L’Auvergnat deuxième du Challenge Open CN/2

Son statut, de vainqueur du Challenge Open CN/2 2016, faisait de Yannick Latreille, au départ de cette saison, l’homme à battre dans la catégorie. A l’issue d’une campagne qui ne fut pas toujours facile, le sociétaire du Team Chrono Montagne parvient à accrocher une belle deuxième place dans le challenge le plus relevé cette année. De quoi satisfaire, malgré les difficultés, le pilote auvergnat.

Vainqueur du Challenge Open CN/2 en 2017, c’est avec la ferme intention de conserver son titre que Yannick Latreille se relançait pour une nouvelle saison. L’Auvergnat savait toutefois que la tâche s’annonçait rude, car si l’an dernier sept pilotes s’affrontaient dans le cadre de ce Challenge, pour cette édition 2017, pas moins de dix-sept concurrents étaient engagés. Et parmi eux, ils étaient nombreux à pouvoir prétendre à la première place.

Yannick s’attendait donc à des combats épiques, face à une belle opposition venue notamment de la jeune génération : « J’étais tout à fait conscient que parmi les dix-sept pilotes engagés sur ce Challenge Open, une bonne dizaine était susceptible de s’imposer. De ce fait, je savais que la saison ne serait pas de tout repos et qu’il allait falloir batailler pour tenter de rééditer la performance de l’an dernier. »

Loin d’instiller chez lui le doute, cette forte opposition ne faisait qu’accentuer sa motivation : « Mon objectif était bien évidemment de remporter à nouveau ce Challenge, mais je savais que terminer sur le podium serait déjà une belle performance. D’autant que j’étais confronté à des jeunes chez qui le doute n’est pas permis, et qui pour certains disposent de moyens plus conséquents que les miens. »

Evolutions sur la Norma, mais budget limité
Afin de se présenter au départ de cette saison avec les meilleurs atouts en main, Yannick Latreille apportait durant l’intersaison, quelques améliorations à sa Norma M20 FC : « Nous avons fait bénéficier à la voiture des évolutions 2015. Il était donc logique que je puisse disposer d’un regain de performances. Mais je reconnais avoir galéré en début de saison avant de parvenir à régler correctement ma Norma. Son comportement était différent, et je devais trouver les réglages les mieux adaptés pour pouvoir en tirer le meilleur. »

Un emploi du temps particulièrement chargé et un manque de budget ne permettaient pas à Yannick de mener à bien des essais avant le coup d’envoi de la saison. C’est donc à Bagnols-Sabran, sur la première manche de la saison, qu’il allait découvrir le comportement de sa voiture dans sa nouvelle configuration : « Je savais que j’allais devoir peaufiner les réglages en conditions de courses et faire évoluer la voiture au fil des épreuves. Je devais passer par un nécessaire temps d’adaptation avant d’espérer être réellement performant. »

Malgré tout, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, l’Auvergnat débutait la saison de fort belle manière en classant sa Norma à la septième place du classement scratch, et en terminant deuxième des protos 2 litres derrière Olivier Augusto : « La course était un peu compliquée, notamment parce que nous avons fait les essais sous la pluie. De plus, au sein de l’équipe, l’attention n’était pas portée spécialement sur moi mais sur Estel (Bouche, sa compagne, ndlr), car il était nécessaire de se focaliser sur les réglages de sa nouvelle voiture », explique Yannick. « En ce qui me concerne, je me remettais dans le bain, et terminer deuxième, compte tenu de l’opposition déjà présente en ce début de saison, c’est pour moi un bon résultat. »

