Engagé sur le Championnat avec comme objectif de découvrir de nouveaux tracés et de se familiariser avec sa nouvelle Honda Civic Type R, Florian Bartaire a rapidement achevé son apprentissage pour engranger d’excellents résultats. Dominateur de la classe N/3, le Creusois a également brillé sur les épreuves régionales où il a accumulé les victoires de classe, de groupe et même des podiums en Production.
Chez les Bartaire, la passion de la mécanique se transmet de père en fils. Si Florian a le souvenir d’un grand-père amoureux de belles voitures, il a partagé avec Pierre, son père, la passion pour les deux roues. Un père qui, le week-end, pratiquait l’enduro avec ses copains, avant de prendre part à quelques courses en conservant toutefois une approche plus loisir que compétition de cette discipline. En revanche, en s’investissant dans l’Enduro, Florian avait comme objectif de glaner des trophées.
Les premiers trophées sur deux roues
A l’âge de quatorze ans, le jeune creusois disputait sa première course en Enduro. Deux ans plus tard, le permis 125 cm3 en poche, il changeait de catégorie pour s’attaquer au Championnat du Limousin et au Championnat de France. Durant onze ans, Florian Bartaire animera les épreuves de sa région et de l’hexagone, et étoffera son palmarès au fil des ans, pour accrocher un titre de Vice-champion du Limousin dès sa première année de compétition, assorti d’un titre de Champion 125 cm3. Par la suite, en Ligue 1, Florian terminera à deux reprises sur la deuxième marche du Championnat, toujours en 125 cm3. Durant les onze ans que durera sa carrière, le Limousin terminera la majorité de ses saisons sur le podium.
Des résultats qui ne pouvaient laisser indifférents les instances fédérales, qui détectaient Florian pour lui faire intégrer le Collectif Espoir Enduro : « Mais à cette époque, mes priorités allaient aux sorties avec les copains et au travail. J’avais certainement le potentiel, mais comme beaucoup de jeune j’entrais dans mes années festives, et je n’étais certainement pas prêt à faire des concessions. »
Malheureusement, en 2008, lors d’une course, un grave accident viendra mettre un frein à la carrière de Florian. Coude et humérus cassés, Florian se retrouvait avec un poignet paralysé durant de longs mois : « J’avais pour consigne de ne plus toucher la moto pendant un an. C’était compliqué car c’est survenu au moment où j’étais en pleine ascension. Je suis revenu par la suite, mais dans la tête ça ne voulait pas suivre. »
Débuts sur quatre roues en Courses de Côte
Fin 2014, Florian Bartaire décidait de mettre la moto entre parenthèse et de se tourner vers l’automobile. Il faisait alors l’acquisition d’une Peugeot 206 RC avec laquelle, en 2015, il allait animer la classe N/3 sur des épreuves régionales : « En 2014, j’avais eu l’occasion de rouler en double monte sur une épreuve avec Marco Rodriguez Gaspar, et cette expérience m’a bien plu. J’ai bien aimé l’ambiance, le fait de pouvoir courir à moindre coût, et j’ai donc franchi le pas. » Cette saison 2015 sera consacrée aux épreuves régionales, et permettra à Florian d’accumuler les podiums de classe et de remporter ses premiers succès. Les ’’vieux restes’’ des notions de trajectoires acquises lors de sa carrière sur deux roues, lui permettaient d’être rapidement à son affaire.
A son calendrier 2016, composé essentiellement d’épreuves régionales, viendront s’ajouter Dunières et le Mont Dore, manches du Championnat de France comptant également pour l’attribution des points au Championnat du Limousin. Durant cette saison, Florian poursuivait sa progression et montait sur les podiums, accédant à de multiples reprises à la première marche. Des résultats qui lui permettaient de se qualifier pour la Finale de la Coupe de France où, en 2015, il terminait deuxième de classe avant d’accrocher la quatrième place l’année suivante.
