Sportive accomplie, Morane Cat-Mackowiak est une compétitrice dans l’âme. Elle l’a démontré tout au long de sa première saison sur le championnat. Un acharnement qui paie, puisqu’allié à un incontestable talent, il lui permet de coiffer la couronne de Championne de France de la Montagne Production, mais également de s’imposer sur le Challenge Open féminin et de terminer sur le podium du Championnat de France de la Montagne 2ème Division Production.
Morane Cat-Mackowiak n’est pas uniquement passionnée de compétition automobile, elle a élevé le sport en véritable art de vivre. Si elle a participé à des championnats de France en gymnastique et en VTT, c’est sur des skis qu’elle a connu ses plus gros succès. Animatrice de nombreux Slaloms et Slaloms Géants, elle sera titrée Championne de France en 2013. Inscrite en sport étude, elle aura l’occasion de glaner des succès en course FIS, ce qui correspond à des épreuves FIA si l’on veut faire le parallèle avec le sport auto. Là encore elle viendra chercher succès et podiums.
Pour ce qui est de la passion du sport auto, elle lui vient de ses parents. De son père Pascal et de sa mère Fabienne qui tout deux ont roulé ensemble en rallye, avant de s’investir séparément en course de côte : « Ma mère était engagée sur une course de côte quand elle a appris qu’elle était enceinte. Elle a participé à cette épreuve, j’ai donc baigné dedans avant même ma naissance », confie Morane. « Et je n’avais que trois mois lorsque mes parents m’ont emmené pour la première fois sur une course. Ensuite, j’ai passé mes week-ends sur les épreuves. »
Si dès le plus jeune âge jeune le ski représentait une part très importante de la vie de Morane, elle savait qu’un jour elle s’essaierait à la compétition automobile : « Mon père m’a appris à conduire alors que je n’avais que 8 ans, dans les champs à côté de la maison. Dès lors je savais qu’un jour je serais à sa place. » Copilote dès l’âge de 16 ans aux côtés de son père, Pascal et Morane participaient à deux reprises à la Ronde du Jura mais également le Rallye du Val d’Orain avec une Mitsubishi Lancer Evo V. Morane savait alors qu’elle ne tarderait pas à s’installer derrière le volant.
Premières épreuves et premiers résultats !
En 2013, à tout juste 18 ans, Morane Cat-Mackowiak prenait part au slalom du circuit de Bresse au volant de la Mitsubishi avec laquelle roulait habituellement sa maman. En guise d’apprentissage, c’est sur un parking que Morane fera ses premières armes : « Alors que l’on se rendait sur le slalom, mon père nous a arrêté sur un parking de ski de fond dans le Jura, et a disposé des écorces sur le sol. J’avais pour mission de rouler sans les toucher. Sympa pour apprendre. » Et l’apprentissage sera rapide, preuve en est, les résultats obtenus par Morane : « Sous la pluie, sur une des manches, j’ai signé le meilleur temps du groupe N. Par la suite la piste a séché et je termine cinquième du groupe. Mais j’étais ravie de cette première expérience. » L’année suivante, c’est sur la Course de Côte du circuit de Bresse que l’on retrouvait Morane, toujours au volant de la Mitsubishi : « Cela m’a offert l’occasion de me battre avec une autre Mitsu, celle de Guillaume Gillet, que je devance sur une montée mais qui au final me devancera de trois dixièmes. » Deuxième du groupe, Morane ne manquait pas de marquer les esprits, conscients qu’il y avait une sacré dose de talent chez cette jeune femme.
