Première saison sur le CFM pour Fabien Borgognon

Après avoir disputé ses premières courses de côte en 2019, Fabien Borgognon a saisi cette année l’opportunité de disputer un Championnat qui se présentait sur trois week-ends. Au volant de son Speed Car, le jeune Drômois a pu se jauger face aux habitués de la catégorie, pour finalement terminer à la troisième place du Challenge Open CM, et réaliser le rêve de participer au Championnat de France de la Montagne.

Créée en 1964, la Course de Côte du Colombier, organisée par l’ASA Montélimar, fit les beaux jours du Championnat de France de la Montagne 2ème Division dans les années 70. En sa qualité de Drômois passionné de sports mécaniques, durant sa jeunesse, Jean-René Borgognon, le père de Fabien, ne manquait pas d’assister à cette manifestation particulièrement prisée.

Spectateur, Jean-René eu rapidement envie de devenir acteur, et c’est après avoir fait l’acquisition d’une Renault 5 Alpine, qu’il s’engageait sur ses premiers rallyes. L’occasion pour lui de prendre part à quelques épreuves régionales. En 1994, année de naissance de Fabien, son père avait mis un terme à sa carrière sportive, ce qui ne l’empêchera pas par la suite de transmettre la passion à sa progéniture.

Douze ans de karting en loisir
Fabien Borgognon n’avait que 7 ans lorsque pour la première fois il allait connaitre les sensations de pilotage grâce à son père qui lui faisait découvrir le karting : « Mon père avait son kart, moi le mien, et durant une douzaine d’années nous avons roulé conjointement en loisir », explique Fabien. Une expérience qui lui permettait d’acquérir les bases du pilotage et de la mécanique. Au volant de différents modèles, Fabien aura alors l’occasion d’arpenter les circuits de Montélimar, Lavilledieu, Valence, Varennes-sur-Allier et Belmont-sur-Rance : « Nous faisions en moyenne une sortie mensuelle sur circuit », se souvient-il.

Durant cette période, Fabien prenait part à une unique compétition, une course club qui ne lui laissera pas un souvenir impérissable : « J’avoue que l’ambiance qui régnait en karting était loin de me plaire. Sur cette course je me suis fait sortir, et j’ai pris conscience qu’il n’y avait aucune entraide entre pilotes. En termes de fiabilité, le karting nécessite de disposer d’énormément de pièces de rechange, même en loisir, et le coût exorbitant que cela représente nous a incité à arrêter. » Fabien garde malgré tout de très bons souvenirs de cette période et notamment ceux de belles rencontres.

A 18 ans, Fabien Borgognon mettra durant un temps sa passion pour les sports mécaniques entre parenthèses pour se consacrer à ses études : « Je me suis d’abord tourné vers une école d’ingénieur dans l’automobile à Nevers. Mais l’expérience n’a duré qu’un an avant que je décide de m’inscrire en I.U.T puis dans une école d’ingénieurs pour suivre des études d’ingénieur industriel. »

Durant ses études, Fabien tombait par hasard sur une annonce relative à la vente de la voiture dont son père rêvait depuis de nombreuses années, une Lotus Exige Cup 260. Jean-René faisait l’acquisition de cette auto avec laquelle Fabien aura le privilège d’assurer l’ouverture de plusieurs Courses de Côte : « J’ai fait l’ouverture de montées historiques et de la Course de Côte de Chamrousse en 2016, et avec mon père nous avons également roulé en circuit, toujours en loisir. »

L’expérience permettait à Fabien de découvrir et d’apprécier l’environnement des épreuves de Montagne, même si la Lotus n’était pas réellement la voiture qui lui convenait le mieux : « En 2013, sur internet, j’ai découvert le TracKing que venait de concevoir la structure Bourgeon Concept. Je suis immédiatement tombé sous le charme de cette auto dont la mécanique diffuse un son incroyable. C’est de plus une auto qui offre une super tenue de route et avec laquelle on peut réaliser de très bons chronos. »

En cette année 2013, pour juger de visu du comportement des TracKing, Fabien se rendait en spectateur sur plusieurs Courses de Côte : « Le passage des CM m’a immédiatement hérissé les poils. A part une Norma 3 litres, rien d’autre n’offre un bruit aussi fabuleux. » Dans son esprit les choses étaient claires, s’il devait courir ce serait au volant d’un Proto CM. Plusieurs discussions avec Michel Gontier, Jean-Marie Recordier et Eric Vautrin ne feront que confirmer le ressenti de Fabien.

