Du plaisir et d’excellents chronos

La priorité de Jean-Jacques Maurel en s’engageant sur le Championnat de France de la Montagne était de se faire plaisir. Mais compétiteur dans l’âme, le Normand ne manquait pas de savourer les excellents chronos dont il fut l’auteur, et qui lui permettent de tirer un bilan positif d’une saison qui le voit remporter le Challenge Open GTTS/2.

De son enfance, Jean-Jacques se souvient que l’univers du sport automobile était très éloigné des préoccupations familiales chez les Maurel. Personne ne portait d’intérêt à une quelconque discipline ayant attrait à la compétition automobile, et Jean-Jacques n’est pas en mesure de se souvenir d’où lui vient une passion pourtant ancrée dans son esprit depuis son plus jeune âge.

Comme tout jeune passionné, Jean-Jacques Maurel ne manquait pas de se procurer les revues qui évoquaient les prestations de ses idoles : « J’avais dans ma chambre les posters des Gérard Larrousse, François Cevert, de toutes les gloires de l’époque », se souvient-il. Plus tard, devant le refus catégorique de son père de le voir s’installer derrière le volant d’une voiture du course, Jean-Jacques Maurel devra patienter, et c’est à l’approche de la trentaine qu’il fera ses débuts en compétition.

En 1985, c’est en rallye qu’il alignait pour la première fois sa Renault 5 Turbo : « Pour être tout à fait honnête ce n’était pas tout à fait une vraie ’’Tour de Corse’’. A cette époque j’habitais en Vendée et l’usine Heulliez, proche de chez moi, fabriquait des coques de Renault 5 Turbo. Et j’ai acheté la 21ème et dernière coque disponible pour monter ma voiture », explique le pilote Normand. Après cinq saisons de rallye, Jean-Jacques se tournait vers l’Autocross, discipline qu’il abordait avec des Mini Buggy disposant de moteurs de motos : « J’ai couru en Autocross de 1991 à 2005 avant de poursuivre en circuit en 2006 et 2007 sur les rencontres Peugeot et le Trophée Fédéral des Circuits. »

La Course de Côte pour le plaisir
La cinquantaine passée, en 2008, Jean-Jacques Maurel estimait qu’il était l’heure de prendre une pseudo retraite sportive amplement méritée. Semi retraite en fait, puisque pour conserver les sensations que procure le pilotage, il décidait d’évoluer vers la Course de Côte au volant d’une Peugeot 206 : « Initialement c’était une ’’petite’’ 206 que j’ai fait évoluer au fil du temps pour la configurer en ’’grosse’’ F2000. L’occasion à l’époque de me battre sur toutes les épreuves, au dixième ou au centième, avec Christian Boullenger avec qui j’ai bien évidemment tissé des liens d’amitiés. »

En 2017, Jean-Jacques Maurel vendait sa 206 pour faire l’acquisition d’une Peugeot RCZ initialement menée par Pierre Courroye : « J’aime courir sur des voitures qui me plaisent, d’où le choix de la RCZ. C’est une très belle auto, absolument pas vicieuse, facile à prendre en main. En 2017, il y avait de nombreuses RCZ à vendre et on pouvait espérer en voir un nombre conséquent venir étoffer les plateaux des Courses de Côte. Mais finalement je me suis retrouvé seul. »

Côté programme sportif, Jean-Jacques évoluait alors essentiellement sur les épreuves de sa Ligue, en englobant les trois manches de l’Ouest figurant au calendrier du Championnat de France de la Montagne et en faisant quelques apparitions sur d’autres épreuves du CFM telles que Bagnols-Sabran, le Col Saint Pierre, le Mont-Dore, Limonest : « Cette saison 2021 ne fut pas ma première participation sur le Championnat, j’ai eu l’occasion en 2012 de m’engager au volant de ma 206. Cela m’avait permis d’accrocher des podiums en F2000 malgré le manque de puissance de ma voiture. »

Cette première participation avait laissé à Jean-Jacques Maurel d’excellents souvenirs, ce qui l’incitait, presque une dizaine d’années plus tard, à réitérer en alignant sa Peugeot RCZ sur le championnat : « Les années passent et je me suis dit qu’il était l’heure de renouveler cette expérience. Le programme concentré de cette saison me permettait, de plus, de partir avec le camping-car à la fin juin et de poursuivre mon périple jusqu’à la mi-août. C’était plutôt très sympa. »

En évoluant dans une classe où la concurrence est plus que rare, Jean-Jacques Maurel ne se fixait pas d’objectif particulier pour cette saison 2021, « si ce n’est de me faire plaisir. L’important pour moi était de retrouver les copains, de profiter des magnifiques paysages qu’offrent les régions où se déroulent les épreuves, et savourer de bons plats dans les nombreux restaurants situés près des courses », confie cette épicurien dans l’âme. « Après, je suis content d’avoir pu en début de saison me battre face à la BMW M3 GTR de Jean-Marc Gandolfo. J’essaie également de rivaliser avec les animateurs de la classe A/3 et des meilleures F2000. »

