Pour sa première saison sur le championnat, Jérôme Buat a dû composer avec de nombreux dysfonctionnement de sa Norma M20F. Mais malgré l’accumulation de problèmes, il a pu réaliser son principal objectif, celui de se faire plaisir en découvrant les beaux tracés du CFM.
Le père de Jérôme Buat avait une activité professionnelle qui s’avère indispensable pour bon nombre de pratiquants du sport automobile. Il fabriquait en effet des remorques. Et lorsque des pilotes prenaient contact pour acquérir une remorque, cela donnait l’occasion à Jérôme de côtoyer ses passionnés de vitesse et de trajectoire. Pour autant, le jeune isérois n’avait aucune connaissance en compétition mécanique, mais suffisamment d’attrait pour assister régulièrement en spectateur aux Courses de Côte de Miribel – Lanchâtre et de Chamrousse.
Au milieu des années 90, Jérôme côtoyait des frères qui évoluaient en Autocross, Dominique et Sébastien Dall’Olmo. Rapidement, il allait s’impliquer dans l’assistance et découvrait alors l’univers de la compétition non plus en tant que spectateur, mais en tant qu’acteur : « J’ai d’abord aidé Dominique qui roulait avec les tous premiers Kart Cross équipés de moteurs de motos, et ensuite Sébastien qui évoluait avec une Peugeot 306 en T3F », se souvient Jérôme.
Et si par la suite il quittait l’Isère pour venir s’installer en Savoie, il continuera un temps à assurer les assistances sur plusieurs épreuves. A la fin des années 90, Jérôme fera la connaissance de Dominique Valkre qui roulait avec une Martini F2 et qui était client de son papa : « Pour ma part j’étais chaudronnier et cela m’a permis de lui confectionner quelques pièces pour sa monoplace. Je lui ai alors proposé de lui donner un coup de main sur les courses, ce qu’il a accepté. Si j’étais déjà passionné de sport auto, je pense que la passion pour la côte est arrivée à ce moment-là », analyse Jérôme.
Premiers pas avec une Martini MK52
Et si par la suite Dominique Valkre décidait de ranger le casque et les gants, Jérôme Buat continuera à aller assister en spectateur à diverses épreuves, et notamment à la Course de Côte de Saint-Savin : « C’est là que j’ai rencontré Patrick Deschaux-Baume qui m’a proposé de faire son assistance. J’ai immédiatement accroché à cette discipline qu’est la course de côte et rapidement j’ai eu envie de m’essayer au pilotage. »
En 2009, c’est donc au volant d’une Martini MK52 prêtée par Patrick Deschaux-Baume, qu’à 35 ans Jérôme Buat fera ses premières courses, en s’engageant pour la première fois à Miribel – Lanchâtre. Les premières sensations ressenties au volant de cette monoplace prêtée, incitaient Jérôme à faire l’acquisition d’une première voiture, ce sera une Reynard avec qui avaient roulé précédemment David Guillaumard et Guillaume Berrodier : « A partir de 2011 j’ai pu rouler avec ma propre voiture. »
Durant quatre ou cinq saisons, c’est sur des épreuves régionales que Jérôme Buat assouvissait sa passion. Par la suite, l’envie de s’essayer au volant d’un Proto le motivait à troquer sa Reynard contre une Ligier, ex-Eric Bonjean : « Mais afin d’avoir le sentiment d’avoir fait le tour de la question je me suis dit qu’il fallait un jour que je tente l’aventure avec une Norma, et j’ai donc fait l’acquisition d’une M20F. » Jérôme fera alors sa toute première apparition sur une manche du Championnat de France de la Montagne à l’occasion de l’édition 2021 de la Course de Côte de Chamrousse. Mais rapidement, il prenait conscience que sa voiture laissait apparaitre de nombreux dysfonctionnements qui allaient l’obligé à travailler durant toute la saison 2022 pour tenter de solutionner les divers problèmes auxquels il devait faire face.
Pour tester une auto et la faire progresser, rien de mieux que de prendre part à des épreuves proposant des tracés plus longs, d’où le souhait de Jérôme de venir se confronter aux manches du Championnat de France de la Montagne en s’engageant en 2023 dans le cadre du Challenge Open CN/2 : « Je voulais avant tout rouler parce que je n’ai jamais fait de stage de pilotage, jamais appris la moindre notion, je ne suis animé que par la passion. »
Mieux cerner le comportement de sa Norma, régler les problèmes qu’elle laissait apparaitre, passer de bons moments avec les copains sur les épreuves et assouvir sa passion, tels étaient les seuls objectifs de Jérôme Buat à l’heure d’aborder la saison 2023 : « Je n’avais aucune prétention en ce qui concerne mes résultats pour ce qui était une année de découverte », confie-t-il.
De nombreux soucis, mais un vrai plaisir
N'ayant pas à sa disposition de voiture pour reconnaitre, Jérôme Buat découvrira le tracé de la Course de Côte de Bagnols-Sabran à l’occasion de la première montée d’essais : « Je savais que ce n’était pas une course facile. Je me suis toujours dit qu’il fallait que je participe à cette épreuve. J’ai vraiment adoré et je me suis fait réellement plaisir », reconnait Jérôme. « Et puis le roulage effectué à Sabran nous a permis de mettre le doigt sur divers problèmes qui affectaient la bonne marche de la voiture. »
Engagé à Coligny, Jérôme Buat n’aura malheureusement pas l’occasion de tester sa Norma sur cette épreuve régionale : « Lorsque j’ai voulu enclencher les vitesses, plus rien ne fonctionnait. Je n’ai pu faire qu’une seule montée, et j’ai dû abandonner. » Une révision permettait de se pencher sur le problème avant de se rendre à Marchampt, prochain rendez-vous inscrit au calendrier de Jérôme.
