Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Nicolas Gallet avait à cœur de faire progresser son Proto Ligier et par la même occasion ses chronos. Auteur de belles améliorations au fil des épreuves, le pilote Rhodanien était malheureusement stoppé dans sa progression par une violente sortie de route sur la Course de Côte du Mont-Dore.
Comme bon nombre d’amateurs, c’est au volant d’une vénérable Rallye II que Daniel Gallet prenait part à ses premières courses de côte. Enfant, Nicolas suivait sur les épreuves ce père pilote qui n’allait pas manquer de lui transmettre le virus de la compétition automobile. Après s’être initié aux volant de plusieurs Rallye II, Daniel Gallet s’installait dans le cockpit d’un Proto, qui sera finalement troqué contre une F2 propulsée par un moteur 1600 cm3.
Spectateur passionné durant son enfance, Nicolas Gallet devenait à l’adolescence un assistant assidu lors des épreuves sur lesquelles évoluait son père : « J’ai toujours baigné dans le monde de la course de côte, et dès que j’ai pu j’ai aidé mon père pour assurer son assistance. J’ai en tête une multitude de souvenirs d’enfance, et il était logique que je reprenne sa succession. »
Des débuts en Historique
Pour ses débuts, c’est vers l’Historique que se tournait Nicolas Gallet, en engageant une Martini sur diverses courses de côte durant les saisons 2009 et 2010 : « J’ai eu la chance de trouver une auto finalement pas très onéreuse et proche de sa configuration d’origine, c’est ce qui m’a incité à rouler en Historique. Ensuite, toujours en VHC, j’ai tenté de rouler en F2, mais c’était compliqué pour obtenir les homologations, et de ce fait je n’ai roulé qu’en qualité d’ouvreur. Autant dire que je n’étais pas souvent derrière le volant. »
A partir de 2014, c’est en Moderne Nicolas Gallet poursuivait sa carrière de pilote, là encore au volant d’une F2, en l’occurrence une Chevron : « Au moment de débuter en Historique, je n’avais pas la certitude que la course me plairait où que j’aurais les capacités pour piloter. Mais j’ai rapidement pris conscience que j’avais une réelle passion pour cette discipline qu’est la course de côte, et que de ce fait je devais poursuivre en Moderne », confie Nicolas.
Il intégrait alors à son calendrier sportif des épreuves régionales, mais également des manches du Championnat de France de la Montagne : « J’ai eu l’occasion de rouler à Marchampt, à Dunières, à Chamrousse… Pour ce qui est de l’auto, ce n’était pas la plus performante des plateaux, et je manquais un peu d’expérience en termes de mise au point, mais j’ai pu réaliser quelques bons chrono sans vraiment jouer la gagne », confie Nicolas qui ne se privait pas de remporter des victoires de classe. « Mais nous n’étions pas nombreux », rappelle-t-il en toute humilité. « Du côté du Championnat, je me retrouvais confronté à Yannick Poinsignon qui roulait avec sa Pedrazza, et là il n’était bien évidemment pas question de rivaliser. »
En 2015, Nicolas Gallet prenait une année sabbatique, sans pour autant s’éloigner de la compétition automobile : « Je me suis impliqué dans l’assistance d’Olivier Augusto, qui disputait une saison durant laquelle il alternait ses participations entre courses de côte et circuits. J’étais à ses côtés sur les épreuves, ce qui me prenait pas mal de temps. »
Toujours impliqué dans la course, Nicolas Gallet faisait alors l’acquisition d’une Norma avec laquelle, en 2016, il prendra part à plusieurs épreuves, en course de côte et en circuit : « Cela m’a permis de découvrir une autre discipline » explique le Rhodanien. « J’avais l’intention de repartir au volant de la même voiture en 2017, mais alors que je ne l’avais pas mise en vente, un pilote m’a fait une proposition intéressante, et je me suis dit que c’était une opportunité à saisir pour changer de monture. »
Nicolas prendra plus de temps que prévu pour trouver sa nouvelle voiture, avant de porter son dévolu sur une Ligier JS 53 avec laquelle il s’engageait sur le Championnat pour la saison 2018 : « J’avais vu que le niveau en CN/2 était de plus en plus élevé, et j’ai pensé que c’était une belle opportunité pour parfaire mon apprentissage et m’étalonner face à des pilotes talentueux. »
La rareté des Ligier, en comparaison du nombre exponentiel des Norma sur le Championnat, fait que la monture de Nicolas ne bénéficie pas d’autant d’évolutions que ses rivales, et peut parfois être pénalisée dans ce domaine : « Après, je reste persuadé qu’avec une peu de boulot, on pourrait se rapprocher des Norma, ne serait qu’en optimisant le poids de la voiture. »
Excepté Marchampt, Dunières et Chamrousse, Nicolas Gallet ne connaissait pas en début de saison 2018 les tracés des épreuves du Championnat de France. Son objectif principal restait donc d’apprendre et de se jauger par rapport aux habituels animateurs de la discipline : « J’avais tout à découvrir, et sur des épreuves longues comme Vuillafans et le Mont-Dore, il ne faut pas songer suivre le rythme d’entrée de jeu », estime-t-il.
