Championne de France de la Montagne 2019, Elodie Lafosse remettait cette année son titre en jeu. Et si bien évidemment la pilote creusoise s’est attachée à conserver sa couronne, elle ne faisait pas de l’obtention d’un second titre sa priorité. Son principal objectif était d’améliorer ses chronos… Objectif atteint puisque la Championne de France de la Montagne Production 2020 a fait preuve d’une fulgurante progression.
Se retrouver cette année derrière le volant de sa Peugeot 106 XSI était loin d’être acquis dans l’esprit d’Elodie Lafosse. Au mois d’avril, l’étudiante en école d’infirmière, qui achevait sa troisième année d’étude, était réquisitionnée en sa qualité de personnel hospitalier pour contribuer au combat mené face au Covid-19.
Une période difficile, qui ne laissait rien augurer de bon pour ce qui est de la reprise du Championnat : « Nous avons dû faire face à de nombreux cas de Covid-19, la période était réellement compliquée tant physiquement que psychologiquement, et j’avoue que la course automobile, même si c’est une passion bien ancrée, était loin de mes préoccupations quotidiennes », confie Elodie.
Au fil des semaines, Elodie voyait les épreuves du Championnat être annulées les unes après les autres, et elle commençait à se persuader qu’elle n’aurait pas l’occasion de rouler durant cette année 2020. Sa Peugeot 106 XSI n’avait pas bougé du garage depuis la Finale de la Coupe de France de la Montagne 2019, et Laurent, son père, pilote lui-même mais également totalement impliquée dans la carrière sportive de sa fille, s’était contenté durant l’intersaison d’une vidange et d’une révision minimale de la petite ’’Lionne’’.
Au mois d’août, un championnat se dessinait avec trois épreuves proposant chacune deux courses distinctes : « Je me suis dit alors qu’il fallait que je sois au rendez-vous, pour rouler, pour tenter de progresser. 2019 était ma première saison sur le Championnat de France de la Montagne, une saison d’apprentissage, et je sais que je dois encore progresser », analyse humblement Elodie.
Avant de rejoindre le Mont-Dore, théâtre de la première confrontation du Championnat, Elodie Lafosse retrouvait Nicolas Schatz pour prendre part à une journée d’essais sur le Circuit de Moulins. Une journée fructueuse qui lui permettait de reprendre ses marques au volant de sa 106. La Championne de France pouvait alors débuter sa saison en toute sérénité : « Je n’avais pas de pression particulière, je voulais juste bien faire, progresser. Mon principal objectif était d’améliorer mes chronos sur les épreuves que j’avais déjà disputées. Après, je remettais mon titre en jeu, et bien évidemment que remporter une seconde couronne de Championne de France était pour moi la cerise sur le gâteau. »
Nouveaux succès de classe et Coupes des Dames
C’est donc dans le Massif du Sancy, sur les pentes du Mont-Dore, qu’Elodie Lafosse allait glaner de nouveaux lauriers. Elle remportait en effet sur les deux courses auvergnates, sa classe et la Coupe des Dames, samedi et dimanche : « Terminer première féminine est bien évidemment une belle satisfaction. Mais ce qui me satisfait avant tout c’est d’avoir gagné plus de treize secondes sur mes temps de l’an dernier. C’est vraiment motivant pour moi parce que cela démontre que je progresse, ce qui est le plus important. »
En confiance après ce premier round, c’est ultra-motivée qu’Elodie Lafosse se rendait à Turckheim pour le deuxième rendez-vous de la saison. Dans son esprit, l’objectif était clair… Tenter de rééditer le résultat du Mont-Dore : « C’est ce que je suis parvenue à faire en remportant ma classe et la Coupe de Dames à deux reprises. Mais surtout en améliorant mes chronos de la précédente édition de près de neuf secondes. Sachant que j’évoluais au volant de la même voiture, sur laquelle nous n’avions apporté aucune amélioration durant l’intersaison, cela est particulièrement réjouissant. »
