Engagé dans un groupe où évoluent différents modèles, notamment de Porsche, le Cayman de Michel Lamiscarre fait figure de Petit Poucet face aux ogres que sont les 997. Et même s’il sait qu’il ne peut défier les voitures bien plus puissantes, le ’’Basque bondissant’’ met un point d’honneur à jeter toutes ses forces dans la bataille. A l’issue d’une saison durant laquelle il n’a pas épargné ses efforts, il monte pour la deuxième année consécutive sur la deuxième marche du podium du Challenge Open GT/2.
Lorsque l’on évoque cette saison 2015, l’approche semble logique pour le pilote de Saint-Jean-de-Luz : « Bien évidemment j’aborde toujours les nouvelles saisons avec l’envie de faire mieux que lors de la saison précédente », reconnait Michel. « Ma priorité est de signer de bonnes performances au volant d’une voiture en tout point conforme avec la réglementation. »
Pour Michel Lamiscarre la principale difficulté réside dans le fait qu’il se retrouve dans un groupe GT de Série au sein duquel évoluent des voitures disparates. Essentiellement monopolisé par les Porsche, le GT de Série accueille des autos dont les puissances peuvent varier du simple au double selon les modèles : « Il est clair qu’avec ma Porsche Cayman, il m’est impossible de rivaliser avec des 997 GT2 ou GT3. Il est dommageable que nous ne soyons pas répartis dans différences classes, ce qui serait bien plus équitable », regrette le Basque. « Maintenant, on peut toujours me rétorquer que je peux aller courir en circuit, dans le cadre de formules monotypes. Mais je suis un ardent défenseur du GT de Série, et j’estime qu’il doit être en mesure de proposer une équité sportive. »
749 courses au compteur
Si cet état de fait ne peut lui convenir, Michel Lamiscarre considère qu’il a passé l’âge de s’insurger contre une situation qui mériterait selon lui d’être réétudiée : « A 64 ans, j’ai plus d’années de compétition derrière moi que devant », rappelle Michel qui compte 749 participations à des courses de côte, dont 112 épreuves différentes à travers l’Europe. Mais s’il sait faire preuve de sagesse lorsqu’il analyse sa situation, les choses sont bien différentes lorsqu’il est installé dans l’habitacle de sa Porsche : « Je suis un compétiteur, et au moment où je prends place derrière le volant, je range le cerveau dans la boîte à gant et puis j’envoie le maximum », confie l’ancien rugbyman, qui sait que dans l’action il faut savoir tout donner sans se poser de question.
L’expérience a appris à Michel qu’il ne faut jamais renoncer, même si le sort semble s’acharner contre vous : « A ce titre, ma dernière expérience en date remonte à l’édition 2012 de la Course de Côte de Saint-Gouëno. Je suis parti en tête-à-queue et j’ai touché sur l’avant et l’arrière de la voiture. Je pensais devoir renoncer, mais Pascal Cat m’a dit de ne surtout pas plier bagages, que l’on pouvait scotcher les éléments et que j’allais me relancer. J’ai bien fait de l’écouter, puisque je remporte le groupe sur la montée suivante. »
Le ’’Basque bondissant’’ n’a plus grand-chose à prouver. Son palmarès est suffisamment étoffé, et c’est aujourd’hui avant tout parce qu’il prend énormément de plaisir qu’il continue à animer le Championnat de France de la Montagne. Du plaisir, et une sacrée dose de passion, pour accepter de traverser la France à maintes reprises afin d’assouvir sa soif de pilotage : « Pour moi, le rendez-vous le plus proche de la maison est le Mont-Dore. Quand je dis le plus proche, je dois quand même parcourir 1.200 kilomètres aller-retour pour m’y rendre. » Un trajet que Michel accomplit souvent seul, au volant de son camping-car qui tracte sa voiture de course.
