Deuxième du Trophée FFSA F2000 en 2014, Jean Turnel se présentait en 2015 comme l’un des valeurs sûres de la catégorie. Le pilote d’Essertines-en-Châteauneuf se relançait sur une campagne au volant de sa Peugeot 306, avec la ferme intention de défier le tenant du titre, Sébastien Lemaire.
« Bien évidemment j’avais pour ambition de contrarier Sébastien dans sa lutte pour un nouveau trophée, tout en gardant à l’esprit qu’il serait difficile de lui contester la première place », confie Jean Turnel.
Désireux de disposer des meilleurs atouts, Jean Turnel avait mis à profit l’intersaison pour peaufiner la mécanique de sa Peugeot 306 : « J’ai monté sur la voiture des arbres à cames de 306 Kit-Car Evo VII, ce qui m’a permis de disposer de quatre ou cinq chevaux supplémentaires. Rien de révolutionnaire en soi, je m’attendais à un gain de puissance plus important, ce ne fut pas le cas. » Auto totalement révisée, le Ligériens était prêt à défier la BMW de son principal rival sur les épreuves de notre championnat.
Des chronos toujours améliorés
La première confrontation entre Jean Turnel est Sébastien Lemaire avait lieu sur le tracé étroit et sinueux de la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Les deux hommes se livraient un combat sans répit, d’où le pilote audois sortait vainqueur : « Sébastien et moi avons battu les records du groupe. C’est pour moi une vraie satisfaction d’avoir amélioré mes chronos, et je suis particulièrement satisfait de ce premier rendez-vous de la saison. »
Sur les pentes du Col Saint-Pierre, les deux principaux protagonistes du groupe F2000 allaient trouver un concurrent de taille en la personne de Christian Astier. Le pilote de Ramatuelle imposait sa Xsara, et Jean devait se contenter d’une quatrième place de groupe : « Ce fut un week-end compliqué. J’avais demandé à ce que l’on fasse des modifications sur l’autobloquant, et au final j’ai eu l’inverse de ce que je souhaitais », explique-t-il. « Autant à Bagnols je ne l’ai pas vraiment ressenti, autant sur le Saint-Pierre c’était pénalisant. Dans de meilleures conditions, j’aurais pu prétendre à la troisième place, mais je n’aurais pas été en mesure d’aller chercher les deux premiers », avoue-t-il humblement.
La Course de Côte d’Abreschviller, troisième rendez-vous de la saison, allait donner à Jean Turnel l’occasion de signer son premier succès de l’année. Il imposait sa Peugeot 306 devant une autre ’’Lionne’’, la 206 de Jean-Luc Fritsch, signant par la même occasion son deuxième succès consécutif sur l’épreuve mosellane : « C’est toujours plaisant de s’imposer, mais en l’absence de Sébastien, la victoire n’a pas le même goût », reconnait-il. « Je suis avant tout satisfait d’avoir pu améliorer mes chronos par rapport à la précédente édition. »
Lorsqu’on évoque son deuxième succès de la saison obtenu à Hébécrevon, une nouvelle fois Jean Turnel tient à relativiser : « Sébastien a connu des problèmes et a dû abandonner. Je m’impose faute d’adversaires, mais de toute manière ce n’est pas une course qui me laisse d’excellents souvenirs. J’ai moi-même connu des soucis qui m’ont empêché de prendre part aux deuxième et troisième montées de course. Finalement ça se joue à pas grand-chose. » Sébastien Lemaire contraint à l’abandon dès les essais, Jean Turnel auteur du meilleur temps sur la première montée disputée dimanche avant de devoir à son tour renoncer, ce que le pilote rhônalpin retient avant tout de sa participation à l’épreuve normande, ce sont les problèmes de pompe à huile qui ont très sérieusement perturbé sa course.
