En 40 ans de compétition, Jean-Michel Godet a eu l’occasion de sillonner les spéciales d’une centaine de rallyes prestigieux, et d’affronter les tracés des plus beaux circuits européens. Pour cette saison 2018, il découvrait le Championnat de France de la Montagne. Une découverte synonyme de réussite, puisque pour une première, il remporte le Challenge Open GTTS/1.
Lorsque qu’enfant on collectionne les modèles réduits de différents véhicules, c’est que l’on a déjà, chevillée au corps, la passion pour les bolides. C’était le cas de Jean-Michel Godet qui, s’il ne comptait pas parmi ses proches d’adeptes des sports mécaniques, a eu très tôt une inclination pour l’automobile.
Malgré l’attrait qu’il développait dès l’enfance pour le sport auto, Jean-Michel ne s’imaginait pas assumer un jour sa passion derrière le volant d’une voiture de course. Et comme c’est souvent le cas, c’est le hasard d’une rencontre qui allait décider de son destin : « Jeune, j’ai bossé dans une boîte dont le directeur commercial était Alain Jongerlynck, pilote émérite de rallye », se souvient Jean-Michel. « En 1978, Chardonnet lançait la Coupe Autobianchi, et Alain décidait de prendre part à cette nouvelle Coupe. Son navigateur habituel n’étant pas disponible, il m’a proposé de l’accompagner lors des reconnaissances du Rallye d’Armor. J’ai donc découvert cet univers si particulier. Mais son copilote ne pouvant pas se libérer pour le rallye, au tout dernier moment, j’ai pris une licence et je me suis improvisé copilote. »
Au départ d’épreuves internationales
Alain ’’Bilou’’ Jongerlynck avait alors la réputation d’être un pilote rapide, mais qui avait la fâcheuse tendance de se mettre sur le toit : « et ça n’a pas manqué, l’A112 Abarth a bien rejoint l’arrivée, mais dans la troisième spéciale on s’est mis sur le ’’bocal’’ » se remémore Jean-Michel, qui semble avoir gardé un excellent souvenir de cette expérience peu commune.
Rien de vraiment surprenant, car si Jean-Michel Godet ne cache pas son goût pour la compétition, il reste avant tout un épicurien qui cherche avant tout dans l’assouvissement de ses passions, le plaisir, le partage, la convivialité, « et se marrer avec les copains », insiste-t-il.
Après ce baptême au rallye d’Armor, le duo Jongerlynck – Godet sera au départ de toutes les épreuves inscrites au calendrier de la Coupe Autobianchi : « On a pris part aux rallyes Ain-Jura, au Rhin, aux Cévennes, au Var. L’expérience fut concluante, puisque finalement, j’ai par la suite navigué Alain durant six ans. » Et le duo n’allait pas se contenter d’épreuves nationales, on le retrouvera sur les Rallyes de Monte-Carlo ou du Tour de Corse, dans l’habitacle d’une Autobianchi, d’une Peugeot 104 ou d’une Fiat Ritmo Abarth.
En 1984, Jean-Michel éprouve une certaine lassitude à se laisser secouer dans le baquet de droite. L’envie lui prend de s’installer derrière le volant. Il fait donc l’acquisition d’une Samba Rallye groupe N, avec laquelle il prendra part à plusieurs manches du Championnat de France des Rallyes : « J’ai disputé la Coupe Pirelli, et je me souviens que lors du Touraine, je signe un excellent résultat. Dans mon esprit j’avais tout compris au pilotage, mais au Touquet, le rallye suivant, je me suis mis sur le toit. Finalement, j’avais tout bien cerné lorsque j’étais copilote, mais comme on me l’avait appris, en se mettant sur le ’’bocal’’ », lâche-t-il dans un éclat de rire.
Par la suite, une Renault 5 GT Turbo remplacera la Samba. Au volant de sa nouvelle monture, Jean-Michel Godet s’engageait à deux reprises sur le Rallye de Monte-Carlo : « La première fois en partant de Lausanne, la fois suivante de Barcelone. Et les deux fois j’ai terminé le parcours commun dans les 100 premiers, ce qui m’a permis de prendre part à la dernière nuit et de rejoindre la Principauté. » Toujours au volant de sa ’’soufflette’’ Jean-Michel aura l’occasion de disputer des épreuves telles que le Touraine, le Rouergue… Au total, en l’espace d’une dizaine d’années, entre 1978 et 1989, Jean-Michel a pris part à plus d’une centaine de rallyes.