Malgré tout, la course d’Elodie en Alsace n’allait pas être exempte de problème : « J’ai eu quelques petits soucis en prégrille le dimanche, avec la casse d’une courroie d’alternateur. Une nouvelle fois, j’ai pu bénéficier d’un énorme élan de solidarité au sein du paddock, et mon père a pu réparer en ayant trouvé une courroie de rechange, ce qui m’a permis de terminer ma course. Je remercie encore ceux qui me sont venus en aide alors que je ne les connaissais pas réellement. »
Si Elodie Lafosse avait eu l’occasion de défier les tracés du Mont-Dore et de Turckheim en 2019, en revanche elle découvrait cette année la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Une découverte qui ne fut pas une mince affaire sur un tracé exigeant et avec une météo des plus capricieuse : « D’emblée je savais très bien que je ne pourrais pas gagner la Coupe de Dames, face à Corinne Massy et à sa Rallye III. D’une part parce qu’elle dispose d’une auto plus performante que la mienne, et d’autre part parce qu’elle a beaucoup plus d’expérience que moi et une bonne connaissance du tracé. »
Un tracé qui laissait Elodie pour le moins songeuse : « J’ai découvert le parcours jeudi, à bord d’un camion, parce que je n’avais pas de voiture pour reconnaitre. Quand on sort de Turckheim où on roule sur une route assez large, et que l’on se retrouve sur la petite route sinueuse de Sabran, ce n’est pas évident. J’avoue avoir eu un petit coup de stress… »
L’alternance d’ondées et d’apparitions du soleil faisait qu’aucune des montées n’allaient se dérouler avec les mêmes conditions d’adhérence, ce qui rajoutait une difficulté supplémentaire dans l’approche de la course : « J’ai eu du mal à prendre des repères, à vraiment me lâcher, mais au final je remporte ma classe. J’étais d’autant plus contente que nous sommes rarement nombreux à évoluer en A/1, et que cette année, j’ai eu comme sur les épreuves précédentes de la concurrence, et que c’est une belle satisfaction de s’imposer face à des concurrents directs. »
Deuxième titre de Championne de France
Elodie Lafosse ne peut qu’être totalement satisfaite de sa saison 2020. D’une part parce qu’elle remporte une nouvelle couronne de Championne de France de la Montagne Production, mais surtout parce qu’elle a nettement amélioré ses chronos, ce qui était son souhait le plus cher : « Cela démontre que je suis en progression, ce qui m’encourage à poursuivre dans cette voie », confie Elodie pour qui 2019 fut une saison d’apprentissage et 2020 une saison de confirmation.
Une saison durant laquelle Elodie Lafosse a pu compter sur le soutien de partenaires : Le Bar à Ambiance le 16th à Auzances et le Département de la Creuse : « Je tiens à les remercier chaleureusement, comme je remercie également mon père sans qui je ne pourrais pas courir, et l’ensemble de ma famille qui me suit inlassablement. Un grand merci également à tous ceux qui me suivent de loin. »
Compétitrice dans l’âme, Elodie Lafosse espère être en mesure de remettre son titre en jeu en 2021. Mais pour cette nouvelle saison, la Creusoise voudrait également se lancer un nouveau défi en changeant de monture : « La 106 est à la vente. J’ai un projet, mais je ne veux pas en dire plus tant que je ne l’ai pas concrétisé. Pour l’heure, la priorité est de vendre la 106, et de boucler mon budget pour pouvoir me lancer sur la saison 2021 dans les meilleures conditions. »
Une envie de changement de monture qui semble logique dans l’esprit d’Elodie : « Pour continuer à progresser, il faut que je passe à autre chose. Je pense avoir fait le tour de la 106, qui est une excellente voiture et qui m’a apporté beaucoup de satisfaction, mais je dois évoluer en me lançant de nouveaux défis » analyse-t-elle en guise de conclusion.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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