Pour sa deuxième saison au volant de la Martini MK 15, Viviane Bonnardel, même si elle a été pénalisée par une boîte de vitesses récalcitrante, réalise des prouesses. Vice-championne de France VHC Sport, elle remporte un neuvième titre de Championne VHC et s’impose en tête du Challenge VHC du groupe 8/9.
A la création du Championnat de France de la Montagne des Véhicules Historiques de Compétition, en 2014, Viviane Bonnardel évoluait avec une Volkswagen Scirocco au volant de laquelle elle allait accumuler les titres. Championne de France en sa qualité de pilote féminine, elle remportera par deux fois le titre de Championne VHC Production en terminant les saisons 2017 et 2018 en tête des ''Voitures Fermées''.
Avec son mari Didier, omniprésent à ses côtés et qui gère la maintenance de sa voiture, Viviane Bonnardel décidait à l’aube de la saison 2022 de se lancer un nouveau défi en troquant sa Volkswagen pour une Martini MK 15 propulsée par un moteur de Renault 12 Gordini. Sa campagne de France 2022 sera consacrée à l’apprentissage de sa nouvelle monture, la Lyonnaise n’ayant jamais eu l’occasion auparavant d’évoluer avec une monoplace.
Un apprentissage rapide qui lui permettait à l’issue de cette première saison avec la Martini de terminer deuxième du groupe 8/9 et de remporter une huitième couronne de Championne de France de la Montagne VHC. « En optant pour une monoplace j’intégrais un univers qui m’était totalement inconnue, mais il est clair que je ne reviendrai pas en arrière », débute Viviane. « Je me sens très bien au volant de cette voiture. Sincèrement je suis contente, ne serait-ce que parce que je me fais réellement plaisir à son volant. »
Pour autant, Viviane Bonnardel est totalement consciente qu’elle est loin d’exploiter tout le potentiel de sa Martini MK 15 : « Nous n’avons pas encore exploité tout ce que l’on peut tirer de la voiture, quant à moi j’ai encore une importante marge de progression. Je ne suis pas au bout de la voiture et il y a encore de nombreuses choses à améliorer dans l’exploitation de cette monoplace. »
L’exploitation de la voiture, c’est le domaine réservé de Didier Bonnardel, le conjoint de Viviane. La Lyonnaise considère en effet que son mari est tout autant impliqué qu’elle dans la course. C’est lui en effet qui règle la voiture en fonction du ressenti et des retours que peut lui faire sa pilote : « Et ce n’est pas toujours évident de trouver les bonnes pistes, notamment en matière de carburation, une partie assez complexe sur ce type de voiture », explique Viviane. « Didier maîtrise énormément de choses, mais il faut encore que nous optimisions certains réglages. »
Nouvelle boîte pour une Martini plus performante
Après une saison 2022 durant laquelle la Championne de France était pénalisée par une boîte de vitesses inadaptée à la course de côte, il était décidé de changer cet organe essentiel : « Nous avons opté pour une boîte avec des rapports plus courts, nettement plus en configuration pour la côte, et il apparaissait que c’était nettement plus compétitif. »
En toute humilité, Viviane Bonnardel estime qu’il lui est difficile d’aller contester la victoire à des pilotes de la trempe de Sébastien Brisard, « qui est non seulement talentueux mais qui dispose d’autos particulièrement compétitives », analyse la Lyonnaise. « Mon objectif principal en début de saison était avant tout d’améliorer mes propres chronos et de me rapprocher de ces Messieurs. Après, si ça veut sourire et que je me retrouve en capacité de me battre pour la victoire, tant mieux, mais ce n’est pas ma priorité dans l’approche de la course. »
