Pilote éclectique qui s’est essayé sur différentes catégories tant en rallye qu’en circuit, Gaëtan Bischoff découvrait cette année le maniement d’une monoplace en course de côte. Une découverte marquée par le succès pour l’Alsacien qui avec seulement six participations à son actif, termine au pied du podium du Challenge Open DE/7.
Ce sont les oncles de Gaëtan qui feront découvrir au jeune alsacien le sport automobile. Christian et Gilbert Bischoff avaient une passion commune, le rallye. Adolescent, Gaëtan ne manquait pas de les suivre sur les épreuves de l’Est de la France et d’assurer leur assistance. Alors que Christian disposait d’une Peugeot 205 GTI, c’est au volant d’une Peugeot 309 GTI que Gilbert sillonnait les rallyes de la Ligue Lorraine-Alsace. Les deux pilotes mettaient évidemment un point d’honneur à s’aligner au départ du Rallye Alsace-Vosges, qui fit en son temps les beaux jours du Championnat du Monde des Rallyes.
Toutefois, Gaëtan Bischoff n’avait pas pour unique passion la compétition automobile. Enfant, c’est vers les tatamis qu’il portait son attention. Judoka de haut niveau, il intégrera une section sport-étude dans cet art martial qui requiert concentration et combativité. Durant une douzaine d’années, sa pratique du judo lui permettra de disputer des compétitions au plus haut niveau national. On verra par la suite que Gaëtan a connu une carrière dans le sport auto des plus éclectique, il en sera de même dans sa pratique sportive, car conjuguée à son implication sur les tatamis, il sera également assidu sur les terrains de football où il occupera pendant onze ans le poste de gardien de but dans un club regroupant plusieurs villages autour de chez lui.
Rallye, circuit dans différentes catégories
A dix-huit ans, une fois le permis en poche, c’est tout naturellement que Gaëtan Bischoff suivait la voie tracée par ses oncles et se dirigeait vers le rallye pour ses premières compétitions automobiles : « Ça restait une histoire familiale puisque j’ai débuté avec la Peugeot 309 GTI 16S de mon oncle, avec mon cousin Thomas dans le siège de copilote », confie Gaëtan qui disputait essentiellement des épreuves de la Région Grand Est. « Après une saison passée au volant de la voiture de mon oncle, j’ai eu une Peugeot 205 Rallye et une Peugeot 106 XSI, toujours en groupe N. » La période rallye durera quatre ans avant que Gaëtan ne se tourne vers le circuit. Un choix dicté par l’envie d’évoluer dans une discipline plus sécurisée : « Nous avons connu un drame qui m’a profondément touché avec la perte de pilotes que nous fréquentions. Cela m’a incité à délaisser le rallye pour m’essayer en circuit. »
Gaëtan Bischoff allait donc s’investir dans les ’’Rencontres Peugeot Sport’’ durant une dizaine d’années, épaulé par une ancienne Championne de France des Rallyes qui a également connu le succès en circuit : « J’ai eu la chance d’avoir alors comme marraine Patricia Bertapelle qui m’a lancé dans cette voie », rappelle Gaëtan qui pour débuter au sein de ces ’’Rencontres Peugeot Sport’’ s’attaquait aux 12 heures de Spa-Francorchamps. « J’avais le soutien d’une association locale, Pole Position, qui mettait à disposition les voitures. » Durant cette longue période, Gaëtan aura l’opportunité de s’exprimer aux volants de différents modèles de la marque au Lion : « J’ai pu rouler en 207 LW en version sprint, tout en continuant la 206 Relais avec Stéphane Caillet qui était multiple champion dans le cadre de ces ’’Rencontres Peugeot Sport’’. Grâce à lui j’ai beaucoup appris sur les réglages des voitures, la façon de mettre au point. »
Pilote éclectique s’il en est, Gaëtan Bischoff poursuivait par la suite en Bioracing Super Série FFSA avant de rouler, au début des années 2010, en International Open GT au sein du Team Luxury Racing au volant d’une Ferrari 458 GT2. Suivra une pause de trois saisons avant que Gaëtan ne revienne en circuit, en TTE au volant d’une Seat Supercopa : « Par la suite j’ai roulé pour le Team Peugeot Altran en Endurance dans les 24 Heures Séries, avant de faire une nouvelle pause de deux saisons. »
Premiers pas en côte avec Billy Ritchen
