A l’issue des saisons 2018 et 2019, Jérôme Janny remportait à deux reprises le Challenge Open A/5. Au volant de sa Seat Léon Supercopa, le Lorrain avait pour objectif en 2020 de s’imposer une troisième fois consécutive. Mais une performance en demi-teinte sur le Mont-Dore l’incitait à revoir ses plans et à consacrer sa fin de saison au rallye.
La préparation de la saison 2020 de Jérôme Janny allait se réduire à sa plus simple expression. Le confinement qui entrait en vigueur mi-mars lui interdisait d’apporter la moindre évolution à sa Supercopa qui, durant la pause hivernale, trouve refuge dans l’ancienne concession de Guy Janny, le père de Jérôme.
Initialement, Jérôme avait prévu de se rendre à Bagnols-Sabran pour le coup d’envoi de la saison, sa Léon était donc prête même s’il restait quelques éléments à réintégrer : « Nous devions remonter la boîte de vitesses et les amortisseurs qui avait subi une révision. » Suite à sa sortie de route l’an dernier à Marchampt, Jérôme avait dû faire d’importantes réparations sur sa voiture et avait remplacé les amortisseurs : « Et là j’ai profité de l’occasion pour réviser ceux que j’avais précédemment, et les remonter sur la voiture. Cela me permettait de repartir sur quelque chose de ’’propre’’. Et pour ce qui est de la boîte de vitesses, l’embrayage avait donné quelques alertes en fin de saison dernière et j’ai pensé qu’il était temps de le réviser. »
Seul hic pour Jérôme Janny, il ne se voyait pas offrir, par manque de temps, la possibilité de tester sa voiture avant de se rendre sur son épreuve fétiche, le Mont-Dore : « Je ne pouvais espérer que tout fonctionne parfaitement, car je n’avais aucune certitude », avoue-t-il. « En ce qui me concerne, je manquais évidemment cruellement de roulage avec la Supercopa que je redécouvrais sur ce Mont-Dore. »
Le Mont-Dore pour envisager la suite …
Bien évidemment, en sa qualité de tenant du titre à l’issue des deux dernières saisons, Jérôme Janny avait pour prétention de remporter à nouveau le Challenge Open A/5 : « C’était l’objectif initial du début d’année, au moment où treize épreuves étaient inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne. Je m’attendais à une nouvelle lutte acharnée avec Francis (Dosières) et Antoine (Uny), ce qui me réjouissait par avance. »
Mais au fil des semaines, les annonces d’annulations des épreuves du Championnat allaient sérieusement remettre en cause la participation de Jérôme : « Je n’avais plus du tout envie de rouler, la motivation n’était plus au rendez-vous. Mais quand j’ai vu que ça redémarrait au Mont-Dore, une épreuve qui me tient vraiment à cœur, je n’imaginais pas ne pas prendre part aux débats. »
Pour cette 60ème édition de l’épreuve auvergnate, Guy Janny avait pour sa part décidé d’aligner sa Peugeot 106, et Jérôme devait accompagner son père pour l’épauler lors des interventions sur la voiture : « Comme j’avais décidé de ne pas faire le Championnat, cela laissait de la disponibilité à mon père qui pouvait lui s’engager sur le Mont-Dore. Je lui avais même proposé de rouler avec la Léon, ce qu’il a décliné, préférant sa 106… Et finalement j’ai décidé de m’engager à mon tour, mais sans l’intention de prendre part au championnat. »
A la réflexion, Jérôme Janny prenait conscience qu’en débutant la saison sur le Mont-Dore, il était peut-être opportun de venir grossir les rangs des animateurs du Championnat, ne serait-ce que pour remettre son titre en jeu : « Ca m’a démangé et finalement j’ai franchi le pas. Dans mon esprit, si je signais un résultat probant sur le Mont-Dore, je me devais de poursuivre et d’être présent à Turckheim. En revanche, si le Mont-Dore ne se passait pas comme je l’espérais, je savais que je n’insisterais pas. »
Podium au Mont-Dore, et la suite en rallye
Neuvième au scratch samedi, Jérôme Janny positionnera à nouveau sa Seat Léon Supercopa au neuvième rang à l’issue de la course de dimanche. Et par deux fois sur ce Mont-Dore, il accrochait la troisième place du Groupe A derrière Francis Dosières et Antoine Uny : « J’ai eu énormément de mal à me mettre dedans », reconnait Jérôme qui dimanche termine à seulement 5 dixièmes d’Antoine Uny. « Je ne suis pas totalement largué, c’est sûr. Mais j’ai le record du groupe sur cette épreuve en 2’46’’, et cette année je monte en 2’50’’, c’est très loin de mon record. C’était d’autant plus frustrant que pour signer ce modeste chrono j’ai l’impression d’avoir énormément galéré et d’avoir dû aller vraiment le chercher. Je ne pouvais pas me satisfaire de ça, même si je savais que c’était une course de reprise. Bien évidemment je ne m’attendais pas à battre un nouveau record, mais je ne pensais pas concéder autant de temps. »
Malgré ce double podium de groupe, Jérôme Janny préférait jeter l’éponge : « Si je m’étais imposé, ou si j’avais pu me battre pour la victoire, j’aurais certainement continué. Mais sur un championnat aussi court, sachant que je n’étais pas hyper motivé, j’ai préféré ne pas insister. »
