C’est avant tout pour accompagner son père, lui-même animateur du Championnat de France de la Montagne, que Ludovic Cholley s’est engagé cette année sur le Challenge Open F3. Et si les activités professionnelles du jeune Franc-Comtois l’ont empêché d’être au départ de l’ensemble des épreuves inscrites à son calendrier, il n’en reste pas moins que Ludovic n’a pas loupé l’occasion de s’illustrer en signant d’excellents résultats.
Patrick Cholley n’était pas encore en âge de passer le permis qu’il décidait de prendre sa licence de commissaire afin de s’impliquer dans l’organisation de différentes compétitions. Dix ans plus tard, en 1989, il disputait sa première épreuve derrière le volant. Né en 1986, Ludovic Cholley a, du plus loin qu’il se souvienne, toujours vu son père s’investir dans la préparation de ses courses. Très tôt, il l’accompagnait sur les courses de côte et les slaloms, et c’est baigné dans l’atmosphère des week-ends de course que Ludovic attrapait un virus dont on se soigne difficilement, celui du sport automobile.
Plus qu’une passion, un métier
Une passion telle, qu’il décidait d’en faire son métier. Après avoir obtenu au Mans sa licence professionnelle de mécanique de compétition, Ludovic intégrait l’équipe DAMS avant de rejoindre Belfort où, chez un prestataire de Peugeot, il occupera le poste de pilote de développement. A cette époque, Oreca présentait la Formula Le Mans, et c’est un Team Suisse, qui souhaitant s’investir dans l’Endurance, faisait appel à Ludovic pour assurer le développement et la maintenance de ses voitures. Expérience enrichissante pour le Franc-Comtois, qui non seulement s’épanouissait dans ses activités professionnelles mais rencontrait également de nombreux passionnés. C’est à l’occasion d’une rencontre, avec Edwin et Bruno Stucky, qu’il décidait de rejoindre leur structure basée en Suisse, Anteam, qui évolue dans différentes disciplines en circuit au niveau international.
Quand on est passionné de mécanique et que l’on n’a pas l’âge requis pour s’installer derrière le volant d’une voiture, on tente de trouver des substituts. Pour Ludovic, ce sera le motocross, puis le karting qu’il pratiquait en loisir, avant de prendre part à ses premières compétitions dans la ligue Bourgogne Franche-Comté. Entre 15 et 18 ans, il participait à deux ou trois courses par an, et s’il signait ses premiers résultats, il n’envisageait pas pour autant de poursuivre dans cette voie, l’ambiance qui régnait dans la discipline ne correspondant pas à son approche du sport auto : « Notre principale motivation était de nous retrouver en famille, de partager des moments privilégiés avec les copains, la compétition passait au second plan, et nous avions le sentiment que ce n’était pas l’approche de la majorité de ceux qui évoluaient alors en karting », se souvient Ludovic.
La primauté de la convivialité poussait Ludovic à suivre le chemin tracé par son père et à se tourner vers la Course de Côte. En 2004, à tout juste 18 ans, il prenait part à sa première épreuve au volant de la Dallara F390, en double monte avec son père. A l’issue de cette première saison, la Dallara était vendue, mais ne quittait pas le giron familial, puisque c’est Eric Cholley, l’oncle de Ludovic, qui se portait acquéreur : « De ce fait, en 2005, il m’a laissé cette voiture à disposition, et j’ai pu disputer plusieurs épreuves à son volant. » Le jeune Franc-Comtois prenait part à plusieurs épreuves régionales, notamment en double monte avec son oncle, avant que la voiture ne soit vendue en fin d’année, Eric Cholley préférant retourner vers le rallye, sa discipline de prédilection.
En 2006, Patrick Cholley achetait une Dallara F394, et c’est tout naturellement que le père et le fils partageront le volant de cette monoplace sur de nombreuses épreuves régionales : « Je poursuivais mes études, et nous disposions de moyens limités qui ne nous permettaient pas d’avoir deux voitures. Il était donc logique de partager le volant lorsque je parvenais à me libérer le week-end. » Ludovic attendra 2009 avant d’acheter sa propre voiture, une Dallara F301, avec laquelle il roulera en régional. Qualifié pour la Finale de la Coupe de France disputée en 2010 à Chatel Guyon, il se classait troisième au général, deuxième du Groupe DE et meilleur jeune. Une belle performance qui motivait Ludovic à poursuivre ses participations en régional, assorties d’engagements sur des épreuves comptant pour le Championnat de France de la Montagne, en l’occurrence, Abreschviller, Vuillafans et Turckheim.