Par la suite, Jean-Michel privilégiait sa vie de famille et mettait la compétition automobile entre parenthèse. Une parenthèse qui durera près de 20 ans, avant que l’envie de ressentir l’adrénaline de la compétition se fasse réellement pressante : « J’étais alors Directeur Commercial au sein du Groupe Mondadori, qui commercialise notamment des éditions consacrées à l’automobile, Sport Auto, l’Auto-Journal… Et en 2007 avec Nicolas Berthy, directeur de la pub pour Sport Auto, nous sommes allés voir le départ du Tour Auto qui s’élançait du Grand Palais. On rêvait face aux bolides qui composaient le plateau de cette épreuve mythique, et nous nous sommes tapés dans la main, en prenant le pari fou d’être au départ de la prochaine édition. Nous n’avions alors ni la bagnole, ni le budget, mais l’envie par contre était vraiment là. »
Le duo portait son dévolu sur une MGB qui ne roulait plus, et qui était éligible pour le Tour Auto : « On a emprunté du pognon pour acheter la voiture, ce qui nous a permis de prendre part non seulement au Tour Auto, mais également à plusieurs épreuves en circuit et notamment le Mans Classic. »
Tour Auto et circuit pour une nouvelle carrière
En 2009, Jean-Michel Godet et son ami Nicolas Berthy s’engageaient à nouveau sur le Tour Auto avec leur MGB. Cette année-là, une voiture similaire était au départ, aux mains d’un pilote qui avait déjà eu l’occasion de faire ses preuves au volant, le quadruple Vice-champion du Monde de F1, Stirling Moss : « On a pu ferrailler durant toute l’épreuve avec lui, partager des repas, ça nous a laissé des souvenirs fabuleux, d’autant que nous terminons devant lui. »
Par la suite, Jean-Michel et Nicolas s’engagerons sur le Sixties Endurance organisé par Peter Auto. L’occasion depuis 2009 de disputer des épreuves sur des circuits jouissant d’une renommée internationale : « Nous avons pris part au Spa Classic depuis 2011, et aux courses organisées à Imola, Vallelunga, Monza, Jarama, le Castellet, Barcelone, le Grand Prix de l’Age d’Or et les Le Mans Classic. Chaque année nous disputons entre cinq et six épreuves avec la MGB. »
Première saison en Course de Côte
Pour Jean-Michel Godet, la course de côte était une discipline totalement inconnue qui n’avait jamais réellement attiré son attention. Jean-Michel Lestienne lui vantait alors les atouts de la côte, et c’est lors de discussions entre les deux pilotes qu’est née l’envie de courir ensemble : « Il m’a alors proposé d’essayer sa Mitjet sur le circuit de Magny-Cours à l’occasion d’une course. J’ai rapidement pris énormément de plaisir au volant de cette auto qui m’a agréablement surpris. Nous en avons reparlé par la suite, et Jean-Michel m’a proposé de me laisser sa Mitjet pour prendre part au Championnat de France de la Montagne pour la saison 2018. »
Jean-Michel Godet se lançait donc un tout nouveau défi avec un programme de huit manches du Championnat : « Jean-Michel m’a alors conseillé de débuter ma saison par les épreuves de l’Ouest, qui ne sont pas les plus compliquées à aborder. »
C’est donc à Thèreval que le pilote natif du Pas-de-Calais débutait sa saison. Des débuts en fanfare puisqu’en l’absence des GTTS/4 qui trustent habituellement les premières places, Jean-Michel terminait troisième du GTTS, deuxième des Mitjet derrière son ami Jean-Michel Lestienne : « On peut considérer que j’ai presque débuté par effraction », plaisante Jean-Michel. « J’ai pris un maximum de plaisir, même si je suis encore en dedans, et je repars de Normandie avec de gros points. C’est tout juste génial. »
A La Pommeraye, Jean-Michel Godet accroche la troisième place du GTTS/1, à l’issue d’une lutte de haut vol avec une autre Mitjet : « Je me suis retrouvé confronté à Gwenaël Vaillant, qui est un mec super sympa, avec qui je me suis bagarré tout le week-end. Il termine devant, mais je garde un excellent souvenir de cette épreuve. »
Saint Gouëno sera le théâtre d’une nouvelle confrontation avec Gwenaël Vaillant, et si Jean-Michel est devancé, il termine en tête des Mitjet inscrites au Championnat : « C’est le bon point du week-end, l’autre étant que j’avais alors la confirmation de ne pas m’être trompé en venant dans cette discipline. Initialement, la vision que j’avais de la Course de Côte, c’est la frustration de peu rouler. Mais finalement, je me suis rendu-compte que je prenais énormément de plaisir, tant d’un point de vue pilotage, que par l’ambiance qui règne au sein du Team Schatz, et parmi l’ensemble des concurrents », analyse Jean-Michel. « Et puis Saint Gouëno est une épreuve vraiment festive, où l’on jouit d’un accueil fabuleux. »
C’est à nouveau sur le podium de sa classe que l’on retrouve Jean-Michel Godet à Marchampt, où il est devancé par Cindy Gudet et Jean-Marc Tissot : « Là, j’avoue que j’ai connu une petite frustration. A l’issue de la première montée je suis devant, et Cindy et Jean-Marc se sont rapprochés lors de la deuxième montée mais en restant derrière moi. Je me suis dit alors que c’était jouable. Malheureusement, nous avons beaucoup attendu avant le départ de la dernière montée, et je me suis totalement déconcentré, limite endormi. J’ai eu un coup de fringale, et je me suis traîné sur la dernière. Ils en ont profité pour me passer devant pour quelques dixièmes. C’est le jeu ! »
Au passage de la mi-saison, Jean-Michel Godet pouvait être rassuré sur sa compétitivité. Contrairement à la majorité de ses adversaires, il découvrait la discipline et donc les tracés du Championnat. Les performances étaient, malgré ce handicap, au rendez-vous : « Et puis il faut garder à l’esprit que comme je le disais à Cindy, je pourrais être son grand-père », plaisante Jean-Michel.
