Si la saison 2014 fut pour Geoffrey Schatz celle de la découverte de la F3000, et de la consécration – le jeune Mâconnais était titré Vice-champion de France dans le sillage de son frère Nicolas – la saison 2015 fut celle des déconvenues. Geoffrey accumulait les déboires, mais parvenait à force de persévérance à se hisser sur la troisième marche du podium du Championnat. Chez les Schatz, la remise en question est permanente, un atout qui a poussé Geoffrey à travailler sur le moindre détail, afin d’appréhender cette saison 2016 dans les meilleures conditions. Résultat : Pour la troisième année consécutive, il accroche le podium du Championnat.
Difficile pour Geoffrey Schatz de prétendre à mieux que cette troisième place. Le changement dans l’attribution des points, instauré depuis 2015, avantage la place au scratch plutôt que les victoires de groupe. Et même en prenant un abonnement à la première place du Groupe DE, Geoffrey savait qu’il ne serait pas en mesure de devancer les CN+.
Rivaliser n’est donc pas possible, ce qui finalement ne le dérange pas outre mesure, puisque les deux frères Schatz se refuse à être en concurrence directe. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’ont incité à poursuivre au volant d’une monoplace, laissant à Nicolas le soin de dominer le groupe des Protos.
C’est pourtant au volant d’une Norma CN/2, qu’à ses débuts, Geoffrey signait ses premiers résultats. Des résultats probants qui l’incitait rapidement à rejoindre la classe supérieure. Il jetait donc son dévolu sur une F3000 Reynard 95D, auto au volant de laquelle il évolue depuis maintenant trois ans.
Oublier la saison passée
A l’approche de cette saison 2016, Geoffrey avait comme premier objectif d’écrire une nouvelle page, en oubliant l’année de galère qu’il venait de connaitre : « Pour cela, nous avons effectué une importante révision du châssis. Les résultats obtenus en 2014 démontraient la compétitivité de la voiture. Nous n’avons donc pas voulu apporter de changements majeurs, mais avoir juste la certitude que tout fonctionnait normalement. »
En termes de résultats, Geoffrey ne se faisait guère d’illusion : « Même si tout fonctionnait à la perfection, je savais dès le départ que le barème de point m’interdisait de prétendre à mieux qu’une troisième place sur le podium. De ce fait, mon but était avant tout de retrouver du plaisir au volant. » Geoffrey gardait malgré tout à l’esprit que terminer à nouveau sur le podium ne serait pas chose facile : « Cyrille (Frantz) a démontré qu’il était en constante progression, et Alban (Thomas) est toujours un adversaire de poids. Je savais donc que je ne pouvais pas me permettre de laisser des points en route. »
Premières épreuves et premiers podiums
Pour Geoffrey Schatz, sa prestation à Bagnols-Sabran, manche inaugurale de la saison, n’a aucune espère d’importance. Le drame qui a endeuillé la course fait bien évidemment occulter l’aspect sportif. Pour le Bourguignon, c’est sur les pentes du Col Saint-Pierre que débutait réellement les débats. Un excellent week-end pour Geoffrey, qui se conclut par une troisième place : « Je suis avant tout satisfait car j’ai signé de bons chronos. Le comportement de la voiture me convenait, et j’étais plutôt à mon aise sur cette épreuve. Le plaisir était au rendez-vous, c’est ce que je veux avant tout retenir. »
A Abreschviller, c’est à la cinquième place que Geoffrey plaçait sa Reynard 95D à l’issue de l’épreuve lorraine : « Les essais se sont bien passés, sur la première montée, je signe le deuxième temps derrière Nico », se souvient-il. « Le lendemain, la météo a un peu perturbé les débats, et j’ai le souvenir d’avoir pris une averse de grêle au moment de m’élancer sur la dernière montée. Dans ces conditions, je n’ai pas pu exploiter pleinement le potentiel de la voiture. Mais pour moi, le point positif reste ma prestation aux essais, sous la pluie. »
Une nouvelle fois, Geoffrey allait connaitre à Hébécrevon une journée d’essais particulièrement positive. Malheureusement, il ne parviendra pas à confirmer le lendemain en course : « J’ai commis une petite erreur sur un freinage. J’ai en fait loupé mon talon-pointe et mon pied est venu se coincer entre les deux pédales. » Le choc était inévitable, et la Reynard subissait quelques dommages qui contraignait le pilote à renoncer : « C’est une petite erreur, mais qui se paie cash. Ce fut un gros coup dur au moral car la confiance était vraiment revenue. »
Une nouvelle fois, le Team Schatz Compétition allait travailler sans relâche pour permettre à Geoffrey de s’aligner au départ de la Course de Côte de La Pommeraye : « Nous avons dû remplacer des pièces qui ne sont pas évidentes à trouver », explique-t-il. « Je tiens d’ailleurs à remercier Yves Pothier qui nous a permis de récupérer des éléments sur sa voiture. »
C’est avec une F3000 Reynard 95D remise en forme que Geoffrey se présentait au départ de La Pommeraye, où une nouvelle fois il allait accéder au podium : « C’est pour moi une épreuve en demi-teinte. Nous avons évolué sur un tracé gras-mouillé, et j’avoue que je ne suis pas parvenu totalement à me lâcher. Mais le résultat est là, ce qui particulièrement positif non seulement pour le moral, mais également pour l’équipe qui a fourni un travail colossal pour me permettre d’être au départ. »
C’est donc avec une confiance retrouvée et la certitude de disposer d’une voiture performante que Geoffrey se présentait à Saint-Gouëno. L’épreuve bretonne lui offrait de nouvelles satisfactions, puisque là encore, il terminait sur le podium : « Le comportement de l’auto était bon et je suis parvenu à me remettre dans la course. Je garde un bon souvenir de cette participation. »
