Après deux saisons passées au volant d’une Formule Renault, Charlie Martin décidait cette année de prendre une nouvelle fois part au Championnat de France de la Montagne, en s’installant dans le cockpit d’une Norma 2 litres. C’est au sein de l’équipe Schatz Compétition qu’évoluait la pilote Britannique, qui a plusieurs reprises a remporté la Coupe des Dames sur les manches du Championnat. En parallèle, elle a pu évoluer sur les circuits français et britanniques, et a vécu en 2017 sa plus belle saison.
Lors de l’édition 2016 de la Course de Côte de Vuillafans, Charlie Martin était victime d’une sortie de piste. Et si la pilote britannique se tirait fort heureusement indemne de cette mésaventure, sa Formule Renault subissait en revanche d’importants dommages. C’est alors grâce à Cyrille Frantz, qui lui proposait de réparer sa voiture, que Charlie pouvait boucler sa saison. Cet accident lui faisait toutefois prendre conscience que pour courir dans les meilleures conditions, il lui fallait disposer d’une structure et non plus évoluer en solitaire comme elle le faisait jusqu’alors. Cyrille mettait les bouchées doubles, et le mois suivant, Charlie pouvait prendre le départ de la Glasbachrennen, disputait en Allemagne.
La Norma au sein du Team Schatz Compétition
En ce mois d’août, Charlie rééditait son expérience de la saison précédente, où grâce à Fabien Bouduban, elle avait pu participer à la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers. Une participation qui se soldait par une victoire en féminine. Changement notoire pour cette édition 2016, puisque Fabien lui confiait le volant de sa Norma 2 litres, et qu’elle était intégrée au sein du Team de Simone Faggioli. L’expérience était plus que concluante, et dans l’esprit de Charlie Martin les choses paraissaient claires… Son avenir sur le Championnat de France de la Montagne se ferait au volant d’un Proto 2 litres, et au sein d’une équipe. C’est ce qui l’a poussé à rejoindre le Team Schatz Compétition pour disputer une nouvelle campagne de France, cette fois au volant d’une Norma.
« C’est un réel confort de ne plus avoir à gérer la logistique autour de la course », explique Charlie. « Ma sortie de route à Vuillafans m’a fait prendre conscience qu’en étant seule, un accident pouvait remettre toute ma saison en question. Je ne remercierai jamais assez Cyrille (Frantz) de m’avoir reconstruit ma voiture en un temps record. Pour ce qui est du choix de la Norma, après avoir roulé avec celle de Fabien (Bouduban), je rêvais de m’installer derrière le volant d’un Proto 2 litres. »
Avec dix-sept concurrents engagés cette saison sur le Challenge Open CN/2, Charlie savait qu’il serait difficile de viser un podium, mais la Britannique espérait bien accrocher une place dans le top 10 : « Le niveau cette saison était particulièrement relevé avec la présence de pilotes très talentueux dans la catégorie. Viser une place dans le Challenge paraissait difficile, mais j’avais pour ambition de tenter ma chance pour le titre féminin. »
Première épreuve et première Coupe des Dames
Les éloges que Charlie Martin avait pu entendre sur le Col Saint-Pierre attisait sa curiosité et l’incitait à s’engager sur l’épreuve gardoise. Mais si on lui avait vanté la beauté du tracé, on l’avait également informé sur les difficultés à assimiler ce parcours long de 5 kilomètres : « Lors du week-end de Pâques, je suis venue avec Sarah (Louvet) et son ami Rémi (Bernard), et nous avons reconnu le parcours durant plusieurs jours. Ça m’a beaucoup aidé, car sans cela, je n’aurais jamais pu être à mon aise. » Charlie débutait sa saison par une belle performance, puisqu’elle terminait première féminine : « J’avoue avoir été surprise par le résultat. D’ailleurs, persuadée qu’en découvrant je ne serais pas en mesure de signer un bon résultat, je n’avais pas inscrit le Col Saint-Pierre à mon calendrier sportif, et de ce fait je ne marque pas de points au Challenge Open. Mais je suis particulièrement satisfaite de mon week-end, d’une part parce que le résultat est enthousiasmant, et d’autre part parce que j’ai découvert une magnifique épreuve, exactement ce que j’attends d’une Course de Côte. »