Podium de groupe pour débuter la saison
L’ensemble des participations de Jean-Jacques Maurel sur le championnat se sont soldées cette saison par des victoires dans la classe GTTS/2. Mais à La Pommeraye, manche d’ouverture de la campagne 2021, le Normand accrochait également la troisième place du GTTS : « Avec un peu de chance parce qu’il y a eu pas mal de casse », reconnait-il humblement. « J’avoue que si le tracé de La Pommeraye n’est pas mon préféré, le parcours rapide convient parfaitement à la RCZ et j’ai donc pu me faire plaisir. »

A Vuillafans, Jean-Jacques Maurel découvrait un tracé toujours délicat à aborder et sur lequel il plaçait sa Peugeot à la quatrième place du GTTS : « Le parcours est impressionnant et sympa, et je considère avoir fait un résultat moyen. Mais le plaisir était au rendez-vous. »

Jean-Jacques Maurel avait déjà eu l’occasion de se rendre à Dunières, et avoue apprécier la configuration de l’épreuve auvergnate : « J’aime beaucoup les enchainements sur lesquels il ne faut absolument pas perdre de vitesses et être systématiquement sur la lancée. J’ai pu devancer mon ami Christian (Boullenger), c’était plutôt très sympa. »

A Marchampt, le Normand allait prendre un réel plaisir sur une épreuve qui convient parfaitement à sa Peugeot : « J’apprécie vraiment cette course dont le tracé très rapide permet à nos boîtes longues de s’exprimer. J’estime avoir fait un résultat plus qu’honorable » confie Jean-Jacques que l’on retrouve à la quatrième place du GTTS.

A l’heure de rejoindre le Mont-Dore, Jean-Jacques Maurel n’était pas dans une forme olympique : « Quelques jours avant, alors que nous étions déjà installés dans les paddocks, je suis victime d’une rage de dents phénoménale qui m’oblige à me bourrer de médicaments… Comme un malheur n’arrive jamais seul, mon moteur se met à ratatouiller, sans que je comprenne l’origine du problème. » Le week-end débutait mal et les choses allaient empirer puisqu’aux essais Jean-Jacques sera victime d’un tête-à-queue qui lui feront arracher quelques piquets : « J’ai pu repartir le dimanche, mais shooté par les médicaments, au milieu du parcours je suis dans le cirage et je rentre à fond dans un virage sur lequel il faut freiner. » Si les dégâts occasionnés par la sortie de route n’affectent pas le châssis, en revanche les dommages sur la carrosserie sont conséquents : « Ça a tapé sur les deux portières, les bas de caisse, le capot et le pare-chocs avant, les deux phares… Le problème, c’est que sur ce genre de voiture, ça représente rapidement une somme importante pour réparer. »

Vainqueur du Challenge Open GTTS/2
Outre le budget, il n’est également pas évident de trouver les pièces nécessaires à la réparation dans un laps de temps suffisamment court. Et de ce fait, Jean-Jacques Maurel devait mettre un terme prématuré à sa saison. Un retrait qui ne l’empêche pas de remporter le Challenge Open GTTS/2. Mais lorsque l’on évoque le bilan de sa saison, Jean-Jacques Maurel reprend la célèbre tirade du Comte dans le Cid de Corneille, « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire… » Esseulé dans la classe GTTS/2, le Normand estime en effet que sa victoire sur le Challenge Open n’a qu’une valeur relative : « Globalement le bilan est positif parce que j’ai le sentiment d’être encore dans le coup. Mais surtout j’ai particulièrement apprécié la convivialité qui règne sur le championnat, les échanges avec les autres pilotes, le fait de se retrouver ensemble les jours précédents la course, en s’invitant les uns et les autres. Et j’apprécie d’avoir pu également faire du ’’tourisme gastronomique’’, c’est toujours très plaisant. »

Pour Jean-Jacques Maurel, cette saison fut synonyme de plaisir, plaisir partagé avec ceux qui l’ont soutenu : « Un grand merci à mon épouse Catherine qui m’accompagne sur les épreuves. Merci à mes potes Michel Bineau et Christian Boullenger et tous les gens qui participent à l’élaboration de ce championnat, les commissaires, les officiels grâce à qui nous pouvons assouvir notre passion chaque week-end. »

Jean-Jacques Maurel a envie de changement. Sa Peugeot RCZ est à la vente, et s’il parvient à trouver un acquéreur, il tentera de se tourner vers un autre groupe : « Je lorgne sur les Peugeot 308 Cup. Si je parviens à vendre la RCZ, peut-être me laisserai-je tenter par une 308, mais rien n’est encore sûr. Je suis en période de réflexion, et j’étudie toutes les possibilités, et j’essaierai de m’engager à nouveau sur le championnat. Nous verrons bien. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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