Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Nicolas Neis n’a pas manqué de se faire remarquer. Leader du Challenge Open DE/7 à mi saison, il se classe finalement troisième de ce challenge particulièrement étoffé et réservé aux Formule Renault.
Nicolas Neis n’est pas à proprement parlé un passionné de compétitions automobiles. Initialement, l’attrait de la mécanique le portait vers les deux roues. Le Mosellan aura d’ailleurs l’occasion de se tester aux guidons de différentes motos, que ce soit en Super-motard, en motocross, en enduro ou en circuit.
Mais lorsque l’on aime la mécanique, on garde toujours un œil discret sur la quasi-totalité des disciplines qui laissent entendre des vrombissements de moteur. Et dans la région de Metz d’où il est natif, Nicolas avait quelques amis qui se sont fait une belle renommée en course de côte, à l’instar de Fabrice Marchal ou de Bertrand Simonin : « C’est ce qui m’a incité à m’essayer sur quatre roues », explique Nicolas Neis qui faisait l’acquisition d’une Formule BMW Schubel avec laquelle il prenait part à quelques slaloms. « Par la suite j’ai eu l’occasion de m’engager à Abreschviller et à Turckheim qui étaient les épreuves de ma région », se souvient Nicolas qui avait troqué sa Schubel contre une Dallara F399 avant de s’installer derrière le volant d’une Dallara propulsée par un 1300 cm3 Hayabusa : « Avec cette auto je me suis concentré exclusivement sur le slalom. »
Touche à tout, cet ancien militaire, qui fut ensuite courtier en prêt immobilier avant de créer son cabinet d’assurance, est un homme de challenges. Pour cette saison il décidait d’en relever un de taille : « J’ai passé la quarantaine, et je me suis dit qu’il était temps que je fasse une saison complète sur le Championnat de France de la Montagne. C’était un souhait de prendre part au moins une fois à un championnat », confie ce sportif dans l’âme qui évolua à haut niveau en course à pied durant ses années passées dans l’armée. Une passion pour le sport qui l’incitait à pratiquer la boxe, le football, le rugby et d’autres multiples activités qui lui permettaient d’assouvir sa passion pour la compétition.
L’envie de découvrir le championnat
L’idée de s’engager pour cette saison 2022, Nicolas Neis avoue qu’elle a comme origine une discussion avec un pilote qui en l’espace de quelques années est devenu une référence sur le Championnat : « C’est en effet Kevin Petit qui m’a motivé à partager l’aventure avec lui. Il m’a dit d’acheter une vraie auto de course et de l’accompagner chez Helium Racing. L’aventure me paraissait belle, j’ai donc fait confiance à Kevin, acheté une Formule Renault et je suis parti en quête de partenaires pour monter ce projet », explique le Lorrain aujourd’hui installé en Alsace.
L’intégration au sein du Team Helium Racing est vite apparue comme une évidence et Nicolas reconnait que ce fut pour lui un gain de temps phénoménal : « Je partais de loin, en ayant le sentiment de savoir à peu près piloter, alors qu’en fait je n’y connaissais rien », reconnait-il humblement. « Chez Helium j’ai été coaché, conseillé, j’ai énormément appris en un laps de temps réduit en intégrant une équipe professionnelle. Ce sont des conditions idéales pour mener à bien le projet qui était le mien. Cela m’a permis de prendre énormément de plaisir, mais également de courir en me sentant en sécurité grâce aux conseils qui m’étaient donnés. J’ai vraiment pu rouler en confiance. »
Nicolas Neis qui avait déjà eu l’occasion d’affronter quelques tracés de courses de côte, reconnait qu’il abordait toutefois cette saison en novice : « De ce fait je n’avais pas d’autres objectifs que celui de me faire plaisir et de faire de belles rencontres sur les épreuves du championnat. En début de saison je n’avais évidemment pas de velléité à aller chercher un quelconque résultat. Avant d’être une aventure sportive, je voulais que ce soit une aventure humaine. » Pour ce qui est du choix de la Formule Renault, la voiture paraissait offrir le compromis idoine : « C’est une auto assez facile à mener, sans d’énormes contraintes mécaniques, ça me semble idéal pour débuter quand on veut rouler dans le Championnat Sport. »
C’est sur l’Anneau du Rhin que Nicolas Neis avait l’occasion d’essayer sa monture avant de débuter la saison : « Je me suis alors rendu compte que j’avais de grosses lacunes pour ce qui est du pilotage. J’avais en fait une conduite intuitive et il m’a fallu revoir mes trajectoires, mes points de freinage. Ces lacunes m’interdisaient de réaliser de bons chronos, mais pouvait même me mettre en danger. Heureusement que j’ai pu bénéficier de ce coaching avant de débuter la saison », commente Nicolas qui dès la prise en main de sa Formule Renault avoue avoir eu un très bon ressenti.
