Pistards, puis animateur du Championnat de France de la Montagne dans les années 70 et 80, Hugues Lheritier a fait son retour sur les Courses de Côte en 2010. Un retour dû aux souhaits d’amis avec qui il voulait partager cette passion. Un retour réussi, puisque le Francilien désirait avant tout se faire plaisir et partager, et qu’il a parfaitement atteint cet objectif.
Lorsqu’à la fin des années 60 Jérôme Lheritier s’est inscrit à l’école de pilotage de Nogaro, il ne pouvait pas se douter qu’il allait transmettre la passion du sport automobile à Hugues, son jeune frère. Jérôme se tournait par la suite vers les rallyes où il officiait en qualité de navigateur.
« J’ai toujours aimé les voitures en général, la vitesse et la compétition automobile en particulier », confie Hugues Lheritier, « mais il est vrai que l’implication de mon frère n’a fait qu’aiguiser mon appétit de m’exprimer derrière le volant. »
Jérôme avait ouvert la voie, Hugues s’y engouffrait dès le permis en poche, en faisant l’acquisition d’une Rallye II. A cette époque, tout propriétaire de Rallye II qui se respectait, se devait de s’engager au sein du S.R.T (Simca Rallye Team), et c’est celui de Villemomble qui accueillait Hugues.
Débuts en circuit avec une Rallye II
Si le S.R.T a vu éclore de nombreux talents, les premières épreuves disputées en circuit permettaient à Hugues de faire la connaissance de Daniel Ruggeri, alors propriétaire d’un garage situé près de chez Hugues : « Je suis allé le voir pour lui demander s’il pouvait m’apprendre la mécanique. Il a accepté, et durant les vacances, il m’a enseigné le fonctionnement d’une voiture. » Les deux hommes ne tardaient pas à devenir amis, et Hugues confiait la préparation de sa voiture aux mains expertes du préparateur.
Hugues animera les pelotons de ’’pistards’’ et sera également au départ de plusieurs épreuves d’endurance. L’évolution quasi-naturelle fera qu’après trois ou quatre saisons de bons et loyaux services, la Rallye II laissait place à une Rallye III : « Daniel m’a alors proposé de préparer ma voiture et de la configurer pour l’aligner sur le Championnat Production. A cette époque on trouvait deux catégories, une dédiées aux moins de 1600 cm3, l’autre pour les motorisations supérieures. On est donc parti sur une mécanique en 1300 cm3. » Les résultats ne se faisaient pas attendre, Hugues s’illustrait dès sa première saison en circuit avec sa Rallye III en terminant sur le podium : « Si mes souvenir sont bons, j’ai dû me classer deuxième ou troisième des 1300, très proches des 2 litres. »
A la même époque, se courrait la Coupe de l’Avenir au sein de laquelle on retrouvait des Protos propulsés par des moteurs Simca : « J’ai alors eu envie de m’essayer au volant d’une Geriplast, et j’ai demandé à Jean-Michel Ribot-Bruno s’il pouvait me fabriquer une auto en intégrant la mécanique de ma Simca. » Un Proto Geri allait donc voir le jour avec un moteur Simca plus affuté, Hugues ayant plus de liberté que lorsqu’il évoluait en Production.
Débuts des années 80, sous l’impulsion de Jean-Claude Brazey, également pilote au sein du team Ruggeri, Hugues Lheritier décidait de se tourner vers la Course de Côte, et le Championnat de France de la Montagne. Durant trois saisons, le Francilien évoluait au volant de cette Geri, avant qu’un accident n’ai raison de la voiture : « J’ai été victime d’une sortie de route à Turckheim où j’ai passablement détruit l’auto. Cette mésaventure coïncidait avec le départ à la retraite de mon père, qui m’a confié les rênes de l’entreprise familiale. » Difficile, en étant à la tête d’une société de torréfaction de café qui emploie une trentaine de personnes, de disposer de suffisamment de temps pour assouvir sa passion de la course. Hugues se résignait donc à ranger sa combinaison de pilote.
En 2004, Hugues décidait de vendre son entreprise pour poursuivre une activité toujours liée à la torréfaction de café, mais lui laissant plus de liberté : « Je voulais travailler seul, avec moins de contraintes. » S’il gardait un œil attentif sur la compétition automobile, Hugues n’était alors pas obnubilé par l’envie de reprendre le volant.
Préparateur auto dont la réputation n’est plus à faire, Daniel Ruggeri décidait à la même époque de céder sa place à son fils Frédéric : « C’est un gamin que j’ai vu grandir et dont je connaissais la valeur. Malheureusement, il a contracté une sclérose en plaque qui l’empêchait de travailler. Lors d’une discussion, il m’a fait savoir qu’il aimerait bien malgré tout continuer à bricoler sur une auto de course, et j’avais la chance de disposer de locaux assez vastes pour lui permettre de mener à bien ce projet. Je lui ai dit qu’il pouvait s’y installer, et faire ce qu’il voulait en travaillant comme il le souhaitait. »
Les copains d’abord
Frédéric Ruggeri acceptait la proposition de Hugues et investissait ses locaux : « C’est alors qu’il m’a présenté Alain Genet, un garçon formidable, un mécanicien hors pair qui, suite à un cancer s’est retrouvé en invalidité. » Hugues n’écoutait que son grand cœur et proposait aux deux garçons de monter une petite équipe : « Je leur ai proposé de racheter une auto pour que nous puissions nous amuser en faisant quelques courses. » Hugues portait son choix sur une Norma dont il comptait partager le volant avec ses deux acolytes. Mais Frédéric et Alain déclinaient la proposition, préférant pour Frédéric concentrer ses efforts sur le moteur de la Norma, pour Alain s’occuper de la bonne tenue de la voiture : « Sans eux, je n’aurais certainement pas repris le volant d’une auto de course », avoue Hugues qui, après 25 ans d’interruption, faisait en 2010 son retour en Course de Côte.
