à prendre mes marques. A mon sens la Tatuus est plus compliquée à piloter que la Monza. Ce n’était pas évident de trouver les bons réglages, nous avons heureusement pu nous appuyer sur les conseils de Rémi Béchadergue qui est un expert en la matière. Il m’a vraiment beaucoup aidé à régler la voiture. » Nouvelle voiture, nouvelles épreuves, que Marie devait découvrir, un ensemble d’éléments qui lui interdisait d’afficher en début de saison la moindre ambition : « J’étais là pour apprendre et progresser, sans objectif de résultat. Je savais qu’il fallait que je sois patiente. »
Pour débuter sa saison, Marie Cammares s’attaquait à un gros morceau, le Col Saint-Pierre, épreuve réputée difficile à assimiler. Mais la jeune Palaminycienne avait déjà eu l’occasion d’affronter le tracé gardois avec sa Monza : « C’était ma toute première course avec la monoplace et j’avoue que ça s’était plutôt mal passé. J’abordais donc cette édition avec prudence, mais cette fois tout a fonctionné, et j’étais contente de parvenir à faire mieux que lors de ma précédente participation. » Cinquième de classe pour une première participation avec la Tatuus, Marie pouvait être pleinement satisfaite de sa prestation.
Après les Cévennes, direction la Bretagne où Marie Cammares allait découvrir le tracé de Saint Gouëno : « C’est je pense ma course préférée du Championnat. J’ai adoré ce parcours que j’ai travaillé longuement en visionnant les vidéos, et j’avais le sentiment de connaitre par cœur. En revanche, n’étant pas à mon aise sous la pluie, je suis un peu déçu car nous avons dû composer avec des conditions météos difficiles. Mais vraiment j’ai adoré le tracé, l’ambiance et tout ce qu’il y a autour de cette manifestation. Même si je ne devais plus prendre part au championnat à l’avenir, c’est une épreuve sur laquelle je retournerai », confie Marie qui, à Saint Gouëno, monte sur le podium de sa classe.
Lorsque l’on évoque la Course de Côte de Marchampt, Marie part dans un immense éclat de rire. « C’était compliqué ! En fait j’ai une monoplace qui ne tourne absolument pas à l’épingle. Sur la dernière montée je me suis arrêté au ras du mur et je me suis retrouvé dans l’échappatoire. Je me suis battu tout au long du week-end, et je suis tout juste parvenue à signer un chrono sur la seule montée où je passe à-peu-près correctement l’épingle. Mais j’étais vraiment arrêtée sur cette épingle… »
Victime d’une grosse sortie à mi-saison
Après Marchampt, Marie Cammares était au départ de la Course de Côte de Marquay. Sur cette épreuve régionale elle sera victime d’une violente sortie de route, qui détruira passablement sa monoplace et qui lui laissera de belles ecchymoses. Tout le monde aurait alors compris que Marie mette un terme à sa saison. Mais c’est mal connaitre la pugnacité de cette ancienne rugbywoman, qui faisait preuve d’une incroyable détermination pour réparer sa voiture et repartir au combat.
On retrouvait donc sa Tatuus au Mont-Dore, épreuve qu’elle allait découvrir dans des conditions pour le moins délicates : « Nous avons fait une séance de roulage le mercredi précédent la course, histoire de voir si la voiture fonctionnait correctement et si j’étais en mesure de piloter. Finalement on a pris la décision d’être au Mont-Dore, et j’ai reçu à cette occasion un soutien exceptionnel de toute ma famille et de mes amis. Mais nous sommes arrivés tard, je n’ai pas pu reconnaitre correctement et malheureusement j’ai eu quelques soucis mécaniques durant le week-end. Donc je ne peux pas dire que ce fut une vraie réussite. »
C’est dans de meilleures dispositions que Marie se présentait à Chamrousse. Là encore, elle découvrait ce tracé alpin qu’elle avoue avoir bien apprécié : « Le revêtement est spécial mais le parcours est sympa. J’ai eu un peu de mal à passer à fond par endroit en début de week-end, mais je pense que c’est dû à l’appréhension après ma sortie. D’ailleurs, je n’ai pas pris part à la dernière montée, car je souffrais du poignet et que je n’ai pas voulu prendre le risque d’aggraver ma blessure », explique Marie, qui accroche sur l’épreuve iséroise la quatrième place de sa classe.