En constante progression
Quand on décide de relever un nouveau challenge, on se retrouve souvent confronté à de gros défis, celui d’affronter le tracé de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison, en était un de taille : « C’était impressionnant de débuter sur un tracé aussi étroit et exigeant. Samedi lors des essais je commets une petite erreur et je fais une touchette. Dimanche ça allait mieux malgré le froid qui rendait compliqué les conditions de roulage. J’ai vraiment plongé dans le bain tout de suite », avoue Nicolas qui signe d’entrée de jeu un excellent résultat en terminant deuxième de sa classe derrière Gaëtan Bischoff.
Malgré les difficultés que représente l’apprentissage du Col Saint-Pierre, Nicolas Neis estime que cette confrontation avec les pentes de l’épreuve cévenole lui a offert une des plus belles sensations de la saison : « Ce tracé est fabuleux, et même si le parcours est difficile à mémoriser, c’est vraiment exceptionnel. J’ai dû apprendre à rouler vite en course, et il a fallu que je me retrousse les manches, mais finalement ça à plutôt bien fonctionné », estime Nicolas qui termine cette fois troisième derrière le plus expérimenté des pilotes de Formule Renault, Didier Chaumont, et Gaëtan Bischoff.
Nicolas retrouvait par la suite le tracé d’Abreschviller, qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter. Mais pour l’occasion, il retrouvait également Baptiste Tognet-Bruchet et Antoine Uny, les deux références de la classe DE/7 : « Là je connaissais et j’abordais l’épreuve en confiance. Mais ce fut une véritable douche froide car j’étais totalement perdu. Heureusement, j’ai pu bénéficier durant le week-end du coaching de Geoffrey Schatz qui m’a réellement remis en selle. J’espérais mieux, mais c’est finalement un week-end satisfaisant », analyse le Mosellan que l’on retrouve sur la troisième marche du podium de sa classe.
Après une course à domicile à Abreschviller, Nicolas Neis débutait la campagne de l’Ouest de la plus belle des manières, en s’imposant en tête de sa classe sur la Course de Côte des Teurses de Thèreval – Agneaux : « J’ai adoré l’accueil, l’organisation, le public qui était au rendez-vous. Alors certes Baptiste et Antoine étaient absents, mais il n’y a pas de petites victoires et je suis d’autant plus satisfait que mon meilleur chrono s’approche de très près du record de la classe. C’est une première victoire, qui marque toujours et nous l’avons pleinement savouré avec le Team Helium Racing et mes partenaires. »
En présence de Baptiste Tognet-Bruchet de d’Antoine Uny Nicolas Neis terminait troisième de la Course de Côte de La Pommeraye. Un résultat très satisfaisant pour un pilote qui découvrait le tracé angevin : « C’est une très belle course bénéficiant d’une très belle organisation. Le week-end a été entaché par la grosse sortie de route de Damien Chamberod, et bien évidemment ce genre d’accident est toujours marquant et a fait que j’ai terminé un peu sur la retenue. Finalement je me classe à la place qui est la mienne. »
A Saint Gouëno, Nicolas Neis allait trouver un nouvel adversaire en la personne de Jean-Christophe Henry qui maîtrise parfaitement le tracé breton. Malgré sa méconnaissance de l’épreuve, Nicolas terminait à seulement six dixièmes de son rival : « J’étais devant jusqu’à quasiment la fin du week-end et je pensais avoir course gagnée, mais sur les deux dernières manches Jean-Christophe a sorti des chronos exceptionnels et vient me passer devant au cumul. J’étais content pour lui qu’il gagne à domicile et très content de mon week-end. »
Même s’il ne parvient pas à se hisser sur le podium, Nicolas Neis avoue que Vuillafans fut sa course préférée de la saison : « C’est technique, hyper rapide, dangereux, avec de gros appuis et des passages en aveugle… Pour moi qui avais beaucoup de craintes, la manière d’aborder cette épreuve fut un véritable déclic. J’ai adoré et je suis parvenu à me lâcher, et même si je termine quatrième je suis hyper content d’avoir pu réaliser de très bons chronos sur un parcours qu’initialement je redoutais. »
Après Vuillafans, Nicolas fera une escapade en 2ème Division en engageant sa Formule Renault sur la Course de Côte de La Broque : « L’épreuve est organisée par notre ASA, l’ASA d’Alsace, ça nous tenait donc à cœur d’être présents avec le Team Helium. Au final je m’impose en DE/7 en terminant à deux dixièmes du record de la classe détenu par Etienne Pernot. Ca reste un des excellents souvenirs de la saison sur une épreuve qui mériterait de figurer au calendrier du championnat. »
Le ressenti de Nicolas Neis sur la Course de Côte de Dunières sera radicalement différent : « Là j’ai eu l’impression de subir tout au long du week-end. Je n’étais pas à mon aise, j’ai trouvé ça très piégeux, ce fut une course compliquée » reconnait le Mosellan qui termine quatrième sur l’épreuve auvergnate.
