Deuxième du Challenge Open N/4 en 2022, Alexandre Garnier pouvait légitimement prétendre à défendre ses chances pour le titre cette saison. Mais si les premières épreuves pouvaient lui donner quelques espoirs, sa participation à Vuillafans se soldera par une sortie de route qui entrainera une énorme déception pour le Haut-Saônois, qui compte bien revenir plus fort en 2024.
C’est en participant à des Track Day aux côtés de Jean-Pierre, son père, qu’Alexandre Garnier allait découvrir les belles sensations que peut procurer la conduite sportive. Mais si le plaisir était au rendez-vous lorsqu’il embarquait dans la Porsche GT3 familiale, c’est en VTT et en ski qu’Alexandre allait acquérir ses premières notions de trajectoires. Un apprentissage pour le jeune Franc-Comtois qui savait, très jeune, qu’il s’installerait dès qu’il disposerait du permis de conduire et du budget nécessaire, derrière le volant d’une voiture du course.
L’acquisition d’une Clio R.S lui permettait de prendre part à des Track Days mais Alexandre souhaitait avant tout courir, et si possible au volant d’une propulsion. Porschiste dans l’âme, Alexandre était conscient qu’un bolide sortant des ateliers de Stuttgart était au-dessus de ses moyens, c’est donc vers une BMW M3 groupe N qu’il portera son choix… En 2021 il faisait des premières apparitions remarquées sur le Championnat de France de la Montagne avant de conclure sa saison par une victoire en groupe N sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne.
En 2022, Alexandre Garnier s’engageait sur le championnat avec un double objectif : Découvrir les épreuves, et si possible signer sa toute première victoire en groupe N. A l’heure de faire les comptes, ce sont finalement quatre succès qui viendront enrichir son palmarès alors qu’Alexandre accrochait la deuxième place du Challenge Open N/4.
Ce premier engagement sur le Championnat de France de la Montagne fut pour Alexandre Garnier une belle réussite, c’est donc en toute logique qu’il repartait en 2023 pour une nouvelle campagne, toujours au volant de la BMW M3 : « Je sais que cette voiture peut me permettre de remporter le Trophée FFSA du groupe N ainsi que le Challenge Open N/4, deux objectifs que j’aimerais bien atteindre. Il était donc logique que je reparte dans la même configuration pour tenter de décrocher les titres. J’estimais avoir trouvé la confiance et avoir atteint le niveau pour me battre devant, après on sait que tout ne se passe pas toujours comme prévu », explique Alexandre, anticipant l’évocation des infortunes qu’il connaitra au cours de la saison.
L’intersaison qui précédait la campagne 2023 était mise à profit pour offrir à la BMW une révision et apporter quelques ajustements, mais pas de gros changements : « Sur une groupe N nous sommes vite limités en ce qui concerne les améliorations que nous pouvons apporter à nos voitures. Je me suis donc contenté de quelques petits réglages qui me semblaient judicieux. Et puis dans mon esprit, ce n’est pas la voiture qui devait être améliorée mais le pilotes », confie humblement Alexandre.