C’est donc au volant de la Porsche Cayman que Michel Lamiscarre se lançait une nouvelle fois sur une campagne nationale. Même si la voiture pâtit d’un manque de puissance, elle offre un excellent compromis pour un budget limité : « Le concessionnaire qui me fournit cette auto m’a expliqué qu’occasionner quelques dégâts sur un Cayman, en cas de sortie de route, n’était pas très grave. En revanche, avec une Porsche 997, c’est une autre musique. Le coût d’une réparation n’a rien de commun », explique-t-il. « D’ailleurs, tout au long de ma carrière, si j’ai eu des voitures compétitives, je n’ai jamais voulu investir dans du matériel hors de prix. A une époque, je courrais au volant d’une BMW M3 groupe N préparée par Delage. C’était une bonne auto avec laquelle je signais de très bons chronos. Mais au Mont-Ventoux, je me fais coller sept secondes sur dix kilomètres. Là j’ai dit stop, et je suis passé au GT parce que j’avais le sentiment que l’on rentrait dans une inflation en matière de préparation. Comme son nom l’indique, le GT accueille des voitures de série, ça me paraissait plus raisonnable. »
Des souvenirs, en 40 ans de carrière Michel en a accumulé. On passerait des heures à écouter les anecdotes que le Basque narre avec l’accent chantant de son sud-ouest natal. D’ailleurs il ne manque pas de rappeler que, s’il est un animateur assidu du Championnat de France, il fut également l’un des animateurs du Championnat d’Europe durant quatre ans : « Ça me laisse d’excellents souvenirs. Cela m’a donné l’occasion de découvrir de magnifiques épreuves, de côtoyer des organisateurs attentifs qui portent une réelle estime aux pilotes et sont à leur écoute. » On se souvient que, l’an dernier, les organisateurs de l’épreuve espagnole de Jaïzkibel avait remis un Trophée à Michel Lamiscarre pour son assiduité sur leur épreuve. »
Première partie de saison en leader de l’Open
La saison 2015 du ’’Basque bondissant’’ débutait à Bagnols-Sabran où il classait sa Porsche à la troisième place du GT de Série, mais leader du Challenge Open GT/2 : « Le tracé étroit de Bagnols-Sabran est idéal pour mon auto, je suis particulièrement à mon aise sur cette épreuve. Je me suis fait vraiment plaisir et je suis content de ma prestation. »
Au Col Saint-Pierre, Michel retrouvait ses adversaires de la manche d’ouverture du Championnat, Pierre Courroye et Cyril Mallemanche. Et à nouveau le Basque classait sa Porsche Cayman à la troisième place, premier du Challenge : « Là c’était plus compliqué pour moi, car la puissance joue un rôle primordial sur cette épreuve. Le tracé est serré et je ne dispose pas d’autobloquant sur ma voiture. Dans ces conditions, il est logique que je me fasse assez largement devancé. »
Absent à Abreschviller, on retrouvait ensuite Michel Lamiscarre sur les épreuves de l’Ouest. A Hébécrevon, il classait cette fois sa Porsche au deuxième rang du GT de Série, derrière la surpuissante 997 de Pierre Courroye : « Pour être honnête, ce n’est pas ma course favorite. La première partie, courue entre les rails, n’est pas ce que je préfère. Le haut du parcours, plus technique, est nettement plus plaisant. »
Impossible de rivaliser avec Pierre Courroye, et c’est donc à nouveau à la deuxième place que l’on retrouvait Michel à l’issue de la Course de Côte de La Pommeraye : « J’en garde un excellent souvenir, notamment parce que j’ai été chaleureusement accueilli par Christophe Besnier, le frère de Stéphane, l’organisateur de l’épreuve, chez qui j’ai passé le week-end. Il m’a permis également de laisser la voiture chez lui entre La Pommeraye et Saint-Gouëno. Nous avons tissé des liens d’amitiés depuis plusieurs années, et c’est avec grand plaisir que je me rends sur cette épreuve », confie le Basque. « Et puis le fait d’avoir installé les paddocks à l’entrée du village est une excellente chose, tout le monde s’y retrouve. »
Le troisième rendez-vous de l’Ouest se tenait à Saint-Gouëno, où Pierre Courroye signait un nouveau succès en GT de Série, à nouveau devant la Porsche Cayman de Michel : « Comment ne pas être satisfait du week-end à Saint-Gouëno. Il faut vraiment tirer un coup de chapeau aux organisateurs. A mon sens, je ne connais pas d’épreuve du championnat d’Europe aussi bien organisée. Vraiment ils méritent un 10 / 10, tout est prévu pour que nous évoluions dans les meilleures conditions. Encore bravo ! »
Le Beaujolais reste également un rendez-vous très prisé du Championnat. Chaque année le plateau est particulièrement étoffé, et Michel devait se contenter d’une cinquième place en GT de Série : « Ça va hyper vite. Un virage comme ’’Le Tarrès’’ reste un passage d’anthologie. C’est une belle course. Mon seul regret vient du fait que l’on ne capte aucun réseau téléphonique à Marchampt, et j’ai pour habitude, après chaque montée, d’envoyer un petit sms à mes partenaires pour leur dire où j’en suis. De ne pas pouvoir le faire me frustre. »
Il aura fallu une bonne dose de détermination à Michel Lamiscarre pour aller chercher à Vuillafans la troisième place du GT de Série : « Quelle chaleur ! C’était l’enfer. En parlant de chaleur, je m’en suis fait une belle dans la parabolique. A l’entrée du virage, j’ai touché le rail avec l’arrière. J’ai cru avoir fait des dégâts, mais finalement je m’en tire avec quelques égratignures sur la carrosserie. C’est costaud une Porsche ! »
Escapades dans les champs auvergnats
Les épreuves auvergnates, Dunières et le Mont-Dore, allaient être le théâtre de grosses déconvenues pour Michel qui, par deux fois, partait à la faute. A Dunières, il parvenait toutefois à conserver sa position, quatrième de groupe devant Rémi Courtois : « Je confirme qu’une Porsche c’est costaud », commente Michel avant d’évoquer ses déboires : « Je suis rentré un peu trop tôt dans un gauche et j’étais un peu court pour prendre le droite qui suivait. Comme je n’ai pas d’autobloquant, la voiture m’a échappé et j’ai heurté la barrière, qui a cédé. Je me suis retrouvé en contre-bas dans un champ, mais j’ai eu une chance incroyable de ne pas partir en tonneau. » Ramenée au garage, la voiture subissait un examen pour s’apercevoir que rien n’avait bougé.