Le fait de goûter à des épreuves plus longues et de signer de bons résultats, motivait Florian à s’engager en 2017 sur le Championnat de France dans le cadre du Cfm-challenge. Pour cela, il troquait sa Peugeot 206 pour faire l’acquisition de la Honda Civic Type R, au volant de laquelle Steve Cabelo s’était fait remarquer durant la saison 2014 : « En hommage à Steve, j’ai voulu conserver la déco de cette Civic avec laquelle j’avais comme objectif de découvrir un nouvel environnement. Découvrir non seulement la voiture, mais également les tracés du Championnat que je ne connaissais pas. Je n’avais aucune pression puisqu’en définitive je ne m’étais fixé aucun objectif. »
Cumul de victoires de classe sur le Championnat
C’est à Bagnols-Sabran, sur la manche d’ouverture du Championnat, que Florian Bartaire débutait sa saison : « Je découvrais ce tracé sur lequel je me suis senti tout de suite à mon aise. J’étais d’autant plus surpris de réaliser de bons chronos, qu’en ce début de saison, j’avais un souci de cartographie et que l’auto ne rendait pas son plein potentiel. J’avoue qu’à l’issue de la première montée d’essais, lorsque je me retrouve premier du groupe N devant Pascal (Cat) et Antoine (Uny), je n’ai pas bien compris ce qu’il m’arrivait. Par la suite les choses sont rentrées dans l’ordre, mais je ne peux être que satisfait de mon week-end », confie Florian qui remportait là une première victoire de classe.
On retrouvait ensuite le Creusois sur la Course de Côte de La Pommeraye, où il sera malheureusement contraint à l’abandon : « J’avoue m’être senti moins à mon aise qu’à Sabran. Quand tu découvres, La Pommeraye n’est pas l’épreuve la plus évidente. Samedi soir, en changeant les roues on s’est aperçu qu’un disque de frein était fendu. J’ai malgré tout pris part à la première montée de course afin d’être classé. Par la suite, je suis resté au parc en attendant qu’un commissaire vienne constater la panne, mais personne n’est venu. Je ne me suis pas formalisé, mais le problème c’est que de ce fait, j’ai été sorti du classement final, et que je repars donc de La Pommeraye sans marquer le moindre point. »
Initialement, Florian avait inscrit l’épreuve de Marchampt à son calendrier, mais la course dans le Beaujolais se déroulant conjointement à une épreuve du Championnat du Limousin, il préférait faire l’impasse sur la manche du Championnat de France, pour s’assurer des points en vue de la qualification pour la Finale de la Coupe. C’est donc à Dunières que l’on retrouvait Florian, sur une épreuve qu’il avait eu l’occasion de disputer l’année précédente. Une première expérience qui l’a aidé dans l’approche de la course : « Je me suis retrouvé opposé à Christophe Demare qui a la réputation d’être un pilote très rapide. Finalement je suis parvenu à l’emporter, je ne peux donc être que très content. »
Au Mont-Dore, Florian retrouvait également un tracé qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter. Au terme d’un combat avec Ferdinand Loton, il remporte sa classe pour 792 millièmes : « C’était très chaud, comme à chaque fois qu’on s’est retrouvé l’un contre l’autre. Notre rivalité créait une saine émulation entre nous, c’était vraiment appréciable. Et pour ce qui est du Mont-Dore, ça reste une course mythique et c’est pour moi la plus belle victoire de l’année. Je tombe le record de ma classe de quasiment une seconde, je me bats avec Ferdinand jusque dans la dernière montée, ça reste vraiment un souvenir mémorable. »
S’il avait déjà eu l’occasion d’exprimer ses talents de pilotes sur les pentes du Col de la Croix Saint Robert, en revanche, Florian découvrait le tracé de Chamrousse. Une première participation qui ne manquait pas d’enchanter le pilote de Saint-Maixant : « C’est un magnifique tracé, sur lequel il faut avoir roulé à plusieurs reprises avant de signer de très bons chronos », analyse Florian qui sera l’auteur sur l’épreuve iséroise d’une figure de style dont il se serait bien passé : « Lors de la première montée, la voiture est partie sur deux roues. J’ai failli faire un tonneau et en retrouvant l’adhérence sur quatre roues, j’ai heurté les séparateurs plastiques de l’on trouve sur les abords du parcours. J’ai cassé le pare-chocs avant qui s’est retrouvé coincé sous la voiture, mais j’ai tout de même pu rejoindre l’arrivée de cette première montée. A ce moment-là, j’ai vu de la fumée qui s’échappait du capot, et j’ai craint pour la suite. Mais finalement ce n’était que le bouchon du radiateur qui s’était ouvert d’un quart de tour. » Excepté le pare-chocs, les dégâts occasionnés étaient peu importants, et Florian pouvait poursuivre son week-end de course : « Cela a eu toutefois pour effet de calmer mes ardeurs, et du coup j’ai eu du mal à améliorer par la suite. Mais je garde un très bon souvenir d’une très belle course sur laquelle je reviendrai avec grand plaisir. » Sans parvenir à se lâcher totalement, il signait à Chamrousse une nouvelle victoire de classe en plaçant sa Honda Civic Type R à la quatrième place du Groupe N.
