Fer de lance de la communauté des pilotes belges présents en 2022 sur le Championnat de France de la Montagne, Fred Errard a mené une campagne avec comme ambition de bien figurer au volant d’une Formule Renault d’ancienne génération face à des monoplaces plus récentes. Challenge relevé pour Fred qui a trouvé le bon tempo, tant derrière le volant que pour assurer l’ambiance au sein du Team Belge.
C’est en 2017 que Fred Errard faisait son retour derrière le volant après une absence d’une vingtaine d’année. Le pilote Belge, qui avait fait ses débuts au volant d’une Autobianchi Abarth, s’installait alors dans le cockpit d’une Formule Renault. En 2019, il décidait de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne, pour finalement conclure sa saison à la quatrième place du Challenge Open DE/7. Une première expérience qui l’enchantait et au terme de laquelle il prévoyait de se relancer sur le championnat. Mais la crise sanitaire en décidait autrement, et Fred mettait la compétition automobile entre parenthèses durant deux ans : « Je n’ai pas repris de licence, je savais que je n’aurais pas l’opportunité de rouler comme je l’entendais, j’ai donc préféré prendre deux années sabbatiques », confie-t-il.
Mais à l’approche de la saison 2022, Fred décidait de revenir sur le Championnat de France de la Montagne et profitait de l’occasion pour motiver plusieurs de ses compatriotes à l’accompagner dans l’aventure. Et ils seront finalement cinq à s’engager sur le Cfm-Challenge pour animer de nombreuses classes. Corentin Starck alignait une Nova-Proto NP01, Anthony Darand un TracKing, aux côtés de Fred Errard on retrouvait une autre Formule Renault, celle d’Antonin Saintmard, et Sébastien Starck roulera dans le Championnat Production avec sa Renault Clio 3 Cup.
Objectif, se battre avec les Formule Renault ancienne génération
Avant de se lancer sur une nouvelle campagne de France, Fred Errard avait confié sa Formule Renault aux mains expertes du Team Helium afin que la monoplace bénéficie d’une révision complète : « Mais pour le reste, je retrouvais la voiture telle que je l’avais laissé deux ans auparavant. » Après quelques tours de piste sur le circuit de Chambley afin de vérifier que tout fonctionnait correctement, Fred Errard pouvait débuter sa saison en toute sérénité, mais également en toute décontraction, le pilote belge n’étant pas du genre à se mettre la pression.
Avec une Formule Renault version 2007, reconfigurée 2011, Fred Errard savait qu’il pouvait difficilement rivaliser avec les dernières générations plus performantes : « Mais ce n’était pas le but. J’ai une auto qui concède près d’une seconde au kilomètre aux dernières versions, et je ne pouvais donc espérer me battre qu’avec les autos construites avant 2009. »
Fred Errard avait déjà eu l’occasion de prendre part à la Course de Côte de Bagnols-Sabran en 2018. Il retrouvait donc un terrain connu : « Mais ce fut compliqué parce qu’après deux ans sans avoir touché le volant d’une auto de course, ce n’est pas évident de retrouver les bons réflexes. D’autant que le tracé n’autorise pas le moindre écart de trajectoire. Donc ce premier rendez-vous de la saison n’a pas été pour moi de tout repos », reconnait le Belge qui se classait cinquième des Formule Renault.
Si Fred Errard conservait des souvenirs mitigés de Bagnols-Sabran, en revanche il est particulièrement enthousiaste lorsque l’on évoque sa participation au Col Saint-Pierre : « Là j’étais vraiment en confiance et tout s’est bien passé. J’ai pu améliorer mes temps de 2019, et puis j’adore cette épreuve que nous avons bien reconnue avec Corentin (Starck). C’était vraiment un super week-end », confie Fred qui se classait quatrième, à seulement huit dixièmes de la troisième marche du podium qu’occupait Nicolas Neis.