Obligé de repasser par la case garage pour soigner sa ’’Lionne’’, Jean Turnel déclarait forfait à La Pommeraye : « C’est vraiment un regret car je n’avais jamais eu l’occasion de disputer cette épreuve que je tenais à découvrir. » Le rendez-vous suivant sera aussi une découverte, Jean disputait cette année pour la première fois la Course de Côte de Saint-Gouëno : « Les conditions n’étaient pas les plus faciles pour découvrir un tracé. La météo a perturbé les débats, et j’avais de plus un souci avec des pneumatiques pluie qui ont quatre ans d’âge et qui ne sont pas dans un parfait état. » Pour cette première sur l’épreuve bretonne, Jean se hissait toutefois sur la troisième marche du podium du F2000.
Le magnifique tracé de la Course de Côte des Beaujolais-Villages allait être le théâtre d’une confrontation mémorable entre Sébastien Lemaire et Jean Turnel. Et si au final, le Carcassonnais imposait sa BMW, ce n’est qu’avec un écart de 151 millièmes sur la Peugeot de son rival : « J’adore cette épreuve, et j’espérais vraiment être devant Sébastien. Mais j’ai été pénalisé par des rapports de boîte de vitesses trop courts. Je pense qu’il doit prendre 10 km/h de plus que moi alors que par deux fois je plafonne sur plus de cent mètres, ce qui me fait perdre du temps. J’aurais dû en début de saison opter pour une cinquième et une sixième plus longue. »
A Vuillafans Jean retrouvait l’un de ses tracés favoris. Malheureusement, dès les essais, une casse de bloc-moteur l’obligeait à renoncer : « L’an dernier, nous étions très près l’un de l’autre avec Sébastien, et j’attendais impatiemment ce rendez-vous. Je misais vraiment sur cette course pour essayer de le devancer, ça n’a pas voulu sourire. » Nouveau passage au garage, et une réparation qui allait priver Jean d’une participation à Dunières : « Encore une course que j’apprécie, et c’est vraiment dommage de ne pas avoir pu être présent. »
Retour gagnant sur le Mont-Dore
Contraint de louper deux rendez-vous importants, c’est plus motivé que jamais que Jean Turnel se rendait au Mont-Dore. Là encore, le pilote d’Essertines-en-Châteauneuf réalisait une prestation de tout premier ordre pour, au final, accrocher la 10ème place au scratch et s’offrir un succès en F2000, huit dixièmes devant Sébastien Lemaire : « Nous avions fait un passage au banc pour régler la voiture, et j’avoue qu’elle fonctionnait vraiment bien. Ce qui me satisfait avant tout c’est d’avoir réalisé un nouveau record en F2000 sur cette épreuve. Bien évidemment je suis content de mon week-end, je ne pensais pas faire aussi bien. »
La Course de Côte de Chamrousse permettait à Sébastien Lemaire d’accrocher un nouveau succès à son palmarès, en devançant une Peugeot, la 206 d’Emmanuel Véol. Sur l’épreuve alpine, Jean Turnel devait se contenter de la troisième place : « J’ai dû mal en altitude avec la voiture. Je pense avoir un problème de sonde qui fait que je perds de la puissance. Et puis à Chamrousse, Manu Véol est toujours à son affaire, cela fait deux années de suite qu’il vient nous chercher sur cette épreuve. »
Pour conclure sa saison dans le cadre du Championnat de France de la Montagne, Jean Turnel allait signer une large victoire à Turckheim : « Je suis bien évidemment content, mais il n’y a pas de quoi se glorifier car la concurrence n’était pas très importante », estime Jean.