La Course de Côte de Marchampt en Beaujolais allait s’avérer plus difficile. Victime de deux tête-à-queue sur les deux premières montées de course, Geoffrey se devait de signer une performance de tout premier plan lors de l’ultime confrontation : « Je n’ai pas vraiment été chanceux. La pluie a fait son apparition à deux reprises, alors que je me présentais au départ. Je me suis fait piéger sur un tracé en manque d’adhérence », explique Geoffrey. Mais le chrono réalisé sur la troisième montée lui permettait d’accrocher la quatrième place, un résultat plus qu’honorable compte tenu des circonstances : « Quand je fais le bilan du week-end, que j’étudie mes caméras embarquées, je me rends compte que je peux être satisfait de ma prestation. »
C’est à nouveau à la quatrième place que l’on retrouvait Geoffrey Schatz à l’issue de la Course de Côte de Vuillafans : « J’ai eu quelques difficultés pour trouver de la stabilité à l’approche de la parabolique, mais pour le reste, ça s’est plutôt bien passé. Mais quand je compare mes performances par rapport à l’an dernier sur cette épreuve, il est évident que là encore le bilan est positif. »
S’il avoue être un peu déçu de son chrono sur la dernière montée, Geoffrey repart de Dunières en ayant à nouveau accroché une quatrième place : « Les sensations étaient bonnes et je pensais sincèrement signer un meilleur chrono. Mais je retiendrais que l’on s’est livré à une belle bagarre avec Cyrille, et que c’était aussi motivant qu’intéressant. »
Les quatrièmes places s’enchainaient pour le jeune Mâconnais qui terminait le Mont-Dore au pied du podium : « Là ce fut plus compliqué… Il nous a fallu du temps pour trouver le bon set-up. On a un peu tâtonné pour améliorer la liaison au sol. De ce fait mon chrono n’était pas réellement formidable », estime Geoffrey.
Victime d’une touchette sur la première montée de course à Chamrousse, Geoffrey Schatz se voyait par la suite proposer un duel face à Alban Thomas. Les deux pilotes de F3000 s’en donnaient à cœur-joie, et c’est finalement le Bourguignon qui aura le dernier mot : « Je me souviens qu’Alban a fait un tête-à-queue sur la première montée. Cela m’a obligé à me relancer, mais j’avais pu m’apercevoir que, malgré le brouillard, la piste était quasiment sèche. Sauf que sur la fin du parcours, il y avait des plaques d’humidité que je n’avais pas eu l’occasion d’aborder préalablement… Et je me suis fait piéger. » Malgré tout, Geoffrey pouvait constater par la suite que sa voiture se comportait plutôt bien, ce qui lui permettait une nouvelle fois de terminer au quatrième rang.
La saison se concluait à Turckheim, où Geoffrey allait connaitre une mésaventure dont il se serait bien passé. Sur la première montée de course, il trouvait une pierre au milieu de la route. Un obstacle inévitable, qui allait occasionner quelques dommages sur la F3000 et l’obligeait à renoncer : « C’est d’autant plus dommage que je fais un excellent chrono sur cette première montée », se désole-t-il. Et effectivement, malgré son abandon, il parvient à se classer à la troisième place. « Conclure la saison par un ultime podium est une excellente chose. La voiture était vraiment bien et j’ai retrouvé de très bonnes sensations. Mais il faut rester réaliste, si Cyrille avait participé à la course, il y aurait eu de fortes chances pour qu'il soit devant moi. Mais quoi qu'il en soit, terminer la saison par un podium, ça fait toujours plaisir ! »
Troisième du Championnat de France de la Montagne 2016, Geoffrey est en droit d’être satisfait de cette saison : « Je ne pouvais pas espérer mieux en termes de résultats. Donc pour moi c’est très positif. Je retiens qu’une nouvelle fois l’équipe a fourni un travail titanesque tout au long de la saison, pour nous permettre de réaliser de telles performances. »
Nouvelle F3000 pour 2017
La Reynard 95D avec laquelle Geoffrey Schatz évolue depuis trois ans sera l’an prochain caduque. Le Bourguignon va donc être dans l’obligation de changer de monture : « C’est pour cela que je mets le châssis-roulant de ma voiture à la vente. Je vais me tourner vers un châssis plus moderne, et poursuivre l’aventure en F3000. De toute manière, je n’ai pas les budgets pour me tourner vers un 4 litres, et tant que Nicolas évoluera dans cette catégorie, je n’y viendrai pas. On ne sera jamais en concurrence », confirme Geoffrey qui repartira donc avec la même motorisation, « mais un nouveau challenge, car on va découvrir de nouvelles choses, et que c’est toujours très motivant de se lancer ce genre de défi. Je suis impatient, car j’avais auparavant l’habitude de changer de voiture chaque saison, et avec la Reynard 95D, c’est la première fois que je conserve une voiture pendant trois ans. »
C’est bien évidemment au sein du Team Schatz Compétition que Geoffrey évoluera la saison prochaine : « Je veux profiter une nouvelle fois de l’occasion qui m’est donnée pour remercier l’ensemble des membres de l’équipe. Ils font un travail de fou tout au long de la saison, c’est vraiment grâce à eux que Nicolas, les autres pilotes du Team et moi, parvenons à nous exprimer pleinement sur les pentes des courses du Championnat. »
« Je tiens à remercier plus particulièrement mon père et Dany qui s'occupent de la F3000 sur les courses et à l'atelier, pour le travail colossal effectué tout au long de la saison, et plus particulièrement après la sortie de route d'Hébécrevon », conclut Geoffrey.