Gaëtan Bischoff se retrouvait alors confronté à une difficulté, le manque de temps. Ses obligations professionnelles ne lui permettaient plus de s’adonner comme il l’aurait voulu à sa passion : « En plus du manque de temps, les budgets pour courir en circuit devenaient exorbitants et il était de plus en plus difficile de trouver des partenaires pour assurer l’intégralité du financement. » La question se posait alors de mettre un coup d’arrêt à sa carrière sportive. Mais c’est une nouvelle fois du clan familial que germera l’idée de se tourner vers une autre discipline. C’est Léonie, la sœur de Gaëtan qui sera à l’origine de la suite. Léonie, ou plus précisément son compagnon, un certain Billy Ritchen. « Mon beau-frère m’a expliqué que la course de côte ne nécessitait pas qu’on lui consacre énormément de temps, et c’était certainement la discipline la moins onéreuse du sport auto. Il m’a dit qu’il avait le camion pour transporter ma voiture, et que nous pourrions partager nos week-ends, en famille, c’était plus que tentant. »
Convaincu, Gaëtan franchissait le pas avec une première expérience au volant d’une Citroën C2 R2 Max avec laquelle il remportait la classe A/2 à Turckheim et à Sewen : « L’expérience m’a plu, et sur les conseils de Billy, j’ai fait l’acquisition d’un TracKing qui selon lui allait bien me correspondre. » Au volant de son Proto CM, en 2019, Gaëtan remportait sa classe à Abreschviller et aux Rangiers : « En 2020, j’ai cassé le moteur à Turckheim. Nous avons réparé durant l’intersaison mais en 2021 j’ai eu pas mal de soucis avec le boitier électronique, et je n’ai pas pu faire les résultats espérés. »
Fin 2021, Gaëtan Bischoff se séparait de son TracKing, et se tournait vers Matthieu Mangin qui lui proposait de mettre à sa disposition sa Formule Renault pour quelques épreuves. Gaëtan décidait alors de s’engager sur le Challenge Open DE/7 pour un programme de six épreuves : « Jusqu’alors, j’avais toujours évolué aux volants de berlines ou de GT. Et j’avais envie de m’essayer en ayant ’’la tête dehors’’, d’où le choix de la monoplace. J’ai donc saisi l’opportunité que me proposait Matthieu. »
N'ayant aucune idée de son niveau de performance avec une monoplace, Gaëtan Bischoff ne se fixait pas d’autre objectif que de donner le meilleur de lui-même : « Je ne pouvais pas viser un quelconque résultat. Je voulais faire du mieux que je peux et voir ce que cela donnerait par rapport à mes adversaires. Pour le reste, je savais que je ne devais pas casser la voiture qui n’était pas à moi, et que je voulais passer de très bons moments en famille. » Pour découvrir sa monoplace, Gaëtan devait se contenter d’une dizaine de tours sur le circuit de Pouilly-en-Auxois, la veille de partir en direction de Bagnols-Sabran : « Des essais sous un vrai déluge, qui ne m’ont absolument pas permis de cerner le comportement de la Formule Renault », reconnait l’Alsacien.
Première course, premier succès de classe
C’est donc dans l’inconnue que plongeait Gaëtan au moment d’aborder la manche d’ouverture du Championnat de France de la Montagne. Inconnue tant pour ce qui est du tracé, que de la voiture et des pneus Pirelli. Mais il était écrit que le clan familial connaitrait la réussite sur ce premier rendez-vous de la saison, car si Billy Ritchen signait son tout premier succès sur une épreuve du CFM, Gaëtan Bischoff s’imposait dans la classe DE/7 : « Nous étions aux anges ! Nous avons vécu là un super moment avec énormément d’émotions », confie Gaëtan. « J’ai bien aimé le tracé pour une première ’’la tête dehors’’, même si je n’étais pas totalement à mon aise », reconnait-il.
La Course de Côte du Col Saint-Pierre sera également une découverte et si Gaëtan ne parvenait pas à devancer le vétéran de la Formule Renault, Didier Chaumont, il accrochait sur l’épreuve cévenole une magnifique deuxième place : « Ce n’était pas facile. Je ne suis pas un adepte des nombreux passages en reconnaissance, et là je me suis rendu compte que c’était indispensable. Il est clair que ma méconnaissance du parcours m’a pénalisé et que par moment j’étais un peu perdu. »
A Abreschviller, la Formule Renault retrouvait son propriétaire, Matthieu Mangin, qui malheureusement allait rencontrer quelques problèmes sur l’épreuve mosellane, puisque sa participation se soldait par un tonneau : « Par la suite je n’ai pas pu rouler parce qu’il a fallu réparer la voiture, et j’ai retrouvé son volant à Vuillafans », explique Gaëtan qui avait déjà eu l’occasion d’affronter le tracé Franc-Comtois avec son TracKing : « Je suis pleinement satisfait de mon week-end durant lequel je me sentais tout à fait bien dans la voiture. J’aurais bien aimé me rapprocher de Baptiste (Tognet-Bruchet) et d’Antoine (Uny), mais ils sont beaucoup plus expérimentés que moi », analyse Gaëtan qui termine troisième des Formules Renault.
