Avant que l’Escort ne remplace la 308

Initialement c’est au volant d’une Ford Escort Cosworth que Joël Juif devait prendre part au championnat lors de cette saison 2024. Mais sa voiture n’étant pas prête à l’heure du coup d’envoi, il s’installait derrière le volant d’une Peugeot 308 Cup qu’il mènera à la deuxième place du Challenge Open A/4.

Le Doubs est une terre qui a vu naitre bon nombre de Montagnards. La ville d’Ornans a elle seule recèle de plusieurs talents parmi lesquels on compte les frères Frantz – Fabien et Cyrille – mais également la famille Pernot qui depuis trois générations anime les courses de côtes régionales et nationales. Aujourd’hui la fratrie composée d’Etienne et Marc Pernot s’illustre sur les manches du Championnat de France de la Montagne et c’est le plus jeune d’entre eux, Marc, qui en cette année 2024 a connu la consécration en coiffant une couronne de Champion de France de la Montagne.

La proximité de la Course de Côte de Vuillafans – Echevannes n’est pas étrangère à l’éclosion de tous ces talents. Et si Joël Juif est natif du Doubs, puisque né à Besançon, c’est à Echevannes, où est jugée l’arrivée de la manche Franc-Comtoise du Championnat de France de la Montagne, qu’il a passé l’essentiel de son enfance… C’est donc en spectateur qu’enfant Joël assistait aux empoignades que se livraient alors les meilleurs représentants de la discipline. Un spectacle qui on en conviendra peut attiser la convoitise et donner l’envie à son tour de s’essayer derrière le volant d’une voiture de course.

Personne au sein de la famille de Joël Juif n’étant adepte de sport automobile, c’est réellement en suivant les prestations des participants à la Course de Côte de Vuillafans – Echevannes que naissait la passion qui allait animer le pilote Doubien pendant de nombreuses années… Avec des moyens limités, c’est tout d’abord vers l’Autocross que se tournait Joël. Une première expérience concluante qui le motivait à tester ses aptitudes au pilotage sur différentes disciplines : « A partir de 1983 j’ai commencé à courir en rallyes, courses de côte et slaloms », confie Joël qui alignait alors une Alpine 1300 cm3 sur diverses épreuves : « Je roulais avant tout sur des courses régionales mais j’ai également pris part à des épreuves nationales comme le Rallye des Vins de Mâcon et la Course de Côte de Vuillafans qui était pour moi un rendez-vous incontournable. »

L’Alpine laissera rapidement place à une Renault 5 Turbo, qui sera à son tour remplacée par une Renault 11 Turbo : « J’ai dû rouler deux ans avec l’Alpine, puis trois ans avec la 5 Turbo. Après l’expérience avec la Renault 11 j’ai fait l’acquisition d’une Ford Escort puis d’une BMW M3 issue du DTM. Après cela j’ai eu une nouvelle Ford Escort, j’ai également roulé en Lotus en rallyes et en courses de côte. » Ces dernières années, Joël Juif faisait de nombreuses apparitions sur le championnat VHC au volant d’une Renault 5 Turbo Tour de Corse.

Plusieurs décennies de course permettront à Joël Juif d’étoffer son palmarès en signant de nombreux succès tant en rallye qu’en course de côte. Il aura l’occasion d’ailleurs de venir chercher des succès sur plusieurs Finales de la Coupe de France, en Rallye et en Course de Côte, avec sa BMW M3 et avec sa Lotus. Dans le même temps Joël transmettra sa passion à Styve, son fils, qui rapidement viendra jouer les premiers rôles sur le Championnat de France des Rallyes.

Une saison de découverte avec une Peugeot 308 Cup
Auteur d’excellents résultats sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne dédiées aux Véhicules Historiques de Compétition, Joël Juif avait envisagé de s’inscrire sur ce championnat pour tenter de décrocher le titre : « Finalement ça ne s’est pas fait et je me suis séparé de ma Renault 5 Turbo. Je me suis dit alors que j’allais m’engager en moderne avec une Ford Escort Cosworth que je venais de remonter. » Mais malheureusement à l’heure où sonnait le coup d’envoi de la saison, la Ford de Joël n’était pas encore prête : « Mon beau-frère (Jacques Paget) m’a alors proposé de me prêter une Peugeot 308 Cup, et finalement j’ai débuté la saison avec cette voiture. »

Un changement de monture qui entrainait un changement de classe car si initialement c’est au sein du Challenge Open A/5 que devait évoluer Joël Juif, c’est finalement dans le cadre de l’Open A/4 qu’il viendra en découdre… Après deux tours de circuit avec la 308, histoire de dompter le comportement de la ''Lionne'', Joël se lançait sur le championnat : « J’avais donc tout à découvrir, et je devais retrouver les sensations avec une traction après de nombreuses années passées aux volants de propulsions. De ce fait je n’avais aucun objectif, seulement le souhait de me faire plaisir, même si dans un coin de la tête on a toujours envie d’aller chercher un résultat », reconnait le Doubien.