Une nouvelle fois, Jean-Michel se hissait sur la troisième marche du podium de sa classe à Vuillafans : « J’ai adoré cette course, le tracé, les épingles. C’est pour moi une des plus belles épreuves de la saison. »
A l’heure de se présenter à Dunières, Jean-Michel Godet avait une petite appréhension. Plusieurs pilotes l’avaient informé du manque de grip du tracé auvergnat, et de l’attention particulière qu’il nécessitait : « Je me demandais comment, sur le sec, une épreuve ne pouvait pas avoir de grip… Il faut aller à Dunières pour comprendre. Le tracé est sympa, mais c’est un parcours difficile à maîtriser. »
Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Jean-Michel Godet s’attaquait ensuite à un mythe en s’engageant sur le Mont-Dore : « Effectivement c’est un monument. De toute les épreuves que j’ai disputées, c’est la plus belle de l’année », estime-t-il. « Je suis arrivée le mercredi pour pouvoir reconnaitre et me familiariser avec le parcours, mais les 43 virages à se mettre dans le ’’citron’’, c’est pas facile. Mais quel pied ! Nous étions sept Mitjet au départ, trois sont devant moi, trois derrière, je ne peux être que satisfait du résultat. »
Absent à Chamrousse et à Turckheim, c’est à Limonest que l’on retrouvait Jean-Michel Godet pour la conclusion de sa première saison sur le Championnat : « J’ai bien aimé cette course, très rythmée et qui offre un beau paysage. C’était une belle manière de terminer la saison, dans une ambiance très sympa. Là encore, il y avait sept Mitjet au départ et je termine quatrième, ça me va très bien. »
Vainqueur du Challenge Open GTTS/1
Cette toute première saison sur le Championnat de France de la Montagne a permis à Jean-Michel Godet de se faire non seulement plaisir, mais également de remporter le Challenge Open GTTS/1 : « En début de saison je ne connaissais pas la discipline, en fin d’année je fais un hold-up à 65 piges, c’est inespéré » lâche-t-il dans un immense éclat de rire. « Je suis bien évidemment ravi, et Jean-Michel Lestienne partage mon enthousiasme puisqu’après avoir remporté le Challenge la saison dernière, sa voiture est une nouvelle fois au sommet de la hiérarchie. Et cerise sur le gâteau, Cindy est Championne de France Production, également au volant d’une Mitjet appartenant à Jean-Michel. Et puis j’ai adoré l’ambiance qui règne au sein de cette discipline, la solidarité et le respect entre pilotes. »
Jean-Michel Godet a vécu une saison fabuleuse, une expérience particulièrement concluante, ce qui devrait le pousser à repartir la saison prochaine, toujours au volant d’une Mitjet : « Je suis pour le moment en quête de budgets pour, si possible, disputer l’intégralité du Championnat. J’ai vraiment envie de découvrir les épreuves que je n’ai pas courues cette année. »
S’il a pu connaitre la consécration cette saison, Jean-Michel Godet sait qu’il le doit en partie à tous ceux qui l’ont accompagné et aidé dans cette aventure : « Avant toute chose je veux remercier Jean-Michel (Lestienne). Il est à l’origine du projet et n’a pas été avare en conseils tout au long de la saison. Nous avons la même approche de la course, le même sens de l’humour, et c’est vraiment important d’aborder les épreuves dans cette configuration. Un grand merci à tout le Team Schatz, et à mes coéquipiers de m'avoir fait vivre de tels bons moments : Bruno, Joëlle Schatz, Nicolas Schatz, Pep's Bouche, Geoffrey Schatz, David Meillon, Magali, David Lelan, Max Lelan, Tommy, Gio, Simon, Denis, Axel Bukraba, Enzo Chiocci, Dany, Hélène, Bobosse, Aline et son P'tit Chéri Jmi et...Cindy Gudet. Merci également à mes fidèles partenaires : Assurances Lestienne, Vulcanet Auto & Moto, RRS, MECATECHNIC, La Crèmerie Parisienne, Motul France. Un merci également pour les photos à Nicolas Millet et pour les vidéos à Gilles Huntzinger de Pilotes TV. »
Propos recueillis par Bruno Valette
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