Morane Cat-Mackowiak fera son retour sur la Course de Côte du Circuit de Bresse en 2016 et 2017, cette fois au volant de la BMW M3 de son père : « C’était une première et je découvrais le comportement de la M3. Bien évidemment entre la Mitsubishi en quatre roues motrices et la M3 en propulsion, le comportement n’est absolument pas le même. Il a fallu que je m’adapte. » Et apparemment Morane a de vraies capacités d’adaptation puisque de la M3 elle passait directement derrière le volant d’une Porsche 997 GT2 qu’elle partageait en double monte avec Philippe Marion sur la Course de Côte de Tonnerre. Un temps leader du Production, Morane devait s’incliner suite à un souci mécanique qui la privait de la dernière montée. Mais elle accrochait tout de même la deuxième place du Production et s’imposait en GT Sport.
L’expérience se poursuivra en 2021, Philippe Marion, conscient du talent de la jeune Morane lui confiait sa Porsche pour les épreuves de Turckheim et de Limonest. Deux rendez-vous du championnat sur lesquels l’Aindinoise n’allait pas manquer de s’illustrer : « Je termine à deux reprises deuxième du GT Sport et je me classe douzième du Production à Turckheim et septième à Limonest. Ce qui était plutôt bien quand on garde à l’esprit que j’avais interdiction d’endommager la voiture, ce qui m’a obligé à être en partie sur la retenue. »
Il faut dire que Pascal Cat, n’était pas des plus chaud à l’idée de voir sa fille rouler en côte. Les participations à Turckheim et Limonest auront pour effet de le rassurer : « Il voulait que j’apprenne tout d’abord en circuit. Mais je n’ai pas les moyens de rouler en circuit, j’ai donc saisi l’opportunité qui m’était offerte par Philippe de rouler avec la Porsche. En faisant preuve de régularité, de maturité, j’ai pu mettre mon père en confiance et je pense avoir démontré mes capacités. » Morane avait alors prouvé qu’elle était capable de signer d’excellents chronos, restait à confirmer en prenant part au championnat, ce qu’elle fera en 2022 au volant de la BMW M3 avec laquelle son père à rouler durant de nombreuses années.
Objectif : Découvrir et être dans le coup
En aucun cas Morane Cat-Mackowiak n’envisageait de coiffer en fin de saison une couronne de Championne de France : « Mon seul objectif était de découvrir et de voir si j’allais m’en sortir avec cette voiture et de ne pas être ridicule. On ne va pas se mentir, j’avais la pression parce que j’étais attendue en tant que ’’fille de’’, et compte tenu de ce qu’avait fait mon père avec cette auto, je pouvais difficilement soutenir la comparaison. Les gens oublient que même si je bénéficie de conseils, je suis seule dans la voiture et que c’est moi qui dois aller chercher les chronos. » Compétitrice dans l’âme, Morane aurait eu du mal à accepter d’être ’’larguée’’ par ses adversaires… Ca ne sera absolument pas le cas.
Pour cette saison 2022, Morane Cat-Mackowiak devait trouver sur sa route un adversaire bien connu, son propre père qui comme elle évolue en groupe N, non plus au volant d’une BMW M3 mais d’une Renault Mégane RS. Adversaire, mais également compagnon de team puisqu’il paraissait logique que Pascal vienne en aide à sa fille. Mais une casse moteur dès Bagnols-Sabran allait contraindre le recordman de victoires en groupe N à mettre sa saison entre parenthèses. De ce fait, Morane se retrouvait seule, avec son fourgon qui tractait sa voiture, et l’obligation de gérer toute seule la maintenance de sa BMW sur les épreuves. Des conditions loin d’être idéales pour une jeune femme qui, si elle s’intéresse à la mécanique, n’en a pas fait une spécialité.