La Course de Côte de Bagnols-Sabran, par laquelle débute la saison sur le Championnat de France de la Montagne, servira à Joël Juif de prise en mains de sa Peugeot 308 Cup : « Une prise en main délicate, d’autant que si j’avais eu l’occasion d’être présent lors de la dernière édition, c’était au volant de la Renault 5 Turbo, en VHC. Autant dire que cela n’a rien de comparable avec la 308 et qu’il m’a fallu reprendre mes marques sur ce tracé sinueux et étroit. » Malgré tout le Doubien se dit pleinement satisfait de sa participation à l’épreuve gardoise sur laquelle il accrochait la troisième place de sa classe.

La campagne de France de Joël Juif se poursuivait sur le Col Saint-Pierre, « certainement l’épreuve la plus difficile à mémoriser, et pour moi ce n’était pas du tout évident », reconnait-il. « Sur le haut du parcours je n’arrive toujours pas, après trois participations, à savoir exactement comment va être le virage suivant. Mais ça reste une des plus belles côtes du championnat et je garde un excellent souvenir de cette édition », commente le Franc-Comtois qui accroche la cinquième place de sa classe.

On retrouvait ensuite Joël Juif à Abreschviller, où au fil des ascensions il prenait sous la pluie la mesure de sa Peugeot 308 : « C’était compliqué à cause des conditions climatiques. Il fallait correctement gérer la complexité des options que nous devions retenir, mais finalement je ne m’en sors pas trop mal », estime Joël qui termine l’épreuve mosellane au quatrième rang de sa classe... Quelques jours après, c’est dans les Vosges, sur la Course de Côte de l’Ormont que l’on retrouvait Joël Juif. L’occasion pour lui de livrer une belles bagarres aux 308 Cup de Guillaume Fade, Nicolas Miclo, Jacques Paget et Pierre Fade : « Là j’avoue que ce n’était pas facile face à des pilotes qui ont plus d’expérience que moi avec la 308. »

Les Teurses de Thèreval – Agneaux sera une découverte pour Joël Juif qui viendra signer en Normandie une victoire de classe : « Nous n’étions pas nombreux », rappelle-t-il humblement. « J’avoue qu’au départ j’ai eu du mal sur ce tracé atypique, avec une première partie sinueuse entre les rails. Mais au final j’ai trouvé ça très sympa et au fil des montées je me suis vraiment fait plaisir. »

A La Pommeraye, Joël Juif était une nouvelle fois en lice pour la victoire, mais son beau-frère, Jacques Paget, allait le priver d’un succès en plaçant sa Peugeot 308 au sommet de la hiérarchie de la classe A/4 : « Là aussi j’aime bien la région et ce tracé assez rapide. Nous nous sommes fait plaisir et c’est bien là l’essentiel. » A Saint Gouëno, c’est une nouvelle fois Jacques Paget qui remportait la classe A/4 devant son beau-frère : « Le profil de Saint Gouëno est plus typé rallye et j’aime beaucoup. J’ai roulé sans souci et je suis satisfait de mon week-end. »

Joël Juif n’avait eu l’occasion d’affronter le tracé de Marchampt qu’à une seule reprise avant d’engager sa Peugeot 308 Cup sur l’épreuve disputée dans les vignobles du Beaujolais : « J’adore vraiment ce tracé rapide, et je garde un excellent souvenir de ce week-end », résume Joël qui place sa Peugeot dans le sillages de celles de Richard Simon et de Jacques Paget.

