Tifosi dans l’âme, Vincent Lagache voue une véritable passion pour Ferrari. C’est ce qui l’a incité à disputer cette saison 2016 au volant d’une 458 Challenge qui, si elle lui a parfois donné du fil à retordre, a fait l’unanimité auprès du public.
Chez les Lagache, on est garagiste de père en fils, et l’automobile fait donc partie intégrante de l’environnement familial. Alain, le père de Vincent, a d’ailleurs été pilotes en son temps. Vincent, pour sa part, a fait ses débuts en course en 1994, au volant d’une Renault 5 Turbo, avec laquelle il se prêtait à des démonstrations en ouverture des épreuves. Par la suite, il prendra part à ses mêmes épreuves toujours dans l’habitacle de la voiture estampillée du Losange. Mais pour faire rouler une 5 Turbo, cela nécessite des moyens conséquents, ce qui incitait rapidement le pilote de Vy-lès-Lure à se tourner vers une Rallye II.
Animateur des épreuves régionales, Vincent Lagache prenait rapidement conscience que pour évoluer, en termes de pilotage, il lui fallait affronter des tracés plus longs. C’est ce qui le poussait à s’engager sur des manches du Championnat de France. Mais dans l’esprit de Vincent, il n’était alors pas question de s’investir dans une vraie campagne, il concentrait donc ses apparitions sporadiques sur les épreuves de l’Est.
En 2004, des problèmes de dos allaient interdire à Vincent Lagache de s’installer dans le baquet d’une auto de course. Il décidait donc de revendre l’ensemble de son matériel et de se consacrer à l’assistance d’amis pilotes. Mais à partir de 2006, les préoccupations de Vincent n’étaient plus axées sur la compétition automobile, la Course de Côte n’était plus pour lui une priorité. Il sent alors qu’il a besoin de prendre énormément de recul, de délaisser un temps ce milieu qui l’a vu grandir.
Parmi les hommes forts du VHC
Mais l’appel de la Montagne est un véritable chant des sirènes, et en 2010, Vincent ne saura pas résister à l’envie viscérale de courir. Il faisait alors l’acquisition d’une Fiat X1/9 avec laquelle il prenait part à Vuillafans, à Chamrousse et à Turckheim. Mais l’expérience s’avérait catastrophique, la petite italienne lui donnait énormément de fil à retordre dans la mise au point, et acceptait mal le moteur de Renault 5 Turbo dont on l’avait doté. Vincent se séparait donc de sa Fiat, et jetait finalement son dévolu sur une Marcadier, qui du fond de son garage lui faisait les yeux doux.
Il décidait donc d’animer la Coupe de France VHC lors des saisons 2011 et 2012. Il signait alors d’excellents résultats, avec entre autres une victoire scratch sur le Mont-Dore. Deux saisons dont il garde de fabuleux souvenirs, notamment de ses passes d’armes avec Gilles Cursoux, qui était non seulement un adversaire, mais également un ami.
Victime d’une chute du toit de sa maison fin 2012, Vincent se fracturait trois vertèbres cervicales et une dorsale. Immobilisé pendant de nombreux mois, il délaissait une nouvelle fois la compétition. Il fera son retour en 2015 au volant de sa Marcadier, pour une nouvelle fois animer le peloton des Véhicules Historiques de Compétition… A l’issue de cette saison 2015, il décidait de vendre sa barquette, avec le projet de venir faire un tour du côté des modernes.
