Deuxième du ’’Tourenwagen’’, premier du GR/GT, Nicolas Werver gardera un excellent souvenir de sa participation à la Glasbachrennen, manche allemande du Championnat d’Europe de la Montagne. Avant de rejoindre le Mont-Dore où il tentera de décrocher une nouvelle victoire, l’Alsacien revient sur son fabuleux séjour outre-Rhin.
« J'adore cette piste de Glasbachrennen qui est très technique et sélective. J'étais particulièrement motivé du fait de la présence de Timo Bernhard, qui évolue sur une voiture proche de la mienne (991 Cup). Même si nous étions engagés dans un groupe différent (la 991 Cup n'est pas homologuée en GR/GT), les chronos pouvaient tout de même être comparés !
Se "mesurer" a un pilote officiel Porsche, qui a gagné à deux reprises les 24h du mans (2013 et 2015), c'est vraiment top pour un pilote amateur comme moi. Pour crédibiliser ce que nous faisons chaque week-end sur les pentes de nos montagnes, rien de mieux que de voir un des meilleurs pilotes du monde en action ! En ce qui concerne les courses de côte, sa dernière participation s'est soldée par une victoire scratch (devant protos et monoplaces) à Hombourg sur une route mouillée… Pas de doute à avoir en ce qui concerne son pouvoir d'adaptation et sa détermination à donner le meilleur de lui-même !
Dès les essais de samedi, la bagarre commence puisque à l’issue d’une belle première montée, mon chrono est de 2’35’’2 alors que Timo réalise 2’35’’7. Le ton est donné et nous sommes tout de suite très rapides, puisque classés devant beaucoup de protos et monoplaces !
Après avoir pris nos marques sur cette première montée, la deuxième sera plutôt bonne pour moi, j'améliore en effet avec un temps en 2’32’’9, alors que Timo fera une petite faute qui se soldera par un tête-à-queue sans conséquence.
Place à la course… La météo est hésitante et il ne faudra pas se rater. Equipés tous les deux de pneus Michelin, la différence ne se fera pas là, mais comme on dit en jargon de pilote c’est "entre le siège et le volant" que ça va se passer.
Encore une bonne montée pour moi, malgré un petit contact avec une glissière, qui aura pour effet d’endommager une jante. Je réalise un chrono en 2’29’’1, ce qui est bien pour cette monté ou le grip n'était pas exceptionnel. Confirmation de mes sensations, puisque Timo se plaint également de ces conditions d’adhérence difficiles, et fait un temps de 2’29’’8.
Deuxième confrontation vers 13h00… La température est légèrement montée, mais le ciel est plus que jamais menaçant. Comme nous sommes en championnat d'Europe, le classement est déterminé sur l'addition des deux meilleures montées... Je sais qu'il va falloir sortir la très grosse attaque si je veux avoir une chance de garder ma place en tête des voitures fermées !
Tout se passe bien pour moi, une montée que j'estime quasi-parfaite. Aucune erreur et beaucoup de vitesse en entrée de virage, le chrono affiche pour moi 2’27’’7, ce qui est le nouveau record en "Tourenwagen". Je suis conscient, malgré tout, que le pilote professionnel qu'est Timo Bernhard va réagir... 2’26’’9 pour lui, au cumul des deux montées il repasse devant pour un dixième de seconde !
La troisième montée débute vers 16h00. Une petite averse est tombée mais la route devrait sécher rapidement, si une autre averse ne vient pas troubler le bon déroulement de cette course. Après discussion avec Timo, nous sommes d'accord sur le fait que nos chronos respectifs sont de très haut niveau, et qu'il sera difficile d'améliorer. De plus, quelques traces d'huile sont apparues suite a quelques sorties de route.
Je m'élance pour tenter tout de même quelque chose, cette montée se passe comme dans un rêve, tout est parfait (pour moi). Une énorme attaque et aucune erreur sur les 5,500 mètres de cette dernière montée du week-end. Je passe la ligne d'arrivée en me disant que je n'aurais vraiment aucun regret quel que soit le classement final. Le verdict tombe, 2’26’’5 et le record est encore battu, quel bonheur .
Quelques minutes plus tard, une "tape" dans le dos et je me retourne, c'est Timo Bernhard qui vient me féliciter et me dit qu'il ne comprend pas comment j'ai pu faire un tel chrono avec ma voiture ! Je le remercie, et lui demande ce qu'il a fait lui... il m'annonce 2’26’’4 avec un grand sourire mais également du respect ! Moi qui suis un compétiteur a l'extrême, je ne suis même pas frustré car je n’ai aucun regret sur ma montée.
Je termine donc premier du GR/GT avec 28 secondes et 36 secondes d'avance sur les deuxième et troisième (Porsche 997 Cup et Lamborghini Gallardo), ce qui démontre à quel niveau nous avons roulé Timo et moi. En classement ’’Tourenwagen’’ (voitures fermées), je termine donc deuxième à huit dixièmes de Timo. Il y a des places de deuxième, comme celle-ci, qui sont encore plus belles que des victoires, je n'oublierai jamais cette course !!!
Ce que je retiendrai également, c’est la simplicité de ce pilote qui pourrait avoir "la grosse tête", et qui ne l'a pas du tout. Une simplicité qui fait plaisir, tout en étant très pro dans sa préparation évidemment !
Un petit mot aussi sur mon ami autrichien Herbert Pregartner, qui termine troisième avec sa surpuissante Porsche GT2 RSR bi-turbo de 900 chevaux. Je n'ai pas parlé de lui dans mon résumé, car sa voiture n'est pas du tout comparable à celle de Timo et la mienne. Il termine à trois secondes de la première place, devant beaucoup de voitures très rapides, bravo a lui.
Nicolas Werver