Vuillafans, la course à domicile, donnera à Joël Juif l’occasion de livrer un combat familial. A l’heure de faire les comptes, c’est son neveu, Julien Paget, qui remporte la classe A/4, mais Joël parvient à devancer son beau-frère Jacques Paget : « Là je connais par cœur et j’adore cette course. Nous nous sommes livré une belle bagarre et je ne suis pas mécontent que Julien l’ait emporté, et pour ma part je suis pleinement satisfait de mes chronos. »

Le combat familial se transformera en duel à Dunières où Joël était une nouvelle fois confronté à son beau-frère : « J’avais au l’occasion d’aligner ma Renault 5 Turbo lors de la dernière édition, et cela m’a bien aidé. Le tracé est spécifique, pas toujours évident, mais je m’en sors plutôt bien », confie Joël qui remporte sa classe sur l’épreuve auvergnate.

La Ford Escort Cosworth avec laquelle Joël Juif devait initialement prendre part au championnat étant enfin prête, c’est à son volant que fin juillet le Doubien affrontera le Mont de Fourche. Une épreuve sur laquelle Jacques Paget imposait sa Peugeot 308 en tête du groupe A alors que Joël terminait troisième du groupe derrière la Mitsubishi Lancer de Romain Humbert : « Avec Romain nous avons eu une belle bagarre. J’étais devant tout au long du week-end et c’est sur la dernière qu’il est parvenu à me devancer. Mais je ne peux être que pleinement satisfait pour une première avec l’Escort, alors que je découvrais totalement cette voiture. »

Après une prise en main en Haute-Saône, le week-end suivant c’est en Côte d’Or que Joël poursuivait l’apprentissage de sa Ford Escort Cosworth sur la Course de Côte d’Urcy, où il terminait deuxième du groupe A derrière Jacques, son beau-frère, mais vainqueur de la classe A/5 : « Nous avons bien bossé sur l’auto entre les deux épreuves, et à Urcy ça allait nettement mieux et j’ai pu me battre avec Jacky. »

« C’est beau, magnifique, technique, j’adore », lâche Joël Juif lorsque l’on évoque le Mont-Dore. Dans le Massif du Sancy , où il retrouvait le volant de la Peugeot 308, il terminait deuxième de la classe A/4 derrière le très rapide Richard Simon : « Il est difficile de le contrer, mais ça reste une belle deuxième place et je m’en satisfais pleinement. »

A Turckheim, toujours au volant de la Peugeot 308 Cup, Joël Juif allait connaitre un week-end plus difficile : « Là j’ai eu du mal… Je n’arrive pas à mémoriser correctement le tracé. J’attaque, j’ai l’impression que ''c’est vite'', mais à l’arrivée les chronos ne sont pas là. Il va falloir vraiment que je bosse sur cette épreuve », reconnait Joël qui termine au cinquième rang de sa classe.

Les jeux étant faits dans le Challenge Open A/4, Joël décidait d’affronter la Course de Côte de Limonest, dernier rendez-vous de la saison, au volant de sa Ford Escort Cosworth : « Je voulais bosser sur la voiture, la préparer pour la saison à venir, il me semblait donc judicieux de l’aligner à Limonest. Finalement je ne regretterais pas ce choix puisque tout s’est bien passé et que j’ai pu enregistrer des informations qui me seront utiles pour la suite. »

Deuxième du Challenge Open A/4
A l’issue de cette saison 2024, durant laquelle Joël Juif a rejoint l’arrivée de l’ensemble des épreuves sur lesquelles il était engagé, le Franc-Comtois se classe deuxième du Challenge Open A/4, derrière son beau-frère Jacques Paget : « Pour une année de découverte c’est largement positif. Ce fut pour moi une super saison, durant laquelle j’ai passé d’excellents moments au volant de cette Peugeot 308 Cup. Le plaisir était au rendez-vous avec une auto plutôt facile à manier. J’avoue avoir été étonné par la facilité avec laquelle je suis parvenu à signer de bons chronos avec cette voiture. »

Rien d’étonnant à ce que les premiers remerciements de Joël Juif aillent vers Jacques Paget : « Un immense merci à mon beau-frère de m’avoir prêté cette Peugeot 308 ainsi qu’à mon neveu Julien. Je profite de l’occasion pour remercier mes partenaires et tous ceux qui me suivent. »

La pause hivernale est consacrée à la préparation de la Ford Escort Cosworth que l’on retrouvera sur le championnat la saison prochaine : « Je vais repartir avec la Ford avec la ferme intention de participer à l’intégralité du championnat. Je trouve sympa d’animer la classe A/5 avec ma Ford Escort, face aux nombreuses Supercopa. Nous verrons bien comment je vais m’en sortir », conclut le Franc-Comtois.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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