Pour conclure la saison, on retrouvait Florian Bartaire à Limonest. Qualifié pour les Finales de la Coupe de France lors des deux dernières saisons, le pilote de la Civic avait une assez bonne connaissance de cette ultime manche du Championnat : « C’est un tracé compliqué, que je n’apprécie que très modérément. De plus, en fin de saison, j’avais quelques soucis de sous-virage ce qui avait tendance à me pénaliser. » Pas évident dans ces conditions de se battre contre un pilote aussi talentueux que Christophe Demare : « C’était chaud, on s’est battu tout au long du week-end, et si je parviens à m’imposer, ce fut au prix de gros efforts pour un écart dérisoire », reconnait Florian qui devance son adversaire d’un dixième de seconde.
En cette fin de saison, c’est du côté de Quillan que l’on retrouvait Florian Bartaire, à nouveau qualifié pour la Finale de la Coupe de France qui, cette année, se disputait dans l’Aude. Confronté une nouvelle fois à Ferdinand Loton, le Creusois se voyait au final devancé de 740 millièmes : « J’ai quelques regrets, car sur le tracé de Quillan on a tendance à sous-virer, et que j’aurais dû modifier les réglages de la voiture avant la Finale, ce qu’a fait Ferdinand. J’ai essayé de rectifier le tir entre les montées, mais ce n’était pas possible, d’autant que les meilleurs chronos ont été réalisés majoritairement lors de la première montée. Avec une auto mieux réglée, j’aurais certainement pu réduire l’écart face à Ferdinand, voire le devancer. Durant la saison, je suis toujours parvenu à être devant lui, là j’ai été négligent. »
Excepté à La Pommeraye où il a été contraint à l’abandon, Florian Bartaire a remporté sa classe sur chacune des épreuves du Championnat auxquelles il a participé. En cumulant avec ses participations régionales, le Creusois a très largement étoffé son palmarès : « Durant cette saison, j’ai dû remporter quatorze victoires de classe et six de groupe, et je me suis retrouvé à trois reprises sur le podium du Production. Autant dire que le bilan de ma saison est largement positif. L’objectif initial était de découvrir les tracés et l’auto, et j’avoue que je ne m’attendais absolument pas à remporter autant de succès. C’est de très loin ma plus belle saison », estime Florian qui termine la saison sur la plus haute marche du Championnat du Limousin. « Là je reconnais que je n’en suis pas peu fier. J’avais terminé deuxième l’an dernier, cette saison je l’emporte, c’est une belle satisfaction. »
Une satisfaction que Florian veut partager avec tous ceux qui l’ont soutenu cette saison, et en premier lieu ses partenaires : « Merci à MCT Déménagements, la Carrosserie St Alp Auto, AXA Aubusson, BLS Location, Igol, Espace Automobile, Multitrans 23, TTPM, Bernis Trucks, Frans Bonhomme, X Discothèque, First stop, Chassain SARL, la Caisse d’Epargne. Un merci également à Cyril mon mécano, à Claude pour les réglages des trains et le suivi, à tous ceux qui m’ont suivi et soutenu, et à tous les pilotes avec qui j’ai partagé des week-ends de course. »
Son implication dans le sport automobile a incité Florian Bartaire à créer son association, le Team FB Compétition, qui accueillera l’an prochain trois voitures dans l'équipe. Une saison à venir durant laquelle le Creusois devrait se partager entre Rallye et Course de Côte : « J’ai acheté une Clio pour faire du rallye et j’ai disputé déjà trois épreuves en cette fin de saison, et j’aimerai bien étoffer mon programme rallye l’an prochain. J’espère toutefois repartir en Championnat de France de la Montagne en 2018, si possible avec une nouvelle voiture. La Civic est en vente, et si je parviens à trouver un acheteur, je repartirai avec une Groupe A ou une Groupe N, rien n’est encore totalement déterminé. Mais une chose est sûre, je ferai tout pour m’impliquer sur ce Championnat qui m’a apporté de belles satisfactions. »
Propos recueillis par Bruno Valette