Cette saison 2017 allait permettre à Charlie Martin de découvrir également le tracé d’Abreschviller, radicalement différent de celui du Saint-Pierre : « C’est vraiment super rapide, mais j’ai beaucoup aimé. En fait, ce qui m’a le plus surpris c’est lorsque le matin j’ai découvert du givre sur le pare-brise de ma voiture de location, je me suis dit que ça pouvait compliquer les choses. Ce tracé rapide m’a énormément plu et impressionné, j’ai réellement apprécié l’organisation et l’accueil que m’a réservé David Oliger et son équipe. »
Charlie avait déjà eu l’occasion de remporter la Coupe des Dames à Hébécrevon, et si l’épreuve a changé de nom pour devenir Thèreval, la Britannique n’a elle pas changé ses habitudes, puisqu’elle termine une nouvelle fois première féminine sur cette épreuve : « Je misais beaucoup sur cette course. Le bas du tracé convient parfaitement à une britannique, car chez nous les parcours sont très étroits, et je me sens particulièrement à mon aise dans ce secteur. Je garde un excellent souvenir de ce week-end. »
Charlie Martin et Sarah Louvet évoluaient cette saison au sein de la même équipe, la Britannique au volant d’une Norma, la Lyonnaise dans le cockpit d’une F3. Rivales sur la piste et amies dans la vie, elles se lançaient dans un nouveau combat à La Pommeraye, où cette fois Sarah devançait Charlie de quatre millièmes : « C’est frustrant, mais de la part de Sarah c’est beaucoup plus facile à accepter, car ses victoires me font réellement plaisir. La saine émulation qui règne entre nous est excellente pour la motivation. »
Avec la présence d’une forte colonie britannique, Charlie Martin a un peu l’impression d’évoluer à domicile sur la Course de Côte de Saint Gouëno. C’est sur cette épreuve qu’elle a découvert le Championnat de France, et elle y revient toujours avec grand plaisir. Dixième au scratch, septième du CN/2, elle remporte là encore la Coupe des Dames : « Saint Gouëno c’est pour moi la génèse de mon engagement sur le Championnat, et même si je ne peux occulter ma sortie de route de 2015, je garde d’excellents souvenirs de mes participations. Cette année encore j’étais particulièrement motivée, pour moi qui aime la pluie c’était un terrain idéal, et puis terminer première féminine devant un public composé de nombreux britanniques c’est très plaisant », reconnait Charlie. « Je suis la seule britannique engagée sur le Championnat, j’ai donc un peu un rôle d’ambassadrice, et signer de bons résultats est important car cela démontre que je n’ai pas usurpé ma place au sein de l’équipe dans laquelle j’évolue. »
Vuillafans ne laisse pas en revanche que de bons souvenirs à Charlie Martin. Elle garde à l’esprit sa sortie de route de 2016, « qui fut pour moi la plus violente que je n’ai jamais connue. Je sais que quand je voyais les voitures des autres qui subissaient de gros dommages, j’espérais que cela ne m’arrive jamais, et à Vuillafans, ce fut mon tour. C’était donc un peu difficile cette année de me relancer et de me lâcher sur ce tracé. Dimanche, à l’issue de la deuxième montée, j’occupais la septième place du CN/2 et je me suis dit que je pouvais mieux faire. Mais la pluie a fait son apparition et il était impossible d’améliorer. Cela ne m’a pas empêché d’attaquer, rien que pour me prouver à moi-même que je pouvais surpasser mon mental. Je signe alors le deuxième temps scratch derrière Sébastien Petit, ce qui me redonne pleinement confiance. »