Trophée FFSA et Challenge Open N/4 en point de mire
C’est sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison, qu’Alexandre Garnier débutait sa campagne de France. Une épreuve sur laquelle il peut se satisfaire de terminer deuxième du groupe N : « J’ai fait une petite touchette sur la deuxième montée de course, sans gravité, mais cela à tout de même affecté la géométrie du train avant. » Alexandre bénéficiait alors de l’expertise de Francis Dosières qui lui permettait de réparer au mieux sa voiture : « Ce n’était pas parfait, mais j’ai pu me relancer. Malgré tout, je n’étais pas en confiance et de ce fait j’ai abordé cette ultime ascension plus pour valider un chrono et m’assurer d’être classé, que pour signer une performance. » Après avoir signé le meilleur temps du groupe lors de la première montée, Alexandre ne pouvait être que déçu de n’avoir pas été en mesure de confirmer : « Avec cette touchette mes chances de victoires s’envolaient, mais je relativise en me disant que je parviens malgré tout à terminer deuxième. »
Le combat avec Sébastien Lemaire, vainqueur à Bagnols-Sabran, se poursuivait sur les pentes du Col Saint-Pierre où, là encore, Alexandre terminait deuxième derrière son grand rival : « Ça se passe plutôt bien, même si je commets encore quelques petites erreurs. Je suis parvenu à signer le même temps que le record détenu par Bertrand Simonin. Sur cette même montée Seb établit un nouveau record. Il s’impose, mais je suis plutôt satisfait de ma performance sur un tracé exigeant. Pour une seconde participation sur cette épreuve c’est plutôt très bien. »
A Abreschviller un nouvel homme allait s’inviter dans le combat, Gaëtan Jeannel qui, avec sa Mitsubishi Lancer se classe deuxième, entre Sébastien Lemaire et Alexandre Garnier. Ce dernier pointe à seulement 43 millièmes de la Mitsu : « J’avoue que je n’apprécie pas ce tracé sur lequel je ne parviens jamais à signer de bons chronos. Une nouvelle fois je suis un peu déçu, j’aurais bien aimé terminer devant Gaëtan, mais je sais que c’est un tracé qui ne me convient pas du tout. »
C’est ensuite en Bretagne, sur la Course de Côte de Saint Gouëno, que l’on retrouvait Alexandre Garnier : « C’est pour moi LA course de l’année ! » avoue celui qui signait sur cette épreuve une première victoire cette saison : « Un succès assorti à un nouveau record du tracé qui apparemment tenait depuis plus de dix ans. Tout s’est passé merveilleusement bien. J’adore cette épreuve, l’organisation, le parcours, l’ambiance, tout était absolument parfait », confie le Franc-Comtois qui découvrait cette année l’épreuve bretonne.
Avant de poursuivre sa campagne de France, Alexandre Garnier engageait sa BMW M3 sur la Course de Côte Régionales des Myrtilles : « C’est la course à la maison, avec la famille et les amis, c’était vraiment que du plaisir », confie le Haut-Saônois qui termine troisième du Production et vainqueur du groupe N : « J’aurais pu aller chercher une meilleure place au scratch, mais le but était avant tout de me faire plaisir, en économisant mes pneus et sans prendre le risque d’endommager la voiture parce que la priorité reste le championnat. »
Un Championnat qui se poursuivait à Marchampt où Alexandre plaçait sa BMW M3 au deuxième rang du groupe N, à seulement une seconde une de Sébastien Lemaire, au cumul des deux meilleures manches : « Je suis passé à côté de ma course », analyse Alexandre. « Je n’ai même pas réalisé les chronos que j’avais faits l’année précédente alors que j’ai acquis de l’expérience, un meilleur niveau de pilotage. Je suis profondément déçu, j’estime m’être loupé sur ce week-end. »
Mais la plus grosse déception viendra sur la prochaine confrontation, à Vuillafans, où Alexandre Garnier sortait de la route : « J’ai eu un souci de freinage, au niveau du Master Vac. Quand j’ai tapé dans les freins, la pédale est devenue dure et il n’y avait plus d’assistance dans les freins. Sur un freinage tardif, je n’ai pas pu m’arrêter et je tape. C’est rageant parce que sur les datas j’étais très bien, je n’avais jamais roulé aussi fort à Vuillafans et si c’était arrivé en haut, ça faisait vraiment un temps. »
Demi-train avant droit arraché, la BMW M3 laissait apparaitre sur sa carrosserie les stigmates de cet incident de parcours : « Ça remettait en cause la suite de ma saison. Je savais à ce moment là que je n’avais plus aucune chance de remporter le titre en groupe N. »
Histoire de se changer les idées, Alexandre Garnier acceptait la proposition de Théo Koeniguer qui lui proposait de partager le volant de sa Seat Léon Supercopa MK2 à l’occasion de la Course de Côte du Mont de Fourche : « J’ai découvert cette voiture à l’occasion de la course, sans avoir fait d’essais préalables. J’avoue que j’appréhendais un petit peu parce que c’est radicalement opposé à ce que je connais avec la M3. Là tu disposes d’une boite séquentielle, d’une traction à moteur turbocompressé, donc rien à voir », explique Alexandre. « Mais j’ai roulé sans pression, pour le plaisir, et je remercie Théo de m’avoir permis de vivre cette belle expérience. J’avoue m’être surpris moi-même d’être aussi rapidement dans le coup. Je bats le record du tracé de la classe A/5, pour une première c’est plutôt pas mal », estime le Franc-Comtois qui termine quatrième du Production, deuxième du groupe A et vainqueur de sa classe.
