Julien Adoir malchanceux mais performant

Un début d’incendie sur son TracKing sur la deuxième manche de la saison 2024 a sérieusement perturbé la campagne de France de Julien Adoir. Mais sa volonté de se relancer lui permettra par la suite de signer de belles performances et de terminer la saison au pied du podium du Challenge Open CM.

C’est en spectateur qu’enfant Julien Adoir accompagnait ses parents, Nathalie et Jean-Louis, fervents passionnés des rallyes qui arpentaient les routes bourguignonnes. Tombé gravement malade à l’âge de 13 ans, Julien trouvait un important réconfort dans le soutien de plusieurs animateurs de courses de côte, amis de ses parents. Il tissait alors de liens avec les ténors de la discipline avant d’intégrer, une fois guéri, l’équipe de Lionel Régal.

La proximité avec la star de la discipline ne pouvait qu’inspirer le jeune Julien Adoir et le motiver à découvrir les tracés des courses de côte. Mais la disparition de Lionel Régal durant l’été 2010 coupait court aux velléités de faire ses débuts. Finalement Julien se tournera vers le karting, ce qui lui permettra durant cinq ans d’animer le championnat de la Région Rhône-Alpes. Mais en 2015, il renouait avec la course de côte en retrouvant l’équipe de Cyrille Frantz qu’il intégrera en qualité de mécanicien. C’est d’ailleurs au volant d’une Formule Renault louée au pilote d’Ornans que Julien fera ses premières apparitions en 2017 en s’engageant à Hébécrevon, Saint Gouëno, Marchampt et le Mont-Dore.

Enormément impliqué dans sa société, Julien ne trouvait pas de temps à consacrer à la compétition et mettra donc par la suite le sport auto entre parenthèses avant de faire en 2022 l’acquisition du TracKing de Maxime Dojat. Il sera alors au départ des Teurses de Thèreval, de Vuillafans, de Dunières, de Marchampt et du Mont-Dore. Mais la violente sortie de route de Cyrille Frantz dans le Massif du Sancy allait le stopper dans son élan. En 2023, Julien décidait de s’engager officiellement sur le championnat pour une saison de découverte. Une saison durant laquelle il signera de très bons résultats avec en point d’orgue une victoire de classe à Chamrousse, et au final une quatrième place sur le Challenge Open CM.

En quête d’une consécration sur l’Open CM
Pour la saison 2024, Julien décidait de rester fidèle au TracKing et de se relancer pour une nouvelle campagne de France : « J’avais réalisé une bonne saison 2023, je voulais faire aussi bien en 2024 en améliorant mes chronos, d’où le choix de repartir avec la même voiture », explique Julien. Satisfait de son TracKing, il conservait son proto dans la configuration dont il disposait fin 2023, sans apporter d’évolutions. Quatrième de l’Open à l’issue de la saison précédente, Julien espérait accrocher un meilleur classement en 2024 : « Intimement tu espères toujours remporter le challenge. Mais je savais que Lionel (Jacob) serait un adversaire de taille, que Mylénia (Machado) allait de plus en plus vite, que Fabien (Borgognon) pouvait s’avérer un adversaire de taille, donc ça s’annonçait difficile. Mais j’avais l’ambition de signer quelques victoires durant cette saison. »

Présent à Bagnols-Sabran pour le coup d’envoi de la saison, Julien Adoir savait qu’il était peu probable qu’il s’illustre sur le tracé gardois : « Je ne suis pas vraiment fan de cette course. De ce fait j’ai fait preuve de prudence parce que je manquais de roulage. Je n’avais pas eu l’occasion de faire auparavant d’essais en circuit. Donc j’abordais ce premier rendez-vous comme une mise en jambe. Je me suis même rendu compte en fin de week-end que je ne roulais pas avec les bons rapports, ce qui démontre que je n’étais pas vraiment dans la quête de performances. »

Le Col Saint-Pierre, par lequel se poursuivant la saison de Julien, sera pour lui catastrophique. Dès la première montée d’essais une pédale de maître-cylindre enfoncée signifiait une première alerte. Plus grave, un début d’incendie allait le contraindre à l’abandon : « Une fuite d’huile entrainera un début d’incendie, et malgré l’intervention rapide d’un commissaire, je savais à ce moment-là que mes prochaines participations étaient compromises. En plus des pièces à changer suite à l’incendie, la fuite d’huile a entrainé une casse moteur qui remettait en cause une bonne partie de la saison. »

La réactivé de l’équipe Bourgeon sera exemplaire. Dès le lundi soir après le Col Saint-Pierre le TracKing était démonté et décapé : « Le mercredi qui suivait la course, la voiture était déjà repeinte », se souvient Julien. « Sans la casse moteur j’aurais pu revenir dès Abreschviller, mais il était difficile de retrouver un nouveau groupe propulseur dans un laps de temps réduit. »