A nouveau qualifié pour la Finale de la Coupe de France qui en 2011 avait lieu à Bournezeau, Ludovic Cholley estime ne pas avoir connu la même réussite, même si au final il place sa F3 au cinquième rang. Ses calendriers 2012, composés d’épreuves régionales et nationales, seront construits autour de ses obligations professionnelles, ses activités dans le monde du sport automobile ne lui laissant que peu de week-ends disponibles.
En 2014, c’est au volant d’une nouvelle Dallara F306 propulsée par un moteur Mercedes qu’il débutait sa saison. Une saison composée de participations sporadiques au championnat, comme ce sera le cas en 2015. Fin 2016, Ludovic obtenait son ticket pour la Finale qui se tenait à Limonest, et sur laquelle il montait sur le podium en terminant derrière Marcel Sapin et Yannick Latreille : « Initialement, je n’avais pas l’intention d’aller sur cette finale. En 2013, j’avais été victime d’une assez violente sortie sur cette épreuve, sur laquelle je n’étais pas revenu depuis. Au final je monte sur le podium, c’était inespéré et j’en suis ravi. »
La course en famille
Malgré l’accumulation de ces bons résultats, Ludovic Cholley n’avait pas vraiment l’intention de s’engager sur le Championnat, son emploi du temps ne lui permettant pas de se rendre disponible : « En fait c’est mon papa qui m’a motivé. Il voulait participer au Championnat cette année, à la condition que je l’accompagne. Je savais que mon programme risquait d’être réduit, mais je voulais être à ses côtés. C’était aussi l’opportunité de mettre en avant mon partenaire Caffè Lattesso, qui est un soutien de longue date, et dont les responsables ont fait de gros efforts, particulièrement cette année. »
Sachant que son programme serait limité et qu’il ne pourrait pas honorer l’ensemble des participations prévues à son programme sportif, Ludovic Cholley n’affichait d’autres prétentions, en ce début de saison, que d’améliorer ses chronos : « Je savais que ce serait compliqué parce que je fais souvent mon entrée en lice alors que mes adversaires ont déjà participé à cinq ou six courses, c’est un peu pénalisant pour moi et de ce fait je ne pouvais pas afficher des ambitions en termes de résultats. J’espérais juste bien me comporter sur les épreuves pour terminer dans les cinq premiers des F3. »
C’est sur les pentes du Col Saint-Pierre que le Franc-Comtois débutait sa saison. Une première participation qui se soldait par une sixième place du côté des F3 : « J’avais prévu de rouler en essais cet hiver, mais ça n’a pas pu se faire. De ce fait je me suis élancé sur le Saint-Pierre sans vraiment avoir de repère. Mais ce que je veux garder à l’esprit, c’est que sans avoir pris de gros risques, j’améliore mes chronos par rapport aux années précédentes et je me rapproche des autres. Ça me satisfait pleinement, j’ai passé un excellent week-end et j’étais très content de retrouver tout le monde. »
Absent à Abreschviller, épreuve initialement prévue à son calendrier, c’est à Marchampt en Beaujolais que l’on retrouvait ensuite Ludovic. Une nouvelle fois, il se mettait en valeur pour accrocher la quatrième place des F3 : « Je suis vraiment satisfait car je ne m’attendais pas à réaliser de tels chronos. Je suis à moins d’une seconde d’Alban (Thomas), pas très loin de Marcel (Sapin) qui sur cette épreuve à domicile est normalement très performant. Donc je ne peux être que content car en prenant un peu plus de risques je pouvais viser le podium. D’autant plus que je faisais là ma deuxième course de la saison, ce qui m’interdisait de mettre des pneus neufs. »
Par la suite, Ludovic devait rejoindre Vuillafans, mais là encore il devra déclarer forfait, ses obligations professionnelles le retenant sur un autre événement sportif. C’est donc sur le Course de Côte de Turckheim qu’il allait se mettre en avant en montant cette fois sur le podium de la F3 : « J’aime beaucoup ce tracé et j’étais vraiment bien parce qu’entre Marchampt et Turckheim j’avais eu l’occasion de participer aux Rangiers et à quelques épreuves régionales, et de ce fait j’étais dans une bonne dynamique », explique-t-il. « Je pense que j’aurais pu signer un meilleur chrono. Je réalise mon meilleur temps lors de la première montée de course, et sur la deuxième, à l’endroit le plus rapide, j’ai heurté un morceau de bois qui était tombé du talus. J’ai dû freiner très violemment, et ça a cassé le rythme. Mais ce qui me satisfait c’est que j’ai pu me battre avec Billy (Ritchen) et Alban (Thomas), ce qui est particulièrement enthousiasmant. »