Dans le Beaujolais, le Savoyard d’adoption aura bien du mal à tirer profit de son Proto : « J’avais à nouveau des soucis et j’incriminais le moteur avant de prendre conscience que le problème provenait à nouveau de la boîte de vitesses. J’ai eu la chance de pouvoir bénéficier de l’aide d’Olivier Berreur qui m’a prêté des pignons de boîte et je le remercie sincèrement. Ce fut compliqué, mais j’ai adoré cette course », confie Jérôme qui découvrait le rapide tracé de Marchampt.
Jérôme Buat allait devoir faire face à de nouvelles complexités à l’occasion de la Course de Côte de Dunières : « J’ai bien aimé ce tracé même s’il reste difficile à aborder. C’est technique, avec un rythme qui est propre à cette épreuve, et j’ai eu du mal. » Mais Jérôme allait bénéficier de conseils de qualité, dispensés par une sextuple Championne de France : « Je considère Cindy (Gudet) comme ma fille, et elle m’a donné de très bons conseils, mais ce n’est pas évident de les mettre en application. Et puis une nouvelle fois j’ai dû composer avec une boîte de vitesses récalcitrante. »
Début août, Jérôme Buat s’attaquait à la Course de Côte de Divajeu sur laquelle il allait battre le chaud et le froid : « J’ai très bien débuté le week-end malgré des problèmes de boîte. Et sur la première manche de course plus rien ne fonctionnait. J’ai dû rouler avec mon levier de vitesses tenu en permanence et j’ai limité la casse. » Malgré ses déboires, Jérôme se classait sixième au scratch, deuxième du groupe CN.
Conscient que sa voiture ne fonctionnait pas, Jérôme faisait appel à Arnaud Mounier pour remédier aux problèmes électroniques qui entrainaient un dysfonctionnement de la boîte de vitesses : « Je ne le connaissais pas et il a été hyper réactif. Dimanche soir nous avons chargé la voiture afin de lui envoyer, et dès le lundi matin il s’attaquait au problème. Il cernera vite l’origine du souci, mais le temps que les pièces arrivent pour pouvoir réparer, j’ai dû faire l’impasse sur les prochaines épreuves. »
Impasse… Pas tout à fait, parce que s’il ne disposait plus de sa Norma M20F, Jérôme Buat pouvait s'installer derrière le volant d'une Martini MK52 qui lui était prêtée et avec laquelle il allait animer la classe DE/2 : « Initialement, j’avais prévu de venir à Chamrousse pour faire l’assistance d’Anthony Neveu. Et c’est un collègue qui m’a proposé de me monter cette Martini à Chamrousse. Malheureusement, on se rend compte que les fixations des moyeux sur les triangles étaient fendues. Impossible évidemment de rouler dans ces conditions. »
Avant de se rendre à Limonest, manche de clôture de la saison, Jérôme Buat récupérait sa Norma M20 FC. Il pouvait donc aborder cet ultime rendez-vous avec son Proto : « J’aime bien cette épreuve, mais j’avais toujours en tête mes problèmes de boîte de vitesses et je ne suis jamais parvenu à rentrer dans la course. J’ai passé le week-end à regarder mon afficheur pour voir si les rapports s’enclencher. Impossible d’être de ce fait dans le coup, et je signe de moins bons chronos que lors de la précédente édition », se désole Jérôme qui, à ce stade de la saison, reconnait qu’il était un peu dépité par l’accumulation de problèmes rencontrés.
Le côté positif, viendra du fait que durant son week-end à Limonest, Jérôme sera épargné par les problèmes, ce qui se confirmera lors du Cévennes Race Track. Au mois de décembre, il participait en effet à cette épreuve organisée sur le Pôle Mécanique d’Alès et partageait sa Norma M20F en double monte avec Cindy Gudet : « Nous avions encore quelques problèmes de châssis, mais vu le manque de roulage ça parait assez logique puisque nous n’avons pas eu le temps de la régler. Mais pour le reste tout fonctionnait. »
L’envie de poursuivre en 2024
L’important pour Jérôme Buat était de se faire plaisir, et le plaisir sera au rendez-vous, de quoi rester positif : « Tout n’a pas fonctionné comme je l’espérais mais j’ai passé de très bons moments avec les copains, découvert de supers tracés et c’est ce que je veux avant tout retenir. Il est clair que je garderai de très bons souvenirs de cette saison 2023, même si elle fut un peu frustrante. »
Les bons souvenirs de cette saison 2023, Jérôme Buat les partage avec ceux qui l’ont soutenu et qu’il veut remercier : « Un grand merci à Petit Fred et à Dylan Caputo qui m’aident énormément, je n’oublie bien évidemment pas Laurence, mon épouse, Sébastien Darnand et Arnaud Mounier, ainsi que tous mes amis. »
Sa participation au Cévennes Race Track avait une réelle importance pour Jérôme et notamment pour le proche avenir : « Je me suis dit que si le plaisir était au rendez-vous à Alès, je continuais, sinon je m’arrêtais là. Finalement je me suis fait réellement plaisir sur cette épreuve. » De ce fait Jérôme Buat relancera sa Norma M20F en 2023, avec un programme sur lequel figurera plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne : « Je vais repartir, en espérant que cette année je puisse pleinement profiter de ma voiture. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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