Jérôme Janny n’allait pas pour autant raccrocher le casque et les gants. Car si sa saison 2020 avait débuté en rallye, elle allait se poursuivre dans la même discipline. Dès le mois de février, Jérôme avait débuté la saison sur le Rallye de Bourbonne-les-Bains où, en compagnie d’Aurélien Beaudouin, il avait classé sa Peugeot 206 RC à la troisième place du FN/3 : « Par la suite j’ai participé au Rallye de Meuse, organisé par mon père. Sur cette épreuve, avec Clément Gutierrez, nous avons remporté le groupe N en terminant au quinzième rang. »
La semaine qui précédait le coup d’envoi initial du Championnat de France de la Montagne, Jérôme Janny devait prendre part au Rallye des Vins de Champagne qui sera malheureusement annulé. Après le Mont-Dore, on retrouvera la 206 du duo Janny – Gutierrez sur le Rallye des Vallées, à la cinquième place finale du Groupe N. La saison se terminait sur la 14ème édition du Rallye Alsace-Bossue : « Là on roulait sous la pluie avec des pneus pas réellement adaptés. On nous avait annoncé la fin de l’averse ce qui nous a incité à nous élancer en slicks alors que tout le monde avait opté pour les pneus pluie, et bien évidemment nous avons roulé sous l’eau », regrette Jérôme. « Au départ de la deuxième spéciale, alors qu’il tombait des cordes, nous avons cassé un support moteur. Le rallye se terminait là, mais sans réels regrets. »
Même si la saison fut des plus courtes, Jérôme Janny avoue avoir pris énormément de plaisir à se rendre au Mont-Dore : « Les résultats n’étaient pas au rendez-vous, mais les copains étaient bien là et c’était vraiment super sympa de se retrouver. Le manque commençait vraiment à se faire ressentir. Le fait que depuis plusieurs années, ma vie est rythmée par la participation à une épreuve tous les quinze jours entre fin mars et septembre fait que l’annulation des manches du Championnat de France de la Montagne a été difficile à accepter. Le manque était vraiment réel, de ne pas pouvoir rouler et de ne pas pouvoir passer les week-ends avec les copains. »
Vient l’heure de tourner la page de cette année 2020, mais avant cela, Jérôme se plie bien volontiers aux traditionnels remerciements : « Je voudrais remercier en premier mes parents, mes sponsors qui malgré une année difficile font ce qu’ils peuvent pour toujours me soutenir. S&C peinture, Seat Bar-le-Duc, Champagne Michel Dervin, P. Tabacchi, Gan Assurance Bar-le-Duc, Seat à Metz et Thionville, Hôtel Restaurant le Paris au Mont-Dore, Garage du Centre au Mont-Dore, Autovision Revigny-sur-Ornain. Un grand merci aux personnes de mon entourage qui m’aident et me soutiennent, et à tous les organisateurs et bénévoles qui travaillent pour l’organisation et le bon déroulement des épreuves. »
Clio Trophy France en 2021
La saison 2021 de Jérôme Janny sera essentiellement consacrée aux rallyes. Le pilote lorrain a l’intention de prendre part à une discipline sur laquelle il a déjà eu l’occasion de vibrer : « Pour être honnête, si je ne suis pas venu cette année à Turckheim c’est parce que, comme c’est souvent le cas, l’épreuve alsacienne se déroule le même week-end que le Rallye du Mont-Blanc. Les années précédentes, quand je jouais le titre, j’acceptais contre mauvaise fortune bon cœur de ne pas accompagner les copains qui se rendaient en spectateurs au Mont-Blanc. Mais cette année j’étais de la partie, et de revoir rouler les autos de rallye m’a donné l’envie d’y revenir », confie le Meusien qui, rappelons-le, avait pris part à l’édition 2014 du Rallye de France au volant d’une Skoda Fabia R2. « Pour 2021 j’avais donc envie de rouler avec une auto récente. J’ai donc observé de près les Clio et les 208, autos françaises, dont il est facile de trouver les pièces ce qui facile largement la gestion. »
Finalement Jérôme Janny allait jeter son dévolu sur une Renault Clio pour prendre part au Clio Trophy France 2021 : « Nous allons débuter la saison en nous engageant sur les trois premières manches inscrites au calendrier, à savoir le Rallye du Touquet, le Lyon-Charbonnières et le Rallye Vosges Grand-Est. Pour la suite, tout dépendra du bon déroulement du début de saison et du budget dont je disposerai. Pour l’heure, je n’ai aucune prétention en termes de résultats car je sais que je vais devoir rivaliser avec des pilotes bien plus expérimentés que moi dans la discipline. »
Pour ce qui est de la Course de Côte, Jérôme Janny aimerait bien tout de même être au départ de quelques épreuves : « Ma Seat Léon Supercopa m’a été rachetée par l’un de mes sponsors. Mais je sais pouvoir en disposer si je veux pour rouler sur le Championnat. Il y a de très fortes chances que je me présente donc au Mont-Dore, à son volant. Après, je ne m’interdis pas de m’engager sur quelques courses de côte avec la Clio, ne serait-ce que pour bien cerner son comportement sur des tracés que je connais bien. Je n’écarte donc pas l’idée de rouler en côte avec la Clio en plus de mon programme sur le Clio Trophy et de quelques rallyes régionaux. Bien évidemment tout dépendra des budgets », conclut Jérôme.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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