Le choix de la passion…
Restaurateur en automobile depuis 2009, Vincent Lagache assure par le biais de sa société LV Prestige, l’entretien et la restauration de véhicules jouissant d’une certaine notoriété. On trouve dans son garage Ferrari et autres Lamborghini, et même si ses parents étaient tous deux des Porschistes inconditionnels, le pilote aujourd’hui installé en Haute-Saône, avoue un amour immodéré pour les belles italiennes. Dans l’esprit de Vincent, germait alors l’idée de courir avec l’un de ses magnifiques bolides : « Je voyais que le plateau du GTTS était en train de s’étoffer, et que la réglementation pour les voitures issue de Coupes de Marques était particulièrement intéressante, parce qu’elle limitait la course à l’armement », explique Vincent. « J’ai donc vendu ma Ferrari de route que j’avais restaurée en 2005, pour acheter une 458 Challenge. Mon père est en partie responsable de ce choix, puisqu’un jour, alors que je ramenais constamment de nouvelles voitures au garage, il m’a dit, ’’j’en ai plus qu’assez de toutes ces voitures, à partir de maintenant, je ne travaillerai plus que sur des voitures rouges.’’ Dans mon esprit le message était clair, rouge était obligatoirement synonyme de Ferrari. »
Conscient que le pari qu’il faisait était osé, Vincent Lagache n’affichait pas de grandes prétentions pour cette première saison au volant de sa Ferrari : « C’était la première 458 Challenge homologuée en GTTS en France, l’auto est bardée d’électronique et je devais la configurer pour la côte. Compte tenu de ces paramètres, il n’était pas question d’afficher d’autres objectifs que de la rendre compétitive », confie Vincent. « Après, j’étais assez confiant sur son potentiel, et j’espérais bien me battre pour des podiums en fin de saison. »
C’est à Abreschviller que la Ferrari 458 Challenge de Vincent Lagache faisait cette année sa première apparition. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il lui était difficile d’être discret. La belle italienne suscitait immédiatement l’adhésion du public et l’enthousiasme des passionnés : « Ce que je retiendrais avant tout, c’est l’accueil chaleureux qui m’a été fait par la famille Petit et les frères Schmitter. Ils m’ont fait ressentir qu’ils appréciaient énormément de voir mon auto les rejoindre, et j’ai trouvé cela particulièrement plaisant », confie Vincent. « Et puis voir tous les passionnés graviter autour de la voiture m’a énormément touché. J’ai proposé à des gens de s’installer au volant pour prendre des photos, et quand je les voyais ressortir de la Ferrari avec les yeux qui brillaient, c’était pour moi particulièrement émouvant. »
Pour ce qui est de l’aspect sportif, l’épreuve lorraine permettait à Vincent de se familiariser avec le comportement de sa Ferrari : « J’ai pu m’apercevoir que l’auto était fabuleuse, qu’elle avait un comportement sain. J’avoue avoir été impressionné par les vitesses atteintes, au point de coller du ruban adhésif noir sur le compteur pour ne pas savoir à quelle vitesse je roulais », explique-t-il. Malgré tous ces aspects positifs, Vincent prenait conscience qu’avant de réaliser des prouesses, il allait devoir apporter bons nombres d’évolutions à sa belle.
Avant de se rendre à Marchampt en Beaujolais, Vincent Lagache prenait le temps de mener à bien une séance d’essais sur circuit, et de disputer la Course de Côte d’Eschdorf, au Luxembourg. Du roulage qui lui permettait d’aborder son deuxième rendez-vous dans le cadre du Championnat de France, en confiance. Mais des soucis de freins allaient rapidement gâcher son week-end : « Je me suis aperçu qu’à mi-parcours, je n’avais plus de freins, et que j’étais obligé de jouer du frein moteur pour ralentir l’auto. J’avais alors peur de casser la mécanique. J’avoue que la situation était un peu frustrante. »
Malheureusement pour Vincent, loin de s’atténuer les problèmes allaient s’accroitre. A Vuillafans, c’est la boîte de vitesses de la Ferrari qui lui causait souci : « Ce fut catastrophique. La boîte se mettait en défaut et je ne disposais plus que de la première, la troisième et la cinquième. Le problème provenait de l’électronique, et malgré les quelques interventions tentées tout au long du week-end, je ne pouvais pas faire grand-chose. » Démoralisé, Vincent songeait même un instant à quitter Vuillafans avant le terme de la manifestation : « Finalement j’ai terminé le week-end, mais je l’ai vécu comme une humiliation, tant pour moi que pour la voiture. »