Fabien suivait alors la prestation des pilotes du CM sur différentes courses avant de se porter acquéreur, en 2018, d’un Speed Car : « Je suis tombé sur une annonce, une belle opportunité d’acheter un Speed Car, certes pas de première jeunesse, mais d’un prix très abordable. J’ai saisi l’occasion. »

La saison 2018 sera consacrée à quelques ouvertures de Courses de Côte, avant que Fabien n’aligne en 2019 son Speed Car sur plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne : « J’ai acheté quatre pneus neufs et je suis parti sur ma toute première course à Bagnols-Sabran où j’avais tout à découvrir. J’ai appris seul… Comment reconnaitre, gérer mon week-end. Je me suis surtout rendu compte qu’avec des gommes neuves le Speed Car offrait un niveau de grip incroyable. J’avais même du mal à suivre le rythme. » Pour son entrée en lice à Sabran, Fabien se classait 8ème du CM, laissant derrière lui plusieurs autres animateurs de la catégorie.

Sa saison se poursuivait sur la Course de Côte de Crussol où à l’issue de la première montée de course il pointait en tête du CM : « Ce fut une agréable surprise de devancer des pilotes tels que Quentin Basset, Jean-Marie Recordier, Michel Gontier qui m’avaient préalablement donné de nombreux conseils. » Par la suite, Quentin Basset et Michael Fezay lui passaient devant, mais Fabien montait pour la première fois sur le podium du CM.

Fabien Borgognon sera également présent sur le Mont-Dore, où il devra pour la première fois composer avec la pluie : « C’est pour le moment mon tracé préféré. Samedi sur le sec je me suis vraiment fait plaisir, et dimanche j’ai dû découvrir le pilotage sous la pluie et j’ai été surpris par l’adhérence qu’offrent les pneus. Finalement je réalise de bons chronos. » Des chronos qui lui permettaient de se classer troisième à l’issue de la première montée de course et cinquième du CM au final. Fabien sera également présent à Chamrousse où il accrochait la sixième place du CM.

Nouveau Speed Car pour le CFM 2020
Rapide sur route humide, Fabien prenait conscience qu’il avait bien plus de mal à se mettre en valeur sur le sec. On le sait, la pluie nivelle les performances, et tout démontrait que ses difficultés à réaliser des résultats probants sur le sec provenait du manque de performance de son Speed Car : « Je disposais d’un vieux moteur, sur une auto qui pesait plus de 500 kilos alors que le poids mini est à 440. J’ai décidé de la vendre pour acheter un Speed Car  qui me semblait bien plus performant. »

Pour Fabien Borgognon, un championnat réduit à trois épreuves, dont deux proches de chez lui se présentait cette saison comme une opportunité à saisir. Le Drômois décidait donc de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne.

En tout début de saison, avant le confinement généré par la crise sanitaire, Fabien avait eu l’opportunité de disputer la Course de Côte du Pont des Abarines qui se présentait pour lui comme une séance d’essais grandeur nature. 10ème au scratch, 4ème du CM, même s’il n’était pas totalement satisfait de sa prestation, il pouvait se rassurer sur la compétitivité de sa nouvelle monture.

Sur le podium face au ténors de la catégorie
« Une horreur ! » lâche pourtant Fabien lorsque l’on évoque le début de sa saison sur les pentes du Mont-Dore, tracé qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter en 2019. « Lors des essais tout s’est bien passé, je suis dix secondes plus rapide que l’année précédente. Mais par la suite au ¾ du parcours, j’ai subi plusieurs coupures moteurs. Je ne pouvais absolument rien faire. »

Après avoir tenté de trouver l’origine du mal durant la soirée de samedi, dimanche Fabien se relançait en course et améliorait ses chronos de six secondes pour terminer troisième du CM : « J’ai eu le sentiment de prendre ma revanche de la précédente édition. Terminer derrière Yves Tholy, et juste derrière Emilien Thomas, c’était excellent pour moi. »

A Turckheim, Fabien Borgognon affrontait un terrain totalement inconnu : « C’est un tracé hyper rapide sur lequel, par endroits, je me suis quasiment fait peur. Pour le reste, c’est une belle route et une organisation au top », reconnait-il. « J’ai eu la chance de faire les reconnaissances à bord de la voiture de Yves (Tholy) qui m’a donné de nombreux conseils. C’est un tracé difficile à mémoriser, mais une expérience réellement enrichissante », analyse Fabien qui terminait pour cette toute première à Turckheim, cinquième du CM sur la course du samedi.