Il faudra donc attendre Marchampt pour retrouver Julien Adoir qui allait livrer un beau combat à ses adversaires du Challenge Open CM : « Globalement je suis content de ma prestation qui me permet de terminer sur le podium de la classe. Mais je suis à plus de deux secondes de mes chronos de l’édition précédente lorsque je me battais pour la victoire avec Lionel (Jacob). Donc ce podium est plutôt sympa mais au fond de moi je ne pouvais pas me satisfaire de mes temps. Après je suis très content pour Mylénia qui s’impose et Lionel qui termine deuxième. Je reconnais qu’on a pas vu arriver Mylénia, elle nous a vraiment surpris. »

A Vuillafans Julien Adoir terminera à nouveau sur le podium, devancé par Lionel Jacob et Mylénia Machado : « Sur le sec j’étais assez content de ce que je suis parvenu à réaliser. Ça sera un peu moins bien sur le mouillé, mais j’avoue qu’il était difficile de se motiver sachant que pour moi le championnat était plié », analyse Julien. « Je suis donc resté sur la réserve, mais j’ai pu franchement m’amuser. »

A Dunières, Julien Adoir se voyait devancé par Frédéric Assenault mais il parvenait à prendre l’ascendant sur Lionel Jacob en terminant un dixième devant la JAD LW01 de son adversaire. Une performance qui lui permet de se positionner en tête des pilotes engagés sur le Challenge Open CM : « Je gardais un excellent souvenir de Dunières où en 2023 j’avais pu mener un beau combat face aux Speed Car de Jérôme (Jacquot) et de Loïc (Hebinger). Cette année, dès les essais je réalise le chrono signé en course l’année précédente et je savais que j’étais bien. On s’est bien battu, Fred est parvenu à rester devant mais je termine devant Lionel, c’est pour moi satisfaisant. »

A Chamrousse, où les concurrents devaient composer avec la pluie et le brouillard, Julien se refusait à prendre le moindre risque : « Je n’avais plus rien à gagner et je savais que la voiture serait en vente à l’issue de cette épreuve. J’ai donc abordé ce rendez-vous très prudemment. Je m’étais imposé l’an dernier, mais cette année l’approche était différente », reconnait Julien qui a connu quelques soucis sur l’épreuve alpine : « Sur la première montée de course j’ai ma pédale de freins qui reste enfoncée après la deuxième chicane, ce qui explique mon mauvais chrono. Par la suite la météo a empêché d’améliorer les chronos… En tout cas félicitation et total respect à Fabien (Borgognon) pour sa victoire et le chrono qu’il réalise dans le brouillard. »

Au pied du podium du Challenge Open CM
Avec seulement six participations et un abandon sur le Col Saint-Pierre, Julien Adoir parvient à accrocher la quatrième place du Challenge Open CM : « Le bilan n’est pas totalement négatif même si ce n’est pas ce que j’espérais », reconnait Julien. « Le début d’incendie sur le Saint-Pierre m’a ''coupé les jambes'', ce fut difficile pour moi par la suite de me relancer. J’ai eu cette année l’occasion de signer de bons chronos, mais j’ai fait preuve de malchance, c’est comme ça, c’est le sport auto et il faut savoir l’accepter. Globalement je ne vais pas me plaindre, même si ce n’est pas génial. Et puis il est toujours difficile de trouver de la motivation lorsque tu dois abandonner sur la deuxième épreuve de la saison et que tu sais pertinemment quand tu reviens à mi-saison que les jeux sont faits. »

Quelles que soient les galères qu’a pu rencontrer Julien Adoir, il a toujours bénéficié du soutien de ceux qui le suivent dans l’aventure et à qui il veut rendre hommage : « Mes premiers remerciements vont vers mes parents (Nathalie et Jean-Louis) pour l’intendance et le transport de la voiture sur l’ensemble des épreuves. Un grand merci également à mes partenaires : Matit Industrie (Pierre Petit), Outrun Motor Company, Cleancars, Swisswash, à Marc VDS et à Espace Automobile Saint Julien (74). Je n’oublie pas les commissaires et notamment celui qui est intervenu sur ma voiture au Saint-Pierre. Il a fait preuve d’une impressionnante réactivité en déclenchant son extincteur alors que j’étais tout juste arrêté. Merci aux organisateurs des épreuves du championnat et un merci chaleureux à la famille Bourgeon et à la famille Dojat, à Jean-Marc Tissot, à Nico Dumond et à sa copine Candice pour l’aide apportée au Saint-Pierre, et à tous les concurrents du Challenge Open CM. »

C’est au volant d’un nouveau TracKing que Julien Adoir va aborder la saison 2025 : « Ce TracKing neuf va me permettre de bénéficier de trois ou quatre évolutions. Et pour ce qui est du programme je serai normalement au départ de huit manches du championnat. Je devrais également m’engager à Seyssel et à Donzy », confie Julien qui affiche clairement ses objectifs : « Je sais que ça va être à nouveau relevé, avec le retour de pilotes performants dans la catégorie, mais je vais essayer de jouer la gagne. »

©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

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