Pour cette saison 2017, Emmanuel Arbant faisait son retour sur le Championnat de France de la Montagne, avec l’intention de se mettre en valeur au sein de la horde des Protos 2 litres. Mais malgré de très bons résultats, une succession de soucis mécaniques l’empêchait de réaliser ses objectifs. Saison mitigée donc pour le pilote Bressan, qui n’a rien perdu de sa détermination.
Au terme de l’année 1970, le Championnat de France de la Montagne consacrait le pilote Franco-Belge Hervé Bayard qui, au volant d’une Techno Ford F2, remportait le titre. En cette même année, Alain Arbant disputait sa toute première course de côte. L’année suivante, il devenait papa d’un petit Emmanuel qui, à l’heure de faire ses premiers pas, ne manquerait pas de suivre avec une admiration non dissimulée le parcours de son père.
Durant ces années 70, Alain Arbant poursuivait sa carrière sportive pour décrocher un premier titre fédéral en 1976, avant de se partager entre côtes et rallyes et de remporter en 1978 la Coupe Autobianchi Abarth. Alain continuait d’accumuler victoires et trophées, et en 1980 c’est celui de vainqueur de la Coupe Fiat 127 qui viendra s’ajouter aux nombreuses coupes glanées au fil des épreuves. Par la suite, il défendra même les couleurs de Citroën, avec le statut de pilote d’usine, alors qu’il évoluait en rallye au volant d’une Visa.
Premières compétitions en deux roues
Tout au long de son enfance, Emmanuel suivait bien évidemment les prestations de son père, avant que ce dernier ne délaisse le sport auto pour se tourner vers la moto, et notamment vers l’enduro. Adolescent, ’’Manu’’, prenait le parti de suivre son père et d’enfourcher une deux roues. Entre 15 et 30 ans, il participait à plusieurs compétitions, en 125 puis en 250 cm3. Mais les souvenirs d’enfances, le goût immodéré pour l’automobile, restaient fortement ancrés dans l’esprit d’Emmanuel qui, a 30 ans passé, décidait de faire ses premières armes sur quatre roues en karting.
Né en 1971, Emmanuel Arbant était adolescent lorsqu’il suivait comme tous les passionnés de l’époque, les exploits d’Ari Vatanen au volant de la Peugeot 205 Turbo 16. Sur les rallyes nationaux, c’est la petite 205 GTI qui retenait l’attention du public, et comme beaucoup de passionnés de sa génération, Emmanuel tombait amoureux de la petite lionne. Il sera par la suite propriétaire de plusieurs 205, et notamment d’une 205 Rallye qui sera rapidement équipée d’arceaux et d’amortisseurs de course, pour venir affronter le circuit de Bresse.
Configurer en groupe F, la petite 205 permettait à Emmanuel Arbant de prendre part à ses premiers slaloms, avant de se diriger vers la côte. En cinq années de compétition, au volant de sa 205, ’’Manu’’ signait quelques 45 victoires de classe, accrochait une troisième place lors de la finale de la Coupe de France 2009 et une deuxième place à Chatel Guyon, à l’occasion de la Finale 2010. Par la suite, il tournait la page de l’aventure 205 pour s’installer dans l’habitacle d’une Proto BRC avec lequel il participait au Challenge Open en 2012 et 2013. Vainqueur du Challenge deux années consécutives, il prenait conscience qu’il devait franchir une étape supplémentaire.
De la 205 au Proto 2 litres
Le choix entre monoplace et proto se fera tout naturellement… Difficile en effet de glisser ses 1.90 mètres dans l’habitacle d’une Formule 3, il optait donc pour une Norma 2 litres. En 2014, il disputait à son volant cinq épreuves du Championnat de France de la Montagne et plusieurs épreuves régionales, avant de s’engager l’année suivante sur le Challenge Open CN/2. Il sera l’un des acteurs majeurs de la catégorie, pour finalement terminer deuxième du Challenge, à quelques points de Damien Chamberod.