Une journée de samedi qui sera marquée à nouveau par des coupures moteurs. Dimanche, son Speed Car allait lui causer de nouveaux soucis : « La voiture a refusé de démarrer en prégrille. Je me suis fait remorquer jusqu’au parc où là elle a redémarré. J’ai pu repartir en perturbant l’organisation, ce dont je m’excuse. Mais je ne suis jamais parvenu à rejoindre l’arrivée et j’enregistre donc deux abandons. »

Sa première participation en Alsace lui laissait donc un léger goût amer même s’il avait découvert un fabuleux tracé : « C’est frustrant parce qu’initialement je ne devais pas disputer cette épreuve. J’ai consenti à un énorme déplacement, et terminer le week-end comme ça, c’est rageant. »

Fabien Borgognon retrouvait à Bagnols-Sabran un tracé sur lequel il s’était déjà exprimé en 2019. Mais là encore, tout n’allait pas fonctionner comme il l’espérait : « Dès les essais, dans le dernier droite ma voiture a coupé net. C’était d’autant plus rageant qu’entre Turckheim et Bagnols j’avais changé la pompe à essence, le filtre, l’alimentation de la pompe, j’avais vérifié l’ensemble de mon faisceau, la panne était alors incompréhensible », se désole Fabien.

Privé de première montée de course, le Drômois s’attelait par la suite à trouver la panne : « Yves (Tholy) m’a rappelé que si j’étais classé sur la seconde montée, je marquais les points de la deuxième place du CM au Championnat. Ça m’a motivé à entreprendre la réparation. Et finalement ce sont les collègues de Yves et de Jérôme Jacquot qui se sont penchés sur mon Speed Car et qui ont découvert un fusible qui faisait des étincelles. La panne provenait donc d’un faux-contact causé par un fusible à vingt centimes. »

Dimanche, Fabien retrouvait un Proto qui fonctionnait à la perfection, mais malheureusement tout allait se jouer sur une seule montée avant que la pluie ne vienne jouer les trouble-fêtes. Cinquième samedi, il se classait sixième de la course dominicale : « J’ai roulé sur la réserve car je me suis aperçu que j’avais une jante fissurée côté gauche. Il aurait été inconscient de rentrer dans la parabolique sans avoir la certitude qu’elle n’allait pas me lâcher. J’ai donc été très prudent et j’ai roulé avec d’autres jantes chaussées de vieux pneus. »

Troisième du Challenge Open CM
A l’issue de cette saison 2020, Fabien Borgognon se classe troisième du Challenge Open CM. Un résultat final qui ne peut que le ravir : « J’ai le sentiment d’avoir réalisé un rêve », reconnait-il. « J’ai disputé moins de dix courses au total, je n’avais pas envisagé initialement de disputer le championnat et terminer sur le podium c’est inespéré. »

Cette courte saison lui laissera donc de fabuleux souvenirs : « Je n’aurais jamais pensé terminer troisième au Mont-Dore, et je l’ai fait. Je ne pensais pas aller à Turckheim et j’étais au départ. J’ai fait de supers rencontres, des gars comme Yves Tholy et Emilien Thomas qui m’ont abreuvé de conseils. Yves a partagé avec moi ses réglages, m’a permis de visionner ses vidéos, m’a expliqué de nombreuses trajectoires. Ce sont tous les deux des mecs en or. Et puis se retrouver classé au milieu de ces pilotes que j’admire depuis des années, c’est vraiment un truc super sympa. »

S’il rend hommage à des adversaires qui lui ont permis de vivre pleinement son rêve, Fabien Borgognon n’oublie pas ceux qui l’ont accompagné pour cette première saison sur le Championnat : « Je souhaite remercier Maëlle, ma copine et apprentie mécanicienne, mon papa, sans qui cette passion ne serait pas née, ma maman, qui nous écoute parler voiture à longueur de journée, ainsi que Mistral Kart Montélimar et le garage Perrin Frères à Montélimar qui rendent possible cette aventure en course de côte, Léo-Paul de LP Rallye 13 qui nous régale de ses vidéos ainsi que ma famille et mes amis qui sont venus me supporter. Vivement 2022 ! »

Si Fabien Borgognon évoque 2022 et non 2021 c’est que la saison prochaine se présente pour lui comme une année sabbatique : « Suite à la crise du Covid-19, j’ai perdu mon emploi et la suite que je vais donner à mon implication en Course de Côte est bien évidemment dépendante du nouvel emploi que je vais trouver. D’autre part, je veux prendre le temps de préparer soigneusement l’avenir, et revenir avec une auto réellement performante. Cela veut dire m’équiper d’un moteur plus récent, donc plus puissant, identique à ceux de Yves, Emilien ou Jérôme Jacquot. »

Malgré tout, Fabien Borgognon n’écarte pas l’idée d’être présent sur l’édition 2021 du Mont-Dore, et éventuellement de Chamrousse : « Nous verrons bien ! Mais ma priorité c’est de revenir en 2022 et d’essayer de jouer les premiers rôles en CM », conclut Fabien.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Fabien Borgognon.

 


← Retourner à la liste d'articles