Michel connaissait le même genre de mésaventure au Mont-Dore, où là encore sa Porsche terminait sa course dans un champ : « Il y avait du gravier à la corde, et il ne m’a pas été signalé », explique Michel. « La voiture a décroché, j’ai tapé le grillage et j’ai terminé ma course en contrebas. Là encore, excepté le bouclier avant, la voiture n’a pas subi de gros dégâts. »
Michel Lamiscarre n’a pas la chance de pouvoir ’’jouer à domicile’’ sur les épreuves du Championnat. Mais pour rien au monde le Basque ne manquerait la Course de Côte de Tarbes - Osmets – Luby, disputé près de chez lui : « Je tiens à y participer non seulement parce qu’elle se situe à 150 kilomètres de la maison, mais aussi parce qu’elle est organisée par mon A.S.A., l’A.S.A Armagnac-Bigorre. Par respect pour André Diviès, le Président du Comité Midi-Pyrénées, et René Pascouau le président de l’ASA, je me dois d’être présent. André Diviès a toujours été un soutien important pour moi, il est reconnaissant du fait que je représente le Comité sur le Championnat de France de la Montagne », confie celui qui terminait septième au scratch, vainqueur du GT de Série sur cette épreuve.
Respect pour les officiels de sa région, mais également pour des partenaires qui lui sont fidèles : « Je remercie le Centre Porsche Erviti à Bayonne, les macarons Adam à Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, les Travaux Publics Beñat Irastorza à Urrugne, Trace Sports à Biarritz qui prend en charge le lettrage que l’on peut voir sur ma voiture, et commeunpcdansleau.fr qui gère mon site internet (www.lamiscarre.com). Merci également à Pascal Cat, qui est un ami de longue date avec qui je partage les week-ends de course, ce qui nous permet de nous motiver réciproquement. Merci encore à toute la famille Besnier pour son accueil à La Pommeraye. Je remercie aussi ma compagne, Christine, qui gère ma page Facebook et qui fait preuve de patience lors de mes absences durant les week-end de course. » Michel n’oublie pas ceux qui nous ont quitté cette année : « Je tiens à avoir une pensée pour eux, pour leur investissement sans relâche sur la discipline et l’esprit qu’ils diffusaient sur les épreuves. »
Au maximum de la Porsche Cayman
« On subit le classement de l’auto », c’est en ces termes que Michel Lamiscarre fait le bilan de sa saison. « Je ne peux pas aller plus vite, je suis au maximum de la voiture et je ne peux pas prétendre à mieux », estime celui que l’on retrouve à la quatorzième place du Championnat, deuxième du Challenge Open GT de Série pour la deuxième année consécutive. « Je suis satisfait de ma saison, du fait que je réédite mes chronos de l’an dernier alors que l’auto n’a pas évolué. Ce qui démontre que le bonhomme vieillit bien. Après, si j’analyse mes deux sorties de route, elles sont dues à ma parfaite connaissance de l’auto, ce qui me pousse à la mener à ses limites. Le moindre grain de sable fait que ça ne passe pas. »
S’il fait l’effort de parcourir la France pour assouvir sa passion, Michel Lamiscarre estime qu’à ce titre, on pourrait faire preuve d’un minimum de considération à son égard, ce qui n’est pas toujours le cas : « Je ne parle pas seulement pour moi. Je garde à l’esprit que quand vous allez au cirque, le clown est payé pour faire le spectacle. En Course de Côte, c’est nous qui payons pour assurer le show. Ne serait-ce que pour cela, on est en droit d’attendre un peu de considération. Un petit trophée, quand on termine troisième de groupe, même si l’on n’est pas nombreux au départ, ça fait toujours plaisir. »
Qu’en sera-t-il de la 750ème participation de Michel Lamiscarre ? Rien n’a encore été décidé pour le moment, le pilote Basque n’est pas encore en mesure de dire de quoi sera faite la saison à venir.