En 2016, le pilote de Bourg en Bresse se partagera entre épreuves régionales et cinq participations à des manches du Championnat de France de la Montagne, avant de faire son retour en 2017 sur le Challenge Open : « J’avais l’envie de me confronter à nouveau à des adversaires de taille, dans une classe qui s’annonçait très relevée. On savait que ce Challenge serait âprement disputé, et je trouvais qu’il était particulièrement attractif de se lancer le défi de se jauger face à de nombreux adversaires. »
Durant l’intersaison, Emmanuel Arbant confiait sa Norma M20F aux mains expertes de son père, qui œuvrait sans relâche pour lui permettre de disposer d’une auto compétitive : « On a travaillé sur la carrosserie, gagné du poids, amélioré les cartographies moteur, une somme de petits détails qui permettent d’être plus performants. Nous avons mené des tests sur le circuit du Bourbonnais, ce qui nous a permis de prendre conscience que du côté des amortisseurs nous étions en configuration pluie, ce qui expliquait les soucis de comportements que je n’arrivais pas à résoudre depuis plusieurs saisons. En mettant le doigt sur ce problème, nous avons pu gagner plus d’une seconde au tour sur circuit, je pouvais alors aborder la saison en étant nettement plus serein. »
Dix sept pilotes étaient engagés cette saison sur le Challenge Open CN/2, et parmi eux, des concurrents dont on savait qu’ils étaient en mesure de jouer les premiers rôles. Dans ces conditions, au volant d’une Norma M20F, Emmanuel ne pouvait afficher que des ambitions mesurées face à des rivaux disposant notamment de châssis carbones : « J’espérais malgré tout pouvoir terminer dans le top 5. Même si je savais que ça ne serait pas facile, et que pour cela il ne fallait pas rencontrer le moindre problème. »
Une saison entre Championnat et épreuves régionales
Avant de s’élancer sur le Championnat de France, Emmanuel Arbant participait à la Course de Côte de Lugny où il plaçait sa Norma au deuxième rang, quatre centièmes derrière celle de Maxime Cotleur : « C’était une bonne entame de saison. J’avais nettement amélioré mes chronos par rapport à 2016, et c’était prometteur. »
Pour sa première confrontation dans le cadre du Championnat à Bagnols-Sabran, ’’Manu’’ accrochait la cinquième place du CN/2 : « J’étais deuxième de ma classe à l’issue de la deuxième montée de course. Mais sur la dernière, je me fais passer parce que trop prudent sur une montée où je n’étais pas sûr que la route soit uniformément sèche. Mais je suis très content de mes chronos, et vraiment satisfait de mon week-end. »
La satisfaction sera malheureusement de courte durée, car s’il limitait la casse sur le Col Saint Pierre en parvenant à se positionner au septième rang de sa classe, une casse moteur le privait de la dernière montée : « Ce sont les aléas de la course. Il a fallu le changer, et il s’est avéré que le nouveau moteur n’offrait pas les performances du précédent. Finalement il faudra que j’attende Chamrousse avant d’avoir une auto à nouveau performante. Il était donc évident que je ne pouvais plus afficher de réelles prétentions dans le cadre du Challenge. »
Emmanuel parvenait toutefois à se présenter au départ de la Course de Côte de Coligny, mais après avoir signé le troisième temps scratch sur la première montée de course, il devait renoncer à cause d’une nouvelle panne moteur : « C’est le tendeur de la chaîne de distribution qui était en cause, rien de grave, mais cette panne a nécessité un nouveau démontage. »
Moteur réparé, c’est sur la Course de Côte de Donzy que l’on retrouvait Emmanuel qui, cette fois, pointait au final à la septième place du classement scratch, troisième du CN/2 derrière Damien Chamberod et Maxime Cotleur : « J’étais dans les mêmes chronos que l’an dernier, mais je sentais que le moteur ne délivrait pas toute sa puissance. J’avais un bon feeling avec l’auto, mais elle n’était pas aussi performante qu’en début de saison. »
Sur la Course de Côte de Sancerre, le Bressan retrouvait la septième place du scratch et la cinquième du CN/2 : « Je découvrais cette épreuve, et j’ai bien apprécié. Je n’ai pas connu de soucis et j’ai pu me battre avec des habitués de l’épreuve qui terminent quelques dixièmes devant moi. »
Emmanuel Arbant faisait son retour sur le Championnat à l’occasion de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais : « Dimanche matin, je signe un chrono en 1’44’’2, ce qui est un nouveau record pour moi. J’améliore sur la montée suivante en 1’43’’8 ce qui ne peut que me satisfaire. Après, les autres ont également bien roulé et au final je suis un peu loin du compte, mais j’ai la satisfaction d’être en progression. Après, même si je termine neuvième sur une épreuve où on comptait 25 Protos 2 litres au départ, je ne peux m’en contenter. Je connais bien Marchampt, je dois être en mesure de faire mieux, mais là encore, la voiture ne délivrait pas toute sa puissance. »
Une météo peu clémente allait rendre la Course de Côte de Vuillafans difficile. Mais les caprices météorologiques ne seront pas les seuls éléments qui perturberont la course d’Emmanuel Arbant : « Sur la première montée d’essais, ma voiture s’est arrêtée sur la première épingle, ce ne fut guère mieux sur la seconde, j’avais un problème d’alternateur. Sur la première montée de course, je ne suis pas parvenu à améliorer mon chrono de 2016, et j’ai constaté par la suite que l’admission d’air était débranchée. Ce fut pour moi un week-end frustrant, parce que le comportement de la voiture était parfait, mais le moteur ne me permettait pas d’en tirer profit », confie ’’Manu’’ qui termine au cinquième rang de sa classe.