Avec une Martini MK15 munie d’une nouvelle boîte de vitesses aux rapports plus courts, Viviane Bonnardel pouvait aborder la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison, sereinement : « Et ça s’est plutôt bien passé. J’étais à mon aise avec la voiture, tout fonctionnait comme je l’espérais, la boîte était top. De plus j’adore ce tracé de Bagnols-Sabran, donc pour nous un excellent week-end. » La participation de Viviane Bonnardel au Col Saint-Pierre lui permettra cette année d’améliorer ses chronos de manière significative : « Là encore de quoi être pleinement satisfaite. J’avais eu un souci lors de la précédente édition, et cette année tout a fonctionné parfaitement. »
A Abreschviller, Viviane allait remporter le groupe 8/9, mais pour autant le week-end lorrain ne sera pas de tout repos : « Je suis partie à la faute. J’ai fait une touchette et j’ai cassé la lame avant de la monoplace. Je pensais ne pas pouvoir repartir. Mais grâce à Guy Poinsignon que nous sollicitons souvent, nous avons pu bénéficier de son poste à souder, réparer et repartir le lendemain. Mais j’avoue que cet incident m’a bien refroidi et que j’ai terminé le week-end sur un rythme plus prudent. »
Difficile voire impossible pour les animateurs du championnat VHC de prendre part à la campagne de l’Ouest et de s’engager dans le même temps à Quillan. Le mois de mai est surchargé et Viviane devait faire un choix. Ce sera Quillan, l’épreuve audoise offrant un tracé particulièrement attrayant : « C’est vraiment une très belle course… J’ai eu quelques soucis avec la tenue de route de la voiture, mais dans l’ensemble je suis plutôt satisfaite de ce que j’ai pu faire. »
Il est rare de ne pas voir figurer le nom de Viviane Bonnardel sur la feuille de classement final, mais une fois n’est pas coutume, la Lyonnaise allait devoir abandonner à Marchampt-en-Beaujolais : « J’ai cassé un arbre primaire de boîte de vitesses, et de ce fait j’ai dû renoncer. C’est comme ça, cela fait partie intégrante de la course », analyse-t-elle. Cette casse allait contraindre Didier à réinstaller sur la Martini l’ancienne boîte, aux rapports plus longs, avec laquelle Viviane allait devoir disputer les épreuves de la seconde partie de saison : « C’était bien évidemment pénalisant, surtout sur certaines courses où il faut vraiment tirer sur les rapports. »
Lors de ses participations à Vuillafans et à Dunières, si Viviane est satisfaite des résultats obtenus, elle est consciente qu’elle était certainement en-dessous de ce qu’elle aurait pu faire : « Nous avions de plus quelques soucis de carburateur, et il n’est jamais évident de savoir si les changements apportés vont dans le bon sens. »
Connaissant le Mont-Dore, et les nombreux aléas que peut rencontrer l’épreuve auvergnate, Viviane Bonnardel décidait le samedi soir, alors que certains de ses adversaires renonçaient, à prendre part sous la pluie à la première montée de course. Bien lui en pris, puisqu’une seule montée aura lieu dimanche, et que les absents du samedi ne figuraient donc pas au classement final établi sur le cumul des deux meilleures ascensions : « On savait qu’en jetant l’éponge sur la première montée du samedi, on prenait un risque sur une épreuve comme le Mont-Dore. Donc nous avons bien fait, même si je monte sur un rythme très prudent », reconnait Viviane.
En tête du championnat après le Mont-Dore
A l’issue du Mont-Dore, avec l’annulation de la Course de Côte de Lodève, il ne reste aux animateurs du Championnat de France VHC que trois épreuves au calendrier. Et à ce stade de la saison, c’est Viviane Bonnardel qui pointait aux commandes du Championnat Sport : « Dans mon esprit je savais qu’il serait difficile de contrer un pilote comme Sébastien (Brisard). Peut-être que sans les problèmes rencontrés au Beaujolais et donc en ayant la boîte courte sur les épreuves de fin de saison j’aurais pu mieux défendre mes chances, mais ça me paraissait compliqué de garder l’avantage », analyse Viviane qui, après avoir obtenu deux titres en Production aurait pu accrocher à son palmarès un titre en Sport.