Il faudra attendre Turckheim pour retrouver Alexandre Garnier derrière le volant de sa BMW M3. Un retour sur le championnat compliqué mais qui se soldera une nouvelle fois par une deuxième place du groupe N : « Nous avions, suite à l’accident de Vuillafans, changé un cardan. Mais il n’était pas d’origine et l’ABS ne fonctionnait pas sur ce cardan là. On pensait que je n’avais plus d’ABS parce que sur la première montée, quand j’ai tapé dans les freins, j’ai la roue arrière droite qui s’est bloquée. De ce fait je touche la chicane. » Un souci sur la première montée d’essais qui allait passablement entamer la confiance d’Alexandre : « Par la suite c’était difficile de rentrer totalement dans la course. Nous sommes parvenus à réparer grâce à un ami qui m’a prêté un cardan, mais je suis loin de mes chronos à Turckheim. »
Qualifié sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Alexandre Garnier retrouvait face à lui Gaëtan Jeannel qui allait imposer sa Mitsubishi sur ce rendez-vous alsacien : « J’ai hésité à m’engager parce que je savais que je ne serais pas à 100%. Mais il était nécessaire d’être présent parce que l’an prochain la finale aura lieu une nouvelle fois à Steige et qu’il était important de découvrir le tracé… Je ne suis pas totalement satisfait de ma prestation mais je retiendrai que j’ai retrouvé de la confiance et que finalement je signe de bons chronos sur un tracé qui ne favorise peut-être pas la M3. Au final le plaisir était au rendez-vous, ce qui était une vraie satisfaction. »
Troisième du Challenge Open N/4
S’il monte sur le podium du Challenge Open N/4, Alexandre Garnier ne peut se réjouir de cette troisième place. Pour un pilote qui avait comme objectif de défendre ses chances pour le titre, le résultat final est décevant : « C’est un énorme déception, même si je sais que ce sont les aléas du sport automobile. Ça ne se passe pas toujours comme on le souhaite. J’ai débuté la saison avec plein d’espoirs et je me suis fait rattrapé par les événements. C’est comme ça, je suis déçu, mais toujours autant motivé pour la saison prochaine. »
Une saison 2024 qui devrait se dérouler au volant d’une nouvelle voiture sur laquelle Alexandre ne veut pas encore donner trop de précision : « Je suis un adepte de la propulsion et du moteur atmosphérique, donc on va rester là-dessus. Je pense changeait de catégorie, en restant en Production, et en me tournant vers les premières amours de mon père qui m’a transmis la passion et l’amour d’une marque en particulier », confie Alexandre en guise de clin d’œil. « Il est également possible qu’avec cette nouvelle voiture je m’engage sur quelques rallyes proches de chez moi. »
Mais avant de tourner définitivement la page de la saison 2023, Alexandre Garnier tenait à remercier ses fidèles soutiens : « Un grand merci à mon père qui est toujours à fond derrière moi, à Titou, Philippe, Christophe, Louis, Julien, Franck, Jason, Cyril, Quentin et Rémi. Merci également à FG Compétition, Entreprise Mourey Maxime, Auto Securi Plus a Roye, Unlimited Works, aux Mille Saveurs, à Driftshop et Mille Pièces. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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