Pour conclure la saison, Ludovic se présentait au départ de la Course de Côte de Limonest, où il allait cette fois terminer quatrième des F3 : « Je pensais ne pas avoir droit de chausser des pneus neufs sur la dernière épreuve, alors que le règlement me l’autorisait. Je n’en disposais pas, et avec un grip aussi délicat que celui de Limonest, ce n’était pas évident. Compte tenu des conditions, je ne peux être que satisfait de mon résultat. »
De la côte au circuit
Même s’il n’a pas pu participer à l’ensemble des épreuves inscrites à son calendrier sportif, Ludovic Cholley se dit pleinement satisfait de sa saison : « Sur le Championnat, j’ai progressé en améliorant les chronos que j’avais réalisés lors des éditions précédentes. J’étais également au départ de la Course de Côte d’Eschdorf où je remporte ma catégorie et je devance l’ensemble des Protos 2 litres. Sur les deux régionales que j’ai pu disputer, à deux reprises je termine deuxième au scratch, à Gaschney et au Mont de Fourches. Je profite de l’occasion pour remercier Samy Guth, qui en me permettant de disposer de sa cartographie, m’a permis d’être à l’arrivée de la Course de Côte de Gaschney. » Au Mont de Fourche ce n’est que pour un centième de seconde que le Franc-Comtois voyait la victoire lui échapper.
La majorité des partenaires de Ludovic Cholley se situent en Suisse, le pilote de Fougerolles accorde donc une importance particulière à sa participation à la Course de Côte de Sainte Ursanne – Les Rangiers, où là encore il allait s’illustrer. « Ne disputant pas la manche européenne, j’étais engagé en NPEA et je m’impose au classement général », rappelle Ludovic.
Belle manière de remercier ses partenaires, mais Ludovic ne veut pas se contenter de leur offrir d’excellents résultats, et tient à citer tous ceux qui ont pris une part active dans sa saison : « Un grand merci avant tout à ma copine, Mélanie, qui accepte de me laisser pleinement vivre ma passion et qui m’accompagne sur toutes les courses. Mes parents, et bien évidemment mon papa qui est à l’origine de ma passion et qui aujourd’hui transporte ma voiture pour me permettre d’être présent sur les épreuves, et ma maman qui prend en charge l’intendance et qui tient les cordons de la bourse. Je veux vivement remercier mes patrons, Edwin et Bruno Stucky, dont le soutien est indéfectible, Caffè Lattesso, les huiles Yacco qui me sont fidèles depuis nos débuts, et tous les copains qui nous suivent sur les épreuves et nous donnent un coup de main. »
Le programme de Ludovic Cholley, pour la saison 2018, devrait ressembler à celui qu’il a pour habitude de mettre en place depuis de nombreuses saisons, à savoir des participations à des épreuves du Championnat de France et à des courses de côte régionales avec en supplément Eschdorf et les Rangiers : « Je vais tenter de participer à six manches du Championnat de France de la Montagne, afin de défendre correctement mes chances au Challenge Open », confie Ludovic qui devrait également évoluer sur une toute autre discipline : « Je devrais être au départ d’une épreuve du Le Mans Classic au Castellet... A la fin de cette saison 2017, mon patron m’a offert une participation au 10.000 Tours du Castellet au volant d’une Corvette de 1960. Nous terminons 51ème au général, et à l’indice de performance on se classe 15ème sur 82 et premier de la catégorie GT/5. A la suite de cette course, nous avons décidé de nous engager sur l’épreuve du Le Mans Classic qui se déroulera début juillet 2018. C’est pour moi un rendez-vous important car j’ai pris énormément de plaisir à évoluer en circuit. »
Propos recueillis par Bruno Valette