Si la première saison de Mathéo Mendes sur le Championnat de France de la Montagne a tourné court, le jeune bourguignon a toutefois pu démontrer sa compétitivité derrière le volant de son Silver Car. Des résultats prometteurs qui ne demandent qu’à être confirmés à l’avenir.
Il n’est pas rare que la passion se transmette de génération en génération. Pilote, Patrice Tordeux a communiqué son goût des trajectoires et des vrombissements de moteurs à sa fille Stéphanie. Et elle-même n’allait pas manquer de susciter l’envie de s’installer derrière le volant à un fils friand de belles mécaniques. Il était donc évident pour le jeune Mathéo qu’il suivrait la voie tracée par son grand-père et sa maman.
C’est donc tout gamin que Mathéo Mendes découvrait le sport automobile en accompagnant sa mère sur les différentes courses de côte sur lesquelles elle était engagée. Mais avant de se tourner vers la compétition automobile, c’est sur les terrains de rugby que Mathéo dépensait son excès d’énergie. Ailier droit, il jouera pendant une dizaine d’années dans le club de Chinon. Mais en 2021, Mathéo Mendes fêtait ses 18 ans, et une fois le permis en poche, ne tardait pas à s’engager sur ses premières épreuves automobiles. Pour cela, il portait son choix sur un Proto Silver Car S2F : « Là première auto dans laquelle je suis monté quand j’étais enfant c’est le Fun Boost de ma mère. J’adorais cette auto et je voulais rouler moi aussi dans un proto propulsé par un moteur de moto », explique-t-il. « J’adore le bruit de ces voitures et quand je me rendais sur les épreuves, j’avais l’occasion de voir les fabuleux passages d’Yves Tholy avec le Speed Car. Je trouvais ça énorme et ça m’a donné envie. »
Les débuts en Silver Car
Pour cette première approche, Mathéo Mendes faisait le choix de débuter en slalom : « J’avais eu l’occasion de faire du karting en loisir et là j’ai voulu attaquer rapidement la course automobile en alignant mon Proto Silver Car au départ de trois slaloms. Ensuite j’ai pris part à la Course de Côte de Montgueux. » Une première saison qui permettait à Mathéo de prendre ses marques au volant d’une voiture dont les réglages n’étaient pas vraiment optimisés : « Mais j’ai pu me qualifier pour la Finale des Slaloms que j’ai abordé en n’ayant pas de pneus, avec une auto mal réglée, mais avec le plaisir de participer à cet événement. Être au départ de la finale à l’issue d’une première saison, c’est enthousiasmant. »
Initialement, Mathéo Mendes s’était concocté une calendrier 2022 composé d’épreuves régionales, l’idée de s’engager sur le championnat n’avait pas encore germé : « Mais quand ma mère m’a dit qu’elle s’inscrivait au Cfm-Challenge, nous en avons parlé et je me suis dit qu’il serait sympa que l’on fasse ça ensemble. J’ai donc décidé de la suivre pour partager cette aventure, on trouvait ça plutôt sympa. »
Conscient que le set-up de son Proto était loin de lui convenir, Mathéo mettait à profit l’intersaison pour revoir les réglages de son Silver Car : « J’ai fait une révision complète, puis quelques essais sur circuit avant de m’engager à Irancy, histoire de faire une course avant de débuter le championnat. » Un championnat que Mathéo approchait avec des prétentions limitées : « Je voulais avant tout me faire plaisir et voir où je me situais par rapport aux autres concurrents engagés en CM. Et ensuite voir également si j’étais en mesure de concurrencer avec certains d’entre eux », confie Mathéo qui abordait cette campagne de France comme une saison de découverte.