A l’issue de cette première confrontation de la saison, Yannick analysait les enseignements tirés durant le week-end, pour revenir finalement à des réglages plus basiques sur sa Norma. C’est donc avec une auto dont les ajustements n’étaient pas forcément aboutis, que Yannick affrontait le tracé rapide d’Abreschviller. Là encore, il plaçait sa Norma à la deuxième place du CN/2, à seulement 87 millièmes de David Guillaumard : « Il est évident que c’est un peu frustrant de terminer aussi près et de ne pas parvenir à s’imposer », reconnait-il. « Je détenais le record de la classe sur ce tracé, et là je me suis rendu compte que je n’étais pas vraiment dans les meilleures dispositions. Le fait d’avoir changé la lame et le capot avant modifiait passablement le comportement de la voiture, et je devais donc m’adapter à ce changement. Maintenant, quand je prends du recul, je dois reconnaitre que cette deuxième place est loin d’être un mauvais résultat. Mais sur le moment je n’étais pas satisfait, car le week-end avait été un peu compliqué. »

Yannick Latreille allait poursuivre sa progression en terminant la Course de Côte de La Pommeraye à la cinquième place du classement général. Mais un nouvelle fois, il butait sur un adversaire qui l’empêchait de s’imposer en CN/2. Pour trois dixièmes, Julien Français le coiffait en effet au poteau : « C’est une épreuve que j’adore, et je suis content de ma course car j’ai amélioré assez nettement mes chronos de l’an dernier. Après, je suis tombé sur Julien qui allait très vite et qui a su parfaitement se relancer après sa sortie de route sur le Col Saint-Pierre. »

Premier succès dans le Beaujolais
Trois fois deuxième face à trois adversaires différents sur ses trois premières épreuves de la saison, Yannick Latreille allait mettre à profit la Course de Côte de Marchampt pour renouer avec la victoire : « Sur un tracé technique que j’apprécie particulièrement, j’ai retrouvé une auto qui répondait nettement mieux à mes attentes. Les conditions météorologiques étaient parfaites, j’ai pu signer de bons chronos, vraiment de quoi être satisfait face à une concurrence bien présente, puisqu’une vingtaine de concurrents était engagé en CN/2 sur cette épreuve. »

A Dunières, l’Auvergnat retrouvait l’air du pays et allait livrer une belle bataille à Damien Chamberod. Au final, l’Isérois aura le dernier mot et terminera l’épreuve sur le podium, derrière les Norma CN+ de Geoffrey Schatz et Sébastien Petit : « C’est la première fois que Damien me devance, et sincèrement j’étais vraiment content pour lui. Nous nous sommes bien battus, il s’impose et j’estime avoir fait de mon mieux pour terminer à une plus qu’honorable deuxième place. »

Au Mont-Dore, Yannick Latreille jouait à domicile, et bien évidemment tous les observateurs de la discipline avaient les regards tournés vers celui qui était considéré comme le favori du côté des protos 2 litres. Mais le scénario de ce week-end auvergnat n’allait pas se passer comme Yannick l’espérait : « Ce fut une énorme galère pour parvenir à trouver des pneus neufs. Sans gommes neuves, je savais que je n’avais aucune chance de prétendre à la victoire. Ce fut vraiment très compliqué tout au long du week-end, et finalement Julien (Français) prend l’ascendant à l’issue de la dernière montée. Dans mon esprit, sur cette épreuve, ce n’est pas Julien qui a gagné mais moi qui ai perdu », estime Yannick. « Je n’avais pas totalement l’esprit à la course, et cette année, avec un tel niveau, si tu n’étais pas dedans ça devenait très vite compliqué. »

Des obligations professionnelles particulièrement prégnantes n’allaient pas permettre à Yannick Latreille d’aborder la fin de saison en toute sérénité. Difficile en effet de s’impliquer complétement dans la course lorsque l’on n’a pas l’esprit totalement libéré. C’est dans ces conditions que l’Auvergnat avait bouclé son week-end au Mont-Dore, c’est dans les mêmes conditions qu’il abordait Chamrousse : « Pourtant lors des essais j’étais super bien », se souvient Yannick qui, samedi soir, pointait en tête avec plus d’une seconde et demie d’avance sur Damien Chamberod et Jérémy Debels. « Mais mon chrono lors des essais a dû leur mettre la pression, et ils se sont fâchés… Je me suis loupé sur la première montée où nous avons réalisé nos meilleurs chronos du week-end, et je termine donc au troisième rang. »