Les belles prestations de Jean Turnel tout au long de la saison lui vaudront de décrocher son ticket pour la Finale de la Coupe de France. A Limonest, il imposait sa Peugeot face à une trentaine de concurrents engagés en F2000 : « C’est la deuxième année consécutive que je m’impose sur la Finale, et c’est vraiment plaisant », avoue celui qui avait déjà signé un premier succès lors de la Finale organisée en 2010 à Chatel Guyon. « Je suis d’autant plus satisfait de ce succès cette année, que je n’ai pas chaussé de pneus neufs. J’avais des gommes qui avaient déjà disputé trois ou quatre courses de côte. »
Dans le top 10 du Championnat
Les années se suivent et se ressemblent pour Jean Turnel qui termine la saison 2015 aux positions déjà acquises en 2014, à savoir dixième du Championnat Production et deuxième du Challenge Open F2000 : « Ça a de quoi me satisfaire car je ne pense pas pouvoir prétendre à beaucoup mieux. C’est déjà très bien de terminer deuxième du Challenge F2000. Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas avoir pu disputer toutes les épreuves prévues à mon calendrier, et notamment d’avoir dû déclarer forfait sur des courses que j’affectionne particulièrement », confie Jean qui, initialement, devait disputer les douze manches du championnat. Le pilote d’Essertines-en-Châteauneuf avoue également qu’il regrette l’absence d’une plus forte concurrence en F2000 : « Plus l’opposition est forte, plus c’est intéressant, et il est vrai que sur certaines épreuves j’aurais aimé retrouver plus d’engagés dans la catégorie. »
Mais ce que Jean Turnel veut avant tout retenir, c’est l’esprit sportif dans lequel se déroulent les courses : « Il règne une très bonne ambiance, notamment avec Sébastien. Nous sommes adversaires, mais tout se passe dans un climat de franche convivialité, sans jalousie, sans mauvais esprit, et c’est pour moi très important. Je pense que nous sommes parvenus avec Sébastien, à instiller cet état d’esprit à l’ensemble des animateurs du groupe, et c’est vraiment un plaisir de courir dans ces conditions. »
Au mois de mai prochain, Jean Turnel fêtera ses 70 ans. Verra-t-on encore le pilote d’Essertines-en-Châteauneuf derrière le volant de sa 306 en 2016 ? Rien n’est moins sûr… Non pas que Jean veuille mettre un terme à sa carrière sportive, mais la Peugeot est en vente, et pourrais bien laisser place à une autre monture : « Pour l’heure elle n’est pas vendue, et la saison 2016 dépend en partie de la vente de ma voiture. Si je ne trouve pas d’acquéreur, je repartirai avec elle après avoir apporté quelques petites modifications. Sinon j’avais pensé mettre la mécanique de la 306 dans une 207, faut-il encore que je trouve une auto déjà prête. Ou alors conserver la 306 est lui offrir un vrai moteur de Kit-Car, mais là il va falloir tout de même être sûr que la puissance passe sur la route. »
On le voit, Jean n’a absolument pas l’intention de raccrocher le casque et les gants. Toujours performants, il a démontré durant la saison 2015 qu’il fallait compter avec lui, et il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même en 2016. D’ailleurs, il ne cache pas son envie de revenir à ses premières amours : « Je me verrais bien disputer le Championnat de France de la Montagne avec une Mitsubishi groupe N pour, à l’issue de la saison, pouvoir faire quelques rallyes à son volant. »
Pour parfaire sa forme physique, Jean Turnel met à profit la passion qu’il partage avec son épouse, la randonnée. Chaque année, ils poursuivent leur périple sur les routes du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle : « Cette année, nous devrions partir de Biarritz pour faire une portion du chemin en Espagne. Une petite ballade qui devrait durer une quinzaine de jours et nous permettre de couvrir un peu plus de trois cents kilomètres », explique Jean. « Je motive tout le monde à vivre cette expérience, car c’est un truc vraiment sympa. On est toujours très bien accueilli. Sur le bord de la route tu trouves des tables où des fruits et du café sont mis à la disposition des pèlerins. Les gens se servent et peuvent laisser ce qu’ils veulent en échange, c’est vraiment super sympa, on fait des rencontres avec des gens très ouverts. »
Pour conclure, Jean tient à remercier ceux qui s’investissent à ses côtés : « Un grand merci à Michel et Charles, qui m’aident à préparer la voiture et qui me suivent depuis mes débuts. Merci également à Colette, mon épouse, qui m’accompagne sur les courses et qui apprécie l’ambiance qui règne sur les épreuves. Elle s’est fait des amies, notamment avec la famille de David Dieulangard ou de Sébastien Dupont. On passe vraiment des week-end sensationnels.»