Avec une auto mieux réglée, Mathéo pouvait pleinement s’exprimer sur le tracé de la Course de Côte d’Irancy. Et sa prestation sur l’épreuve Icaunaise ne pouvait que le rassurer : « Ça s’est plutôt très bien passé puisque j’étais très proche d’Emilien Thomas qui est bien plus expérimenté que moi. Donc c’était plutôt encourageant avant de me lancer sur le championnat. »
La première épreuve au programme de Mathéo aura pour cadre l’Anjou, puisque c’est à La Pommeraye qu’il faisait son entrée en lice. Une première participation sur le championnat qui lui permettait d’améliorer ses chronos tout au long du week-end : « C’était une totale découverte puisque c’était ma toute première épreuve du championnat. Le samedi a été un peu compliqué parce que les bons réglages retenus pour Irancy ne semblaient pas convenir pour ce tracé. L’auto semblait trop souple et nous avons donc essayé d’apporter des modifications. » Mais dès les essais, Mathéo flirtait avec un rail dans le dernier virage à gauche avant l’arrivée : « Il n’y avait pas énormément de mal, mais ça m’a un peu calmé et ça a entamé ma confiance. »
Malgré tout, dimanche Mathéo retrouvait de la sérénité : « Je suis parti sous la pluie, en slick, alors que je n’avais jamais roulé avec ces gommes sous la pluie. Finalement ça tenait plutôt bien, j’ai fait un peu de spectacle sous la passerelle, et au final je me classe dixième au scratch, troisième de groupe et leader des Protos CM. Là je me suis mis à espérer qu’il pleuve tout au long de la journée, mais ça ne sera pas le cas. » Et sur le sec, ses adversaires allaient reprendre la main et faisaient étalage de leur expérience et de la vélocité de leurs moteurs : « Je ne pouvais pas lutter, mais je garde en tête que j’ai signé cette belle performance et que j’ai rapidement retrouvé la confiance. »
Après un petit passage sur la Course de Côte de Sancerre où il retrouvait Emilien Thomas avec lequel il entamait un nouveau duel qui tournera, pour quelques dixièmes, à l’avantage du TracKing, Mathéo se rendait à Vuillafans. La découverte de l’épreuve Franc-Comtoise offrira de belles satisfactions au jeune bourguignon : « C’était parfait ! Une course magnifique, des sensations de ouf, un plaisir de malade. C’est la première fois que je participais à une épreuve aussi longue et c’est certainement la plus belle épreuve que j’ai courue jusqu’à présent », estime Mathéo qui se classait cinquième d’un impressionnant plateau de CM.
Confiant, en pleine phase de progression, Mathéo allait malheureusement faire preuve d’un petit excès d’optimisme sur le tracé de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais : « Sur la deuxième montée de course je me suis fait piéger. On m’avait répété qu’il fallait freiner au panneau à l’approche du ’’Châtaignier’’, et j’ai voulu retarder mon freinage parce que j’étais particulièrement bien sur cette montée. Et je confirme que ’’ça ne freine’’ pas plus tard que le panneau. » Victime d’une sortie de route, Mathéo n'engendrait pas d’énormes dégâts, mais suffisamment sur la carrosserie pour entamer copieusement son budget. « Je savais qu’il faudrait du temps pour réparer et que ma saison s’arrêtait là. »
Une courte mais belle expérience
La première saison de Mathéo Mendes sur le Championnat de France de la Montagne s’arrêtait donc prématurément, mais malgré tout le jeune bourguignon parvient à tirer un bilan positif de cette découverte du CFM : « J’ai adoré les tracés, ces courses sont très motivantes et c’est certainement à refaire », avoue-t-il. « Il est clair que ce fut une belle expérience, trop courte, mais qui donne envie d’y revenir à plus ou moins court terme. »
Mathéo, qui fêtera ses 20 ans au mois de mars, a encore énormément à apprendre. Et pour poursuivre sa progression, il sait pouvoir content sur des soutiens indéfectibles : « Un immense merci à ma mère, à ma grand-mère (Nadine Tordeux), tous les proches qui me suivent et qui m’aident, le Salon de Coiffure ’’Du Temps Pour Soi’’ à Chouzé-sur-Loire en Indre-et-Loire, à Tony Hubert d’ASC (Racing Parts Service), à Rémi Béchadergue et sa société ARB Indus, à la Société Rosé Fils. Merci également à Tony Pasteau, à l’entreprise Tissot Mécanique de Précision et Jean-Marc Tissot, et à l’ensemble de la famille Tholy. »
A quelques semaines du début de la saison 2023, Mathéo Mendes est en pleine phase de réflexion : « Pour le moment j’ai toujours le Silver Car mais il va être mis à la vente. S’il ne se vend pas, je repars sur une saison en régional en me partageant entre courses de côte et slaloms avec l’idée de me qualifier pour les Finales des Coupes de France des deux catégories. Et si je vends mon Proto, je partirai sur un nouveau projet, toujours dans la catégorie Sport, en m’alignant sur quelques manches du championnat, mais pas suffisamment pour m’inscrire au CFM », précise Mathéo. « L’objectif est de trouver une auto qui peut rouler en circuit afin de pouvoir m’engager en côte et en circuit. » Mais dans l’esprit de Mathéo, il est clair que si ce n’est pas en 2023, on le reverra tôt ou tard au départ du Mont-Dore et de Turckheim qui sont des épreuves qui lui tiennent à cœur.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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