Au mois de juillet c’est sur la Course de Côte de Lormes qu’Emmanuel Arbant engageait sa Norma : « Je termine quatrième au scratch, troisième de groupe et j’améliore mes chronos d’une demi-seconde par rapport à 2016, ce qui est pour moi satisfaisant. Sur cette épreuve j’ai commencé à faire des acquisitions, avec une sonde et un boitier d’acquisition. Grâce à cela nous avons pu corriger des points d’injections pour retrouver une cartographie correcte. Cela me permet d’améliorer les performances, mais il nous faudra attendre Chamrousse pour être vraiment bien. »
Mais avant de se rendre dans les Alpes, Emmanuel prenait part à la Course de Côte de Monastier-sur-Gazeille où il améliorait à nouveaux ses chronos de la précédente édition : « Je termine deuxième de groupe et septième au général, et si je suis un peu loin des monoplaces, je suis plutôt content du comportement de ma voiture. »
Samedi soir, à l’issue des essais de Chamrousse, c’est à la cinquième place du CN/2 que pointait Emmanuel Arbant qui, dès cette première journée, améliorait son chrono de l’an dernier : « Dimanche matin, sur la première manche qui allait s’avérer déterminante, j’ai été arrêté par un drapeau rouge. J’ai repris le départ et j’ai signé mon record de la piste en passant sous les deux minutes vingt. Mais ce que je retiendrais de ce week-end, c’est que la gestion des pneus fut particulièrement difficile. A côté de ça, je n’ai pas connu le moindre problème mécanique, je termine pas très loin de David (Guillaumard) donc je repars satisfait de Chamrousse », confie ’’Manu’’ qui accroche la sixième place du CN/2.
En lutte pour la gagne à Urcy
La Course de Côte d’Urcy est un rendez-vous attendu par Emmanuel, « ne serait-ce que parce que l’on passe toujours un superbe week-end. Depuis deux ou trois ans, je stagnais sur cette épreuve en alignant des chronos en une vingt. Pour cette édition, je signe mon meilleur temps en 1’13’’8, ce qui me permet de terminer deuxième au scratch et de remporter le groupe. Là j’étais vraiment content car je voyais que la voiture fonctionnait parfaitement. »
Le week-end de Turckheim débutait sous les meilleurs auspices pour ’’Manu’’ qui retrouvait lors des essais une voiture répondant à ses attentes : « Dimanche j’ai confirmé sur les deux premières montées mes chronos de 2016. Sur la dernière montée, qui sera la plus rapide pour la majorité des pilotes, mon voyant de température d’eau s’est allumé, ce qui m’a contraint à stopper. Malgré ce problème, je termine sixième de ma classe, et mon regret c’est de ne pas avoir pu jouer mes chances sur la dernière montée, car je finis à quelques dixièmes de ceux qui me précèdent en CN/2. »
On retrouvait ensuite Emmanuel Arbant à Limonest pour la dernière manche inscrite au calendrier du Championnat 2017. Mais ce final ne sera pas à la hauteur de ses espérances : « Sur la première montée d’essais je signe le deuxième temps des Protos 2 litres, mais par la suite ce fut plus compliqué ce qui nous a obligé à apporter des changements à la voiture. Dimanche matin, je réalise un chrono moins rapide d’une seconde par rapport à la veille alors que j’avais le sentiment que la voiture se comportait mieux. Sur la deuxième manche, j’ai été arrêté à mi-parcours par un drapeau rouge et par la suite l’auto était inconduisible. Après, la pluie a fait son apparition, et il n’était plus question d’améliorer sur la dernière », se souvient le Bressan qui termine cinquième de sa classe. « Apparemment Limonest ne me réussit pas, je me souviens qu’en 2016 par deux fois j’ai été arrêté par des drapeaux rouges, et cette année, drapeau dans la deuxième et pluie pour finir… Désolant », lâche-t-il dans un éclat de rire.