Préparation optimisée pour la Britannique
Avant de se rendre au Mont-Dore, Charlie Martin effectuait un séjour à Capezzano en Italie, chez Formula Medicine, où s’entrainent de nombreux pilotes, et notamment des stars de la F1 : « J’ai pu évidemment travailler le cardio et le fitness, mais également sur la concentration et l’amélioration du temps de réaction du cerveau. Mon stage a duré cinq jours, et ce fut une expérience très enrichissante », confie Charlie. « Sur la première montée du Mont-Dore, j’ai eu le sentiment d’aborder les choses avec plus de facilités et de mieux assimiler le tracé. »
Charlie estimait donc qu’elle pouvait prétendre signer un nouveau bon résultat sur l’épreuve auvergnate. Finalement, elle terminait en tête des féminines, accrochant une nouvelle Coupe des Dames à son palmarès : « J’ai passé un excellent week-end. J’ai pu revoir Simone (Faggioli) et Fabien (Bouduban), et d’ailleurs j’ai le sentiment que Fabien influe sur mon mental, car chaque fois qu’il est présent sur une épreuve, je réalise de bonnes performances. J’étais dans d’excellentes dispositions et le week-end s’est très bien passé. »
Par la suite, Charlie Martin retrouvait le tracé de Chamrousse, qu’elle avait déjà eu l’occasion d’aborder en 2015. Cette édition 2017 sera un peu plus compliquée pour la pilote britannique : « J’avais du mal à être dans ma course et j’ai commis quelques erreurs. Je suis partie en tête-à-queue à deux reprises, ce qui m’a un peu calmé, et sur la dernière montée, je n’étais pas vraiment bien sur les trajectoires. Après, je me suis bien amusée, la météo était très bonne, et pour moi qui adore la montagne j’étais ravi de retrouver Chamrousse. C’était magnifique ! »
Pour terminer la saison, Charlie Martin découvrait le tracé de Limonest, sur lequel elle terminait deuxième féminines, derrière la nouvelle Championne de France, Sarah Louvet : « Initialement je devais être à Turckheim, mais des engagements m’ont retenu en Angleterre, et je n’ai pas pu me rendre en Alsace. J’ai donc décidé de disputer cette épreuve de Limonest. Le cadre est sympathique, avec une vue plongeante sur Lyon. Le tracé est technique, sinueux, mais j’ai bien apprécié. Je voulais remporter la Coupe des Dames sur cette dernière épreuve, mais finalement Sarah a eu le dernier mot. »
Une saison magique !
« C’est ma plus belle saison », estime Charlie a l’heure de faire le bilan. « J’ai vécu quatorze week-ends de course, avec des moments incroyables qui me laisseront de fabuleux souvenirs. Mon seul petit regret vient du fait de ne pas avoir inscrit le Saint Pierre et Abreschviller à mon calendrier sportif, ce qui me prive de précieux points, et d’avoir renoncé à m’engager au Beaujolais pour aller faire un tour à Pikes-Peak. Mais pour le reste, je suis absolument ravie de ma saison. »
Charlie Martin a mis à profit cette saison 2017 pour s’essayer au circuit. D’abord dans le cadre du Celtic Speed Mini Cooper Cup Championship, qui se déroule en Ecosse, aux volants comme son nom l’indique de Mini Cooper : « Avec une auto de seulement 130 cv, je pensais que ça ne serait pas très difficile. Mais j’ai dû faire face à une bande de furieux, sur une série qui est très disputée. C’était vraiment très agressif, mais une fabuleuse expérience. »
Par la suite, Charlie prenait part à une course d’endurance organisée par une association caritative, ayant pour but de venir en aide aux militaires blessés ou ayant connu des problèmes psychologiques : « Je trouvais que c’était important d’apporter ma contribution. Ça me tenait à cœur et j’étais très fière de prendre le départ au volant d’une Citroën C1. Le seul truc impressionnant c’est que nous sommes mélangés avec des Caterham, des Lotus, des sportives nettement plus puissantes, et on se fait doubler de tous les côtés. Mais c’est très sympa et nous terminons deuxième. »