Depuis cinq ans, Hugues sillonne les épreuves françaises avec comme seul objectif de se faire plaisir, et de partager des week-ends toujours très conviviaux avec ses deux amis : « A 60 ans passé et après une aussi longue interruption, je ne peux pas prétendre me battre pour la victoire. Je prends énormément de plaisir sur les courses, et c’est vraiment là l’essentiel. »
Pour cette saison 2015, Hugues Lheritier décidait de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne dans le cadre du Cfm-challenge. « J’avais l’intention de rouler en CNF, mais le moteur que nous avions préparé ne nous donnait pas satisfaction. J’ai donc décidé de repartir avec la voiture dans sa configuration 2014. De ce fait j’ai louper les deux premières courses en régionales prévues à mon calendrier, et j’ai débuté la saison à Abreschviller. »
L’épreuve lorraine laissera un excellent souvenir au Val-de-Marnais : « Abreschviller est une épreuve où l’on est toujours vraiment bien accueilli. J’ai toujours du plaisir à me rendre sur cette course, même si je sais que cette année ce sera plus difficile suite à la disparition de Christophe Henry », commente Hugues. « Pour cette édition 2015, la météo était en grande partie clémente, vraiment de quoi passer un très bon week-end. »
Hugues retrouvait par la suite une épreuve qu’il connait à la perfection, la Course de Côte d’Hébécrevon : « Chaque année, je dispute les deux épreuves, la régionale et celle comptant pour le championnat. C’est une épreuve que je n’ai jamais manquée parce j’ai la chance d’avoir une maison pas très loin. »
Lorsque l’on évoque La Pommeraye, Hugues Lheritier ne cache pas son enthousiasme : « C’est une épreuve que j’adore. L’accueil y est très chaleureux et je suis content parce que cette année j’ai amélioré mes chronos. Que demander de plus ? »
Hugues a également une affection particulière pour la Course de Côte du Beaujolais dont le tracé est particulièrement plaisant : « C’est vraiment agréable de rouler sur cette épreuve. Là encore, je n’ai rencontré aucun problème et je suis très satisfait de mon week-end. »
S’il apprécie également la Course de Côte de Vuillafans, Hugues reconnait que cette 52ème édition n’a pas été la plus facile : « J’ai énormément souffert de la chaleur. Mais apparemment je n’ai pas été le seul » estime-t-il. « A côté de ça, c’est une superbe course disputée dans un cadre formidable. Vuillafans propose à mon sens un des plus beaux tracés de la saison. »
Hugues se présentait ensuite au départ du Mont-Dore. Mais l’épreuve auvergnate n’allait pas lui sourire. Victime d’une sortie de route sur la première montée d’essais, le Francilien devait renoncer : « C’est ma faute », assume Hugues. « Il y avait une coulée d’eau que je n’ai pas su apprécier et sur laquelle je me fais piéger. J’ai tapé le rail et je pensais alors ne pas avoir occasionné trop de dégâts. »
L’analyse de la Norma allait démontrer le contraire, et faire prendre à Hugues et à ses amis que les dommages étaient plus conséquents qu’il pouvait paraitre : « La carrosserie était bien touchée, l’échappement endommagé, tôles et fond-plats tordus », se souvient-il. La voiture devait donc repasser par le garage, et cet accident allait mettre un terme prématuré à sa saison.
Mais avant cette mésaventure, Hugues avait eu l’occasion de participer au mois de juin à la Course de Côte de Sancerre, avant d’enchaîner sur celle des Andelys où il plaçait sa Norma au dixième rang : « Là encore ce sont de très bons souvenirs. Les Andelys, je suis à côté de chez moi, et là encore l’accueil est vraiment très sympa. »
En préparation de la saison à venir
Au terme de cette saison 2015, Hugues Lheritier a parfaitement rempli ses objectifs, puisque sa seule prétention était de se faire plaisir, ce qu’il a parfaitement réussi à faire. Toutefois, le Francilien ne peut s’avouer totalement satisfait : « Je suis un peu déçu parce que j’ai commencé la saison en retard, et que mon accident au Mont-Dore m’oblige à la terminer prématurément. J’ai loupé certaines courses régionales disputées dans l’Ouest, où j’ai toujours plaisir à me rendre, sur lesquelles on passe des moments très sympathiques au contact de riverains très accueillants », explique Hugues. « Mais ce sont les aléas de la course, rien de dramatique. »
La saison 2016 de Hugues Lheritier sera identique à celle qui vient de s’achever. Le Francilien a bien l’intention d’aligner à nouveau sa Norma M20 sur les épreuves du Championnat de France : « Et puis si possible, je vais essayer d’aller faire un tour sur des épreuves du Championnat d’Europe. J’ai eu de bons échos de courses proches de la France, et si c’est possible j’aimerais bien m’aligner au départ d’une paire d’entre elles. »
La petite équipe constituée d’Hugues, Frédéric et Alain poursuivra l’aventure la saison prochaine, et Hugues tient vraiment à remercier ses deux amis pour leur implication : « Un grand merci également à Martine, mon épouse, qui me permet d’assouvir cette passion », conclut Hugues.