La Course de Côte de Chamrousse allait se dérouler sans problème notoire : « Avec toutefois quelques soucis à nouveau du côté de la carburation. » A Turckheim Viviane prenait énormément de plaisir sur un tracé qu’elle affectionne, même si une nouvelle fois la carburation lui causait quelques soucis. Et pour terminer la saison, c’est à domicile, à Limonest, que l’on retrouvait la Lyonnaise : « On termine à la maison, c’est très sympa et c’est un tracé à mon sens compétitif. Mais c’était une belle ''petite finale'', dans une ambiance très conviviale. »
Neuvième titre de Championne de France
A l’heure de tourner la page de cette saison 2023, Viviane Bonnardel occupe la deuxième place du Championnat de France de la Montagne VHC Sport, à moins de sept points du vainqueur. Elle remporte le Challenge VHC du groupe 8/9 et inscrit à son palmarès un neuvième titre de Championne de France : « Même si j’ai connu pas mal de petits soucis et une sortie de route à Abreschviller qui m’a certainement coupé dans mon élan, je suis malgré tout satisfaite. Les résultats sont là, même si on peut toujours mieux faire. Je reconnais qu’il y a une petite frustration de n’avoir pas su me lâcher comme je le souhaitais après Abreschviller, et d’avoir dû prendre part aux épreuves de seconde partie de saison avec mon ancienne boîte de vitesse qui n’est pas adaptée à la course de côte », analyse la nonuple Championne de France.
On ne s’habitue pas à remporter des titres, et la neuvième couronne que vient de coiffer Viviane lui offre une belle satisfaction : « Je suis bien évidemment très contente, c’est toujours sympa, d’autant qu’il règne parmi les animateurs du VHC une super ambiance et que nous partageons des moments de convivialité très appréciés. C’est toujours du plaisir. » Viviane ne cache pas qu’elle est particulièrement fière d’être la Présidente de l’Amicale des Montagnards : « Nous avons une cinquantaine de pilotes qui adhérent à cette association, et nous avons tous ceux qui ne courent pas mais qui sont à nos côtés, nous aident et nous soutiennent tout au long de l’année. C’est vraiment hyper convivial. »
Les bons résultats obtenus par Viviane Bonnardel sont dus à son talent mais également à l’implication de Didier, son conjoint, totalement impliqué dans la course et vers qui vont les premiers remerciement de la Lyonnaise : « Il est évident que je ne serai pas là sans lui », rappelle Viviane. « Merci également aux bénévoles, à tous ceux qui nous encadrent et sans qui nous ne pourrions pas courir. Merci vraiment à tous les pilotes du VHC grâce à qui règne dans les paddocks une super ambiance, un vrai sens de l’entraide. Nous vivons des week-ends vraiment sympas et c’est toujours un plaisir de se retrouver. »
Viviane Bonnardel est toujours très attentive aux prestations des pilotes féminines qui évoluent sur le championnat et trouve très rassurant de voir qu’aujourd’hui, nombre d’entre elles rivalisent avec leurs homologues masculins : « Les Véhicules Historiques de Compétition manquent un peu de présence féminine. Mais du côté des Modernes, on voit éclore de jeunes talents. Le sport automobile a besoin de s’ouvrir aux féminines, et quand on voit les résultats qu’elles parviennent à obtenir c’est plutôt rassurant pour l’avenir, et pense que cela apporte un plus indéniable à notre discipline. »
S’il est clair dans l’esprit de Viviane Bonnardel que la saison 2024 se déroulera pour elle au volant de sa Martini MK 15, rien n’est encore défini pour ce qui est de son programme sportif : « C’est à l’étude, en fonction des opportunités, du budget. Il va falloir avant tout réparer la boîte de vitesses, régler les problèmes de carburation et puis nous verrons si nous privilégions le Championnat de France ou si on se tourne vers un programme européen axé sur quelques épreuves. C’est bien de découvrir de nouvelles choses, mais pour l’heure rien n’est vraiment arrêté », conclut Viviane.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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