Une saison mitigée
Dixième du Challenge Open CN/2, Emmanuel Arbant ne se faisait guère d’illusions sur son classement final lorsque, au Col Saint Pierre, son moteur le trahissait : « Je savais alors que ça s’annonçait compliqué, et les problèmes qui se sont greffés là-dessus par la suite n’ont fait qu’amplifier le phénomène. Je savais qu’il me serait difficile de rouler devant, ma prestation à Marchampt le confirme, puisque sur un tracé qui me convient je ne suis pas parvenu à réaliser les chronos que j’espérais. J’ai perdu trop de temps à résoudre des problèmes, pour moi tout le milieu de saison a été compliqué, car si mes souvenirs sont bons, nous avons démonté le moteur à six reprises. J’ai recommencé à me faire plaisir à Chamrousse, heureusement pour moi la fin de saison m’offre des satisfactions. Finalement je peux considérer que le bilan est mitigé. »
En fin de saison, Emmanuel Arbant s’implique dans l’organisation de ce qui, en l’espace de quelques années, est devenu un rendez-vous incontournable, la Course de Côte du Circuit de Bresse : « Avec Stéphane (Krafft) nous essayons de proposer un rendez-vous convivial sur un tracé sécurisé. Quelques 145 concurrents étaient engagés en moderne, et une trentaine de voiture évoluait en’’ parade’’, ce qui est pour nous très satisfaisant car cela permet notamment à de nombreux animateurs du Championnat de terminer la saison en beauté, et pour certains de se tester aux volants de nouvelles voitures. »
Malgré les problèmes qu’il a pu rencontrer, Emmanuel Arbant a pu signer quelques bons chronos et monter à plusieurs reprises sur des podiums. De quoi satisfaire les nombreux partenaires qu’Emmanuel veut bien évidemment remercier : « Avant tout, je veux remercier mon père qui s’implique énormément dans la préparation de la voiture. Un grand merci également à Lyon Select, E. Boucharlat à Corbas ; Auto-Ecole Suzon – B. Darbon à St Denis les Bourg ; Seteam, P. Mazuir et E. Perret à St Denis-les-Bourg ; Guerrier & Fils, Ch. Guerrier à Bourg-en-Bresse ; Buro +, D. Montbarbon à Bourg-en-Bresse ; Miroiterie Josserand, M. Josserand à St Denis-les-Bourg ; Bistrot du Boucher, G. Renoud Grappin à Viriat ; Farandole Boutique, J. Arbant à Bourg-en-Bresse ; Bourg Auto Lavage, P. Bolomier à Bourg-en-Bresse ; La Boucherie, P. Ippoliti à Bourg-en-Bresse et Montagnat ; Transport Pacquelet, J. Pacquelet à Crottet ; Cropier Architecture, Y. Cropier à Bourg-en-Bresse ; Robert Bufalo Carrelages, R. Bufalo à St Rémy ; SARP Veolia Environnement, F. Barret à Mâcon ; Espace CN, JP. Lescuyer à Montagnat ; Tabouret, D. Tabouret à Dompierre sur Veyle ; S.T.L, B. Lombard à Châtillon sur Chalaronne ; Rovipharm, E Perdrix et C. Marmonnier à Treffort-Cuisiat ; Courtage d’Assurances, D. Goillot à Bourg-en-Bresse ; Garage Honda Rignanèse, N. Roux à Montagnat ; Buchaille, Th. Grenard à St Denis-les-Bourg ; Soteb, H. Nantier à Bourg en Bresse ; Int’Air Médical, T. Bieler à Bourg-en-Bresse ; Bataille Eurl, G. Bataille à Jasseron ; Carrosserie Brevet, L. Brevet à Bourg-en-Bresse. »
La page de la Norma M20F se tourne et c’est au volant d’une version carbone que l’on retrouvera Emmanuel Arbant la saison prochaine : « La voiture vient du circuit et nous allons devoir la reconfigurer en version côte. C’est une auto qui dispose d’un énorme potentiel mais sur laquelle il va falloir travailler pour la rendre performante en côte. » Cette somme de travail empêche pour l’heure Emmanuel de se projeter sur les mois à venir : « Je suis dans l’incapacité, pour le moment, de dire de quoi sera fait mon programme 2018 et si je serai près pour l’ouverture du Championnat. Nous verrons bien, en fonction de l’évolution de la préparation, ce que nous serons en mesure de faire. »
Propos recueillis par Bruno Valette