Malheureusement, la Course de Côte d’Abreschviller ne lui offrira pas les mêmes satisfactions puisque Fred partait à la faute : « C’est ce que j’appelle une erreur de vieillesse / jeunesse », explique le Belge. « Vieillesse parce que j’ai manqué de réflexe, et jeunesse parce que je me fais piéger comme un débutant… Je suis parti trop vite dès le samedi matin et j’ai tapé le rail. » Epaulé par ses compatriotes Fred parvenait à réparer, mais malheureusement une casse d’un pignon de crémaillère allait le contraindre à l’abandon : « Par chance je n’étais pas installé juste en face la ligne de départ, comme c’était le cas de Gilles Saintmard. J’ai dû manœuvrer pour sortir du paddock, et heureusement d’ailleurs parce que c’est là que je me suis rendu compte que la direction était faussée. Si j’étais parti directement en ligne droite pour me présenter sur la grille, je pense que je sortais sur le premier droite. »
S’il figure bien au classement de la Course de Côte de La Pommeraye, Fred Errard apparait dans les profondeurs du classement, loin de la position à laquelle il pouvait prétendre : « J’avais adoré lors de ma dernière apparition en 2019, et là j’ai eu énormément de mal à rentrer dans la course. Je pense que le rail d’Abreschviller n’est pas étranger à ma contre-performance. A La Pommeraye les rails sont omniprésents et je les voyais très près. De ce fait je ne suis pas parvenu à me lâcher, j’avais encore en tête mon écart de trajectoire de l’épreuve précédente. »
Tout rentrera dans l’ordre à Saint Gouëno où Fred Errard terminait troisième de sa classe derrière Jean-Christophe Henry et Nicolas Neis : « C’est une belle satisfaction même si j’aurais aimé prendre ma revanche sur Jean-Christophe qui m’avait devancé de rien en 2019 », se souvient Fred qui lors de cette édition de l’épreuve bretonne avait terminé 188 millièmes derrière son adversaire. « Mais il connait vraiment bien et il fait vraiment fort cette année. Je ne pouvais réellement pas aller le chercher. » S’il conserve d’excellents souvenirs de sa prestation à Saint Gouëno, Fred n’oublie pas les bons moments passés avec ses compatriotes. Car si les concurrents britanniques ont la réputation de mettre l’ambiance sur une des épreuves les plus festives du championnat, les Belges ont démontré qu’ils n’étaient pas en reste : « C’est nous qui avons fermé la ’’boutique’’, en compagnie de l’équipe de Ronald Garcès, Nicolas Granier, Stéphane Garcia, Jean-Marc Gandolfo et les Creusois… »
On retrouvait ensuite Fred Errard à Vuillafans pour une découverte de l’épreuve Franc-Comtoise : « C’est la première fois que je venais et j’ai trouvé cette épreuve magnifique. Pour une première je me suis vraiment amusé sans me faire peur, ce qui sur ce tracé n’est pas toujours évident. J’en garde un excellent souvenir. »
Septième des Formule Renault à Vuillafans, Fred Errard accrochera la cinquième place de sa classe à Turckheim pour sa dernière épreuve de la saison. Une épreuve riche en émotions pour toute la colonie belge : « C’est ma plus belle course, le moment le plus fort sur une ligne d’arrivée, non pas pour moi, mais pour la victoire de Coco. » En effet, s’il était de circonstance de jouer la Marseillaise pour fêter le premier titre de Billy Ritchen, la Brabançonne aurait pu résonner en l’honneur de Corentin Starck qui signait en Alsace sa toute première victoire sur une épreuve du Championnat de France de la Montagne. « Que d’émotions ! A l’arrivée Corentin ne comprenait pas notre liesse. On sautait dans tous les sens, on tapait sur son casque, et lui ne savait pas qu’il avait gagné. C’est un moment inoubliable », se remémore Fred.
« A titre personnel, je suis content de ma prestation sur cette épreuve de Turckheim qui est celle que je connais le mieux », poursuit-il. « Ça devait être en 2022 ma quatrième ou cinquième participations. Pour les Belges c’est l’épreuve la plus proche de la maison et la famille et de nombreux amis viennent nous rejoindre. Nous devions être une trentaine, de quoi passer de très bons moments. »
Bilan largement positif pour le pilote belge
Avec sa Formule Renault d’ancienne génération, Fred Errard ne pouvait pas jouer les premiers rôles, et sa sixième place au classement du Challenge Open DE/7 n’est pas révélatrice de ses prestations : « Pour moi j’ai vécu une super saison. Nous étions une sacrée équipe et nous avons passé des moments formidables. Le fait de parvenir à fédérer tout le monde c’était vraiment génial parce que ça permet de vivre les week-ends de course de manière encore plus intense. On a traversé la France dans tous les sens et je suis content d’avoir créer une émulation autour de ce groupe super sympa. »
Excellents souvenirs de sa participation sur le Championnat, mais également de son engagement à Saint Ursanne – Les Rangiers, car sur l’épreuve suisse, Fred signait un de ses meilleurs résultats de l’année : « Ce fut ma plus belle course de la saison parce que je suis parvenu à devancer les Suisses chez eux, et c’est une belle satisfaction. J’ai encore amélioré mes chronos sur cette épreuve, j’ai bien cerné ses spécificités, et il est clair que je reviendrai sur cette course qui reste ma course fétiche. »
La liste des personnes que Fred Errard pourrait remercier est trop longue tant l’équipe belge à reçu un soutien inconditionnel d’un grand nombre de passionnés : « On remercie tout le monde, sans citer de noms, ça serait impossible… Un immense merci à toutes les personnes qui ont suivi notre campagne, assisté de près ou de loin à notre aventure. Les proches et les partenaires de chacun parmi lesquels je n’oublie pas le Bureau d’Assurances Fred Errard qui a soutenu les cinq pilotes belges engagés en 2022 sur le Championnat de France de la Montagne. »
A la fin de l’année 2022, Fred Errard était engagé sur la Course de Côte de Houyet, où Corentin Starck signait une nouvelle victoire scratch, mais où Fred sortait, non pas violemment de la route, mais suffisamment pour occasionner de gros dégâts : « Je ne me suis pas fait mal, mais j’ai passablement endommagé ma voiture. Je me suis retrouvé dans un fossé et l’auto a raclé sur tout un côté. Pour le moment, je suis en phase de questionnement, savoir si je garde l’auto, si je la vends en pièces détachées où si je pars sur autre chose. » Rien n’est encore arrêté pour Fred Errard qui réfléchit à ce qu’il va faire en 2023 : « J’attends avant tout de voir quels budgets je vais pouvoir allouer à la course. En fonction de ça je prendrai une décision, mais il est clair que je compte bien disputer plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne en 2023. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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