Etroit et réputé difficile, le tracé de Bagnols-Sabran, sur lequel Morane Cat-Mackowiak débutait sa saison, ne lui apportait pas de réelles inquiétudes : « Je partais du principe que c’était un parcours plutôt lent, ce qui pour débuter me convenait. Au final, je termine troisième du groupe, de quoi être super contente car je ne pensais pas être à une si bonne place. Et puis parvenir sur la dernière montée à devancer Jérémy (Avellaneda) qui était chez lui, c’est une belle satisfaction », reconnait Morane. « Mon seul regret vient du fait que mon père n’était pas à l’arrivée. C’est la première course que nous devions faire en famille et finalement on ne termine pas ensemble. »
Sa participation au Col Saint-Pierre allait faire prendre conscience à Morane qu’elle n’abordait pas les courses de la manière la plus judicieuse : « Comme en ski, je partais du principe qu’il fallait que je récite du premier au dernier virage… C’est du par cœur. Sauf que sur un tracé aussi long, avec une dizaine de passages en reco, tu ne peux pas connaitre par cœur. J’étais donc un peu perdue parce que je n’avais pas la bonne approche. En plus j’ai connu une casse sur la deuxième montée de course, ce qui me privait d’un gros roulage, et psychologiquement ce n’était pas évident pour la suite », explique Morane qui termine cinquième du groupe. « Mais je savais à quoi m’attendre, au moment où j’ai pris la décision de m’inscrire au championnat, je savais que j’allais galérer sur le Saint-Pierre. »
« J’ai bien aimé Abreschviller, parce que j’ai progressé au fil des montées », confie Morane. « Sur un parcours rapide, je suis parvenue à repousser mes limites tout au long du week-end et c’est enthousiasmant », reconnait la pilote de la M3 qui accroche en Lorraine la quatrième place du groupe.
Sur la campagne de l’Ouest, Morane allait signer une succession de bons résultat en terminant troisième sur les Teurses de Thèreval, avant d’accrocher la deuxième place à La Pommeraye et à Saint Gouëno, où elle terminait à seulement une seconde quatre de Sébastien Lemaire, référence dans le groupe : « Hébécrevon était un peu compliqué avec l’alternance de pluie et de sec pour moi qui n’avais jamais roulé sous la pluie. A La Pommeraye je me suis libérée. Je m’étais fixé un objectif que je bats d’une seconde, et je n’étais qu’à huit dixièmes du record détenu par mon père. Seb (Lemaire) a battu le record mais je ne peux être qu’enchantée de ma performance. Et pour ce qui est de Saint Gouëno, je suis évidemment contente de terminer à une seconde quatre de Seb, mais ça vient du fait que lui n’était pas au top sur cette épreuve », reconnait humblement Morane.
C’est animée du même état d’esprit que lors du Col Saint-Pierre que Morane Cat-Mackowiak abordait la Course de Côte de Vuillafans : « D’autant que depuis le début de saison, j’avais des problèmes avec mon ABS qui fonctionnait de manière alternative. Sur un tracé comme celui de Vuillafans, ça ne met pas vraiment en confiance. Franchement, j’étais contente d’en terminer avec ce week-end… Pour ce qui est de Dunières, j’avais eu l’occasion de rouler sur ce tracé en karting, et je m’attendais à mieux. Je suis malgré tout contente du résultat et surtout du retour de papa qui était engagé sur cette épreuve » commente Morane. « Marchampt, c’est pour moi une belle satisfaction car je me suis sentie à l’aise sur le rapide, alors que je redoutais. On a eu une belle bagarre avec ’’Jerem’’ (Avellaneda). Alors même si j’ai une 3.2 litres et lui une 3 litres, c’est toujours satisfaisant de terminer devant un garçon comme lui. »
On s’habitue vite au podium, et ça devient vite un manque lorsque l’on n’y accède pas. C’est le constat que fera Morane à l’issue du Mont-Dore où elle termine cinquième de son groupe : « Le plateau était énorme et sur un gros morceau comme le Mont-Dore je ne vais pas bouder mon plaisir. Je me suis bien amusée et le résultat est plutôt bon. »