En constante progression
Pour parfaire les réglages de sa Ligier, Nicolas Gallet s’engageait, avant de débuter sa saison sur le Championnat, sur les Courses de Côte de Coligny et de Donzy : « La voiture était initialement réglée pour évoluer avec des pneus Avon, et j’ai opté pour des Michelin. De ce fait il fallait que je revoie les réglages de la voiture, mais ça n’a pas pu réellement se faire avant Dunières, le début de saison fut donc un peu compliqué. A Coligny je découvrais l’auto, donc il n’était pas question d’aller chercher un résultat, et à Donzy j’ai commencé à me mettre dans le rythme, notamment sur le sec, et je suis plutôt satisfait du résultat puisque je suis dans le chrono que je m’étais fixé. »
Les débuts de Nicolas Gallet sur le Championnat se feront sur un tracé qu’il connaissait, celui de Marchampt : « Ça s’est super bien passé… La voiture était très stable dans le rapide, j’améliore mes chronos tout au long du week-end pour finalement faire mieux qu’avec la Norma. Mais je découvrais la voiture à haute vitesse, et je n’ai pas voulu toucher aux réglages, de peur de dégrader l’auto. »
Vuillafans sera pour Nicolas Gallet une découverte, le Rhodanien affrontait pour la première fois un tracé qui interdit toute improvisation : « Ce n’est pas vraiment évident, ça va très vite, mais je garde de cette épreuve un excellent souvenir, même si c’est compliqué de se lâcher sur ce parcours, au volant d’une voiture que tu découvres. » Pourtant, le week-end Franc-Comtois n’avait pas vraiment bien commencé pour Nicolas : « Sur les montées d’essais, j’ai été arrêté à chaque fois au drapeau sur le haut du parcours, et j’ai dû me relancer avec des pneus passablement chargés. Les essais furent donc compliqués et ne m’ont pas permis de préparer correctement la course. Mais le lendemain tout a fonctionné à la perfection. »
Sur la Course de Côte de Dunières, Nicolas Gallet allait faire preuve d’une belle régularité en enchainant les chronos en 1’10’’. Il accrochait finalement la cinquième place des Protos 2 Litres, derrière des pilotes de la trempe de Julien Français, Maxime Cotleur, Serge Thomas et Maxime Basset : « Lors des essais, l’auto n’était pas stable et je ne parvenais pas à rentrer dans les courbes. J’avais énormément de survirage en sortie et je n’arrivais pas à rouler vite. Mais j’ai eu la chance de bénéficier des conseils d’Olivier Augusto, et de David Guillaumard qui m’a expliqué comment régler ma voiture. Grâce à cela, dimanche, j’ai pu nettement améliorer mes chronos sur un tracé qui nécessite de trouver le bon compromis, ce qui n’est jamais évident. »
La seconde épreuve auvergnate de la saison, le Mont-Dore, sera pour Nicolas Gallet le théâtre d’une violente sortie de route qui mettra un terme à sa saison : « Sur la première montée de course, je commets une erreur… Sur la courbe qui précède ma sortie, je descends une vitesse de trop. J’en remets immédiatement une, mais je jette un œil sur le tableau de bord pour voir si je suis sur le bon rapport. Ce court laps de temps m’a été fatal, car je me décale sur la droite, je mords dans l’herbe et la voiture se pose sur le plancher, et à ce moment là je n’ai plus de direction. Je n’avais plus à attendre que ça s’arrête, mais finalement le rail m’a servi de tremplin pour me propulser de l’autre côté. J’ai de la chance dans mon malheur, car je retombe sur les roues, mais si je sors indemne de l’accident, en revanche la voiture avait de gros dégâts. »
Nicolas Gallet assume totalement son erreur, mais regrette bien évidemment d’avoir été stoppé net dans son élan : « C’est dommage, car à ce stade de la saison je commençais à être dans le rythme et ça se présentait plutôt pas mal. Mais voilà, c’est une erreur de ma part et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Mais le fait de m’en tirer sans mal me permet de bien relativiser », avoue Nicolas.
Une saison riche en enseignements
Cette sortie de route sur le Mont-Dore mettait un terme prématuré à la saison du tout juste trentenaire, qui depuis travaille sur la reconstruction de sa voiture : « Ça n’avance pas aussi vite que je le voudrais, mais j’ai bon espoir de pouvoir rouler à nouveau cette saison, même si je ne sais pas quand je pourrais m’installer à nouveau derrière le volant. Je tiens avant tout à remonter la voiture dans de bonnes conditions, en m’attachant à parfaire les réglages, et en mettant à profit les enseignements de cette courte saison 2018. L’objectif est dans un premier temps de revenir, pour être plus fort encore en 2020. »
Malgré la sortie de route qui mettait à mal ses attentes pour la suite de la saison, Nicolas Gallet tente de dégager un bilan positif de sa première participation au Championnat : « J’ai débuté avec une voiture qui n’était pas bien réglée, loin s’en faut, et qui au fil des courses commençait à correspondre à ce que j’espérais. J’ai eu l’occasion d’améliorer mes chronos et d’avoir un meilleur ressenti au fil des épreuves, ce qui pour moi est enthousiasmant. Après, l’erreur au Mont-Dore me coûte cher… Maintenant, il faut savoir apprendre de ses erreurs et savoir rebondir. En clair, ça restera pour moi une saison en demi-teinte. »
Capable de se remettre en question, Nicolas Gallet aborde la course avec sagesse. Un sentiment qu’il partage avec l’un de ses ’’mentor’’, Olivier Augusto : « Je le mets en tête de liste de mes remerciements car il est toujours là pour me conseiller et me coacher sur certains points. Je remercie également tous les amis pilotes qui évoluent dans ma classe où dans d’autres catégories, et notamment Jean-Jacques Louvet, qui est devenu un ami, tout comme Maxime Basset ou David Guillaumard, et j’en oublie car on pourrait en citer beaucoup. Je cours aussi pour partager des moments privilégiés avec des pilotes aussi sympathiques, c’est important pour moi. Un énorme merci à la Société Rhône Travaux Techniques qui est mon principal partenaire et qui m’est fidèle depuis dix ans, et puis tous ma famille, mes amis, et tous les acteurs de la discipline qui n’ont pas manqué de prendre des nouvelles après mon accident, et de m’encourager. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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