Gaëtan n’aura pas la même aisance à Marchampt où il ne parviendra pas à rentrer réellement dans la course : « Le tracé m’a bien plu, mais j’ai eu du mal à rentrer dans le rythme. Je n’ai pas réussi à trouver les bons réglages et donc à me lâcher. J’ai eu le sentiment de passer à côté et ce fut un peu frustrant », reconnait Gaëtan qui termine cinquième des Formule Renault sur une épreuve qu’il découvrait.
C’est une nouvelle fois à la cinquième place que l’on retrouvait Gaëtan Bischoff à l’arrivée du Mont-Dore, épreuve qu’il avait déjà eu l’occasion d’aborder avec son TracKing : « Mais là encore j’ai eu du mal à trouver le rythme. Je n’étais pas loin de ceux qui me précédaient, mais je ne suis pas parvenu à améliorer mes chronos durant le week-end. Là encore c’était un peu frustrant, même si je reste conscient que c’était une première avec la Formule Renault sur ce tracé complexe. »
La saison de Gaëtan Bischoff se concluait à domicile, sur la Course de Côte de Turckheim, où au final il se classait deuxième derrière le vainqueur du Challenge Open DE/7, Baptiste Tognet-Bruchet : « J’ai réalisé de très bons essais, à l’issue desquels, après les deux premières montées, j’étais devant. Après Baptiste s’est réveillé et l’objectif de dimanche était de revenir sur lui. Mais au final il termine bien devant nous, et même si je suis pleinement satisfait de ma deuxième place, je suis un peu déçu de terminer aussi loin de lui. »
Six courses et une place au pied du podium
Avec seulement six participations en cette saison 2022, Gaëtan Bischoff parvient à se classer au quatrième rang du Challenge Open dédié aux Formule Renault. Une excellente performance pour un pilote qui découvrait le maniement d’une monoplace : « Je suis globalement satisfait de ma saison, même si j’aurais aimé rouler un peu plus, mais mes engagements professionnels m’en ont empêché. Mais je suis satisfait et je sais que ceux qui m’entourent, famille, mécanos, amis, partenaires, sont également contents de ce que j’ai pu faire. »
Gaëtan Bischoff n’oublie d’ailleurs pas de remercier ceux qui ont été à ses côtés durant cette saison 2022 : « Un immense merci à mes partenaires, Tamas BTP, Socalu, Bleyer Construction, Boutique Casey, Car Wrap Design, Vicenterra Watches, Rseat Europe. Je voudrais également remercier ma chérie Vanessa, mon fils Sacha, mes mécanos William et Alessandro, ma sœur Léonie, mon beau-frère Billy et enfin Matthieu Mangin pour la location de la voiture cette année. Merci enfin à tous les organisateurs, les bénévoles, les commissaires sans qui rien ne serait possible. »
S’il reconnait que la monoplace correspond mieux à son pilotage, Gaëtan Bischoff avoue avoir connu de meilleures sensations avec son TracKing, « et de ce fait je ne rééditerai certainement pas l’expérience dans l’avenir. » La suite devrait donc se dessiner au volant d’une nouvelle auto, mais Gaëtan, dont le projet n’est pas encore finalisé, veut rester dans le vague : « Avant toute chose, tout dépend en partie de ce que va faire Billy (Ritchen), puisque nous roulons au sein de la même structure et que c’est lui qui assure la logistique. Cela dépend également de mes obligations professionnelles, puisque je suis en pleine reconversion et qu’au mois de mars j’ouvre un cabinet de gestion en protection sociale et patrimoniale… Mais j’ai un projet, celui de revenir avec une auto qui fait un peu plus de bruit et au volant de laquelle j’aurai la tête dehors », lâche-t-il dans un éclat de rire. « Après ça devrait être du ponctuel parce que j’ai beaucoup de boulot, et que je souhaite également faire quelques épreuves en circuit », confie Gaëtan qui avoue avoir apprécié l’ambiance qui règne en course de côte.
« Il n’y a pas de prise de tête, c’est très familial, convivial, on échange beaucoup avec les gens et on a de vrais moments de partage. C’est hyper agréable et vraiment appréciable. On passe d’excellents week-ends et ça incite à revenir », conclut Gaëtan qui en pilote totalement éclectique s’autorise à rêver de projets plus conséquents : « Il est clair que j’aimerai un jour m’aligner au départ de Pikes Peak et le rêve absolu serait de courir un jour le Dakar. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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