Morane allait retrouver le podium à Chamrousse où elle se classait troisième du groupe N : « Ce fut un truc de ouf ! Sur la deuxième manche je fais le meilleur temps du groupe N en devançant Seb alors qu’on roulait avec du brouillard. Ce fut pour moi ’’LA’’ montée de l’année, la meilleure, celle qui m’a donné le plus de satisfaction » avoue Morane qui ne pouvait retenir ses larmes à l’arrivée, submergée par l’émotion. D’autant qu’à partir de là, l’Aindinoise allait commencer à croire en ses possibilités de remporter le titre… A Turckheim, Morane retrouvait un terrain qu’elle connaissait pour l’avoir abordé l’année précédente au volant d’une Porsche : « Et du coup j’ai été déçue ! Je pense que j’étais trop sereine, et même si je termine sur la troisième marche du podium, j’espérais être plus près de la tête. »
Le premier impératif de Morane à Limonest était de rejoindre l’arrivée et d’enregistrer un résultat probant. Accéder au titre de Championne de France dépendait de sa prestation : « Je signe le meilleur temps du groupe lors des essais et après avoir assuré deux bons chronos en course, j’ai tenté d’aller chercher la victoire de groupe, mais je n’y suis pas parvenue. Je termine deuxième, je remporte la Coupe des Dames, mais je pouvais espérer un peu mieux. »
Championne de France de la Montagne Production
Malgré tout le podium de Limonest sera chargé en émotion, car en recevant la Coupe des Dames, Morane savait également que c’est elle qui coiffait cette année la couronne de Championne de France de la Montagne Production : « C’est vraiment un truc de ouf… Je n’étais pas préparée à ça. Je n’aurais jamais pensé décrocher le titre pour ma première année sur le championnat », confie-t-elle. « J’ai bien été aidé par mon père et par Seb (Lemaire). « Le titre n’était absolument pas envisageable en début de saison. Tant que Sarah (Bernard-Louvet) était là c’était impossible de concurrencer, et puis contrairement à Aurore (Dodille) et à Elodie (Lafosse) je n’avais aucune expérience du championnat, même si elles aussi découvraient de nouvelles autos. »
L’émotion était d’autant plus palpable pour Morane qu’elle garde à l’esprit que c’est au volant de la BMW avec laquelle son père a fait une grande partie de sa carrière qu’elle accroche ce titre : « Elle est dans le garage depuis 2000. Mon père souhaitait la vendre, mais celui qui voulait l’acheter s’est désisté et mon père m’a proposé de me la céder. J’ai bien évidemment sauté sur l’occasion. Mais nous n’aurions jamais pu imaginer que cette voiture soit Championne de France. » Un titre, mais également un succès dans le Challenge Open Féminin qui tombe dans l’escarcelle de Morane, et un podium sur le Championnat de France de la Montagne 2ème Division où elle termine troisième du Production.
A l’heure de tourner la page de cette saison 2022, Morane veut avoir une pensée pour ceux qui ont rendu cette prouesse possible : « Je remercie mes parents pour tout ce qu’ils ont fait pour moi pour que tout ce passe au mieux et me donner toujours toutes les cartes pour que je puisse réussir, que ce soit en ski ou cette saison au volant. J’imagine que ce doit être dur de pousser son enfant dans ce sport où on connait tous les risques. Merci également à Bernard Roch, notre mécano de génération en génération qui suit mon père depuis 1986 et maintenant moi aussi. Mes grands-parents qui à 89 et 91 ans se déplacent encore sur les courses et qui nous suivent à fond toute l’année. Seb (Lemaire) qui a été bien plus qu’un "concurrent" cette saison, il m’a aidé sur chaque course depuis le début de saison jusqu’à venir me faire l’assistance quand lui ne roulait pas. Un immense merci à mes partenaires qui m'ont suivi tout au long de la saison : Start Auto, Yacco, KSK, Mag Auto, EB Enseigne, Macko Bar. »
Morane Cat-Mackowiak devrait remettre son titre en jeu l’année prochaine. On devrait donc retrouver le Numéro 111, attribué à la Championne de France en titre, sur les portières de la BMW M3.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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