A mi-saison, c’est aux commandes du Challenge Open DE/7 que l’on retrouvait Nicolas Neis qui n’aurait jamais imaginé se retrouver à pareille fête pour sa première saison sur le championnat. Serein, confiant, il abordait la seconde partie du championnat en gardant à l’esprit qu’il lui serait très difficile de conserver sa place. Mais sa performance à Marchampt lui permettait de reculer les échéances puisqu’il se classait deuxième derrière Antone Uny : « J’ai fait une belle course en améliorant mes chronos tout au long du week-end. Je ne suis pas très loin d’Antoine (Uny), mais malheureusement sur la dernière montée je pars à la faute. C’était à mon sens la montée de trop, les conditions de visibilité n’étaient plus optimales et tout le monde avait envie d’en terminer. Mais ce que je retiendrai c’est que je me suis senti à mon aise sur ce tracé rapide. »
Même si elle peut être considérée comme sans énorme gravité, la sortie de route de Marchampt-en-Beaujolais aura dès répercussions sur la prestation de Nicolas sur le Mont-Dore : « Quand j’ai rejoint le Mont-Dore, j’avais enchainé les week-ends de course et je commençais à ressentir la fatigue. Après l’accident de Marchampt je n’étais pas très serein et j’ai commis une erreur sur la dernière montée d’essais. J’ai touché le rail, et de nouveau j’ai occasionné quelques dommages sur la voiture. On a pu réparer mais dimanche je n'étais plus du tout dedans. C’était mon dernier week-end de course avant un événement majeur pour moi, et j’avais donc d’autres priorités. C’était peut-être la course de trop », estime Nicolas.
Lorsqu’il évoque un événement majeur, Nicolas Neis parle de son mariage, puisqu’alors que les animateurs du Championnat de France se retrouvaient à Chamrousse, le Mosellan convolait en justes noces avec Géraldine. C’est donc en Alsace, où il a élu domicile, que l’on retrouvait ensuite Nicolas Neis sur la Course de Côte de Turckheim : « C’est une des plus longues du championnat, mais je la connais bien. C’était pour moi le dernier rendez-vous de la saison, et l’objectif était de me faire plaisir et d’accueillir mes partenaires. C’était plus festif que sportif », confie Nicolas qui termine troisième de sa classe.
Troisième du Challenge Open DE/7
A l’heure où vont être récompensés les lauréats du Championnat de France de la Montagne, c’est sur la troisième marche du podium du Challenge Open DE/7 que l’on retrouve Nicolas Neis, un excellent résultat pour un pilote qui découvrait le championnat : « Terminer troisième d’un plateau conséquent comme celui du Challenge Open DE/7 c’est très positif. Ma progression a été constante, je me suis assez rapidement adapté à la voiture et aux différents circuits. J’ai réussi à signer des chronos honorables, à remporter ma classe sur une épreuve, à pointer en tête du Challenge Open à mi-saison. C’était plutôt excitant, même s’il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre que contrairement à mes principaux adversaires, je faisais toutes les courses alors qu’ils étaient absents sur certaines. Je ne me faisais aucune illusion et je savais que de jeunes pilotes tels que Baptiste (Tognet-Bruchet) et Antoine (Uny), plus expérimentés, n’allaient pas manquer de me passer devant. Mais c’était vraiment passionnant de me battre avec eux pour cette première saison d’apprentissage », confie Nicolas qui estime à juste titre qu’il est très honorable de terminer sur le podium du Challenge Open DE/7 à l’issue de son année de découverte.
Mais si l’aspect sportif est bien évidemment à prendre ne compte, le Mosellan s’attache avant tout à l’aspect humain de cette aventure : « J’ai rencontré énormément de gens, des pilotes, des organisateurs, des officiels et des commissaires qui évoluent sur les épreuves. Ce fut pour moi très enrichissant et l’aventure humaine que m’a permis de vivre cette saison sur le championnat était à ce titre exceptionnelle. J’ai adoré la confrontation mais également l’entraide entre pilotes. Je me suis de suite senti intégré dans le championnat et c’est vraiment essentiel. »
Cette aventure humaine, Nicolas Neis l’a partagé avec tous ceux qui cette saison étaient à ses côtés et qu’il veut remercier : « Un grand merci au Team Helium Racing sans qui cette saison n’aurait pas été possible, merci à mon épouse Géraldine, ma famille, mes proches, mes amis et bien évidemment mes partenaires : Christian de TMS, Olivier de Ohtop, Pierrik de Ldlc Strasbourg, Max et Alex d’Iberica, Mathieu de MS Paysage, Lolita et Fabien de 28 degrés, Marc de Citroën Kah Fuchs, Julie et Seb des Suites Alsace, Jérôme de Paddock Expert, Franck d’Emco France, Steeve d’Helium, Philippe d’Evolution Graphique, Alex de Misterflock, Stéphane de Batielsass, Quentin d’AXA et Julien d’Onboardracing »
Rien n’est encore arrêté quant à l’implication de Nicolas Neis pour la saison à venir : « Pour le moment j’ai mis la Formule Renault en vente. Mais je ne sais absolument pas ce que je vais faire. Je me laisse le temps de la réflexion jusqu’à la fin de l’année », conclut-il.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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