Courir au Mans était un rêve d’enfant pour Charlie Martin. Un rêve qui, en cette année 2017 allait devenir réalité : « Certes c’est sur le Bugatti, mais être au Mans est quelque chose de très spécial. » Pour cette épreuve de TTE, Charlie devait partager le volant avec un pilote qui malheureusement se blessera dans une chute en VTT à quelques jours du départ : « Pour moi, je pensais que l’expérience s’arrêtait là, et j’étais vraiment déçue. Mais Nico (Schatz) m’a proposé de partager le volant avec lui. C’était pour moi une immense fierté, un grand bonheur, mais un peu de pression. Finalement ça s’est très bien passé, et nous terminons sur la troisième marche du podium. Je suis contente de ma prestation car sur les derniers tours, je n’étais pas très loin des chronos de Nico. »
Retour en Grande-Bretagne en 2018
A l’heure de remercier tous ceux qui l’ont soutenu tout au long de la saison, c’est vers la structure de Nicolas Schatz que vont ses premières pensées : « Un grand merci à l’équipe Schatz pour tout leur soutien et notamment des mécaniciens qui m’ont permis de disputer une saison en étant plus détendue. L’opportunité d’évoluer au sein d’une structure très professionnelle est toujours un grand bonheur. Merci à Sarah Louvet qui fut la meilleure coéquipière dont je pouvais rêver, et qui m’a motivé tout au long de la saison. Le fait d’avoir roulé ensemble fera pour moi de cette année une année inoubliable. Merci aux gars de Pilotes TV, Gilles Huntzinger, Thomas Gasser et Fabien Iecker, qui chaque week-end de course étaient particulièrement patients avec moi. Nous avons partagé de très bons moments, vous êtes les meilleurs… Merci à Nicolas Millet pour ses photos toujours au top, à tous les gens qui m'ont suivi sur Facebook, même si je parle en Anglais dans la plupart des vidéos ! Merci encore à NGK, Tectri SA, et Schroth Racing pour leur soutien durant cette saison, à tous les acteurs du Championnat qui lors des trois dernières saisons m’ont accueilli chaleureusement et m’ont permis de m’impliquer dans le sport automobile français. J’ai passé trois années extraordinaires, et je sais que la France va me manquer en 2018. J'espère de vous revoir bientôt ! »
Charlie Martin aimerait bien poursuivre sa carrière en France, et notamment s’impliquer plus sur des épreuves en circuit. Mais pour cela elle doit trouver des partenaires : « J’ai pris conscience que je commençais à faire parler de moi en France mais que je manquais de visibilité en Grande-Bretagne. De ce fait, j’ai du mal à trouver des partenaires. J’ai donc choisi, pour 2018, de courir en Angleterre en participant au Ginetta GT5 Challenge, qui est un championnat très médiatisé, télévisé, et qui attire de très nombreux spectateurs. Cela devrait me permettre d’avoir une meilleure visibilité et de préparer l’avenir. L’annonce de l’équipe qui évoluera en Ginetta la saison prochaine a été faite lors du Salon Autosport, et dès le lendemain, j’avais déjà des médias qui s’intéressaient à moi. »
Charlie Martin a dû faire le choix de la raison en décidant de ne pas animer le Championnat de France de la Montagne en 2018 : « C’est un véritable crève-cœur. J’ai tissé des liens d’amitiés en France, j’ai vécu de grands moments durant les trois saisons passées sur le Championnat, et il est clair que la décision de ne pas repartir cette année a été difficile à prendre. Mais je puis vous assurer que l’on me reverra en France dans l’avenir. »
Propos recueillis par Bruno Valette
Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Charlie Martin.