Pour disputer cette saison 2017, Yannick disposait de deux trains de pneus, et à l’heure d’aborder les derniers rendez-vous, l’usure des gommes lui interdisait de jeter toutes ses forces dans la bataille. Là encore, des conditions difficiles à l’heure d’aborder le tracé de Limonest sur lequel l’an dernier, Yannick avait été victime d’une sortie de route lors de la Finale de la Coupe : « Et j’ai conservé ça à l’esprit tout le week-end, sans parvenir à évacuer et à être totalement dans la course. Cette course était de toute façon compliquée. Les chronos n’étaient pas à la hauteur de ce que nous avions connu les années précédentes, et pour ma part je suis à trois ou quatre secondes de mes performances de l’an dernier. »

En dehors du Championnat, le pilote du Team Chrono Montagne a signé quelques belles performances. Ce sera le cas à La Tardes, au mois d’août dernier, où il imposait sa Norma. Yannick terminera également troisième et premier des CN sur la Course de Côte de Saint-Geniez-d’Olt, et également troisième à Issoire : « C’est une course que j’ai l’habitude de remporter, et cette année je finis troisième à trois centièmes du vainqueur, David Sudre. »

Des résultats qui permettaient à Yannick de se qualifiait pour le Finale de la Coupe de France où il se classait sixième, quatrième des CN/2 : « La Course de Côte de Quillan est magnifique. J’avais eu l’occasion d’y participer l’an dernier, et j’en garde un excellent souvenir. Mais pour être rapide sur une épreuve aussi technique, je pense qu’il faut avoir enchaîné les participations, et je manquais un peu d’expérience dans ce domaine. »

Deuxième sur dix-sept… Un excellent résultat !
Vainqueur du Challenge en 2016, Yannick Latreille monte cette année sur la deuxième marche du podium en terminant à seulement trois points de Julien Français. De quoi être largement satisfait d’une saison durant laquelle il a toutefois rencontré quelques difficultés : « Compte tenu de l’énorme opposition qu’il y avait au sein de ce Challenge Open CN/2, terminer deuxième est pour moi un excellent résultat. D’autant que mes moyens limités, renforcés par le fait que j’ai perdu des partenaires durant l’année, ne m’ont pas permis de défendre mes chances comme je l’aurais voulu. Je ne savais pas au fil des courses si je pourrais être au départ de la suivante, et je disposais d’un budget qui ne me permettais pas de chausser ma Norma de gommes neuves. C’est pénalisant, même si je fais finalement une bonne saison, et que je termine sur le podium du Challenge Open. Mais je ne suis pas parvenu à rééditer les performances signées l’an dernier, et ça c’est toujours frustrant. »

La frustration est vite oubliée quand on évoque ceux qui ne manquent pas de lui faire confiance et qui sont toujours des soutiens de poids : « Un grand merci à l’entreprise de plomberie Bernard Bonnaigue à La Bourboule, LB Menuiserie et Super U à La Pommeraye, l’Entreprise Boyer à La Bourboule, Point P TP à Pont du Château et la Carrosserie Bard au Cendre. Merci bien évidemment à mes parents, à Carole, à Eric ’’la Goupille’’, Yvan, ma sœur Marie, mon beau-frère Julien, mes filles Matilde et Géraldine, Estel mon épouse, et tous ceux qui sont qui sont derrière moi. »

Yannick est un battant. Le pilote du Team Chrono Montagne sait qu’il peut légitimement, dans de bonnes conditions, prétendre au titre. Il a donc la ferme intention de partir l’an prochain en quête d’une nouvelle couronne dans le cadre du Challenge : « A la condition d’avoir la certitude de disposer d’un budget me permettant de couvrir l’ensemble de ma saison, et de courir dans les meilleures conditions. Je n’ai pas vraiment envie de connaitre à nouveau les incertitudes et les frustrations de cette année. »

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Yannick Latreille.


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