De retour chez lui, Vincent s’attelait à résoudre ses problèmes. Nombreux coups de téléphone, passages à la concession Ferrari, accumulation de tours sur circuit, Vincent mettait tout en œuvre pour enfin disposer d’une auto libérée de tout problème. Il devait se résoudre à effectuer un énorme travail sur la ligne électrique de sa voiture, avant de trouver, dans la boîte à vitesses, l’origine du mal : « Tout cela a engendré des frais, d’autant que lors de l’ultime séance d’essais, j’ai tapé un talus et une remontée de cailloux a endommagé mon radiateur d’eau. J’ai donc dû démontre à nouveau pour le changer. »
Malgré une petite touchette qui aura pour conséquence la casse d’un rétroviseur, Vincent Lagache se dit satisfait de sa participation au Mont-Dore, car elle lui aura permis d’exploiter enfin sa Ferrari comme il l’espérait : « Pourtant le week-end a mal commencé, la voiture s’est une nouvelle fois mise en défaut sur la première montée. Je pensais que j’allais à nouveau vivre une galère. Mais par chance, Hervé Puigrenier était sur place, et il a couru au volant d’une 458 Challenge. Il m’a expliqué que ma façon de m’élancer au départ perturbait l’électronique. J’ai donc modifié ma façon de faire, et là tout a fonctionné parfaitement. Franchement, je repars du Mont-Dore avec le sourire. »
C’est avec un moral au beau fixe et une confiance régénérée que Vincent abordait l’épreuve de Chamrousse. Il n’était d’ailleurs pas peu fier de voir que c’est sa Ferrari, qui avait été retenue pour illustrer l’affiche officielle de l’épreuve : « Mais surtout, pour la première fois de la saison, j’allais pouvoir réellement analyser le comportement de la voiture qui cette fois fonctionnait parfaitement. Je me suis rendu compte qu’elle engageait beaucoup trop, et que cela pouvait être rectifié en jouant sur les réglages. Mais je me suis senti bien au volant et malgré une petite faute, j’accroche la cinquième place. J’ai vraiment passé un excellent week-end. »
Le bon comportement de la Ferrari allait se confirmer à Turckheim où, pour sa dernière épreuve de la saison, Vincent se classait au sixième rang : « Là encore j’étais en confiance, d’autant que je connais bien le parcours et que je sais où placer les roues. J’avoue toutefois avoir été surpris par la puissance, qui n’a rien à voir avec ce que j’avais connu avec la Marcadier. »
On l’a vu, avant de se rendre à Marchampt, Vincent a participé à la Course de Côte d’Eschdorf. Une nouvelle occasion pour lui de vivre une expérience assez fabuleuse sur une épreuve qu’il a particulièrement apprécié : « Le plateau était énorme, on peut y trouver des voitures magnifiques, et de plus la météo était particulièrement clémente. L’accueil était super sympa, et j’ai vraiment beaucoup apprécié ce week-end, d’autant que je ne suis pas très loin des chronos de Nicolas Werver. »
Un bilan finalement très positif
Malgré les déboires qu’il a pu rencontrer, Vincent Lagache se dit pleinement satisfait de cette première saison passée au volant de sa Ferrari : « Ce qui m’incite à repartir la saison prochaine. J’ai eu l’impression cette année de redécouvrir les tracés des manches du Championnat de France, et j’ai pris beaucoup de plaisir. » Seul bémol pour Vincent, il reconnait que le regard énamouré qu’il portait sur Ferrari s’est un peu estompé : « Je conserve une vraie passion pour cette marque de légende, mais le fait d’avoir dû travailler autant pour rendre la voiture compétitive, a un peu atténué mon affection. »
Sa passion pour Ferrari et pour la Course de Côte, Vincent veut la partager avec ceux qui l’ont suivi dans l’aventure : « Je tiens à remercier Christian Degeorgi, Jean-François Marion, Jean isselin, Régis Raga, ’’Tête de poisson’’ Jason Degueurce, Jacky Favre de chez Forzapassionne, Romuald Antolini d’Europliages, Jimmy Lombard d’ER Motors, Stéphane Chrétien de Carbonextrem, Tony Hubert d’ASC, Thomas Domenge d’Esthetique cars 74, Guillaume et Lionel Caritey d’ATS carrosserie, Mig Creation, Mig Mera, Mathias Locatelli de LDA, LV Prestige Vincent Lagache, Jérémy Menechet de Modena Motors, Romain Clément d’Avon Tyres, La base aérienne BA116 de Luxeuil-Saint-Sauveur. Un immense merci à Gérard Besch et à son épouse Colette, d’être à mes côtés. Depuis l’accident de Gérard à Vuillafans, en 2012, nous sommes liés par des liens quasi filiaux. Mes pensées vont également vers l’Association des GT du Cœur, dont j’ai porté les couleurs, et qui œuvre pour réaliser les rêves d’enfants malades. »
Vincent Lagache n’est pas encore totalement fixé sur son programme 2017. S’il est quasiment sûr de repartir au volant de sa Ferrari, il n’est pas persuadé que le Championnat de France de la Montagne soit sa priorité : « Je vais peut-être disputer les épreuves de la 2ème division. Le calendrier et moins conséquent, et en toute honnêteté, lorsque comme moi on évolue au volant d’une auto issue d’une Coupe de Marque, il est difficile de rivaliser avec les montures dont disposent les ténors du GTTS. Mais je pense que je serai tout de même au départ de quelques épreuves du Championnat. »