Ses études d’ingénieurs ne permettaient pas à Marie de préparer au mieux la Course de Côte de Turckheim : « Je suis parvenue à attraper un vol pour arriver au dernier moment. Je n’ai donc pas eu le temps de reconnaitre, d’autant qu’à 20h la route est fermée. La méconnaissance du parcours a fait que durant tout le week-end j’ai hésité sur quasiment chaque virage. Mais malgré tout, j’ai bien aimé le tracé et l’ambiance, même si ça reste une course compliquée qui nécessite selon moi plusieurs participations avant de pouvoir bien se familiariser avec le parcours. »
A Limonest, Marie retrouvait un terrain qu’elle connaissait pour l’avoir emprunté à l’occasion des deux dernières Finales de la Coupe. C’est donc en confiance qu’elle se rendait sur cette ultime confrontation de la saison : « Un peu trop en confiance peut-être. Avec la Monza j’avais trouvé que c’était assez facile, mais il en sera autrement avec la Formule Renault. J’ai tout fait pour améliorer mes temps, mais le chrono ne voulait pas tomber. En fait, ce qui est le plus gênant sur cette épreuve, c’est que lorsqu’on tourne le volant, la voiture ne tourne pas de suite, c’est un peu embêtant », lâche Marie dans un éclat de rire. « Mais bon je suis parvenue à améliorer les temps signés avec la Monza, et je suis contente de mon résultat, même si je suis un peu déçue de ma prestation », confie Marie qui monte sur la troisième marche du podium de sa classe.
En dehors du Championnat, Marie Cammares a pris part à plusieurs épreuves régionales sur lesquelles elle n’a pas manqué de s’illustrer. Ce fut le cas à Quillan où elle terminait troisième de sa classe, à l’Ille sur Têt où elle remporte la Coupe de Dames, à St Antonin Noble Val où là encore elle termine première féminine. Au mois de juillet elle se classait septième au scratch et première féminine sur la Course de Côte de Marquay, mais on l’a vu, cette épreuve sera pour elle marquée par une violente sortie de route. Marie n’a alors rien lâché, et malgré les douleurs consécutives à cet accident et les dommages occasionnés à sa Formule Renault, elle mettra tout en œuvre pour se relancer rapidement. Belle leçon !
En fin de saison, Marie accrochait son ticket pour la Finale qui se déroulait cette année à Quillan. La Haute-Garonnaise avait alors pour objectif d’améliorer les chronos qu’elle avait signés sur cette même épreuve au mois de juin : « J’y suis parvenu dès les essais, ce qui était particulièrement prometteur. Samedi soir, je me suis donc fixée comme objectif pour le lendemain de passer sous les deux minutes. » Dimanche, sur les trois montées, Marie atteindra à chaque fois cet objectif : « Je suis même parvenu à améliorer le chrono que Romain Gelly avait fait l’an dernier. Après la deuxième montée de course je pointe à la troisième place de ma classe, pour finalement terminer quatrième, je suis vraiment contente du résultat et c’est pour toute l’équipe une très belle récompense. »
Une magnifique saison de découverte
Avec beaucoup de choses à assimiler, une auto et des épreuves à découvrir, et une violente sortie de route au mois de juillet, Marie Cammares a connu une saison compliquée. Compliquée mais prolifique : « On en ressort toujours plus fort », analyse-t-elle. « Il y a eu des moments difficiles, mais également de grands moments de joies. Ce fut une belle saison, même si les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous, mais ce n’était pas l’objectif initial. Le résultat sur la Finale est pour moi exceptionnel, j’ai découvert des tracés fabuleux, des régions magnifiques, et surtout des personnes exceptionnelles. Le Championnat de France offre une ambiance incroyable, que nous n’avions pas connu en régional. »
Bien évidemment, en ayant vécu ces moments d’exception, Marie aimerait repartir en 2018 pour une campagne sur le Championnat : « J’aimerais également prendre part à trois manches de la 2ème division. Normalement on devrait être au départ d’un minimum de six courses du Championnat, en essayant d’en faire huit, mais en sachant que mon frère nous interdit de faire Dunières, puisqu’il se marie ce week-end-là », confie Marie dans un large sourire.
En cette fin d’année, Marie Cammares et Dimitri Pereira sont en passe de boucler les budgets qui leur permettront d’animer le Championnat 2018. Ils savent pouvoir compter sur des soutiens fidèles, et notamment sur ceux qui furent à leurs côtés cette saison et que Marie tient à remercier : « Un grand merci à mon père qui m’a accompagné sur toutes les courses, à ma mère qui nous soutient et qui nous rejoint quand son travail le lui permet, et évidemment à Dimitri qui m’a aidé à progresser. Merci à tous les acteurs du Championnat de France qui m’ont aidé suite à ma sortie de route. Je ne peux oublier Maxime et Aurélie, Manu et Sylvie, Benoit et Séverine, Laurent et Carole, un faire petit clin d’œil à mon ami et adversaire Kevin Petit, qui a su me transmettre son expérience tout le long du championnat pour m'aider à progresser. Je profite de l’occasion pour remercier mes partenaires, la Carrosserie Navarro, Barrières Automobiles, Renault Saint Gaudens, Ineoled, Securistest Boussens/Mane, Gan Assurances Cazères, Optic 2000, la Caisse d'Epargne Cazères, Evelyne Coiffures, Mairie de Palaminy, Gaec Lasserre, Chaussures +, Pizza Fousserétoise et Motrio Mazères. »
Propos recueillis par Bruno Valette